REGLES

La campagne que je présente ici est longuement introduite par une nouvelle que c'est moi qui l'ai écrite avec mes mains et tout et tout, l'action de la campagne se passe après la fin de la nouvelle, en jouant les scénarii c'est vous qui écrirez la fin de l'histoire, j'attends vos raports de bataille et vos critiques car c'est la première campagne que j'écris (et par conséquent elle doit être gavée de défauts).

LE FLEAU DE LOREN

I

Cela faisait déjà plusieurs jours que les compagnons de Nalandor étaient nerveux, le maître-chien sentait ses animaux anormalement tendus, comme si une catastrophe naturelle allait se produire . Il huma l’air. D’abord ce fut le parfum léger et délicat du sous-bois qui parvint à ses narines, puis comme un parasite, une deuxième odeur vint se dévoiler, moins forte mais tout aussi présente. Une odeur âcre, capiteuse, un fumet qui le fit frémir car il le reconnaissait. C’était il y a bien longtemps, lors de la Grande Guerre ; Nalandor n’était alors qu’un apprenti éclaireur qui livrait sa première bataille contre le plus grand des ennemis, et surtout le plus fourbe, les hordes de Nurgle, le dieu maudit dont le nom est partout synonyme d’épidémie, de peste, et de mort…Cette odeur était celle que dégageait les meutes de guerriers et de démons rongés par la vermine polluant tout ce qu’ils effleurent, corrompant la nature jusqu’à la faire ressembler à une parodie macabre et vérolée de ce qu’elle a été. Les rivières bientôt charrieront des cadavres et la maladie s’insinuera dans la moindre parcelle de vie saine que la horde rencontrera…Telles étaient les pensées de Nalandor lorsqu’il s’aperçut qu’il n’entendait plus ses chiens. Il se retourna et comprit qu’il était trop tard. A quelques mètres de lui il découvrit les corps de ses animaux semblant avoir succombé à une peste éclair, leurs membres étaient noirs et gonflés au niveau des articulations, prêts à éclater. Nalandor savait qu’il ne pouvait offrir un tombeau décent à ses compagnons de toujours car le moindre contact avec leurs cadavres le condamnerait lui aussi à subir le même sort. Il se décida à partir après un dernier adieu, épuisé à l’idée d’avoir encore à se battre, toujours à se battre…

Lorsqu’il arriva à Frangnir, le village situé à l’est de son campement dans la forêt, Nalandor ne découvrit que des ruines infestées de rats et de cadavres en putréfactions. Ils étaient déjà passés, laissant derrière eux la marque du Seigneur de la maladie.

 

 

 

 

Nalandor en avait trop vu pour une seule et même journée, lui qui avait depuis des années renoncé au feu des batailles, préférant vivre loin de tout pour se préserver des tentations de la violence et du pouvoir, lui qui plus que tout autre elfe avait compris la valeur de la vie, lui, se sentit pris par une rage inextinguible, la rage de ceux qui ont trop souvent tout perdu pour des raisons qu’ils ne maîtrisaient pas. Il hurla aux cieux une promesse vengeresse, il hurla si fort que le son de sa voix se répercuta à travers les bois faisant se plier les branches les plus vieilles, réveillant les hommes arbres de leur léthargie, pénétrant au plus profond l’esprit de la forêt. C’est alors qu’un point minuscule de lumière bleutée apparût devant Nalandor. Puis, le point devint boule, puis sphère flottante étincelant de milles feux colorés, elle grossit encore puis absorba totalement le corps de Nalandor médusé par cette apparition. L’énorme sphère de feu entama une course vers les cieux puis disparut dans un éclair, transportant en son sein un être dont le chagrin avait fait ciller les dieux….

Il ouvrit les yeux au milieu de nulle part , dans un espace infini miroitant de couleurs si belles que seuls les esprits les plus purs avaient pu concevoir. Ebloui par tant de grandeur, il ne vit pas tout de suite les deux immenses trônes flottants au beau milieu de ce monde sans sol ni ciel, sur lesquels étaient assis Orion et Arielle les dieux de la forêt, ses maîtres vénérés. Il voulut s'agenouiller mais ne trouva pas le sol et dû se résoudre à rester debout en suspens dans le vide coloré, ne sachant quelles paroles prononcer face aux entités protectrices qui emplissaient l'espace de leur apaisante présence. Finalement ce furent eux qui prirent la parole.

"Sois le bienvenu dans notre retraite, noble Nalandor, commença la puissante voix d'Orion. Ta présence ici n'est pas fortuite, c'est une réponse à ton appel, la pureté d'âme et la détresse qui s'en dégageait nous a touché au plus profond." Le dieu à la lance se tût et la douce Arielle reprit d'une voix enchanteresse : "Rares sont ceux qui sont venus jusqu'ici, car rares sont les élus. Ce lieu est en fait la dimension spectrale ou se réfugient nos esprits lors de l'hibernation de nos corps physiques. Comme tu le sais, durant cette période nous ne pouvons intervenir directement dans le monde matériel mais ton appel nous a interpellés, aussi, nous ne pouvons laisser le grand péril qui s'annonce détruire notre royaume. Tu as donc été choisi pour être celui qui devra relever la nature de la maladie, qui d'ores et déjà commence à pulluler dans notre bonne forêt de Loren ; mais trêve de discussion, ta quête sera dure et périlleuse, tu ne dois plus perdre de temps ou alors la fin est proche. Nous allons nous unir pour te donner le pouvoir de vie. Ferme les yeux…"

Nalandor s'exécuta pieusement, s'apprêtant à recevoir le don des dieux . Tout d'abord il ne ressentit qu'un léger changement dans l'atmosphère du lieu, quelque chose de frais, agréable…

 

Puis tout son corps fut pris de spasmes, il sentait une puissance incommensurable traverser la moindre cellule de son être, il avait l'impression d'être ballotté dans un océan de magie, de suivre les vagues de pouvoirs divin. Aucune peur ne l'étreignait, il sentait juste que plus rien ne serait comme avant, que le reste de ses jours serait investi par la mission divine qui lui incombait désormais…Comme dans un rêve, la voix d'Orion retentit :

-"Te voilà prêt, Nalandor. Le pouvoir dont tu disposes désormais ne te protège ni des souffrances ni de la mort, mais c'est un don précieux. Ne t'exposes pas aux feu des batailles, ta vie donne la vie, tout comme ta mort serait celle de tous. Va en paix et sois prudent… NOUS comptons sur toi…"

D'un coup, la sensation de plénitude et de bien être qui se dégageait de la retraite des dieux disparut. Nalandor ouvrit les yeux et contempla un paysage dévasté par le mal, dans cette partie de la forêt autrefois si belle on ne voyait plus que des arbres noirs et rabougris, figés en des postures torturées, des milliers de membres noueux semblant implorer grâce. Nalandor avait l'impression d'entendre les voix de ces arbres hurler leur désespoir depuis les tréfonds de la damnation à laquelle ils étaient voués. C'était comme si leurs âmes étaient prisonnières de leur bourreau. Pour la première fois, Nalandor ressentait au plus profond de lui la détresse de la forêt, il ressentait un besoin presque paternel de protéger ces "êtres", il devait les réconforter. Comme poussé par une force surnaturelle, il s'approcha d'un arbuste décharné, lui parla tout doucement en caressant les branches meurtries par la maladie ; c'est à cet instant qu'il comprit quel était vraiment le pouvoir que les dieux lui avaient confié : lentement, sous ses yeux écarquillés, il vit ses mains luire d'une douce lumière verte puis la lueur enveloppa tout le corps de l'arbuste d'une aura brumeuse. Nalandor vit les bourgeons réapparaître comme au printemps , chacune des fibres de la plante semblait réinvestie d'une vigueur estivale, et surtout il entendait une petite voix lointaine dire : "Merci…..Merci…". Les dieux avaient transformé l'amour de Nalandor pour la forêt en une énergie bienfaitrice, une source de vie.

Il marcha durant plusieurs jours dans le sillage morbide des soldats de la peste et s'aperçut que sa seule présence suffisait à réparer les effets du cataclysme vivant, son pouvoir n'était pas juste contenu dans ses mains, tout son corps irradiait de vie, il lui suffisait juste de penser à ceux qu'il voulait soigner pour que la douce lueur émane de tout son être et referme les plaies du peuple vert. Alors qu'il continuait son chemin, une voix caverneuse l'interpella ; il se retourna, ne vit personne, l'appel retentit une seconde fois, la voix semblait plus faible, fatiguée. Il se dirigea vers la source présumée du son, au bout d'une centaine de mètres il découvrit le corps immense d'un homme-arbre gisant sous un amas de feuilles mortes. Le titan de bois tourna difficilement la tête, découvrant un visage rongé par les termites et les vers ; il dit : "Aide-moi… J'ai fait ce que j'ai pu pour les retenir…" puis perdit connaissance.

Nalandor posa ses mains sur les tempes du géant, puis tout doucement il diffusa des effluves émeraudes à travers le corps mutilé du sylvain. Les termites et les vers se mirent à fuir leur ancien habitat comme chassés par le pouvoir guérisseur, les bourgeons reparurent, l'immense corps de bois reprit sa couleur brune et cet aspect d'invulnérabilité propres aux homme-arbres. Le titan se releva en un mouvement à la fois lourd et étrangement leste étant donné sa taille, puis d'une voix sans âge il dit :

- "Je te remercie infiniment pour ce que tu as fait, c'était comme si la main des dieux m'avait relevé, j'ai entendu leurs voix me dire que tu étais un élu, un être au cœur pur, que mon devoir était désormais de te protéger afin que tu puisses mener à bien ta mission. Aussi, je serai ton compagnon de route à compter de ce jour, jusqu'à celui de la victoire ou de notre mort. Mon nom est Rakhtu."

-"Je m'appelle Nalandor , et sache que c'est un grand honneur pour moi d'avoir un individu de ton rang comme compagnon. J'approuve la décision des dieux de te faire mon protecteur, car jamais je ne pourrai mener à bien la tâche qui m'incombe si je reste seul. L'important maintenant est de trouver un campement de forestiers où nous réfugier, et glaner quelques renseignements sur l'avancée de nos ennemis."

Ils partirent dès l'aube, l'elfe monté sur les puissantes épaules de Rakhtu, mais ces épaules portaient un fardeau bien plus lourd que le poids de Nalandor, sur elles reposaient le dernier espoir de Loren…

II

Se repaissant des cadavres laissés dans le sillage de la sombre armée, quelques portepestes fermaient la marche. Ces répugnants démons, constamment enveloppés par un épais nuage de mouches attirées par l'odeur de décomposition avancée qui émane de leurs corps décharnés, étaient trop occupés pour apercevoir quelques silhouettes furtives se glisser entre les arbres à la lisière de la forêt. Il était déjà trop tard lorsqu'il se retournèrent, face à eux, une vingtaine d'elfes, des danseurs de guerre, se ruaient toutes lames dehors pour les tailler en pièce. La réaction des démons ne se fit pas attendre, ils sortirent leurs lames verdâtres d'où suintait un liquide poisseux, prêts à riposter. Les elfes allaient de taille et d'estoc avec une agilité et une vélocité surnaturelle, mais la résistance des créatures du Chaos était tout aussi surnaturelle, et malgré leur infériorité numérique, l'issu du combat n'était pas courue d'avance. Les épées démoniaques réduisaient les adversaires qu'elles touchaient en un amas de chair malade, la panique commençaient à gagner dans les rangs elfiques, mais, dans un dernier effort, les guerriers danseurs firent pleuvoir une véritable tempête d'acier sur leurs ennemis, dépeçant les corps impies, maculant le sol des restes déjà pourrissant des portepestes. Lorsqu'ils furent sûrs que les démons étaient vraiment morts ils comptèrent les leurs, sur la vingtaine il n'en restait que six.

Le combat avait été rude et la victoire avait un goût amer tant les pertes étaient grandes et les esprits meurtris. C'est la mort dans l'âme que Mal'hel, le capitaine de l'escouade ramena ses hommes encore valides au campement ; le plus dur pour lui était de n'avoir pu ramener les restes des morts à leurs familles, car le pouvoir corrupteur des épées de leurs ennemis n'avait laissé d'eux qu'une flaque nauséabonde. Il se demanda comment ils allaient s'en sortir, cette fois-ci, il leur fallait de l'aide…

A quelques heures de là , la longue procession chaotique continuait sa marche. Des centaines de guerriers engoncés dans des armures noires soudées à leur chair avançaient sans répit à travers la forêt, ne laissant derrière eux que ruines et désolations. Autour de l'imposante colonne de guerriers gravitaient des dizaines de démons de plus ou moins grande taille, d'abord, les portepestes scrutaient l'horizon de leur unique œil dans l'espoir de découvrir quelques potentielles victimes. Autour d'eux, la masse grouillante des nurglings, démons minuscules et grimaçants portant les stigmates de toutes les maladies imaginables, se jetaient sur les animaux qu'ils rencontraient afin que ces derniers contractent la pire des maladies, la pourriture de Nurgle, et contaminent un maximum de leurs congénères avant de trépasser. Un réel sentiment apocalyptique se dégageait à la vue de ces milliers d'êtres dévoués corps et âme à la destruction de toute forme de vie. L'armée toute entière dégageait cette odeur capiteuse et âcre qui avait fait frémir Nalandor , ce fumet nauséabond était décelable plusieurs lieues à la ronde, et quasiment insupportable à cent mètres. A la tête de la procession, un homme de haute stature au visage masqué par un heaume au rictus figé, portait un énorme fléau d'arme. C'était le seigneur Valnir "le moissonneur". La réputation de Valnir précédait toujours sa venue ; à travers tout le Vieux Monde son nom ravivait des peurs ancestrales, les anciens de toute race relataient avec une voix serrée par la peur les boucheries perpétuées par celui dont ils n'osent pas prononcer le nom. La seule évocation de sa silhouette décharnée brandissant le gigantesque fléau suffirait à faire fuir le plus courageux des héros. Depuis plus de 300 années, chaque grande épidémie était due à Valnir ou à ses hommes. On ne comptait plus ceux qui étaient morts dans les pires souffrances, leurs corps atrophiés par la douleur et la maladie.

Le seigneur avançait d'un pas décidé, avec une telle vigueur qu'il semblait que rien ne pouvait l'arrêter, le manche de son fléau appuyé sur l'épaule, les trois masses aux pics acérés se balançant nonchalamment dans son dos. La marche à travers la forêt de Loren se passait plutôt bien pensa-t-il, les quelques escarmouches avec les sylvains n'avaient pas ralenti ses troupes et les pertes, de son coté, avait étés minimes. Pourtant, depuis quelques jours, il sentait un changement dans l'environnement, comme si une force, une aura, s'était mise à rayonner à travers toute Loren.

Ce qui était étrange, c'est qu'il savait que les dieux protecteurs, Arielle et Orion, ne pouvaient intervenir avant trois mois – c'est d'ailleurs ce qui l'avait décidé à attaquer – et pourtant, l'énergie qu'il ressentait était semblable à celle des dieux. Il lui semblait aussi bizarre que les elfes n'ait jusqu'alors opposé qu'une faible résistance, car on raconte que ceux qui ont voulu pénétrer la forêt sans leur consentement ne sont jamais revenus, et ce à travers tous les âges. Il commençait à penser que cette histoire sentait le piège lorsqu'un éclaireur revint en courant vers l'immense colonne ; il était blessé. S'adressant directement à Valnir il haleta : "Maître, les elfes nous ont pris en embuscade, ils avaient tendu des filins tranchants entre les arbres pour nous arrêter, puis ils sont sortis de partout… La plus grande partie de mes hommes a succombé à leur attaque, mais j'ai pu fuir pour venir vous prévenir, ô Maître !" Valnir baissa les yeux sur le guerrier et dit : " Pourquoi n'es-tu pas resté pour te battre, larve! Plus tard, tu seras châtié pour cela, mais tes renseignements me sont précieux, aussi je vais te récompenser, approche de moi et agenouille toi…" Une intonation malsaine avait investi la voix de Valnir sur ces derniers mots. Lorsque le guerrier posa le deuxième genou à terre, le seigneur lui saisit la tête entre ses mains cadavériques et l'arracha d'un coup, en effectuant une légère rotation, extrayant la colonne vertébrale dans un craquement sinistre. Il se retourna vers ses hommes brandissant son macabre trophée, puis tonna : "Voyez ce qu'on fait des lâches ! Tous ceux qui préféreront la fuite à la mort au combat subiront le même sort, et peut-être même pire! " Son annonce fut accueillie par un tonnerre de grognements et de rires hystériques. Il jeta les restes du guerrier décapité à une petite bande de nurglings qui nettoyèrent la carcasse dans une infecte cacophonie de bruits de mâchoire et de succion.

La procession s'ébranla dans un brouhaha métallique, ignorant le danger qui déjà les guettait. A peine avaient-ils parcourus une lieue que le ciel s'assombrit soudainement, ils levèrent les yeux et virent une véritable pluie de flèches fondre sur eux. Les solides armures des guerriers résistèrent bien aux carreaux des forestiers cependant, une cinquantaine d'entre eux furent terrassés par les pointes aiguisées qui pénétraient dans les failles de leurs cuirasses d'airain. S'ensuivirent quelques bruissements dans les arbres, les buissons, des pas furtifs, puis plus rien… Le silence de la forêt n'était plus troublé que par les cris de colère des hommes de Valnir qui maudissaient ces lâches ennemis. En grand général, "le moissonneur" stigmatisa la rage de ses soldats en affirmant que cet acte de résistance désespérée n'était qu'esbroufe vouée à l'échec, et que la riposte serait par cent fois supérieure à ce qu'ils venaient de subir. Ce discours rassurant cachait son intime conviction qui lui disait que les ennuis commençaient juste.

III

Nalandor et Rakhtu avaient, depuis trois jours déjà, rejoint le campement de Galief, véritable village suspendu entre les branches.

Des dizaines d'habitations de bois toutes reliées par des ponts de corde tressée surplombaient une clairière magnifique aux couleurs de printemps. Le chemin qui mène à Galief n'était connu que de ses habitants et des hommes-arbres, même les invités y étaient conduits les yeux bandés, et pour plus encore de sécurité ,Barwandoe, le mage qui dirigeait la communauté, maintenait un enchantement sur le village qui le dissimulait aux yeux de tous.

Malgré le cadre paradisiaque de l'endroit, l'atmosphère qui y régnait était tendue. Tous les hommes d'armes s'entraînaient ou affûtaient leurs lames, et, dans le secret de la hutte de Barwandoe, un conseil de guerre était tenu. Nalandor exposa la stratégie qu'il pensait la meilleure :

-"Avec Rakhtu nous avons pendant plusieurs jours suivi le sillage de l'armée de Valnir, réparant les dégâts causés par son passage au fur et à mesure qu'elle progressait. Ainsi, sans le savoir, ils se retrouvent enfermés au milieu de la forêt. Nous devons agir dès maintenant, les forcer à rebrousser chemin par de multiples raids furtifs, tout en les affaiblissant avec des pièges et ainsi les amener à sortir de la forêt. Nous devons les avoir à l’usure, une confrontation directe ne nous est pas favorable, leurs troupes sont beaucoup plus puissantes que les nôtres, profitons du couvert que nous offre notre environnement et prions pour que les dieux nous gardent… "

-" Ton plan est audacieux, admit Barwandoe. Il me semble en effet que ce stratagème est celui qui fera couler le moins de sang, toutefois, j’ai moi aussi ma petite idée sur la question. En gardant le même objectif de déstabilisation de l’ennemi, j’ai façonné quelques sortilèges qui pourront être d’une grande aide dans notre combat. Je préfère ne rien dévoiler pour l’instant car il me reste quelques mises au point à effectuer, mais je ne serai pas étonné si bientôt les arbres se mettaient en colère… ". La réunion se termina quelques temps plus tard, Nalandor prit congé du mage et s'en retourna vers la hutte qui lui avait été déléguée le temps de son passage à Galief. Dans la cour il croisa Rakhtu qui s'entretenait avec le capitaine de la garde à propos de l'influence du Chaos sur les animaux de la forêt ; on avait en effet remarqué depuis le début de l'invasion l'apparition de monstruosités dans le sous-bois. Le capitaine expliquait que lors d'une ronde ils avaient été attaqués par un énorme chien aux mâchoires écumantes, la bête avait tué deux de ses hommes avant d'être anéantie, et, en inspectant le cadavre ils avaient découvert qu'il s'agissait d'un chien de chasse du village qui s'était échappé quelques jours auparavant. Seulement, l'animal avait bien changé en peu de temps ; sa musculature s'était étonnamment développée, ses crocs étaient aussi tranchants que la meilleure dague et son pelage devenu dru, presque piquant.

 

 

 

Une autre histoire relate que des fauconniers de Tyralder se sont retrouvés encerclés par leurs propres faucons, soudains pris par une poussée d'agressivité incompréhensible, les yeux luisants d'une lueur mauvaise, presque tous ont étés dépecés par les serres puissantes des grands prédateurs, et ceux qui ont réussi à fuir sont devenus fous suite à leurs blessures, comme si un mal pernicieux les avait rongé de l'intérieur. Rakhtu écouta attentivement les dires du soldat, hocha sa lourde tête l'air préoccupé, puis lui souhaita une bonne nuit.

Le lendemain matin une grande assemblée fût préparée pour annoncer les décisions stratégiques prises la veille au soir. Tous les chefs de guerre de Galief étaient là, attentifs aux recommandations données par l'état- major, tous avaient ce regard grave qui ne traduit plus d'émotions, le regard décidé et résigné de ceux qui vont peut-être mourir. Barwandoe expliquait les différentes tactiques qui allaient être mises en œuvre :

-"Tout d'abord les forestiers devront procéder à l'installation de pièges dans le périmètre qui entoure les troupes d'invasion, afin que dans leur moindre tentative de mouvement certains d'entre eux soient emportés, les danseurs de guerre tenteront d'isoler des petits groupes et les attaqueront par surprise, les éclaireurs pratiqueront des raids furtifs depuis les arbres, leur rôle consistera à tirer quelques salves de flèches pour affaiblir l'ennemi petit à petit, c'est la fréquence de ces raids qui en fera leur efficacité, les guerriers faucons procéderont aussi à des attaques surprises depuis les airs, quant au reste des hommes, certains iront chercher du renforts dans les autres communautés, les autres resteront ici pour protéger le village et soulager les blessés. Nous ne vaincrons que si nous ne nous exposons pas directement à leurs force, alors restez à couvert, cette bonne Loren est notre meilleure alliée ". Un brouhaha approbatif suivit l'exposé du mage, les hommes commençaient à s'éparpiller dans la clairière lorsque s'éleva une puissante voix qui fit se retourner tout le monde, c'était Rakhtu qui, du haut de ses huit mètres, demandait à prendre la parole. Il relata son entretient avec le capitaine de la garde puis annonça :

-"En plus de 1300 ans, j'ai par maintes occasions eu à combattre les forces du Chaos et je peux affirmer que de telles mutations n'ont pu être provoquées uniquement par l'aura magique qui entoure les démons et les guerriers de Valnir, des changements si profond dans le comportement d'animaux domestiqués me font supposer qu'un puissant sorcier les accompagne ou les soutient, et ce n'est pas vraiment une bonne nouvelle. Les sorciers du Chaos font partie des plus puissants de ce monde, se mesurer à l'un d'eux est un combat éprouvant, même pour un grand mage comme Barwandoe. Il va nous falloir combattre cette nouvelle menace par n'importe quel moyen, car un sorcier peut invoquer des légions de démons si on lui laisse le temps d'effectuer les rituels adéquats.

 

 

Si il est dissimulé dans leurs rangs , il ne pourra rien faire tant qu'ils seront en marche, d'où l'intérêt de les harceler sans trêve afin qu'ils soient toujours forcés de se déplacer, par contre si il opère d'un autre endroit, il est peut être déjà trop tard. Nous devons dès maintenant envoyer des espions pour savoir où il se cache. " La déclaration du colosse fit l’effet d’une averse glacée sur l’assemblée, le bel enthousiasme avait fait place à une clameur inquiète. Le mage se leva et proclama :

-" Mes amis, je vais devoir aller combattre ce nouveau péril, car moi seul ici suis de taille à affronter un de leurs sorciers. J’emmènerai avec moi les meilleurs hommes de ma garde personnelle pour m’escorter dans ce périple. Durant mon absence, Nalandor sera chargé du commandement des actions militaires, n’oubliez pas, vous devez le protéger à tout prix, car lui seul pourra réparer les dégâts après la guerre, sa vie est une denrée précieuse qui mérite d’être défendue plus chèrement encore que votre propre vie. Je vous promets que nous reviendrons, et que les Dieux vous protègent. " Sur ces mots, Barwandoe prit la direction de sa hutte pour préparer son départ. Le vieil elfe gravit l’échelle de cordes qui menait à sa demeure ; pendant son ascension, il pensa en sentant ses muscles se raidir que son corps n’était plus tout jeune. Déjà 700 années s’étaient écoulées depuis le temps où il n’était encore qu’un apprenti magicien, 700 années où les guerres s’étaient succédées inlassablement, provoquant toujours les mêmes massacres, son peuple, de nature pacifique, était devenu par obligation une race de guerriers, et une fois de plus le sang allait devoir couler, fatalement. Il parvint à la cime du grand chêne où était perchée sa hutte, et se rendit compte qu’il était essoufflé, pour lui le combat à venir serait le dernier pensa-t-il, car jamais son organisme ne survivrait à un duel de magie, il se préparait donc à mourir, mais surtout à trouver le moyen d’emmener son adversaire avec lui dans l’au-delà. Il ferma les yeux puis décrivit des signes dans l’espace, ses doigts laissant une traînée lumineuse sur leur passage, alors apparut une malle flottant devant lui, soutenue par des filins de lumières. Il prononça une formule entre ses dents et le lourd couvercle se leva sur un incroyable fatras d’amulettes, grimoires et autres artefacts collectés au cours de sa longue vie. La malle donnait l’impression de contenir bien plus d’objets que son volume ne le lui permettait, sans doute était-ce là un des innombrables tours de passe-passe du magicien. Il fouilla durant un long moment dans les entrailles du coffre en grommelant, sélectionnant de temps à autre tel ou tel objet, les rejetant ensuite, insatisfait ; au bout d’une interminable période d’hésitation il s’arrêta sur trois articles qui paraissaient lui convenir. Il prit d’abord une longue épée magnifiquement ouvragée qui semblait taillée dans une seule pièce de bois vert sombre, le pommeau représentant le visage de Durthu, le seigneur des homme-arbres.

 

 

Son second choix alla vers une amulette couleur émeraude, la pierre superbe était cerclée par un anneau d’or, lui-même serti de minuscules pierres bleues dessinant des symboles ancestraux à la signification oubliée par le commun des mortels. Lorsqu’il se saisit de l’amulette il la déposa délicatement sur le dos de sa main, lut à haute voix les symboles inscrits sur le cerclage et l’artefact se fondit sans difficulté ni douleur apparente dans les chairs du mage, ne laissant dépasser que le dôme de la pierre au milieu de sa main. Enfin il sortit une chevalière de bronze portant une seule et unique rune gravée représentant le soleil, puis il referma la malle, refit quelques mouvements lumineux, elle disparut. Il embrassa du regard l’intérieur désordonné de sa demeure pensant que c’était peut-être la dernière fois qu’il voyait ce décor, il remplit un grand sac de grimoires, se l’attacha sur le dos, puis sortit sans se retourner. Dans la cour, il héla un fantassin et lui dit d’aller chercher sa garde personnelle, ils partiraient dans le courant de la nuit afin de profiter au maximum de la protection de la forêt. Le soldat s’exécuta dans l’instant, et revint peu de temps après suivi de loin par une trentaine de danseurs de guerre aux uniformes richement ornés de motifs brodés de fils d’or, ils portaient tous au coté de longues et fines épées courbées dont le fil était travaillé selon un affûtage complexe, le rendant tranchant comme un rasoir. Le capitaine de l’unité s’avança et s’agenouilla devant Barwandoe : " Nous te suivrons, maître, où que tu ailles, nos lames et nos corps protégeront le tien de la traîtrise de nos ennemis ". Le mage lui fit signe de se relever et lui répondit, le regard empli de bonté : " Mon bon Ralhaniel, ta loyauté réchauffe mon vieux cœur, mais tu dois savoir que ce voyage sera pour moi le dernier, car je ne pourrai vaincre mon adversaire sans y laisser la vie, mais je compte sur toi et tes hommes pour colporter l’histoire de notre victoire à travers les générations, car toi tu reviendras, j’en suis sûr. Nous partons cette nuit, mais je ne sais encore pour où, j’attends le retour de nos espions qui devraient au moins savoir si le sorcier se cache dans les troupes de Valnir ou s’il s’est établi dans un place forte aux abords de la forêt, cela guidera un minimum nos recherches. Profitez de la journée mes amis, les prochaines seront rudes ". Ce fut l’arrivée d’un homme grièvement blessé qui interrompit la discussion en cours, c’était un des espions, il avait du mal à parler, mais il réussit quand même, entre deux douloureux halètement, à donner l’emplacement de la cache du sorcier, à l’est de la forêt sur les hauts plateaux, puis il mourut dans un souffle rauque le visage figé sur un rictus horrifié, sa peau commença à fumer puis il s’enflamma, ne laissant qu’un petit tas de cendres brunes. D’abord abasourdis par le spectacle qui s’offrait à leurs yeux, les habitant de Galief ne comprirent qu’après la signification dramatique de l’événement, et un vent de terreur fit frissonner toute l’assemblée….

IV

C’était sous un ciel sans nuages que s’élevait en tourbillonnant une épaisse colonne de fumée noire parcourue çà et là d’éclairs rouges aux teintes changeantes.

La base de ce vortex était une grotte située à flanc de falaise d’ou émanait la mélopée d’une psalmodie impie et les cris étranges de créatures que l’on avait presque peur d’imaginer. C’est à cet endroit précis qu’officiait Gramondhi, un terrible sorcier du Chaos indivisible ; sur le sol de la grotte, un symbole ressemblant à un pentacle avait été dessiné à l’aide du sang pur de jeunes enfants kidnappés dans un village de la région. Le sorcier dansait en lisant sur un grimoire aux pages de peau humaine une suite de signes cabalistiques ayant traversé les âges. Autour de lui s’activaient cinq petits êtres difformes qui régulièrement jetaient une poudre lumineuse au centre du pentacle, alimentant la colonne de fumée, qui se trouvait en fait être un passage dimensionnel en gestation menant aux Royaumes du Chaos, véritable porte béante ou s’engouffreraient par dizaines des démons de toutes tailles attirés par les paroles rituelles que prononçaient Gramondhi. Dans le fond de la grotte on pouvait déjà distinguer quelques yeux luisants dans la pénombre et percevoir les ricanements sordides de ces créatures du néant. Il en appelait aux quatre sombres Dieux, les yeux révulsés et les mains fumantes, sa voix n’était plus humaine, elle était un souffle rauque articulant des sons graveleux qui résonnaient tels des sentences mortuaires annonçant les désastres à venir. Au bout de plusieurs heures le sorcier perdit connaissance et son corps se mit à léviter au dessus du pentacle, enveloppé d’une aura rouge sang. Le rituel prenait fin et les cinq petits êtres se postèrent sur les cinq pointes du cercle d’invocation, joignant leurs bras surdimensionnés en une ronde maléfique scellant l’ouverture du passage. Dès lors, tout s’accéléra ; des hordes de démons descendaient du vortex devenu écarlate, ils se massaient dans la pénombre de l’antre attendant dans une cacophonie assourdissante que le sorcier sorte de son état de stase pour leur ordonner de déferler sur le monde….

 

Lettre de Walter von Eisenach, Sénéchal de l'Empire de la Province Frontalière Orientale à Victor Andreas von Kassenberg, Comte Electeur du Solland.

 

A sa grande et glorieuse seigneurie Victor Andreas, baron de Kassenberg, grand Comte Electeur du Solland, pair et lumière de l'Empire.


Salut,

Cette lettre s'inscrit au nombre des rapports réguliers que mes fonctions m'incitent à vous transmettre. je me dois ainsi de vous faire part des craintes les plus vives, partagées par les capitaines et prévôts de nos fiefs et possessions dans les provinces frontalières. Nous assistons en effet, à la formation d'une armée d'invasion goblinoïde qui présente une menace potentielle très grave pour nos territoires.

En temps normal, les tribus d'orques et de goblins des Terres Arides - que nous appelons Badlands- sont trop absorbées par leurs multiples querelles intestines pour tenter une quelconque action d'envergure envers nos postes avancés les plus méridionaux. les forces qui y sont habituellement déployés suffisent à repousser les raids. leur tache est rendue toutefois plus difficile par la fréquence et le caractère obstiné de ces assauts.

Mais ici, la situation est beaucoup plus grave. Il y a quelques mois, des prospecteurs nains revenus précipitamment des Terres Arides nous rapportaient des rumeurs plus qu'inquiétantes. Au cours d'un conflit comme il en existe tant parmi les tribus qui se partagent la région, une tribu orque, les Skarag-Haï auraient passé une alliance avec une horde d'orques noirs, les Baghtrugarth. Après plusieurs victoires, cette armée fut rejointe par d'autres éléments goblinoïdes qu'il ne nous est pas possible d'identifier. Quoi qu'il en soit, sa participation aux autres conflits des Terres Arides est prouvée. On retrouve la trace de cette horde quelques mois plus tard au Nord de la Rivière Hurlante, aux pieds des Montagnes du Bout du Monde.

Selon toute vraisemblance, elle semble s'être stabilisée dans cette région. Ses rangs se sont agrandis de nombreux contingents goblins. La menace que cette horde fait peser sur nos fiefs et possessions est bien réelle. Déjà, des caravanes ont été pillées, des fermes détruites et des forts incendiés. Son rayon d'action ne cesse de s'accroître et des éclaireurs ont été aperçus plus à l'Ouest à l'intérieur même de vos terres; près de Niederhof notamment. Etant donné la gravité de la situation, je vous prie de prendre diligemment les mesures que l'urgence impose, pour le salut de l'Empire. Que Sigmar puisse veiller sur nous. Hommages très fidèles et respectueux.

Walther von Eisenach

Sénéchal d'Empire de la Province Frontalière Orientale

 

- Extrait des Carnets de route de Rungni Askon, voyageur nain.

".... les eaux sombreuses et huileuses du Golfe Noir s'étendent désormais derrière moi tandis que je remonte vers l'Est.

J'ai longé et remonté la Rivière hurlante (Note du traducteur: Nom original nain : le "Chagrin de Grungni".) pendant trois jours. la progression est lente et difficile à cause des escarpements. L'insécurité est très grande à cause des peaux vertes qui rôdent.

Arrivé à Khard-Arzen, village minier situé aux contreforts de notre royaume. le site est fortifié avec des pierres de maçonnerie. Le mur d'enceinte comporte un chemin de ronde ainsi que des tours rondes en pierre. Une double rangée de pieux complète le dispositif de défense. le village regroupe 8 maisons et compte environ 50 barbes. les habitants élèvent des moutons, cultivent des champignons dans de grandes caves et exploitent le fer et le sel dans leur mine. j'ai appris dans ce village que de graves évènements frappaient la région. Il y a déja de nombreuses lunes (Ndt: Le mois nain compte environ 40 jours.), que des peaux vertes ont traversé la rivière en amont.

Après quoi, ils se sont enfoncés dans les gorges au Nord-Est. Dans ce lieu étroit et encaissé, ils subirent de nombreuses embuscades de ces maudits et abjectes goblins de la nuit. Mais malgré leurs pertes, les orques poursuivirent leurs agresseurs jusqu'au fond de leur repaire, Nungâraz, la montagne d'agonie.

Cette montagne sinistre fut, il y a de nombreuses années de celà une cité riche de notre royaume. les nains qui avaient colonisés les flancs de la montagne et en avait creusé de profondes galeries, étaient à l'origine de la prospérité de Khar-Azan la montagne bleue. mais une telle situation ne manqua pas d'attirer la convoitise malveillante des Schrab (Ndt: terme nain désignant les goblins de la nuit avec une très forte connotation péjorative.) de la tribu des Zink-Wankis.

Cette ignoble tribu constituée de milliers de guerriers aussi laches que vicieux appartient à la maléfique confédération de la lune maudite. Les Zink-Wankis lancèrent des assaults repétés contre la cité. Après une résistance acharnée, la ville fut prise et Khar-Azan devint Nungâraz la maudite. Les orques furent plus heureux que les valeureux martyrs de notre cité. Ils écrasèrent une première fois les Zink-Wankis dans la passe de Noirrock avant d'envahir la cité de ces derniers. les Zink-Wankis durent choisir entre l'extermination ou la soumission.

Leur nature vile et lache les inclina à choisir la seconde option. Depuis Nungâraz est devenue un oeil noir menaçant, regardant aussi bien du côté des hommes que du nôtre."

 

·         Extrait des mémoires conservées du chevalier Robert de Kassenheim, poète et voyageur, tombé au combat pendant la bataille du vilage de Niederhof.

  •  

Je sens cette nuit comme étant la dernière. Cette idée m'empêche d'ailleur de trouver le sommeil, la mort rôde comme les peaux-vertes autour du village. Elle m'attend. Depuis trois jours déjà nous sommes totalement isolés. Les derniers messagers que nous avons envoyés nous sont revenus entièrement écorchés et jetés par les lance-rocs orcs.

Leurs cimbales résonnent autour du village toutes les nuits comme un glas funeste. Malgré notre situation désespérée, Niederhof s'est préparée pour son dernier combat. c'est Dieter Halbsbach, le prévôt de Niederhof qui a su grâce à son charisme remarquable, organiser la défense et insuffler un esprit de résistance inébranlable. Je me suis, moi et mes hommes placé diligemment, sous son commandement. Nous disposons de quelques hommes armés de tromblons grâce auxquels nous comptons décimer les rangs des peaux-vertes. Mais notre plus grande chance de salut réside dans l'utilisation d'une machine expérimentale venue d'Altdorf que les hommes ont surnomé "canon du feu de l'enfer". Maître Angeli semble avoir une confiance inébranlable en son utilisation et il ne doute pas un seul instant que les peaux-vertes "s'enfuient en hurlant devant la toute puissance de l'Empire". Pour ma part, je ne partage pas tout à fait son optimiste car on m'a rapporté que ces machines avaient une facheuse tendance à exploser à la première salve.Quelques mercenaires ogres sont venus se joindre à nous mais leur courage n'a d'égal que le pesant d'or que Dieter leur a promis.

Dieter Halbsbach justement, dirrige en personne une vingtaine d'hallebardiers du Solland lourdement armés et fortement déterminés. la situation désespérée de nos troupes eut un effet inattendu. Quelques jours avant notre encerclement définitif arrivèrent à Niederhof une bande de fanatiques hirsutes, tous à moitié fou, prophétisant dans leurs visions extatiques, des combats d'apocalypse. Des nains du Chêne-Vif vinrent compléter la garnison. Les défenses furent renforcées par des rangées de pieux fichés en terre pour bloquer les charges de cavalerie. la massive tour de pierre du vilage reçut des blocs pour le renforcement de ses fondations.
Mon pégase me permet de faire encore des patrouilles régulières au dessus de la forêt qui nous entoure. j'y entrevoit d'importants signes d'activité des peaux-vertes; mais les quelques volées de flèches qui m'ont frolé, ne m'ont pas incité à en savoir d'avantage. Dans le village, les hommes achèvent d'épuiser leurs dernières réserves de nourriture mais le désespoir et la perspective d'une mort héroïque attise leur courage . Notre état d'esprit peut se résumer à la devise qui orne de nombreuses bannières impériales: Victory or Death !

 

Quelques heures avant l'assault, Robert de Kassenheim confia les carnets contenant ses mémoires à un jeune messager, chargé de tenter le tout pour le tout. Contre toute attente, ce dernier parvint à franchir les lignes sans être vu par les peaux-vertes, occupées à la préparation de l'assault. Le messager parvint jusqu'à Nuln ce qui permit la sauvegarde de l'oeuvre du défunt chevalier.

Les osselets d'Uran-Kooda font sans aucun doute, partie des plus insolites objets conçus par les chamans orques. Ils sont constitués de petits os courts et épais (vertèbres, phalanges) gravés de pictogrammes minuscules et entrelacés. Ces osselets sont liés entre eux par groupes d'un nombre variable, avec des cheveux humains.

Seul un mage, un sorcier ou un chaman peut les utiliser avec efficacité. Une très petite quantité d'énergie magique est en effet nécessaire pour activer une "chaîne" d'osselets et les faire parler.

Lorsqu'ils sont disposés sur le sol selon une figure précise, ces osselets émettent des sons et des mots enregistrés préalablement par le chaman à la suite d'un rituel. L'inventeur de cet objet est Uran-Kooda, chaman orque sauvage de clan Orog-Haï et disciple du seigneur chaman Oktarjedda. Grace à ses osselets, il put fixer durablement dans l'os des formules magiques et les récits des exploits de sa tribu. Une de ces "chaînes d'osselets" lui fut un jour dérobée par un voleur humain intrépide appelé Hansol.

L'objet volé entra par la suite, on ne sait dans quelles circonstances, en possession d'un mage de l'Empire qui sut tirer les informations contenus dans les osselets. Il s'agit du récit de la bataille du village de Niederhof vu du camp (victorieux ?) des orques.

 

Moi, Uran-Kooda veut raconter la violente raclée qu'on a donnée aux Zoms d'un village près de la forêt de Sarlong, appelé Niederhof. Que les vers rongent leur corps et Mork dévore leur âme ! Notre glorieuse tribu des Orog-Haï a rejoint y a plusieurs lunes de cela la Horde du Soleil Noir très grande et très puissante. Mork et Gork nous ont ensuite guidé vers le Nord, à Nûn-Garaz, la ville-roc où on s'est tous installé avec les gobz. C'est pour étendre l'éclat du Soleil Noir que notre horde est partie vers l'Ouest conquérir les terres et les villages des Zoms. Après plusieurs lunes de massacres et des pillages, on est allé attaquer un de leur village pour y faire pousser des ruines. On les a encerclés et nos tambours de guerre ont invoqués la faveur de Gork et Mork. Au crépuscule du sixième jour, tous étaient prêts à donner l'assaut…
Zugarrog, notre chef monté sur son sanglier et entouré de nos meilleurs guerriers dirigea l'assaut. Sa troupe se déploya face aux Zoms fous qui s'font du mal pour s'faire du bien ! De l'autre côté du village, une partie de nos gars attendaient en embuscade dans les bois pour attaquer la tour des Zoms. Les orques de Skarag-Haï étaient également nombreux. Mais ils devaient faire encore beaucoup d'efforts pour nous impressionner. Les Kostos se placèrent face à nous décidés à détruire le canon des Zoms et à réduire les nains en bouillie. Deux de leurs grands chefs étaient également présents: Xorgûn à la tête de ses trolls et Morkong chevauchant sa Wyvern et portant la mort du haut des cieux sur la tête de nos ennemis.

Les gobz qui nous avaient suivis, se sont mis du côté de la rivière face aux nabots. les fous y z'allaient s'faire baffer ! Mais y z'avaient emmenés avec eux des gobz fous qui montent des squigs déments. Ces monstres sont capables de faire des dégâts impressionnant ! Quand à moi, j'ai pris place avec la troupe du chef pour mieux participer au carnage.

Soudain, le cor de Zugarroz retentit d'un son grave et tout le monde se mit en marche d'un seul orc et sans discussion. Nos troupes encerclaient totalement le village et se rapprochèrent sans cesse. Nos sangliers galopèrent mais on n'était encore trop loin pour cogner les Zoms. Ce qu'on voulait surtout c'est que nos machines de guerre fassent taire définitivement les canons terrib' des Zoms. Le lance-roc rata sa cible et écrasa quelques Zoms. Nos deux plongeurs de la mort tombèrent sur le canon d'l'enfer qui réussit à tirer avant d'être détruit. Quand la fumée disparut, j'ai pas cru mes yeux ! y avait plus de Kostos Skarag-Haï sur le champ de bataille, même leur chef Nash-garak il était plus là ! il ne restait plus qu'un gros tas verdâtre et sanguinolent de chairs broyées et d'armes brisées. Y ont eu que ce qui méritaient ces idiots !

faut être vraiment aussi bête qu'un troll pour se placer face à un canon d'l'enfer. Suffit pas d'être gros et vert, faut être un peu malin aussi parfois !

 

Dans un rugissement tonitruant et frénétique, on chargea les Zoms fous qui faisaient claquer leurs chaînes. Le choc fut violent et magnifique. Nos armes déchiraient les chairs, broyèrent les crânes et tranchèrent les membres. Nos bêtes les éventrèrent et jetèrent à coups de boutoirs les corps par dessus nos têtes. Eh bien malgré la raclée qu'on leur a mis, y z'ont pas bougé ! Ils sont restés là devant nous à attendre la mort, téméraires et imperturbables. Sur le côté gauche du village, les trolls de Xorgûn se rapprochèrent lentement des premières maisons constamment dirigés par la voix tonitruante de leur chef.

A leur côté les Baghtrugarth, les orques noirs se mirent lourdement et silencieusement en marche au rythme sourd de leur grand tambour. Ils sont forts et puissants. le Zoms armés de hallebardes se tournèrent vers eux pour les affronter. de l'autre côté du village, nos gars sortient de leur bois et commencèrent à grimper la colline du village.

Au même moment, Morkong sur sa Wyvern survola le village et se trouva face à un chevalier en armure étincelante monté sur un cheval ailé. Le combat aérien s'engagea et chacun des deux combattants essaya de toucher son adversaire au milieu des battements d'ailes de leur monture. Ce fut le chevalier qui blessa en premier. Mais la Wyvern riposta et ses crocs arrachèrent une des ailes du cheval. Le chevalier parvint à atterrir. Le combat devait continuer au sol.

Les gobz pendant ce temps eurent une réaction bizarre: la troupe s'arrêta en cours de marche et la plupart des gobz furent pliés en deux et vomirent, d'autres se tortillèrent sur le sol et moururent dans d'atroces convulsions. Il paraît qu'il faut pas s'inquiéter que c'est dû à l'élixir qu'ils boivent avant d'aller taper. Des fois ça leur donne de l'énergie, du courage et une force étonnante mais d'autre ça les tue. Plusieurs fois, j'ai du baisser la tête pour éviter les chevaucheurs de squig qui sautent par dessus les troupes avant de plonger parmi nos ennemis. Avec leurs dents monstrueuses, les squigs tranchaient en deux les chétifs Zoms morts de peur. Urgh ! Urgh !

 

Les pierres des lance-rocs et les plongeurs s'écrasèrent dans les rangs des Zoms avec un fracas retentissant; Notre troupe réussit après un combat acharné à achever le dernier zom fou qui mourut sans avoir céder un seul pouce de terrain. Je comprends pas pourquoi ils sont restés devant nous à se faire massacrer, sans vouloir fuir pour sauver leur peau. faut être complètement fou ! Y pourraient même chevaucher des squigs ces Zoms ! Après avoir tué tout ce petit monde, on a ensuite foncé sur le dernier canon des Zoms. Il avait pas encore tiré pendant la bataille mais on voulait pas que ça arrive ! De leur côté, les Baghtrugarth firent peur aux ogres ! chargèrent les Zoms aux hallebardes et affrontèrent leur général. Comme ils sont forts et méchants, les Baghtrugarth frappèrent fort et tuèrent de nombreux Zoms mais ils subirent également des pertes. Pour avoir les Zoms par derrière, les trolls commencèrent à contourner les maisons pour entrer dans le village. Mais sans qu'on sache pourquoi, ils s'arrêtèrent au milieu du chemin. je souris en voyant au loin Xorgûn vociférer et sauter autour des trolls pour les forcer à repartir. Enfin, après de longues minutes, les trolls se remirent en marche. Entre temps y s'était passé beaucoup de choses sur le champ de bataille.

Morkong s'battait toujours contre le chevalier mais du renfort arriva rapidement. Nos gars à pied s'chargèrent du chevalier et de son cheval.

Morkong profita de ce moment pour taper plus fort et blesser salement le chevalier. Il tomba de sa monture, s'écroula sur le sol avant d'être écrasé sous les griffes de la Wyvern. Un WAAAAG H de victoire retentissant s'éleva au dessus du champ de bataille. Morkong tenant d'une main sa lame sanglante leva de l'autre le heaume ensanglanté du chevalier décapité. Cette victoire nous redonna à tous encore plus d'entrain pour prendre le village. Nos gars à pieds coururent vers la tour tandis que les gobz chargeaient les nains. Leur haine mutuelle attisa la férocité du combat. Mais ces les nains qui tapèrent le plus fort. le grand chef gob fut décapité par la hache d'un maudit nain. Y eut beaucoup de mort chez les gobz mais leur haine des nabots fut plus forte et y tinrent bon cette bande de foies jaunes ! Assis sur mon sanglier, je regardais autour de moi où en était la bataille. Les Zoms y avaient perdu beaucoup de monde et y reculaient tous au centre du village. Kek chose me disait qu'y voulaient pas mourir sans combattre !

Nos sangliers écrasèrent sous leurs sabots les Zoms du canon avant qu'y puisse tirer sur nous laissant derrière eux d'la charpie ensanglantée. Puis on fonça sur les hallebardiers avec les chevaucheurs de squigs qui sautaient en hurlant autour de nous. Quand on arriva sur les Zoms, les Baghtrugarth les avaient violemment massacrés et y étaient moins nombreux maintenant. Nos gars à pieds vinrent également se joindre à la fête.

La Wyvern de Morkong reprit son envol pour aller calmer les Zoms dans la tour qui commençaient à devenir agaçants avec leurs flèches. la Wyvern devait commencer à avoir faim pour être aussi féroce et Morkong était impatient d'aller vider les tonneaux de l'auberge. Le combat fut bref et violent et on voyait des bouts de Zoms tomber du haut de la tour. Les pov' survivants savaient plus où se réfugier !

 

Y'avait que les nains qui tenaient encore le terrain. Pourtant, les squigs avaient déjà dévoré pas mal de nabots mais y avait rien à faire, ces têtes de troll voulaient pas céder ! Et c'est pas les gobz qui allaient les faire changer d'avis. La prochaine fois, je viendrai leur botter l'train personnellement histoire de leur apprendre à se battre ! Bande ne nuls !

On était tous au centre du village en train de taper les Zoms qui se sauvaient dans tous les sens. Zugarrog voulait la tête du général pour agrandir sa collection, mais on réussit pas à le trouver dans tout ce désordre. Tout à coup retentirent les trompettes de guerre des Zoms de l'autre côté de la forêt et on a su qu'y avait d'autres Zoms très nombreux qui venaient. Comme y voulaient pas tomber dans le piège, Zugarrog sonna le départ du village. On acheva les derniers Zoms qui bougeaient encore et on laissa aux nabots le soin de les enterrer.

Perché en haut d'un grand arbre je regardais au loin, les survivants qui restaient. Je me disais qu'on avait fait du bon boulot. Les Zoms étaient très affaiblis malgré les renforts qu'ils avaient reçus. Il suffisait pour nous de continuer à encercler le village jusqu'à ce qui z'en puisse plus; je sais qu'une chose: c'est qu'on reviendra et que le Soleil Noir se lèvera à nouveau sur Niederhof !

 

La Quête d'Elëa

 

Episode 1 : Le départ

 

<< Elëa! Elëa! >> Les cris se répercutaient dans l'escalier. Un bruit de cavalcade s'ensuivit, tandis que la jeune assistante courait derrière une ombre.

<< Laisse-moi, Fenelia! Je veux qu'on me laisse seule!>> la voix n'était qu'un lointain murmure.

<< Mais Elëa! Qu'allons-nous devenir si vous nous abandonnez?

_Qui te parle d'abandon? Les voûtes de la grande salle tremblèrent sous le son d'une voix intemporelle.

_Mais... La voix de Fenelia se fit hésitante.

_Je ne resterai pas une minute de plus dans ce collège de magie alors que Findil est prisonnier de ces infâmes Elfes Noirs! >>La voix était devenue un grondement.

Dans le hall de marbre blanc, l'ombre que poursuivait Fenelia se matérialisa peu à peu en une ravissante jeune femme elfique. Des étoiles scintillaient et tournoyaient autour d'elle tandis qu'une magnifique chevelure rousse foncée dévalait de frêles épaules. Elëa venait de retirer son manteau d'ombre et de brumes, et la magnifique apparition qui s'ensuivit ne manqua pas d'impressionner la jeune assistante pourtant habituée aux artifices de la haute magie. Un halo de lumière blanche enveloppa instantanément la jeune sorcière, si fort que Fenelia crut sa maîtresse frappée par la foudre. N'importe quel sorcier eût reconnu la signature d'un maître mage d'Ulthuan. Elëa sourit. Jamais elle ne pourrait se lasser de la sensation du flot de haute magie pénétrant son corps. Jamais elle ne pourrait oublier le sentiment de puissance et l'ivresse que les vents de magie communiquaient à ceux qui pouvaient les dompter.

Elle se sentait indestructible. Le monde entier lui semblait n'être qu'une fleur qu'il suffit de cueillir pour la posséder.

Lentement, elle sortit du halo devenu bleuté pour de nouveau marcher sur les dalles de marbre de la grande salle du collège.

_<<Mais comment atteindre Naggaroth? reprit Fenelia

_Ne fais pas l'idiote, lui répondit Elëa, tu sais comme moi qu'un navire s'apprête à quitter l'île en direction de la Terre du Grand Froid. Eltharion lui même dirige les opérations. Je me suis déjà engagée en tant que Maîtresse Mage! Un léger sourire parcourut le visage d'Elëa.

_Alors je vous suivrai. La voix de Fenelia était pleine de détermination.

_Ce n'est pas une partie de plaisir, tu sais...

_Je suis moi aussi un mage! Interrompit Fenelia, qui elle aussi se mit à rayonner d'un halo de lumière, mais beaucoup moins fort et légèrement orange. Et j'ai l'épée de mon frère! Elle tira alors d'un fourreau dissimulé dans les plis de sa robe une épée à la lame bleutée. Elëa reconnut alors l'épée de morsure, une lame qui autrefois avait appartenu à son fiancé. Je sais que tu éprouves de puissants sentiments envers Findil. Mais n'oublie pas qu'il est aussi mon frère. Je me dois de le secourir aussi!>>

Elëa fixa intensément Fenelia, avant d'éclater de rire.

<< Folles que nous sommes, menées par nos sentiments envers le même elfe! Tu m'accompagneras donc, jeune présomptueuse, puisque tu sembles tant le vouloir! Demain, le navire fera voile. Ensemble, nous ferons route vers Naggaroth!>>

Assise au bord de son lit, Elëa ne trouvait pas le sommeil. Constamment, elle refaisait l'inventaire de ses bagages: quelques parchemins de dissipation de sorts, sa longue épée magique, Ulthä, capable de trouver d'elle-même le cœur de ses ennemis, et son précieux bâton de feu. Ajouté à cela ses livres de magie, quelques vêtements chauds et du pain de voyage pour plusieurs jours, et il ne lui restait plus qu'à quitter sa tour!

<<Ma tour! >> pensa-t-elle. La plus haute du collège, disait-on. Alarielle, la Reine Eternelle d'Ulthuan y avait même séjourné autrefois. Demain, elle serait bien loin de Saphery. Mais qu'importe. Sa cause était juste. Deux semaines plus tôt, Findil, seigneur de Tor Emnry, avait embarqué en direction de Naggaroth, en vue d'une expédition punitive contre la cité maudite d'Har Garond. Personne ne sait ce qu'il advint de l'armée de Tor Emnry. Mais Elëa gardait espoir. Elle savait que parfois les Elfes Noirs font des prisonniers. Findil était peut-être l'un d'eux. Le jour se leva sans qu'elle n'ait trouvé le repos. Elle rassembla ses affaires, fit appeler un servant pour les descendre, jeta un dernier coup d'œil sur sa salle de travail et descendit l'étroit escalier de sa tour à toute vitesse. Devant l'entrée du collège de magie l'attendait Fenelia. Elle n'avait avec elle que sa robe de sorcière, les servants du collège ayant pris soin de descendre au port de Tor Emnry leurs affaires. Elëa rayonnait dans sa robe étincelante de Maîtresse Mage, si bien que les voyageurs qu'elles croisèrent sur le court chemin menant au port s'inclinèrent sur son passage, la prenant pour la dame d'un grand seigneur. Elëa ne semblait pas surprise d'une telle attitude. Après tout, n'était-elle pas fiancée au Seigneur de ces lieux?

Le port de Tor Emnry grouillait de monde, comme à son habitude. Mais parmi les marins et les riches marchands, de nombreux pelotons de soldats citoyens convergeaient vers la jetée où mouillait l'imposant Vaisseau Dragon "Lumière d'Isha".

Elëa conserva peu de souvenirs de l'embarquement, sinon que, malgré la rigueur elfique, il se fit dans le plus grand chaos. Et c'est en sueur qu'elle et Fenelia pénétrèrent dans leur cabine.

A peine eurent-elles le temps de défaire leurs malles qu'un intendant vint frapper à leur porte: Eltharion le Sinistre, commandant suprême de "Lumière d'Isha", désirait s'entretenir seul à seul avec Elëa.

La cabine d'Eltharion se trouvait à l'arrière du navire, tout près du poste de pilotage. Tout en traversant le pont, Elëa put admirer l'imposant navire elfique.

Le bâtiment de guerre devait bien mesurer 50 mètres de long, pour 10 mètres de large. Sa coque, de forme conique à l'avant, lui permettait de glisser sur les océans avec une aisance presque arrogante. Sur ses immenses voiles étaient dessinées les symboles d'Ulthuan, du royaume de Saphery et de la Tour d'Hoeth. Sur le pont de nombreux soldats s'activaient. Certains s'entraînaient, d'autres participaient aux corvées, ou profitaient de cette radieuse journée pour se divertir. L'intendant fit patienter un instant Elëa devant la porte, avant de l'introduire dans un magnifique cabinet de travail. Assis devant une liasse de parchemins, un elfe au visage tourmenté sortit un instant de ses réflexions pour l'interpeller:

<< Entrez, Maîtresse Mage Elëa, et asseyez-vous. J'ai des nouvelle de Findil pour vous.>>

 

Episode 2: La Terre du Grand Froid

 

Elëa resta interdite. Mis à part Fenelia, personne ne connaissait la véritable nature de sa quête. Elle fixa intensément Eltharion. L'elfe n'y prêta pas particulièrement attention, et s'expliqua d'un ton très sûr:

<< Il ne m'a pas été très difficile de comprendre vos motivations; dès que nous avons perdu tout contact avec l'armée de Tor Emnry, vous vous êtes portée volontaire pour cette expédition. Troublante coïncidence, n'est-ce pas?

- Mais je suis dans mes droits, seigneur Eltharion, lui répondit Elëa.

-Je ne remets pas en cause la légitimité de votre engagement. Bien au contraire; nous manquions cruellement de mages, et votre présence est un atout inestimable. Mais alors que vous vous apprêtiez à partir, voilà que la sœur de Findil, devenue récemment mage, décide de vous accompagner. Fenelia ne m'a pas caché ses projets.

-Elle m'a adressé hier soir une lettre où elle m'exhortait de l'engager elle aussi afin, je cite, "de rechercher en Naggaroth toute trace de mon frère". Troublant, n'est-ce pas? Vous pouvez lire la lettre vous-même, si vous ne me croyez pas...

- Inutile, l'interrompit-elle. Bravo, seigneur, vous avez percé le mystère. Et qu'allez vous faire, maintenant, nous enchaîner pour nous empêcher de retrouver Findil? Elëa lui lança un regard de défit.

- Et pour quoi faire? Je me contrefiche de vos motivations. Seulement voilà. Vous êtes mes seules mages. Et il est hors de question que vous tiriez au flanc. C'est pourquoi vous allez me promettre, Elëa, de ne point rompre, vous et Fenelia, vos engagements. Jurez, Elëa!

- Je le jure, si cela peut vous faire plaisir.>> répondit avec indifférence la jeune mage.

Eltharion la fixa un moment, se leva et regarda l'océan par le hublot de sa cabine.

<< Vous êtes fière, Elëa. Mais je sais que je peux compter sur vous. Maintenant asseyez-vous une bonne fois pour toutes et écoutez-moi. Je vais vous révéler quelque chose.

Elëa prit une chaise et s'assit face au hublot. Eltharion se retourna et commença son récit.

- Il y a deux mois, l'armée de Tor Emnry embarqua à bord d'un Vaisseau-Dragon en direction de Naggaroth. L'ost comptait près de mille elfes et avait pour mission de prendre une ville frontalière Elfe Noire nommée Har Garond, située à l'entrée de la Mer Traitresse. Cette cité n'offrait pas un très grand avantage stratégique, mais les raids meurtriers du seigneur de ces lieux faisaient peser un grand danger sur la sécurité des villes Hauts Elfes du Nouveau Monde. Findil prit la tête des opérations, et il fut convenu que mon armée le rejoindrait deux mois plus tard. Mais tout ne se déroula pas comme prévu. L'armée d'Har Garond était bien plus nombreuse que nous le pensions, et Findil fut obligé de se replier sur une imposante colline appelée Mont Décharné. Un grand aigle assura les communications entre son armée et la mienne pendant cinq semaines. Un matin, l'aigle n'arriva pas. Le dernier message signalait une importante vague d'assaut à venir. Je donnais immédiatement l'ordre de commencer l'embarquement, et je fis savoir aux mages et aux héros du royaume que mon armée recrutait. C'est ainsi que vous vous êtes portée volontaire, deux jours seulement après la perte du contact.

- Il y a-t-il au moins une chance de retrouver des survivants de l'armée de Tor Emnry? Demanda Elëa, son cœur battant la chamade à l'idée que Findil n'avait pas été capturé par les Elfes Noirs.

- Dans quatre jours nous arriverons à l'endroit où a débarqué Findil. Alors seulement nous serons fixés sur leur sort. La voix d'Eltharion semblait interdire tout espoir.>>

Elëa rejoignit sa cabine pleine d'espoir. Findil avait peut-être réussi à repousser les assauts des Elfes Noirs. Elle imagina alors son fiancé dans son armure, repoussant vaillament l'ennemi à grands coups d'épée magique. Cette image la réjouit énormément et c'est en chantonnant un hymne à la gloire d'Ulthuan qu'elle entra dans sa cabine.

Là, assise sur sa couchette, l'attendait Fenelia.

<< Eh bien? La questionna-t-elle.>>

Elëa lui résuma alors la discussion qu'elle avait eu avec Eltharion, et à son tour Fenelia fut remplie de joie.

Le voyage continua sans incidents. Plusieurs fois par jour, Elëa et Fenelia s'entraînaient à l'exercice de leur art ainsi qu'au maniement des armes. Chaque soir elles se retrouvaient à l'avant du navire, d'où elle tentaient de distinguer au loin la silhouette d'une côte. Mais en vain. Tout ce qu'elles observèrent c'est le froid chaque jour plus mordant qui dominait le climat alors que le navire s'approchait de Naggaroth.

A l'aube du cinquième jour, le navire arriva enfin en vue de la Terre du Grand Froid. Afin d'éviter d'attirer l'attention des Elfes Noirs, le vaisseau avait pénétré dans la Mer Traîtresse de nuit, avant de mettre cap en direction de la côte sud-est de cette mer.

Alors que le jour se levait, la côte livra aux passagers une vision de désespoir. Derrière le rivage de sable gris se dressait une imposante forêt de pins morts. Une brume inquiétante slalomait autour des troncs morts, tandis que des nuages gris s'entassaient dans le ciel. Pas un bruit, pas un signe de vie ne semblait s'échapper de ce charnier végétal.

Les cordages étaient recouverts de givre, et un vent glacial soufflait du nord. Une vieille tour en ruine recouverte de végétation dépassait encore les cimes des pins. L'espace d'un instant, Elëa crut que le navire venait d'accoster sur le cadavre tourmenté d'un immense royaume.

Le débarquement se fit dans le plus grand calme. Eltharion avait certes donné l'ordre de faire le moins de bruit possible, mais le paysage déprimait profondément les Elfes. Un camp fut dressé sur le rivage, d'où les servants remontaient leurs redoutables balistes à répétition et où des soldats préparaient les convois en vue d'une expédition à l'intérieur des terre. Un musicien sonna l'oliphant. Des volontaires bon cavaliers étaient demandés afin de former un groupe d'exploration. Elëa sauta sur l'occasion: avec un peu de chance les cavaliers tenteraient de reprendre contact avec les soldats de Tor Emnry. Fenelia l'accompagna sans hésiter; dix minutes plus tard, elles chevauchaient de magnifiques coursiers elfiques de robe blanche, leurs épées magiques soigneusement rangées dans leurs fourreaux et attachées dans leur dos. Le groupe comprenait dix chevaliers Heaumes d'Argent, équipés d'une simple cotte de mailles et de leur épée. La discrétion était de mise. Aussi évitèrent-ils de prendre leur cape blanche, trop voyante. Un elfe au visage grave regroupa sous ses ordres les cavaliers. Elëa remarqua son visage sévère entaillé de cicatrices. Sa longue chevelure noire flottait par moment au vent, accentuant le portrait sinistre du champion. Elëa frissonna. Ce visage ne lui semblait pas bienveillant. Un simple ordre fut lancé, et le groupe pénétra à l'intérieur de la forêt.

Voilà deux heures que les cavaliers progressaient dans la sombre forêt, qui semblait les avoir plongé dans une éternelle obscurité.

<< Quand sortirons-nous enfin de ces maudits bois? Pesta Fenelia. Si ça continue comme ça, nous aurons traversé la moitié du Nouveau Continent sans avoir rencontré autre chose que des troncs pourris et des mousses noirâtres.

- Patience, Fenelia, répondit Elëa d'une voix lasse, moi aussi je suis exténuée. Mais je pense que nous ne devons plus être très loin du Mont Décharné.

- Encore faut-il que l'on y arrive vivants...

- Pourquoi dis-tu cela?

- A cause de cet elfe; son visage me rappelle celui d'un Elfe Noir... Fenelia mit tout son mépris dans cette phrase, assurément pour masquer sa peur de ces elfes maudits.

- Je ne pense pas qu'Eltharion ait pu se faire ainsi berner en engageant comme champion un Elfe Noir. Je parierai plutôt ma solde que nous avons en vérité affaire à un exilé, ou à un aventurier solitaire. Mais n'y pensons plus. Cette forêt est maléfique et elle nous inspire une haine réciproque. Elëa frissonna. C'est comme si toute la cruauté des Elfes Noirs s'exprimait dans ces troncs tourmentés...>>

Tandis qu'ils discutaient, le petit groupe sortit enfin des sous bois pour déboucher sur une plaine rocailleuse encore plus désolée que les forêts de pins. Et devant eux, à seulement un quart d'heure de marche, se dressait le terrible Mont Décharné...

Episode 3: Le Guerrier du Clan

Le Mont Décharné se dressait maintenant devant eux. Cette colline solitaire semblait stérile, uniquement peuplée de bois morts et de rocailles. Il semblait que rien ne puisse pousser sur ces terres maudites. Au sommet du mont se dressait un monolithe noir grossièrement taillé ; tout aventurier eut reconnu l'œuvre des Hommes Bêtes, qui pendant des années hantèrent les environs du Mont Décharné, avant de finalement être exterminés par les guerriers d'Har Garond.

Le campement de l'armée de Tor Emnry se trouvait sur l'autre face du mont. Un chemin sinueux et recouverts de cadavres d'elfes menait à l'autre versant.

Une bataille sanglante avait dû avoir lieu ici même, alors que les Elfes Noirs tentaient de prendre de revers les Hauts Elfes. Instinctivement, Elëa jeta un coup d'œil inquiet sur les morts ; aucun ne semblait être Findil ; un soulagement l'envahit.

Le soleil se couchait vers les lointains monts qui barraient l'horizon quand enfin le groupe arriva au campement Haut Elfe. Le sol était jonché de cadavres horriblement mutilés. Les restes du campement brûlaient, laissant échapper une sombre fumée noire qui dévalait ce versant de la colline. Rien ne semblait subsister de ce qui avait été l'armée la plus puissante de Saphery. Les bannières du royaume d'Ulthuan étaient brisées. Aux cadavres d'elfes se mêlaient les carcasses de coursiers elfiques et de sangs froids. Les nombreuses armes brisées témoignaient de la violence des combats. Un croassement attira leur regard vers le sommet du mont : une foule de corbeaux et quelques harpies tournaient déjà autour du charnier, se précipitant sur les corps mutilés, arrachant les yeux des visages et déchiquetant les viscères.

Une forte envie de vomir prit Elëa à la gorge. Pourtant l'odeur n'était pas encore très forte, et par endroit des mares de sang étaient encore visibles. L'assaut final avait dû avoir lieu dans la journée. Et pourtant ils n'avaient rien entendu, pas même un bruit d'oliphant au loin, durant cette sombre journée.

<< Les vents venaient du Nord, ils soufflaient vers le Mont. C'est pour cela que nous n'avons rien entendu, expliqua l'Elfe au visage sombre. Ils savaient que nous viendrions, aussi se sont-ils arrangés pour nous laisser un petit cadeau de bienvenue. Les chiens! >>Et il cracha sur le cadavre d'un champion elfe noir.

Le soleil agonisait au loin dans un halo de lumière orangée. Les cavaliers étaient occupés à enterrer les corps de leurs camarades. Les cadavres d'Elfes Noirs furent entassés et brûlés, comme si ce châtiment pouvait venger le massacre de la journée. Elëa regardait la scène, indifférente. Elle venait de passer une heure à cherche le cadavre de Findil. Fort heureusement en vain. Un cavalier remonta à cheval, échangea quelques mots avec l'Elfe au visage sombre et galopa en direction de la côte. Fenelia vint s'asseoir près d'Elëa sur une grosse pierre de basalte.

<< Aucune trace de Findil, déclara-t-elle avec soulagement.

-Il est vivant, mais il n'est pas prisonnier, répondit Elëa

- Comment le sais-tu?

- Un général elfique ne se rend jamais, tu le sais bien, surtout face à des Elfes Noirs. Nous n'avons pas retrouvé son cadavre, c'est donc qu'il a réussi à s'enfuir.

- Oui, mais où? Les seuls témoins sont raides morts et les vents de magie sont trop fort ce soir pour localiser son arme magique, rétorqua Fenelia. Peut-être est-il parti vers l'ouest, ou essaye-t-il de rejoindre les colonies du Sud, comment le savoir?

- Il y a bien un moyen, répondit derrière elles une voix. Fenelia tressaillit. Lentement, elles se retournèrent et virent que l'Elfe au visage sombre se tenait devant elles.

- Et comment? Questionna arrogamment Elëa.

- Les cadavres sont assez frais, expliqua l'elfe tout en gardant un ton grave. J'ai vu une fois un mage Haut Elfe pratiquer la nécromancie. Non point celle qu'inventa le sombre seigneur des Morts, mais une forme beaucoup plus noble, issue de la Haute Magie.

- L'Apothéose! S'exclama Elëa. Mais c'est bien sûr! Nous pourrions rappeler grâce à ce sort l'âme d'un des soldats haut Elfe et le questionner! Mais... Sa voix hésita. Invoquer un esprit demande beaucoup de force et je crains que nous ne soyons en état...

- Je le ferai, déclara Fenelia.

- Tu es sûre de toi? Demanda Elëa.

- Ne t'en fais pas pour moi! Laisse moi juste une heure pour me préparer.>> Puis Fenelia se leva et commença à tracer à quelques pas de là un cercle d'invocation.

Elëa et l'elfe étaient resté seuls, fixant au loin les derniers rayons de soleil. Brisant le silence, la maîtresse sorcière demanda, de sa voix la plus sévère:

<<Qui êtes-vous?

- Il est vrai que nous n'avons pas eu le temps de nous présenter, répondit en souriant l'Elfe. Mon nom n'évoque plus grand chose pour moi.>> Il soupira .

- << Autrefois je me nommais Londolin. Mes amis continuent à m'appeler de la sorte. Je suis un aventurier, un marginal. Eltharion m'a recruté pour guider son armée à travers Naggaroth. Je ne suis pas un Elfe Noir, comme vous vouliez bien le croire dans les bois.>> Il eut un autre sourire. Elëa blêmit, confuse. <<Je ne vous en veux pas. C'est une méprise qui arrive hélas fort souvent.

- Je suis Elëa, Maîtresse Mage d' Ulthuan et je...

- Je sais déjà qui vous êtes, Elëa. Eltharion m'a chargé de veiller sur vous.

- Comment a-t-il osé? Elëa était furieuse. Je n'ai besoin de personne!

- Sauf devant une dizaine de guerriers Elfes Noirs. Et là, croyez-moi, je ne serai pas de trop.

- Bien. Quels sont vos plans? Demanda-t-elle d'un ton sec.

- Rien. On attend le combat.

- Quel combat? Qui voulez-vous affronter, les Elfes Noirs sont partis!

- Le croyez-vous vraiment?>> Elëa ne sut que répondre. <<Regardez cet arbre mort en bas de la colline, le premier devant nous avant la forêt. Ne voyez-vous rien bouger? Un éclaireur nous observe. Il attend.>> Au loin, un loup hurla, tandis que la Lune se levait. Le hurlement fut aussitôt repris par un hululement. << Voilà. Le message est passé, reprit Londolin. Maintenant ils savent que le cavalier a rejoint la côte, et que d'ici trois heures Eltharion sera ici. Regardez encore un peu! Cette ombre qui se glisse jusqu'à la forêt : l'éclaireur nous quitte: il en a assez vu. Il va maintenant prévenir le Sombre Seigneur d'Har Garond. D'ici demain après-midi, nous serons de nouveau encerclés.>>

Elëa tressaillit. Malgré l'obscurité, elle crut distinguer au loin de petits feux de camps entourant la colline. Le piège semblait s'être de nouveau refermé sur les Hauts Elfes.

Fenelia les appela. Elle était prête pour l'invocation. Le groupe de cavaliers, intrigué par les figures tracées sur le sol à l'aide d'une longue corde par la jeune mage, forma un petit cercle discret autour d'elle.

<< Méfie-toi des esprits, lui conseilla Elëa ; ils sont terriblement jaloux des êtres vivants et ils feront tout pour t'attirer dans leur monde.

- Je sais ce que je fais, répondit-elle.>>

L'invocation commença. Assise en tailleur au centre d'une étoile à sept branches, Fenelia récitait une formule magique complexe qui lui demandait une grande concentration. Des cernes marquaient son front alors qu'elle continuait son récit. Soudain, un fantôme apparut devant elle. D'abord translucide, il se matérialisa peu à peu en un elfe de grande taille vêtu de l'uniforme des citoyens-soldats. Elëa reconnut à son apparat qu'il avait été un champion lancier. L'apparition fixa intensément Fenelia. Un sourire perfide se dessina sur son visage. Elëa blêmit. Malgré toutes ses années de pratique, l'invocation restait pour quiconque une épreuve terrifiante.

<< Qui donc a osé profaner la Maison des Morts? Interrogea une voie caverneuse

- Obéis-moi, Spectre, car je te tiens en mon pouvoir. Répondit du ton le plus ferme possible Fenelia>>

Le fantôme recula, effrayé, avant de s'avancer vers la mage, affichant le même sourire pervers.

<< Parle et je t'obéirai. Reprit le spectre.

- Sais-tu si le seigneur Findil a rejoint la Maison des Morts?

Le spectre émit un hurlement effrayant, semblant venir d'un autre monde. Son image pâlit un instant avant de réapparaître, brillant encore plus fort.

- Nombreux furent les Morts aujourd'hui, mais Findil ne les suivit pas.>>

Un soulagement envahit Elëa. Regardant avec joie Fenelia, elle se rendit compte que, victime de ses émotions, cette dernière avait relâché sa protection magique. Le Spectre, dans un cri inhumain, se rua sur la jeune mage. Elëa eut juste le temps d'invoquer un bannissement sur la créature, qui coupée dans son élan, s'évanouit dans un râle de frustration.

<<Excellent réflexe, Elëa. Commenta Londolin.

- Oh vous, taisez-vous! Lui répondit-elle. Avec vos idées, vous nous avez tous mis en danger!>>

Furieuse, elle se précipita vers Fenelia, qui gisait sur le sol, assommée par le contact du Spectre.

 

Episode 4: Nimin Azagoth

 

Fenelia se remit très rapidement de son invocation, et après une bonne nuit de sommeil elle fut de nouveau sur pieds.

L'armée d'Eltharion arriva au Mont Décharné à l'aube. A la grande surprise d'Elëa, l'ost contourna la montagne et se dirigea vers le sud, en direction des Collines de Granit. Londolin lui expliqua que ses cavaliers avaient repéré dans la nuit une route menant directement à Har Garond. Eltharion se préparait à assiéger au plus vite la cité. Le héros avait su utiliser au mieux les précieux renseignements fournis par ses patrouilleurs ellyriens, tirant ainsi son armée du piège tissé par les Elfes Noirs. Les furtifs éclaireurs ennemis semblèrent déconcertés par cette manœuvre impromptue, et la matinée fut ponctuée de curieux bruits d'animaux se répondant à intervalles réguliers.

Le petit groupe de cavaliers rejoignit le gros des troupes dans la matinée. La route s'engagea sur un large plateau stérile, ponctué ça et là de grosses roches basaltiques. Une heure plus tard, deux éclaireurs rejoignirent au galop la troupe.

Une importante armée d'Elfes Noirs se préparait à les intercepter à la sortie du plateau, sur une plaine connue sous le nom de Nimin Azagoth. L'ost ennemie ne se trouvait qu'à deux heures de marches. La confrontation était imminente.

L'annonce d'une bataille sembla soulager les elfes. Enfin, ils pourraient venger dans un glorieux combat leurs frères tombés sur le Mont Décharné.

Après une chevauchée qui lui sembla interminable, Elëa distingua une immense plaine, ponctuée d'anciens charniers et de tumulus.

<< Nimin Azagoth...murmura-t-elle. La Plaine du Massacre...>> Un frisson l'envahit lorsque, se détachant de l'horizon, elle aperçut les premiers régiments d'Elfes Noirs.

Très vite, l'armée se déploya. Eltharion, chevauchant son griffon, volait d'un régiment à un autre afin de mieux coordonner les mouvements. Les balistes furent placées sur les dernières pentes du plateau, afin de disposer d'une excellent angle de tir. Un petit régiment d'archers fut laissé à leurs côtés, afin de répondre à toute attaque de revers. Le reste des troupes se déploya dans la plaine. Les maîtres des épées, les lanciers et les Gardes Phénix formèrent le flanc droit. Deux importantes compagnies d'archers tinrent le centre, appuyées par un régiment de célèbres Gardes Maritimes. Le flanc gauche fut constitué essentiellement de cavalerie: aux côtés des Heaumes d'Argent se tenaient deux magnifiques Chars de Tiranoc. Loin à l'avant les patrouilleurs ellyriens de Londolin se préparaient à infiltrer les lignes ennemies. Elëa revêtit son manteau d'Ombres et de Brumes, prit sa longue épée magique, Ulthä, et brandit son bâton de feu. Séparée du Monde réel par son manteau, son épée ne lui serait pas d'une grande utilité. Mais quelque chose lui disait qu'il fallait mieux qu'elle la garde auprès d'elle. Une curieuse intuition. Mais Elëa suivait toujours ses intuitions. Fenelia fut affectée au régiment de maîtres des épées. Elle s'équipa d'un unique parchemin de dissipation, son faible niveau de magie l'empêchant d'utiliser plusieurs objets magiques à la fois. Influencée par Elëa, elle portait elle aussi son épée magique accrochée dans son fourreau à sa ceinture.

Les deux mages, vêtues de la traditionnelle longue robe blanche elfique, ressemblaient à d'élégants fantômes. Après d'ultimes recommandations, elles se séparèrent, Elëa ayant reçu le commandement du centre de l'armée, et Fenelia rejoignant les maîtres des épées.

Un silence de mort s'établit, alors que l'armée attendait l'avance des Elfes Noirs.

 

Elëa reconnut dans les rangs ennemis de nombreux guerriers, des chevaucheurs de sangs froids et des furies sur sa droite, des corsaires et des cavaliers noirs sur sa gauche, quelques harpies et , horreur, un régiment de ces maudits Exécuteurs, épaulés de gardes noirs face à elle. Un hurlement dément lui fit lever la tête: un groupe de harpies décrivait de larges cercles autour des Hauts Elfes. Dissimulés entre des rocailles, les éclaireurs Elfes Noirs attendaient de lancer une attaque de flanc sur les chars. Elëa frémit. Alors que l'armée ennemie s'approchait, un sifflement perça le silence: les balistes à répétition venaient de tirer une salve mortelle sur les troupes Elfes Noirs. Quelques guerriers et un chevalier sur sang froid s'effondrèrent. Elëa banda son énergie et s'apprêta à lancer son premier sort, lorsqu'une puissante dissipation l'interrompit dans son invocation. Tournant son regard vers la source de cette puissance magique, elle aperçu au sein des corsaires une puissante Seigneur Sorcière Elfe Noire. La sorcière lui lança un rictus sadique de défi.

Les Elfes Noirs se ruèrent sur leurs ennemis héréditaires, couverts par une pluie de traits de balistes et d'arbalètes. Dans un regard de mépris, la sorcière maléfique lança sur les lanciers un vent de mort si puissant qu'Elëa ne put le dissiper. Les malheureux lanciers placés sur la trajectoire du vent magique furent aspiré dans une tornade démoniaque.

D'un geste de la main, Elëa donna l'ordre de tirer à ses archers. Une pluie de flèches s'abattit sur le centre ennemi, transperçant la moitié des arbalétriers et le quart des Exécuteurs. Les balistes à répétition fauchèrent de nouveau quelques guerriers, et parvinrent à éventrer les servants d'une baliste ennemie.

Jetant un regard de mépris sur les Eclaireurs, Elëa lança un Assaut de Pierres sur les rocailles. La sorcière, surprise, ne put réagir à temps, et les elfes noirs furent tous broyés par la masse de roches rendue mobile.

Fenelia lança son premier sort sur les corsaires, tuant net deux d'entre eux dans une tempête magique. Folle de rage, la sorcière dissipa d'un geste dédaigneux le sortilège, avant de contre-attaquer avec une tempête de lames. Trois maîtres des épées furent foudroyés sur place, ainsi que Fenelia. Elëa assista à la scène impuissante. Elle poussa un hurlement de désespoir, que tous les elfes, tel un cri de guerre, reprirent. Dans un grondement de sabots, les Heaumes d'Argent et les chars rentrèrent de plein fouet dans les corsaires et les cavaliers noirs. La sorcière eut la bienveillance de quitter le régiment à temps, tandis que les rares survivants étaient piétinés par les coursiers elfiques. Les Maîtres des épées engagèrent un combat désespéré contre les chevaliers et le seigneur elfe noir, tandis que les Gardes Phénix, dans un silence implacable, chargeaient les frénétiques furies.

Une mêlée incertaine s'engagea. Les exécuteurs et les gardes Noirs, malgré les tirs, rentrèrent de plein fouet dans les archers. Les harpies, décrivant un élégant arc de cercle, s'abattirent sur les balistes, avant de s'en prendre aux archers de l'arrière garde. Eltharion se rua sur le Seigneur Elfe Noir, défiant le sombre monarque. Un combat titanesque s'engagea alors. Traversant à toute allure le champs de bataille, une horreur Noire d'Arnizipel anéantit les derniers lanciers. Elëa se battait furieusement, lançant de puissants jets de flammes de son bâton de feu. Peu à peu, elle se rapprocha de la sorcière. Un terrifiant combat magique s'engagea alors. La maléfique sorcière invoqua autour des deux combattantes un impressionnant mur de feu. A côté d'eux, les elfes se battaient furieusement. La sorcière, sans un mot, lança un puissant vent de lames. Elëa dissipa le sort et contre-attaqua de son bâton de feu. Le combat se poursuivit. Invoquant un pilier magique, Elëa s'éleva au-dessus des flammes. La sorcière la rejoignit bientôt un utilisant un vol magique. L'affrontement prenait des proportions terrifiantes.

Eltharion et le seigneur noir au sol, les guerriers emmêlés dans une sanglante mêlée, et les deux sorcières engagées dans les airs dans un combat magique. Soudain, Elëa concentra toute son énergie pour engager son adversaire dans un duel mental. Le choc de leurs deux consciences fut encore plus terrifiant que la précédente débauche de magie. La sorcière semblait dominer le combat, et peu à peu l'esprit d'Elëa se disloquait. Alors que tout semblait perdu, un souvenir parvint à l'esprit d'Elëa.

L'image était vague, mais bientôt apparut devant elle la déesse Isha. Cette vision donna une puissance magique formidable à la mage, et en un instant, l'esprit de la sorcière fut repoussé. Usant de toute sa puissance magique, elle lança un terrifiant sort de destruction sur la sorcière. Elëa utilisa tous les vents de magie disponibles pour lancer un redoutable bannissement sur son ennemie. A la grande surprise de son adversaire, ce sort habituellement destiné à terrasser des démons ravagea le corps de la maléfique sorcière, brûla son esprit et se termina par l'explosion de l'Elfe Noire. Un formidable flot de magie submergea Elëa, qui fut renvoyée au sol. Le choc fut tel que la jeune mage s'évanouit, quittant le flot de lumières et de formes pour sombrer dans un immense abîme noir.

 

Episode 5: Le réveil

 

Dans l'obscurité de son songe, une voix l'appela. Progressivement, un rayon de lumière blanche apparut devant elle. Un éclair bleuté illumina les ténèbres, et Isha en personne se dressait devant elle. Vêtue d'une robe étincelante aux milles couleurs, elle s'approche en souriant d'Elëa. Son visage etait radieux et bienveillant. Une longue chevelure dorée flottait derrière elle.

<< Bienvenue, Elëa, dans le Royaume des Dieux. La voix de la déesse ressemblait aux vibrations d'une harpe. C'est moi qui t'ai aidé à triompher de ton adversaire. Je t'ai insufflé pendant un court moment une partie de mes pouvoirs magiques. Tu as su utiliser cette puissance à merveille. Je n'ai pas voulu que tu meures ainsi, d'une simple chute. Je t'ai donc ressuscité.>>

- Pourquoi moi? Elëa resta perplexe: ses paroles avaient devancé sa pensée.

- Ta bravoure, ta volonté et ta puissance magique m'ont séduits. Tu as devant toi un immense avenir...>>

Levant son bras droit, la déesse fit apparaître une vision: Elëa se reconnut, escortée par trois autres elfes, bravant des dangers, escaladant un col, pénétrant dans une sorte de demeure... La vision s'arrêta.

<< Ton destin ne doit pas t'être révélé entièrement. Maintenant, suis ta voie, Elëa Seigneure Mage. Je te guiderai et te protégerai. Laisse ton instinct te guider...>>

L'apparition s'évanouit peu à peu. Mais la lumière persista. Elle devint aveuglante, avant de prendre progressivement la forme d'un ciel nuageux. Un visage sombre la surveillait. Elëa se raidit, avant de reconnaître Londolin. L'Elfe était occupé à réparer un arc long.

<< Bien dormi? Lui demanda-t-il en esquissant un sourire.

- Mal à la tête... Grommela-t-elle. Que s'est il passé?

- Eltharion a préféré abandonner le combat. Les elfes Noirs semblaient résolus à se battre jusqu'au dernier, quitte à tous y passer. Mais qui sait combien de nos soldats auraient survécu à cette mêlée? Sans parler qu'une autre armée d'Elfes Noirs s'approchait du champs de bataille.

- Quelle autre armée? Mais où est Eltharion?

-Calmez-vous, Elëa. L'armée d'Eltharion a perdu la moitié de ses effectifs. Elle est en train de quitter Naggaroth en direction des colonies. De graves nouvelles nous sont parvenues peu de temps après la fin du combat.

-Une imposante armée commandée par Malekith, le Roi Sorcier lui-même, s'apprête à marcher sur Arnheim. L'heure est grave, Elëa. Les raids des Elfes Noirs d'Har Garond n'étaient qu'un piège pour détourner notre intention.

- Mais ils nous ont abandonné!

- On ne ramène jamais les morts, Elëa.

- Comment ça?

- Eltharion vous croit mortes, vous et Fenelia. Je ne pourrai vous dire pourquoi, mais quelque chose m'a poussé à retourner sur le champs de bataille et à attendre votre réveil.

- J'y ai trouvé Fenelia, en parfaite santé, tentant désespérément de vous ranimer. Vous avez dormi près de deux jours.

- Fenelia? Mais où est-elle?

- Elëa! Une jeune elfe courait en sa direction.

- Mais je t'ai vu... La voix de la seigneure mage se crispa au souvenir de la bataille.

- Un coup de chance! Fenelia sourit. Alors que ma vie quittait mon corps, je suis parvenu à m'évader par les vents de magie, avant de me rematérialiser plus loin.

- Un vrai coup de maître... Lui sourit Elëa.>>

Puis la mage elfe leur raconta son duel, comment elle parvint à triompher de la sorcière, et comment Isha en personne la ressuscita.

<< Prodigieux... Marmonna Londolin. Absolument prodigieux. Ce genre d'action divine est extrêmement rare. Vous pouvez vous vanter d'attirer la faveur des Dieux, Elëa!

- N'est-ce pas? Elle lui lança un regard hautain. En tout cas, mieux vaut ne pas traîner dans les parages. Je suis maintenant sûre que Findil est en vie, et qu'il doit sûrement tenter de rallier les colonies au sud de Naggaroth. Que pensez-vous de rejoindre Arnheim tant qu'il en est encore temps, Londolin?

- Pourquoi pas? Après tout, Isha vous a conseillé de suivre votre instinct.>>

Rien n'est plus facile que de s'équiper pour un long voyage au milieu d'un champs de bataille déserté. En quelques minutes, Elëa et Fenelia trouvèrent assez de pain de voyage pour trois mois et deux superbes coursiers elfiques blanc crème.

Londolin s'équipa de deux carquois remplis de flèches, d'une longue épée à deux mains, et chevauchait un imposant coursier elfique bais. Sans plus attendre, le petit groupe quitta la plaine pour s'engager à travers bois vers le sud.

Depuis près de trois heures, les cavaliers étaient de nouveau rentrés dans la pénombre inquiétante des forêts de Naggaroth. Pas un bruit ne s'échappait de ces bois de troncs pourris. Une odeur suave de champignons et de pourriture embaumait l'air. Londolin marchait en tête. Ses qualités de pisteur évitaient au petit groupe de se perdre dans ces bois interminables.

Une ombre passa furtivement à côté d'Elëa, derrière les premiers tronc.

<< Londolin... Commença-t-elle.

- Je sais. Répondit-il; Surtout pas un bruit.>>

Il quitta la piste pour s'engager entre les arbres. Quelques instants plus tard, un cri inhumain se fit entendre. Londolin revint, sa longue épée tâchée de sang verdâtre.

<< Un Orque. Expliqua-t-il. Nous sommes sur leur territoire.

- Cela signifie-t-il que nous avons quitté Naggaroth? Demanda Fenelia

- Non, pas encore. Mais nous venons de quitter le royaume d'Har Garond. Les guerriers de cette cité ont depuis longtemps exterminé la présence orque de leur terre.>>

La nouvelle ne rassura pas totalement Elëa. Affronter des Elfes Noirs est une chose, mais lutter contre des orques en est une autre. Le groupe continua sa marche jusqu'à ce que l'obscurité noie totalement le sous-bois. Le camp fut levé; un pâle feu permit de réchauffer leurs membres fatigués. Fenelia s'endormit tout de suite. Elëa et Londolin restèrent discuter un court moment.

<< Que ferons-nous si nous tombons sur des Orques?

- Nous nous battrons, comme tout voyageur tenant à sa vie. Répondit Londolin.

- Pourquoi semblez-vous toujours détaché de la réalité, Londolin? Qu'avez-vous donc à cacher?>>

L'elfe sourit. Il prit une branche et la jeta dans le feu.

<<Mon passé n'importe peu, Elëa. Sachez juste que guerrier je fus, guerrier je suis et déchu je resterai à jamais.

- Quelles curieuses paroles...

- Je sais.>>

La nuit se déroula sans incidents. A tour de rôle, Elëa et Londolin montèrent la garde. Dès que la lumière fut suffisamment forte pour suivre la piste, ils levèrent le camps.

Le voyage continua ainsi durant une semaine. Le jour, Londolin profitait d'une halte pour chasser. Ainsi le groupe put ajouter à leur pain de voyage quelques lapins grillés.

Un matin, alors qu'ils chevauchaient depuis près d'une heure, ils débouchèrent sur une clairière. Les troncs calcinés indiquaient un déboisement violent. A l'autre bout de cette trouée de cendres se dressait une énorme pierre, gravée de glyphes grossières et de symboles primitifs. Au pied du monument gisaient tout un tas de crânes d'orques et d'humains.

Londolin s'arrêta, descendit de cheval et inspecta le monolithe. Puis, se retournant face aux deux mages, il déclara:

<< Et bien voilà, Elëa, nous entrons désormais en pays Orque.>>

 

Episode 6: Retrouvailles

 

L'Orque hurla à mort lorsque Fenelia le transperça de sa lourde épée.

<< Quand sortirons-nous de ces maudits bois? demanda-t-elle.

- Patiente, Fenelia, patiente! Répondit Elëa tout en abattant deux Gobelins d'un revers d'épée.

- Taisez-vous, en voilà d'autres! >> Les interrompit Londolin.

La lutte continua de plus belle. Cette fois, une douzaine de Gobelins guidés par un Orque Noir se lançaient à l'assaut. Hurlant le cri de guerre de Saphery, Elëa et Fenelia décapitèrent six des chétives créatures, tandis que Londolin tranchait en deux de sa lourde épée à deux mains l'Orque Noir. Les autres gobelins, impressionnés, abandonnèrent le combat. Londolin se précipita pour tirer son arc long et parvint à en abattre deux.

<< Encore une embuscade! Pesta Fenelia. Encore et toujours une embuscade. Cela fait cinq jours que nous subissons des embuscades. Et nous sommes toujours dans ces bois!

- Que veux-tu, ils ne font que défendre leur domaine. Répondit Elëa.>>

Nettoyant la lame de leurs épées, elles cherchèrent leurs montures et se remirent en selle.

<< Et bien, Londolin, vous venez? Lança Elëa.

- Venez voir! Appela-t-il.>>

Les deux mages s'approchèrent.

<< J'ai du nouveau. Nous ne sommes plus seuls contre ces Peaux-Vertes. Regardez, près de cet arbre! Deux autres cadavres. Et percés de flèches elfiques!

- Un chasseur des colonies? Demanda Fenelia

- Je ne crois pas... Les colonies sont encore bien loin au Sud. Restons sur nos gardes. Ceci ne me dit rien qui vaille.>>

Abandonnant les corps mutilés de leurs adversaires, les trois cavaliers s'engagèrent sur une piste apparemment très fréquentée. Au bout de dix minutes, leurs montures semblèrent renifler l'air frais. Elles se mirent instinctivement au trot, puis au galop, avant de déboucher sur une immense plaine.

<< Enfin! S'exclama Fenelia.

- Bon. Eh bien c'en est fini des bois et de leurs Peaux Vertes. Où sommes-nous, Londolin? demanda Elëa.

- Au Sud de Naggaroth, sur une plaine peu fertile appelée la Plaine des Souffrances. Méfions-nous. Cette terre est maudite et l'on dit qu'un nécromancien y règne en maître absolu.

- Nécromancien, hein? Elëa afficha un sourire. Il faut croire que mon destin m'appelle à combattre tous les sorcier maléfiques.

- Hors de question de mener bataille, Elëa. L'interrompit Londolin. Nous devons rejoindre Arnheim au plus vite. Voyez-vous ces brumes loin devant nous? C'est le Marais du Destin. Infranchissable pour une armée mais abordable pour un petit groupe.

- Hantés par des zombies, je suppose? Demanda arrogamment Elëa.

- Désolé de vous décevoir, mais seuls les Hobgobelins vivent dans cet endroit putride.

- Encore des Peaux Vertes! >>Fenelia semblait dégoûtée.

La journée se déroula sans incidents. La plaine portait bien son nom. Terre stérile balayée par des vents glacés, elle n'offrait qu'une lande brûlée par le givre. Seul réconfort dans cet univers hostile: le soleil qui réchauffait un peu plus le sol de ses rayons au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient du Sud du continent.

La nuit tomba rapidement sur la lande. Le sol de tourbe offrit un combustible peu agréable mais efficace. Londolin parvint à abattre un maigre lièvre. Le gibier semblait rare sur ces terres désolées. Heureusement, il leur restait suffisamment de pain.

<< Nous manquerons rapidement d'eau, si nous ne trouvons pas une source au plus vite.

- C'est vrai, malgré ses arbres pourris, la forêt regorgeait de petits ruisseaux d'eau pure. Mais ici, les rares flaques d'eau sont saumâtres. Remarqua Elëa.>>

Un hurlement de loup retentit, glaçant le sang des trois elfes.

<< Par Kurnous! Jura Londolin. Des loups géants!

- Dans cette plaine? Fenelia semblait incrédule.

- La nécromancie les attire aussi.>> Le hurlement reprit.

<<Ils ont faim; Ils chassent. Commenta Londolin.

- Et ils seront bientôt sur vous...>>

La voix venait de derrière. Les trois elfes se regardèrent, déconcertés, avant de se retourner lentement. Devant eux se tenait un elfe, l'arc bandé, le regard menaçant.

Elëa frémit en apercevant le visage de l'inconnu. Puis, dans un murmure, elle répondit:

<< Findil!>>

Londolin était déconcerté. Fenelia stupéfaite. Devant eux se tenait Findil, son armure à peine souillée de sang et ses vêtements intacts.

<< Elëa! Londolin! Fenelia! S'exclama-t-il en débandant son arc. Mais comment est-ce possible?>>

Elëa se précipita dans ses bras, folle de joie. Fenelia restait assise, complètement déconcertée par cette arrivée inattendue. Les retrouvailles durèrent un quart d'heure. Elëa lui raconta leur périple. Findil s'intéressa beaucoup au récit du combat et félicita sa fiancée pour son accession au quatrième et dernier niveau de magie. Il salua également Londolin. Elëa parut étonnée.

<< Londolin et moi sommes de vieux amis. Expliqua-t-il. Nous nous connaissons depuis si longtemps...

- Raconte-moi, Findil, que t'est il arrivé? Supplia Elëa.

- Lors de l'assaut final sur le Mont Décharné, les Elfes Noirs nous ont submergé. Alors que je me battais au pied du mont, un violent coup à la tête m'a assommé. Quand je me suis réveillé, je n'ai trouvé autour de moi que mort et désolation. De peur que les Elfes Noirs reviennent, je me suis dirigé vers le Sud, en direction d'Arnheim. J'ai traversé ces bois maudits, essuyant quelques attaques de gobelins, avant de me retrouvé sur cette plaine, assailli par une bande de loups géants. Je suis parvenu à tous les exterminer, mais d'autres arrivaient. C'est alors que j'ai aperçu votre feu. Je me décidais alors à chercher de l'aide auprès de ces voyageurs inattendus, même si je craignais de quitter les loups pour tomber sur un campement Orque.

- Un long parcours. commenta Londolin.

- Assurément. Vous avez du vin?

- Non, mon amour. Tu sais très bien que tu supportes très mal l'alcool. L'interrompit Elëa

- On dirait que les vacances sont terminées, Findil... Reprit Londolin.

- Je le crains aussi...>>

Se retournant, Findil siffla. Un magnifique coursier elfique blanc apparut.

<< Ma monture. Expliqua-t-il. Méfiez-vous d'elle. La bête est vicieuse et se plaît à mordre les cuisses.>>

Le soir se prolongea en une joyeuse conversation; les Loups, apeurés par le feu, gardèrent une distance raisonnable entre eux et le campement.

<< Et maintenant, que faisons-nous? Demanda Fenelia.

- Ma quête n'est pas achevée. Commença Elëa. Durant mon songe, Isha me dévoila une partie de mon destin. Je me suis vue, escaladant un grand escalier de style elfique. Tout laisse à supposer que je dois rejoindre Arnheim...

- Et par où comptez-vous passer? Demanda Findil

- Par les Marais. Expliqua Londolin

- Vous êtes fous! Ils sont infestés de zombies!

- Ha vraiment? Elëa fixa Londolin. L'elfe sembla rougir.

- Non, le mieux à faire, c'est de passer plus à l'ouest par les montagnes. Mais dépêchons-nous. Les Elfes Noirs sont en guerre et la plupart des cols regorgent de soldats de Malekith. Demain, nous partirons dès la première heure.>>

 

 

 

 

Episode 7: Le Col de Feu

 

Après trois jours de chevauchée, les cavaliers atteignirent l'Echine Noire, l'immense chaîne de montagne qui déchire le Nouveau Continent sur toute sa longueur. Ces derniers jours avaient été relativement calmes, malgré les meutes de loups rôdant la nuit autour de leur campement. Le nécromancien avait sans doute flairé la présence des deux sorcières, mais quelque chose semblait le dissuader d'attaquer le petit groupe. Alors qu'ils se rapprochaient des premiers monts, les loups disparurent subitement, un panache de fumée s'échappant d'une tour en flamme. A la vue de fines silhouettes elfiques drapées de vêtements sombres, ils comprirent qu'un détachement d'Elfes Noirs venait de mettre fin à la domination du nécromancien sur la plaine.

<< La Grande Armée du Roi Sorcier semble plus proche que je ne le pensais... Marmonna Londolin.

- N'est-ce pas? Répondit Findil. Là où passe Malekith, rien ne subsiste. Et ceci s'applique aussi bien aux Hauts Elfes qu'aux autres races.

- Restons sur nos gardes, le secteur doit fourmiller d'éclaireurs. Conclut Londolin.>>

Le petit groupe commença l'ascension des monts par une petite route sinueuse. Le paysage, comme à son habitude, était morose. Seuls les cris de quelques rapaces déchiraient la monotonie de cette journée nuageuse. Le chemin serpenta un moment à travers d'étroites vallées, avant d'entamer l'ascension d'une imposante chaîne de montagnes aux cimes enneigées. <<Le Col de Feu, présenta Londolin.

- Quel nom étrange... Répondit Fenelia.

- A l'époque des Anciens, un volcan se dressait tout près d'ici. On dit qu'un jour, une éruption détruisit le cône, ouvrant une large brèche dans l'Echine Noire. Expliqua Londolin.>>

Le col serpentait le long des flancs abrupts de la montagne, avant de déboucher sur une grande vallée. Un vent glacial soufflait dans les rares sapins. Tout d'un coup, Londolin leur fit signe de s'arrêter. D'un hochement, Findil et le guerrier prirent leurs arcs et s'engagèrent dans la forêt clairsemée.

<<Mais que se passe-t-il? Demanda Elëa.>>

Deux hurlements atroces lui répondirent, suivis d'un bref cliquetis d'armes. Londolin revint, leur indiquant de le suivre. Un peu plus loin gisaient les cadavres de quatre cavaliers Elfes Noirs. Londolin avait rassemblé leurs montures, tandis que Findil déshabillait méticuleusement les cadavres.

<<Mais que faites... Commença Elëa.

- Chut! Pas un bruit! L'interrompit Londolin. Tenez, mettez ces vêtements! Il leur tendait des habits noirs comme la nuit.

- Mais pour quoi faire? Demanda Fenelia.

- A partir de maintenant, vous êtes deux Cavaliers Noirs. Descendez de cheval et pliez vos affaires. Il nous faut traverser le plus discrètement possible ce col infesté d'Elfes Noirs. Nous allons aussi abandonner nos montures et prendre ces coursiers au pelage noir.>>

Décrire les coursiers elfiques des Elfes Noirs comme des créatures vicieuse eût été un euphémisme, tant il se dégageait de ces montures une cruauté sans égale. Revêtus d'habits de cavaliers noirs, équipés comme ces hérauts de Naggaroth, le petit groupe ne ressemblait plus du tout aux fiers Hauts Elfes qu'ils étaient mais à de cruels éclaireurs Elfes Noirs.

<<Maintenant écoutez, continua Londolin. Nous allons traverser une région infestée de guerriers du Roi Sorcier. Mieux vaut donc passer incognito. Gardez dans vos fontes vos autres vêtements; une fois ce col passé, nous serons sur le domaine d'Arnheim. Alors seulement nous pourrons abandonner ces horribles déguisements.>>

Elëa ne put s'empêcher de sourire: Londolin venait de débiter son plus long discours depuis qu'elle l'avait rencontré.

L'Elfe au visage Sombre semblait encore plus mystérieux vêtu comme un Elfe Noir. Cette impression la rassura: au moins contribuait-il à la crédibilité de leur déguisement.

Le petit groupe reprit sa route. Le col grimpait de plus en plus haut, et bientôt le chemin fut bordé de plaques de neige. Un hululement se fit entendre malgré le cri déchirant du vent glacé.

Elëa tressaillit.

<<Qu'est-ce que c'était? Hasarda-t-elle.

- Wyvern. Répondit Londolin. Certains couples vivent à cette hauteur.

- Oh? Vraiment?

- Bah, ce n'est qu'une grosse bête, haussa Findil.

- Juste un dragon sans bras. Précisa Londolin.>>

Cette précision glaça le sang des deux mages. Fenelia lançait des regards inquiets en direction des hauteurs, tandis qu'Elëa préférait se concentrer sur tout autre chose.

Le chemin redescendit, assez brutalement, dans une large vallée bordée de sombres murailles rocheuses. Elëa respira. Ici, pensait-elle, le couvert des arbres leur donnait un abri relatif face aux attaques d'un monstre volant.

Les cavaliers s'engouffrèrent dans une profonde forêt. Quelque chose marqua Elëa: les sapins n'étaient plus morts comme dans les sous bois de Naggaroth, mais bien vivants et recouverts d'épines vertes. La vie semblait reprendre ses droits sur le paysage alors qu'ils se rapprochaient d'Arnheim.

La nuit tomba sur la vallée. Le petit groupe dressa son camp dans les sous bois, à quelques mètres du col. Londolin leur permit de faire du feu. Seuls les Elfes Noirs présentaient une menace, mais leurs déguisements écartaient efficacement ce danger. Les deux guerriers montèrent tout de même la garde autour du campement.

Le lever du jour fut salué par le chant d'un coq sauvage. Les cavaliers se remirent rapidement en selle, et continuèrent la traversée du bois. Ils quittèrent le couvert des grands sapins quelques heures plus tard. Le soleil, pour la première fois depuis son départ, réchauffait la chevelure d'Elëa. Au détours du chemin, ils croisèrent un groupe de chevaliers noirs. Leur chef, un grand elfe noir au regard sadique, leur indiqua de s'arrêter.

<<Qu'est-ce que vous foutiez? Ca fait deux jours que l'on vous attend! Gronda l'Elfe Noir.

- Une fichue embuscade de Gobelins, Seigneur, répondit Londolin d'un ton irrité.

- Ce n'est pas une excuse! Hurla l'Elfe Noir. Elëa remarqua que sous sa cape, il portait une armure finement ouvragée, ainsi qu'une imposante épée magique. Les as-tu trouvé?

- Oui, Seigneur Malenor.

- Eh bien? Son voit frisait la démence.

- Ils sont morts.

- Morts? Morts? MORTS! Malenor explosa. Deux jours pour retrouver des cadavres! Mais tu te fous de moi! Il tira sa grande épée. Qui est-ce, ces trois-là?

- Mes cavaliers, Seigneur Malenor. Londolin conservait le même ton acide.

- Ah oui, vraiment? Malenor éclata d'un rire dément. Il s'approcha d'Elëa. Fais voir ton visage!>>

Elëa obéit, rabaissant sa cape sur ses épaules. L'Elfe Noir afficha un sourire pervers. D'un coup d'épée, il ouvrit une des fontes de la selle. La robe de mage apparut, éblouissante.

Malenor n'eut pas le temps de regarder plus attentivement qu'Elëa lui décrocha un violent coup de pied. Puis dégainant son épée magique, elle chargea le groupe de chevaliers restés en arrière.

<< Au galop! Hurla-t-elle.>> Les autres se précipitèrent derrière elle, repoussant de quelques revers d'épée les Elfes Noirs déconcertés. Lancés au triple galop, leurs montures projetaient des mottes de terre derrière elles, tandis que les chevaliers se lançaient à leur poursuite. Prise d'une panique incontrôlable, Elëa éperonnait frénétiquement son coursier. La vitesse la grisait. Devant elle, la vallée s'acheva, présentant le magnifique panorama d'une plaine verdoyante. Tout son esprit se focalisa sur cette verdure, tandis qu'une seule pensée dominait son esprit: fuir, de tous les moyens possibles. Fuir, au nom de sa vie, de Sapherie, et de la Destinée du peuple Elfe. Fuir. Quelle qu'en soit l'issue. Fuir.

 

Episode 8: Les Prairies

 

Elëa se réveilla sous une tente, allongée sur un lit de camp. Devant elle se dressait un grand elfe au regard préoccupé.

<<Eltharion? S'étonna-t-elle.

- Bonjour, Elëa. Répondit-il. Je vois avec plaisir que vous et Fenelia avez survécu à la bataille de Nimin-Azagoth.

- Mais où suis-je? Demanda-t-elle.

- A Tor Venera, petite bourgade elfique aux pieds de l'Echine Noire. Vous nous avez fait peur, vous savez. Nous vous avons retrouvés, vous et vos amis, poursuivis par un groupe de chevaliers elfes noirs. Une chance que mes Heaumes d'Argent patrouillaient dans le secteur. Seulement après vous avoir secouru, vous vous êtes évanouies. Vous avez dormi pendant près de huit jours. Vous ne vous souvenez de rien?>>

Elëa réfléchit un instant. Elle se revit, échappant aux griffes de Malenor, puis galopant à bride abattue, vêtue des uniformes des cavaliers noirs.

<<Mais comment avez-vous fait pour nous reconnaître?

- Eh bien, au début, mes chevaliers vous ont pris pour de vulgaires elfes noirs. Mais progressivement, ils ont été étonnés par votre course éperdue. La vérité leur est apparue lorsqu'ils ont reconnu Londolin et le seigneur Findil user de leurs arcs pour abattre deux chevaliers sur sang froid.

- Findil! Fenelia! Où sont-ils, Demanda-t-elle.

- Calmez-vous, Elëa, et reposez-vous. Ils sont en sécurité.>>

Elëa était encore bien faible, et une bonne nuit de sommeil lui fut nécessaire avant de pouvoir à nouveau tenir sur ses jambes.

Le lendemain, elle fut escortée jusqu'à la tente de ses compagnons. Les retrouvailles furent brèves, mais émouvantes. Peu de temps après apparut Eltharion, le visage songeur.

<< Eh bien, quelles sont les nouvelles? Demanda Findil.

- Mauvaises, Seigneur. Elëa parut surprise de cette formule, mais se rappela qu'Eltharion restait malgré tout un héros, et donc de rang inférieur par rapport à un seigneur. Les troupes de Malekith ont franchi l'Echine Noire, et se déversent maintenant dans la plaine. Moi et mon armée sommes restés les retenir le plus longtemps possible, pendant qu'Arnheim se prépare à subir un long siège.

- Pas de renforts? Demanda Londolin.

- Tiranoc et Chrace ont répondu à notre appel. Ces deux royaumes devraient envoyer des troupes dans les semaines à venir.

- Bien, très bien! D'épiques combats en perspective! Renchérit Findil, tout en se servant un verre de vin. Elëa le regarda alors fixement, et l'elfe préféra abandonner sa coupe, un sourire gêné, en faveur d'Eltharion.

- Puissent les Dieux vous entendre, Seigneur, répondit le héros. En attendant, je vous renvoie en sûreté derrière les remparts d'Arnheim. Inutile de protester, continua-t-il en lançant un regard sévère à Elëa qui s'apprêtait à l'interrompre. Je tiens cet ordre du Seigneur d'Arnheim en personne. Maintenant, dépêchez-vous. Vos montures et votre escorte sont prêtes. Mais méfiez-vous: la région commence à grouiller d'Elfes Noirs.

- Bien, je pense que vous avez raison, Eltharion. Répondit Elëa, avec une certaine pointe d'ironie.

- Pardon? Vous ne protestez pas? L'elfe lui lança un regard méfiant. Elëa éclata de rire.

- Suis-je donc tyrannique à ce point?>>

Les autres elfes évitèrent son regard, tout en toussotant d'un air entendu. Elëa leur lança un regard noir.

<< Eh bien, reprit Eltharion, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un bon voyage...>> Puis il quitta la tente.

Le petit groupe avait troqué ses habits d'Elfes Noirs contre de superbes uniformes de l'armée de Saphery. Même les deux mages avaient reçu les robes correspondant à leur niveau respectif. Elëa et ses compagnons, resplendissants, chevauchaient de magnifiques coursiers blanc crème caparaçonnés. Escortés de six Heaumes d'Argents, le petit groupe s'engagea dans l'immense prairie verdoyante en direction d'Arnheim.

Le trajet leur parut de courte durée, tant la beauté du paysage paraissait irréelle. Après deux mois passés au milieu de régions désolées, la moindre brindille d'herbe rayonnant au soleil leur semblait étincelante. De temps en temps, des chiens de prairie, intrigués, les saluaient du regard. Loin dans le ciel, un immense grand aigle planait au-dessus d'eux. Trois heures s'écoulèrent ainsi, lorsque soudain un roulement de tonnerre se fit entendre à travers la prairie: une immense armée les rattrapait dans une galopade éperdue. Le petit groupe reconnut aux uniformes les soldats d'Eltharion. De rapides coursiers les dépassèrent, suivis de près par quelques chars. Un immense griffon vint à leur rencontre. Les coursiers se cabrèrent, impressionnés par l'énorme monstre. Elëa reconnut Eltharion chevauchant son griffon, et parvint à calmer sa monture.

<< Dépêchez-vous! Leur cria-t-il. Nos lignes de défense ont cédé et les Elfes Noirs sont à nos trousses!>>

Une fois de plus, le petit groupe entama une folle chevauchée en direction d'Arnheim. Après une demi-heure de galopade à bride abattue, une magnifique cité se dressa devant eux.

Elëa ne put s'empêcher de s'extasier devant ce chef-d'œuvre d'architecture elfique. Trois rangées de remparts protégeaient la Vieille Ville et la Citadelle. Les murs, taillés dans le marbre le plus blanc, incrustés d'immenses pierres précieuses, étincelaient. Du haut des immenses tours elfiques flottaient les bannière d'Ulthuan et d'Arnheim.

Même les sombres meurtrières semblaient dégager une beauté sans égale. Les immenses doubles portes de chêne cerclées de Mithril de la Porte de l'Ouest s'ouvrir lourdement pour engloutir les survivants de l'armée d'Eltharion, avant de se refermer derrière Elëa dans un bruit de foudre.

Les Bas Quartiers du Premier Rempart avaient l'allure de riches palais humains. Mais Elëa ne s'attarda pas devant les magnifiques bas-reliefs et vitraux du Temple d'Assuryan. Un groupe de lanciers venait aider les survivants à décharger leur équipement. L'arrivée d'Eltharion avait provoqué un grand émois dans la cité, et de nombreux citoyens s'étaient rassemblés autour de la place de la Porte de l'Ouest. Un soldat s'approcha d'Elëa.

<<Vous êtes bien le groupe de survivants que le Seigneur Eltharion a sauvé? Demanda-t-il.

- En personne ; à qui ai-je l'honneur? Répondit Findil

- Pardonnez-moi, seigneur. Tilmïn, héros garde phénix, pour vous servir. Il leur tira une rapide révérence. Le seigneur Almaris d'Arnheim demande à vous voir...

- Nous vous suivons. Conclut Elëa.>>

Findil, Londolin, Fenelia et Elëa, escortés par les gardes phénix du Héros Tilmïn, traversèrent la ville jusqu'à la citadelle, lorsqu'une clameur se fit entendre.

<< Les Elfes Noirs viennent d'arriver. leur informa le héros garde phénix.

- Oh? Répondit Elëa.

- Les citoyens ont été mobilisés? Demanda Findil.

- Ce matin même, Seigneur.>>

Le petit groupe pénétra dans la citadelle, escorté uniquement par le Héros. ils pénétrèrent dans un superbe palais. Là, un serviteur les introduit dans un magnifique bureau de travail aux murs de marbre et d'or étincelants. Au milieu de cette pièce se trouvait une immense table de réunion. Plusieurs elfes siégeaient autour du Seigneur d'Arnheim. Elëa reconnut à sa droite Eltharion.

<<Bienvenue à vous, Elëa, Londolin, Fenelia et Findil! Leur adressa Almaris. Prenez donc une chaise et asseyez-vous! je crois que votre venue va nous être très utile...>>

Sans un mot, le petit groupe s'assit.

<<Bien ,commençons. Reprit-il. Comme vous le savez, Malekith assiège la cité. la situation est grave, très grave. Si aucun secours ne vient avant deux semaines, notre sort sera scellé.>>

Une estafette interrompit le discours en présentant un petit billet au Seigneur Almaris.

<<La situation empire. Annonça-t-il. Les Elfes Noirs ont commencé l'assaut des premiers Remparts.>>

Un silence de mort accueillit la nouvelle. Au loin, Elëa crut entendre sonner l'olifant, ainsi que d'inquiétants coups de tonnerre.

 

Episode 9: la Tour de l'Ouest

 

La réunion se termina dans l'anxiété. Almaris leur avait donné différents postes en fonction de leurs compétences. Ainsi Londolin se vit remettre le commandement de la Porte Ouest; Findil et Eltharion eurent la responsabilité de préparer la Seconde Muraille à un éventuel siège. Fenelia et Elëa se retrouvèrent affectées à la défense de la Citadelle.

<< Ils veulent nous écarter. Déclara notre héroïne à Fenelia, en sortant du bureau.

- Tu l'as aussi remarqué?

- Ecoute-moi: nous allons discrètement sortir du palais et récupérer nos affaires sur nos montures.

- Mais comment leur fausser compagnie?

- Suis-moi! >>

Elëa et Fenelia prétextèrent un problème de robe, et en profitèrent pour s'engager dans un autre couloir.

Après avoir déambulé dans les nombreuses salles du palais, elles atteignirent la cour où leurs montures les attendaient. Elles éclatèrent de rire: telles des apprenties fuyant de nuit le collège de Magie pour fréquenter les tavernes de la ville, les deux mages venaient de quitter le palais.

<< Bon, reprit Elëa. Prenons nos affaires et dirigeons-nous vers la Porte de l'Ouest! Apparemment, c'est là que se déroulent les combats.>>

Sans un mot, Fenelia prit sa longue épée magique. Elëa revêtit son manteau d'Ombres et de Brumes, prit son épée et son bâton de feu, et mena Fenelia à travers les rues de la Cité vers la Première Muraille.

Au fur et à mesure qu'elles déambulaient à travers les rues, de petits groupes de lanciers et d'archers se dirigeaient vers la Porte de l'Ouest. Le flot de soldats ne s'interrompit pas et bientôt des milliers d'Elfes prenaient position au sommet des murailles de marbre.

<<La Tour de L'Ouest! proposa Fenelia. Elle culmine très haut et bénéficie d'une terrasse fortifiée en son sommet. Ne serait-elle pas parfaite pour lancer des sorts?

- Assurément, lui répondit Elëa. Viens, allons-y tant que nous pouvons y pénétrer!>>

Un immense escalier permettait d'atteindre le sommet de la tour. Dans leur impatience, elles gravirent les marches de grès en courant. Une brève vision apparût dans l'esprit d'Elëa: cet escalier ressemblait comme deux gouttes d'eau à celui qu'Isha lui avait fait entrevoir, lors de son songe... Une brève sensation de satisfaction envahit la mage, tandis que l'escalier débouchait sur le sommet de la tour.

Protégées derrière les créneaux, les deux mages regardèrent avec un sentiment d'horreur les flots d'Elfes noirs que la prairie semblait vomir. Une marée maléfique sans fin, qui semblait sceller d'un trait sanglant le destin d'Arnheim. Devant les murs les premiers régiments d'Elfes Noirs, protégés par des mantelets ou poussant de redoutables béliers, progressaient avec peine, ralentis par une véritable pluie de flèches. De temps à autre, les balistes à répétition lâchaient des deux côtés leurs salves mortelles. Les premiers régiments ennemis atteignirent les murailles, qui pour le malheur des assiégés n'étaient pas protégées par des douves. A l'aide d'échelles, de tours de siège et même parfois de grappins, ils se jetaient à l'assaut des remparts, tels les vagues inlassables d'une gigantesque marée noire. Du haut des rempart, les Hauts Elfes se battaient férocement, mais avec l'énergie du désespoir. Jetant des pierres et des chaudrons d'huile bouillante sur l'ennemi, les valeureux soldats tenaient coûte que coûte leurs positions, et les cadavres commençaient à s'empiler aux pieds des murailles de marbre. De sourds mais inquiétants craquements se firent entendre, lorsqu'un immense bélier se mit à marteler la grande porte de l'Ouest.

Bandant son énergie, Elëa s'apprêta à lancer son premier sort. Dans un geste théâtral, elle déclencha un assaut de pierres. La colline sur laquelle un régiment d'arbalétriers s'étaient fixés se mit subitement à trembler, alors que le sol engloutissait un régiment de furies.

Alors qu'elle s'apprêtait à lancer un nouveau sort, un immense pouvoir la déstabilisa: regardant devant elle, elle vit au loin s'approcher un sombre char tiré par deux énormes Sangs Froids. Jamais Elëa n'oublierait cette vision du Roi Sorcier. Malekith, le Seigneur des Elfes Noirs, dissipa d'un geste hautain le dérisoire sortilège que lui opposait Elëa. Malgré la distance, la mage put entrevoir son visage brûlé et tourmenté, son armure maléfique aveuglante, et sa terrible épée magique, qui émettait un hurlement magique démoniaque, que seuls les mages pouvaient entendre, pour leur plus grand malheur. le Sombre monarque scruta l'horizon, avant de fixer son regard sur la tour de l'Ouest. puis, dans un rire démoniaque, il s'apprêta à commencer un formidable duel magique.

Depuis les créneaux de la Première muraille, les défenseurs d'Arnheim tentaient de repousser les vagues d'assaut Elfes Noirs. Londolin, dirigeant ses elfes, se battait vaillamment. Mais malgré tous leurs efforts, les défenses furent rapidement submergées. Dans un craquement sec, la porte de l'Ouest fut enfoncée par un énorme bélier. Devant la bretèche, un régiment de gardes phénix, commandés par Tilmïn, attendaient dans un silence de mort.

Escaladant les énormes battants défoncés, les guerriers elfes noirs s'engouffraient en hurlant dans la cité. D'un seul mouvement, les gardes levèrent leurs hallebardes serties de saphirs, s'apprêtant à recevoir de plein fouet la charge des guerriers.

<<Elëa! Attention! hurla Fenelia.>> Les deux sorcières eurent juste le temps de se baisser pour échapper à une salve mortelle de traits d'arbalètes.

<<Cesse de me perturber! la réprimanda Elëa. Tu sais très bien que le manteau d'ombres et de brumes m'immunise à ce genres de petits désagréments.

- Mais...

- Ecoute Fenelia, il me faut lutter seule contre un véritable déluge de magie. Pourquoi n'irais-tu pas en bas soutenir les défenseurs?>>

Dans son arrogance, Elëa avait oublié que Fenelia elle aussi était mage. Mais seul un seigneur mage pouvait espérer contenir le Roi Sorcier. Aussi Fenelia, consciente de son inutilité, mais toutefois vexée dans son amour-propre, descendit en pestant les marches de la tour. Le spectacle qui l'attendait en bas était peu réjouissant: un flot d'elfes noirs s'engouffrait par les décombres de la porte. N'écoutant que son courage, la jeune mage leva son bras pour invoquer sur l'ennemi de puissantes flammes ardentes.

<< A nous deux... >>Murmura Elëa du haut de sa tour, fixant intensément le Roi Sorcier. Concentrant son pouvoir magique, elle invoqua un assaut de pierres sur la colline où un régiment de gardes noirs avait eu le malheur de s'établir.

Mais le Roi Sorcier n'entendait pas se faire dominer de la sorte. Dans un grand geste théâtral, il dissipa le sort, avant d'invoquer sur les défenseurs un horrible vent de lames.

Malgré tous les efforts des défenseurs, les Elfes Noirs ne cessaient de monter à l'assaut des murailles de marbre. Bientôt, les derniers assiégés furent contraints d'abandonner les créneaux pour se réfugier derrière les remparts de la Moyenne Ville. Les gardes phénix, submergés, se replièrent autour de la Tour de l'Ouest, résolus à y former une résistance acharnée.

<<Il faut tenir cette tour, coûte que coûte! >>Tilmïn resta perplexe. non seulement il venait de prononcer ces paroles la bouche fermée, mais en plus la voix n'était pas la sienne. un doux contact l'envahit alors, comme si un être divin le rassurait. Louant Assuryan pour sa protection, le héros rengagea de plus belle dans le combat.

Depuis les créneaux, Elëa ne se rendait absolument pas compte de la gravité de la situation. Totalement absorbée dans un duel magique, son attention ne cessait de se fixer sur son redoutable adversaire. Les échanges de sorts se soldaient pour l'instant par des échecs, et toute cette débauche de magie dont les deux protagonistes usaient semblait donner un résultat stérile. Et pourtant, peu à peu, le Roi Sorcier était parvenu à violer les protections magiques qu'Elëa avait tendu tout autour de la tour. Privée de ces défenses, la jeune mage était à sa merci. Malekith lui lança un sourire de carnassier, avant de lancer sur la frêle mage une Malédiction de Nagash d'une telle puissance qu'elle ne put la dissiper à temps. Dans un hurlement de stupeur, un tourbillon de magie noire l'immobilisa, tandis que des flammes violettes léchaient sa robe. La situation semblait désespérée. Si Elëa ne se dégageait pas à temps, les flammes maléfiques la brûleraient vive. L'angoisse accélérait les battements de son cœur. Sa respiration était haletante. Les flammes consumèrent sa robe sans qu'elle ne puisse faire le moindre geste pour se dégager. Lorsqu'elles léchèrent la peau de ses cuisses, Elëa poussa un cri perçant de douleur.

<<Concentre-toi. Murmura une voix dans son cerveau.>> Soudain, à travers la tornade de magie noire apparût la silhouette d'une grande jeune femme elfe. Elëa reconnut la déesse Isha. une vague de sérénité l'envahit, malgré la douleur des flammes.

<<Je ne puis! hurla-t-elle.

-Concentre-toi.>> Ordonna la voix d'un ton si sévère qu'Elëa n'eut préféré pour rien au monde désobéir à la déesse.

Bandant son énergie, elle parvint à libérer de l'étreinte d'acier son bras droit. Puis, se concentrant intensément, elle commença à invoquer un puissant Bannissement sur le sort de magie noire.

<<Vas-y, l'encourageait la déesse. Tu peux y arriver!>>

Malekith résistait de toutes ses forces contre la puissance du sortilège. L'afflux de magie fit crépiter des flammes blanches les doigts de la main droite de la mage, alors qu'elle terminait d'invoquer le sortilège. Puis, d'un seul mot, elle libéra toute la puissance magique. Une vague d'énergie mystique envahit la cité, souffla sur les toits argentés, balaya les sorts de magie noire activés par les sombres sorciers, avant de sortir triomphalement des portes de la ville en un gigantesque souffle. Le tourbillon de magie noire explosa sous la force du vent magique. Libérée, morte de fatigue, Elëa tomba au sol. Une vague d'énergie l'empêcha de sombrer dans le comas. fortifiée par cet apport d'énergie magique, elle se releva et scruta la plaine: dissipant la tempête magique lorsqu'elle arriva à sa hauteur, Malekith, le terrible roi Sorcier, s'apprêta à rengager le terrible duel magique, tandis que ses soldats, ivres de vengeance, pénétraient dans la Basse Ville.

 

Episode 10: Le Destin d'Elëa

 

Une fumée noire s'éleva des quartiers de la Basse Ville alors que les Elfes Noirs y mettaient le feu. Sur les rues gisaient les cadavres d'elfes affreusement mutilés.

Les rares maisons encore intactes étaient minutieusement pillées avant d'être brûlées. Lorsque la nuit tomba, la Seconde Muraille se retrouva entourée d'un anneau ardent. Au bord de cette désolation, à l'endroit où autrefois se dressait la Porte de l'Ouest, une bande de Gardes Phénix menaient dans le plus grand silence la défense acharnée de la Tour de l'Ouest. Parmi eux, des survivants du premier assaut se battaient avec le plus grand sang-froid. Résolus à combattre jusqu'au dernier, ces hauts elfes abattaient leur ennemis sans un seul bruit. leurs yeux embrasés brillaient dans le noir telles de petites lucioles.

Au sommet de la tour, indifférente au pillage de la ville, en hâge, se dressait Elëa. Depuis de nombreuses heures, elle n'avait cessé de fixer son adversaire, Malekith, le terrible Roi Sorcier. Les deux protagonistes avaient échangé en vain un véritable déluge de magie. Mais Elëa ne fléchit pas. Du fond de son âme, un esprit divin la guidait. Elle savait que devant elle se dressait sa destinée. Elle savait que de ce combat dépendait l'avenir du peuple elfique. D'un grand geste du bras, elle réengagea le combat en lançant sur le Roi Sorcier un labyrinthe de Téclis. Le sort surprit le monarque qui rata sa dissipation.

<<A mon tour de m'amuser, messire... Murmura-t-elle ironiquement.>>

Le Roi Sorcier assista impuissant au déplacement dans l'espace de son char, qui rentra de plein fouet dans sa garde noire. les corps des elfes noirs volaient tout autour de la machine de guerre alors que Malekith, fou de rage, sauta de ce symbole de son pouvoir rendu incontrôlable. Invoquant un sort connu de lui seul, il s'enveloppa d'un manteau de flammes jaunes. Un vent magique violet tourbillonna autour de lui. Peu à peu, de ce sort illusoire se dégagea une abomination sans nom, semblable à un grand nuage de pourriture noirâtre. Elëa retint son souffle devant l'apparition de l'Horreur Noire d'Arnizipal. Dissimulé derrière son écran magique, Malekith avait eu le temps d'invoquer ce sort, à l'abri des regards de son ennemie.

L'Horreur Noire se rapprochait à grande vitesse de la tour. Aucun sort de contre-magie n'en venant à bout, Elëa crut sa fin proche. Mais elle ne pouvait finir ainsi, se dit-elle au plus profond de son âme, du moins se persuada-t-elle, tant cette pensée qui lui semblait étrangère à sa conscience la déstabilisait au plus haut point. Concentrant sa volonté magie, elle capta les vents de magie. Un puissant halo de lumière argenté éclaira soudain la tour.

Dans les rues enflammées et autour de la ville, les elfes noirs furent aveuglés. les défenseurs hauts elfes, à la vue de ce phare argenté, reprirent confiance. Hurlant le cri de guerre d'Ulthuan, Eltharion, le seigneur d'Yvresse, ordonna l'ouverture des portes de la Seconde Muraille. Dans un hurlement de défi, les guerriers hauts elfes se ruèrent sur l'ennemi. Traversant les Bas Quartiers réduits en braises rougies, menés par le seigneur Eltharion du haut de son griffon, ils massacrèrent les derniers pillards. Le griffon, dont les ailes reflétaient la couleur rouge vif des flammes mourantes, ressemblait à un phénix renaissant dans le creux d'un immense fourneau. Cette vision devait être fatale aux assiégeants, qui furent balayés tels de vulgaires fétus de paille. Les assiégés, dont l'avant garde se composait de heaumes d'argent et de princes dragons, enfoncèrent profondément les lignes ennemies, et parvinrent à massacrer un grand nombre d'elfes noirs.

Mais alors que triomphants, ils regardèrent l'aube se lever sur la plaine, les nobles défenseurs aperçurent la masse compacte de guerriers maléfiques se dressant devant eux.

Un silence de mort régnait. les deux camps s'observaient. Eltharion soupira: dans leur charge, les assiégés avaient massacré bon nombre d'arbalétriers et de servants de balistes. Au moins leur nombre ne diminuerait pas sous une pluie de traits empoisonnés. Ailes d'Orage, son griffon, piaffait d'impatience. Derrière eux, les derniers foyers d'incendie s'éteignaient. De chaque côté, la tension montait; Soudain, dans une gerbe d'étincelles, le halos de lumière argentée explosa, libérant une formidable tempête magique. Ce fut le signal. Dans un tonnerre de sabots, les hauts elfes chargèrent leurs ennemis héréditaires.

Alors que son griffon s'approchait des lignes de combattants elfes noirs, Eltharion fut envahit par une grande confiance; il avait foi en ses elfes; Il savait, qu'au nom d'Ulthuan, il allait remporter une grande victoire.

Dans un hurlement de défi, Elëa venait de lancer une terrible tempête magique sur l'horreur noire. Le sort maléfique se dissipa en une énorme explosion violette; profitant de cette victoire, Elëa lança une terrible malédiction. Le Roi Sorcier, impuissant face à cette débauche de magie, fut frappé de plein fouet par les deux sortilèges. Alors que son corps mutilé commençait à perdre son essence vitale, il s'évada dans un hurlement de frustration par les courants magiques. Elëa regarda son ennemi capituler, hébétée par l'âpreté de la bataille. Autour d'elle, les assiégeants chargeaient les Elfes Noirs, se taillant dans les lignes ennemies un chemin sanglant. Bientôt, la surprise de la fuite de Malekith inspira aux elfes noirs une haine encore plus grande, et se ruèrent d'un seul elfe dans la mêlée. Mais rien ne pouvait arrêter les hauts elfes. En ce jour de gloire, ils taillèrent en morceaux la terrible armée du Roi Sorcier. Quand, à la fin de la bataille, le soleil éclaira de ses rayons la prairie, Elëa puis voir le sol jonché de cadavres. Loin derrière les murailles, les derniers assiégeants tombèrent. Dans un hurlement de joie, les Elfes célébrèrent leur triomphe. Les murs de la cité raisonnèrent d'hymnes à la gloire d'Ulthuan. Dans les quartiers, les habitants sortirent de leur demeure, et rejoignirent la foule en liesse qui s'était rassemblée autour de la Citadelle, avant de sortir rejoindre les guerriers victorieux.

<<je suis fière de Toi, Elëa, prononça au plus profond de son cerveau une voix. Tu as accompli ta destiné. Tu as sauvé la cité d'Arnheim. Ne crois pas que ton combat fut ignoré, vois les foules de guerriers et de citoyens se regroupant autour de la tour. Tu as réalisé ce que peu d'elfes avaient réussi auparavant.>> Alors que les elfes, jubilant, acclamaient celle qui par son courage avait contenu les puissances maléfiques, la voix d'une déesse emplit l'air. Tous les elfes écoutèrent, religieusement, la déesse Isha:

<< Qu'en ce jour de Gloire soient loués tous les héros; Eltharion le Sinistre, Tilmïn le Mystique, et Elëa la Seigneur Mage, La Némésis de Naggaroth. Loué soit leur courage, et que ceux qui en ce jour luttèrent pour la sauvegarde d'Arnheim n'oublient jamais leurs actes.

 

Et lorsque le temps des combats reviendra, lorsque de nouveau les Arche Noires déverseront leur lot de guerriers corrompus, lorsqu'une fois de plus le Chaos menacera la belle Ulthuan, que tous les elfes se rappellent de ces jours où, n'écoutant que leur courage, les Héros prirent les armes contre la Menace. Que ces visions de victoire vous donne toujours l'espoir, fils d'Astarielle, d'un retour de l'âge d'or. Allez, enfants d'Assuryan, qu'en ce jour de bonheur Ulthuan soit bénie!>>

Et devant les acclamations de la foule, Elëa émergea des escaliers de la Tour de l'Ouest, rejointe bientôt par ses amis, tandis que les elfes, ivres de joie, entonnèrent l'Hymne d'Ulthuan.

 

Epilogue

 

Le vent soufflait sur les cordages du vaisseau-dragon. L'immense navire, voguant sur les flots limpides, semblait caresser la mer.

Accoudée au garde fou, Elëa regardait s'éloigner le Nouveau Continent, nostalgique. Se remémorant sa longue quête, elle pensa aux heures interminables de chevauchée à travers les bois de pins pourris de Naggaroth, à l'angoisse qu'ils éprouvèrent en traversant des contrées sauvages, à la terrible vision de l'armée du Roi Sorcier écrasant impitoyablement les défenses elfiques. Une grande satisfaction l'envahit lorsqu'elle se rappela le discours de la déesse Isha. Elle venait d'accomplir son destin, et pendant des millénaires les bardes d'Ulthuan chanteraient ses exploits.

Findil vint la rejoindre.

<< Le vent s'est levé. informa-t-il d'un air dégagé, afin d'engager la conversation.

- Findil? demanda Elëa.

- Oui, mon amour?

- Pourquoi Londolin a-t-il refusé notre invitation? j'aurais tant aimé qu'il reste quelques jours chez nous.>>

Findil se tut, gêné, avant de lui répondre à voix basse.

<< je crains qu'il ne faille te dévoiler son secret... Commença-t-il.

- Quel secret? Demanda Elëa, intriguée.

- Londolin est l'héritier de la dernière maison de Naggarythe.>> Il eut un moment d'hésitation. <<Il est le Roi Fantôme.>>

La nouvelle abasourdit Elëa. Ainsi Londolin était le seigneur des célèbres guerriers fantômes. Le dernier des princes de Naggarythe. L'image qu'elle avait conservé du grand elfe concorda avec cette information, tant il était connu que les guerriers fantômes ressemblaient aux elfes noirs, leurs lointains frères. Elle comprit pourquoi le guerrier avait refusé de les suivre. Lui et les siens menaient une lutte éternelle contre le Roi Sorcier, le responsable de la chute de leur ancien royaume. Elëa ne put retenir une larme. Depuis près de 5000 ans, l'horrible guerre fratricide qui opposait les hauts elfes aux elfes noirs avait causé tant de haine, tant de massacres, tant de rancunes. Quand est-ce que le peuple elfe retrouverait l'union et la paix? Très haut, dans le ciel, un Grand Aigle décrivait d'élégants cercles. L'animal, d'un cri perçant, salua le navire. Elëa lui répondit d'un hochement de tête. Qu'importe si la déchirure devait durer éternellement. L'espoir ne vient pas de la guerre, mais de l'harmonie de la nature.

Alors qu'elle admirait, mélancolique, le navire filer avec grâce sur la mer d'huile, le vaisseau-dragon se rapprochait d'Ulthuan.

Ainsi se termine la Quête d'Elëa. Emerveillez-vous, jeunes elfes, devant le destin de ces héros, et souvenez-vous de leurs actes. Mais rappelez-vous de ceci: même si les ténèbres obscurcissent les cieux, la lumière parvint toujours à les déchirer.

Au nom d'Elëa et du plaisir que j'ai eu à rédiger cette nouvelle, je tenais à remercier tous ceux qui chaque semaine scrutèrent impatiemment la parution du dernier épisode.

 

GORK ET MORK

 

- "K'ess k'y a? cria Gork à Snoki son snotling.

- Y'a, ke Mork y veu t'voir dan ssa ute.

-E pour koi fèr? demanda Gork

-Y di, k'l'a in ssupèr plan d'atak pour r'prendre ton chato k'a été pri par lé nabo!

Le vieux chef se leva lentement de son trône, alla à la porte de sa hutte et appela Snoki

qui était en train de jouer à arracher les patte d'une araignée.

-E, Snoki, ssi y'a kelk'in ki frape a la ute, tu l'ranvoi baladé é tu m'apèle. OK?

-Kompri chef!

Dehors, il pleuvait, mais cela n'arrêta pas Gork, il marchait contre le vent tout en jurant:

"Ssalté d'ten, y pleu tou l'ten et biento y va faloir chanjé d'kan ssinon on è inondé!"

Il s'arrêta devant la hutte de Mork et frappa. De dernière, une petite voix répondit:

-Ssé ki k'é pa la?

Un autre voix répondit à la petite:

-Ta gueule Kara, j't'è d'j'a di d'pa répond komme ssa!

Gork entra dans la hutte et se dirigea vers le chamane.

-Y'a mon snot ki m'a di k'tu voulai m'dir in truk à propo d'in plan d'batail...

-Ouè, j'è u une idé, pour r'prendre ton chato!

-E ss'é koi? répondi Gork.

-SS'é k'tu va envoyé té boyz, té gobz é té snot devan ton chato, pour fère senblen k'tu lé atak par deven, mè par dèrièr, té z'ork noir, y creus'ron in passaje soutèrin é y z'atakeron.

-Pa mal l'idé, é toa tu s'ra ou? demanda Gork

-J's'rè avèk toa! répondit Mork

-E ss'é ou avek moa?

-C'é avèk lé ork noir!

-A, ok!!

Gork et Mork discutèrent encore un moment et décidèrent qu'ils allaient convoquer toute l'armée pour leur annoncer le plan de bataille. Quand cela fut fait, tout l'armée s'en alla vers le château. Gork et Mork étaient avec leur snotling dans un char assez grand pour contenir 10 gobs. Snoki se tourna vers Gork et lui demanda:

-Chèf, ou k'il è le chato?

-Tu vera, mè mint'nan lèsse moa avek Mork. Répondit Gork

-Pourkoi?

-Passke, c'é kome ssa é pa otremen. Va joué avek kara!

-Ok, chèf.

Le snotling exécuta rapidement les ordres de son maître sans discuter.

Quand les peaux-vertes arrivèrent vers le champ de bataille, ils se mirent bien en place et commencèrent à attaquer.

Dans la bataille, on voyait les gobs arriver, et repartir aussitôt avec des nains derrière eux! Des orques se tapaient entre eux, d'autre livraient une grosse charge sur les nains, les orques noirs, eux creusaient le sol...Quand ils eurent fini, ils commencèrent à attaquer dans la forteresse!! Gork, à la tête des orques noirs, massacrait les nains sans trop de difficultés. Mork, quant à lui lançait des sorts sur les nains, en ricanant.

 

La bataille était presque gagnée, quand Mork s'avança vers Gork et lui dit:

-J'sè pa j'ke j'è, mè j'arive plu a lancé dé sor!

-SS'é parsseke t'a plu d'énèrji, done moa la min, é enprinte mon érèji. répondit Gork

-Keske t'en sè k'y fo d'l'énèrji.

-J'le sè, passeke ss'é mon mètre ki m'la di, y di kel ss'apèle la Waaagh!

-A bon, bin j'le savè pa alor.

Les deux gros orques se tinrent la main et, un flot vert de Waaagh se forma autour d'eux, ils commencèrent à grandir, grandir, grandir, grandir, grandir, jusqu'à arriver dans les nuages. Puis, ils disparurent à tout jamais.

La bataille fut gagnée, mais les peaux-vertes gardèrent en mémoire ce moment inoubliable.

Maintenant, chaque solstice d'été, les orques et les gobelins font de grandes et mystérieuses cérémonies pour Gork et Mork, devenus maintenant leurs dieux.

Gork et Mork existent encore, mais ils sont dans le ciel. Les peaux-vertes peuvent toujours les invoquer, la preuve: Ils savent lancer "Au sc'ours Mork" et d'autres sorts qui les invoquent!

 

 

KRUNCH!

 

_"Kess'ke t'a Zorg? Sa fait kom d'la fumée ki te sort des narines depui toutaleur.

_Bleug a rézon maime ke tes zyeu y son devnu rouge a forsse k'y a du feu ki brulle dedan."

Le petit gobelin était en effet dans un drôle d'état. Il bavait au moins trois fois plus que d'habitude et puait tellement qu'il arrivait à couvrir l'odeur de ses parents.

C'était bien sûr inadmissible mais les nombreuses baffes de son père ne changeaient rien et semblaient même aggraver les choses. A court de remèdes Bleug et Grozna se décidèrent à employer les grands moyens et finirent par se débarrasser de leur fils en le fourrant dans un sac et en le jetant à la décharge (c'est à dire à l'endroit où s'élevait le plus haut tas d'immondices aux alentours.) Ayant rempli leur rôle éducatif de parents responsables, ils retournèrent à leurs occupations.

Zorg se trouvait bien un peu à l'étroit dans son sac mais au moins il y faisait chaud et personne ne lui donnait de calottes. Il venait donc de décider de s'y établir définitivement lorsqu'il fut dérangé en plein repas (il restait quelques blattes au fond de son nouvel appartement) par une main arrivant à l'improviste. L'ayant prise tout d'abord pour une blatte un peu plus grosse et un peu plus verte que les autres, il fut surpris de constater en croquant dedans qu'elle contenait un os et qu'elle n'entendait pas se laisser bouffer comme ça. Après l'avoir étranglé un court instant, elle le tira hors de chez lui; Zorg put alors constater que la Main était prolongée par une sorte de gros truc verdâtre avec des yeux et tout un tas de dents aiguës et baveuses. Le tout ressemblait à une sculpture d'art primitif Gobelin en étron véritable telles que Zorg avait pu en voir dans la hutte du chef du village qui aimait que rien ne se perde dans sa horde. Le gigantesque Machin qui prolongeait la Main (et qui se révélait être un Troll) se gratta la tête avec sa main libre, rota, lâcha un pet sonore, bailla et faillit s'endormir après tous ces efforts mais se décida finalement à mettre Zorg sous son bras et à s'en aller d'un pas très rapide en direction de la forêt.

Au bout de quelque heures de marche, le Troll arriva enfin à destination. Il s'était arrêté douze fois pour se demander où il était et pourquoi il y était, mais il avait pu à chaque fois se souvenir de tout ou presque et était finalement parvenu jusque chez lui. "C'est un Troll vachement intellijen" pensa Zorg. "il arriv maime a monté les zeskalier tou seul san tonbé. " Le troll s'appliquait en effet à monter le plus doucement possible chaque marche de l'escalier qui montait à la cabane vers laquelle il se dirigeait, en tirant la langue, comme un élève qui essaye d'écrire le plus droit possible sur son cahier. Il parvint enfin tout en haut et s'écroula de fatigue sur un tas de fumier qui lui servait de lit, terrassé par cet intense effort intellectuel. Une voix perçante s'éleva alors dans la cabane.

_"Keske tu m'ramène encore sale bestiolle? T'as pa assez a boufé dehors, y fau enkor ke tu ramène les resstes dedan ché moi! Alé, vire moi ton sale peti gob d'ici et plu vite kessa!" Le Gobelin qui venait de crier cela surgit alors du fond de la cabane un fouet à la main et se mit à rouer de coups le Troll, qui n'avait pas l'air de beaucoup souffrir pour autant: au contraire chaque coup de fouet semblait le chatouiller et ses blessures se refermaient au fur et à mesure que le gobelin les infligeait. Ce dernier se décida à passer à une punition plus efficace et s'empara d'une vieille épée. Il allait couper la tête du troll "pour lui aprendre a vivre" lorsqu'il s'aperçut que Zorg était encore bien vivant.

_"Tiens y t'a pa encore zigouillé? Y voulait pt'être bien t'konserver au frai pour t'boufé plutar. Y a pa a dirre, il est drolleman intélligen pour un Troll. Mai didons, kesky t'arive?" De la fumée noire s'échappait en effet de la bouche et des oreilles du gobelin. "Tu s'rais donc un Elu com'moi?" Le gobelin chez qui Zorg était arrivé était en effet un chamane réfugié dans la forêt, qui s'était établi là depuis de longues années et avait réussi à capturer et dresser un Troll pour en faire un serviteur.

 

Les Chamanes (c'était ainsi qu'on appelait les sorciers des Orques et des Gobelins) étaient repérés dès leur plus jeune âge dans leur tribu : lorsqu'ils assistaient à une bagarre ou à une scène de violence (ce qui arrivait à chaque instant) ils devenaient incontrôlables, de la fumée leur sortait par tous les orifices et leurs yeux lançaient des éclairs.

C'étaient là les signes d'un choix divin : les dieux orques Gork et Mork manifestaient leur puissance à travers l'individu qu'ils avaient désigné comme leur élu.

Cet honneur était en général récompensé par une mise à l'écart immédiate car si les chamanes accumulaient trop d'énergie magique (la waagh!) leur tête et celle de tous ceux qui se trouvaient près d'eux pouvait exploser. Les gobelins n'étant pas complètement stupides (mais si!) ils se protégeaient de cette éventualité en invitant l'apprenti chamane à quitter le village à grands coups de pieds dans le derrière (et ailleurs aussi.). Zorg présentait donc tous les signes auxquels on reconnaissait un futur chamane.

Glonkk, celui chez qui avait atterri Zorg, était lui-même chamane et avait connu lui aussi ce difficile parcours. Il ne fut pas pris de pitié pour le petit gobelin (ce sentiment n'existe pas chez les Peaux-Vertes) mais décida tout de même de le garder avec lui pour assurer sa formation. Après en avoir fait un bon chamane il pourrait le vendre à une armée Orque qui partait en guerre et faire ainsi un large bénéfice : les généraux Orques payaient cher les chamanes car ils en avaient besoin pour combattre efficacement.

Pendant trois ans Zorg fut donc apprenti chez Glonkk. Il apprenait comment lancer des éclairs avec les yeux, ou comment donner un coup de boule à distance. De nombreuses fois il crut que sa tête allait exploser, mais il parvenait toujours à se maîtriser et se contentait de libérer un flot d'énergie Waagh! qui envoyait souvent Gloub le Troll valser dans les airs après avoir été éjecté de la cabane. Parfois Glonkk ramenait à la maison un Humain du village qui se trouvait à l'orée de la forêt et Zorg s'exerçait alors à lui donner des baffes magiques. Cela lui faisait travailler sa Waagh! et améliorait l'ordinaire du repas du soir après les exercices. Il atteignit bientôt un niveau de magie suffisant pour l'utiliser pendant une bataille et Glonkk se décida à le vendre au chef Orque Grotsnak qui partait donner une rouste au baron Tristan de Malaterre en Bretonnie.

Zorg suivit la horde de Grotsnak pendant deux jours. Il devait courir sans cesse car les Orques marchaient beaucoup trop vite pour lui, et bien souvent on lui faisait des croche-pieds et il allait s'étaler dans la boue au milieu des rires (ou plutôt des grognements de porcs) des Orques. Enfin à l'aube du troisième jour l'armée atteignit les terres du Baron et commença à piller et massacrer tout ce qui se trouvait sur son passage. Le Baron, aussitôt averti de cette invasion, partit avec ses chevaliers arrêter la horde et les deux armées se retrouvèrent un jour face à face au milieu d'une plaine. Zorg qui avait été laissé de côté lors des pillages fut immédiatement mis à contribution et fut monté sur une gigantesque araignée de combat et placé au sommet d'une colline qui se trouvait sur les flancs de la horde. Heureusement il connaissait bien ce genre de monture et en avait parfois chevauché dans la forêt, et bien que l'animal soit un peu excité par le bruit et la lumière du champ de bataille Zorg parvint à en garder le contrôle. Il préférait de toute façon monter une araignée géante plutôt que ces énormes sangliers que chevauchaient tant bien que mal Grotsnak et sa garde d'élite.

Le combat commença. Les lance-rocs faisaient beaucoup de dégâts parmi les archers Bretonniens tandis que la Garde de Grotsnak se jetait avec frénésie sur la formation en fer de lance des chevaliers du royaume. Les têtes encore couvertes de leurs heaumes volaient sous la hache de guerre de Grotsnak alors que le régiment de gobelins de la Nuit lâchait ses fanatiques sur l'ennemi. Tout démarrait bien dans cette bataille et Zorg se mit à sentir l'énergie Waagh affluer en lui. Il voulait aussi prendre part au succès des Orques et décida de jeter quelques sorts. Son premier visa le chef des archers qui se trouvaient en face de lui: il lui envoya un magnifique coup de boule dont il avait le secret ; la tête du bretonnien fut éparpillée par le choc et éclaboussa les hommes qui étaient autour de lui.

Grisé par ce succès, Zorg essaya un nouveau sort : invoquant Mork il fit apparaître dans les airs une main immense qui souleva le Comte de Belazur dans les airs et le garda au-dessus du champ de bataille. Le malheureux réussit cependant à se dégager pour retomber vingt mètres plus bas sur son cheval, qui eut les reins brisés sous le choc. Pendant ce temps, le sorcier ennemi dont Zorg sentait la présence et qui le gênait pour lancer ses sorts fut coupé en deux par Frok , un grand orque Noir qui venait de boire une Potion de Force.

Dès lors Zorg put s'en donner à cœur joie; il lançait ses sorts l'un après l'autre et faisait exploser de nombreuses têtes dans les rangs ennemis.

Les heures passèrent et la bataille était quasiment gagnée : il ne restait plus que la garde personnelle du Baron de Malaterre sur le terrain et les Orques la harcelaient de toutes parts. Grotsnak menait une charge qui devait être décisive contre les derniers bretonniens, en les prenant à revers, quand il lui sembla que le ciel s'obscurcissait au-dessus de sa tête. Il n'eut pas le temps de réaliser ce qui se passait, et fut écrabouillé comme une fleur par un énorme pied vert qui s'abattit sur lui et ses hommes. C'était Zorg qui venait d'essayer de lancer pour la première fois le meilleur sort qu'il connaissait pour épater la galerie, et qui venait de réussir, avec toutefois une légère erreur d'estimation de la distance. Le pied de Gork avait raté de peu sa véritable cible et les Bretonniens étonnés virent le chef orque réduit à l'état de galette à leur place.

Aussitôt un silence pesant s'abattit sur les rangs orques. On entendit tout juste un "oups" provenant d'un gobelin monté sur une araignée, là bas, loin du centre des combats, et qui filait à toute vitesse. Ce fut le signal de la panique générale. Les gobelins s'enfuirent en couinant, suivis de près par tous les Peaux Vertes, et bientôt ce fut la débandade générale. Poursuivis par les chevaliers qui les exterminaient impitoyablement, les Orques tentèrent de se réfugier dans la forêt avoisinante et seuls quelques-uns y arrivèrent. La victoire venait de se transformer en défaite écrasante.

Zorg, bien à l'abri dans les branches d'un marronnier auquel il avait grimpé grâce à son araignée attendit la nuit pour redescendre puis il prit silencieusement le chemin de sa chère forêt. Toute sa vie le Baron Tristan de Malaterre se demanda quel grain de sable avait bien pu s'introduire dans la mécanique Orque et lui sauver ainsi la vie. Il ignorait, et cela valait mieux pour son honneur, qu'il devait cette grâce à un gobelin.

 

La bataille de Louvoisin

 

Seigneur Mazdevain contemplait du haut de la colline la bataille qui allait s'amorcer en contrebas avec un sourire plus que radieux sur les lèvres. En ce 24 août de l'an de grâce 1250, il était à la tête de la plus grande force Bretonnienne qu'il ait jamais eu a commander, et avait reçu comme ordre du roi en personne de bouter une bonne fois pour toute ces hordes de vermines Skavens des terres sacréés qu'elles avaient osé profaner. Aujourd'hui enfin était venue l'heure de la délivrance. En effet les deux armées avaient regroupé leurs dernières troupes pour une bataille qui s'annoncait plus que prometteuse pour les Bretonniens, au vu de la pauvreté des troupes que dévoilaient a ses yeux les Skavens. " Des efforts constants auront finalement payé, pensa le duc, et nos braves combattants n'auront pas souffert pour rien." Il est vrai que depuis des mois, cette race abominable avait semé le carnage et la maladie dans tout l'est de la bretonnie, et l'aide mineures des elfes sylvains n'avait pas débloqué la situation. Beaucoup des siens étaient morts dans des circonstances affreuses, et il combattrait aujourd'hui en leur mémoire.

D'ailleurs, la victoire était presque sienne, car le flanc gauche adverse venait déja d'être réduit en bouillie par les tirs continus des archers de Bergerac et la charge des Paladins. Décidant d'accompagner ses troupes dans la victoire, Mazdevain dévala la pente a la tête de la charge fougueuse de ses chevaliers, et emporté par l'élan, écrasa littéralement le plus gros des régiments adverses. Son épée tournoyait, tranchant têtes et queues, tandis que ses camarades embrochaient un a un les pauvres rats, qui malgré les injonctions hystériques des gradés, prirent la fuite en couinant. Empli de joie a la vue de cette débandade, son sang se glaca aussitôt lorsqu'il entendit drrière lui un grondement sourd accompagné du bruit épouvantable d'une cloche.

Il se retourna et contempla avec horreur, au sommet de la colline qu'il venait de quitter, une immense cloche, accompagnée d'une armada telle qu'il n'en avait jamais vu auparavant. Nimbée d'une aura d'éclairs, elle avait à sa tête un grand skaven à la fourrure grise, au visage cauchemardesque à demi dissimulé par un grand capuchon rouge en lambeaux et par des vapeurs vertes. " Comment il pu? c'est impossible!! nous les aurions vu arriver depuis ces hauteurs" Les pensées se bousculaient dans l'esprit du duc. Puis il comprit l'immensité de son erreur. " Les souterrains! Ces créatures se déplacent sous terre!!" Mais avant même que les Bretonniens aient eu le temps de réagir, les Skavens étaient déjà sur eux et les prirent en étau. Fermement décidé à tenter le tout pour le tout, Mazdevain lanca une charge impétueuse vers cette monstruosité, priant secrètement la dame du Lac pour que la destruction du sorcier fanatique fasse fuir le gros des troupes. Il se rapprochait de plus en plus du corps a corps, lorsqu'il vit sortir des rangs deux Skavens plus massifs et protégés que les autres, bardés de tonneaux et brandissant dans sa direction un engin étrange, dont la bouche fumait et sifflait. Lorsque le rat appuya sur la gachette, il en sortit un tourbillon de flammes vertes qui l'engloutirent, lui et ses camarades. Il serra convulsivement son amulette de protection et entendit les hurlements de ses conjoints moins chanceux, puis il rouvrit les yeux et se retourna. Beaucoup de carcasses fumantes jonchaient le sol derriere lui, et une larme coula sur sa joue quand il réalisa que ce tas de cendres avait été autrefois de nobles chevaliers. Criant aux derniers survivants de le suivre, il s'élancait vers la masse grouillante qui se rapprochait lorsqu'il apercut deux ombres noires surgir des rangs et quitter son champ de vision. Il sentit quelquechose taper sur son casque et ressentit une vive brûlure a la gorge. Il ouvrit sa visière et contempla la réalité teintée de rouge... Puis il ne vit plus rien. Le prophète gris éclata d'un rire méphistophélique pendant que l'assassin essuyait sa lame du revers de sa cape. "Pauvres humains-humains!! Vous ne comprenez donc pas que vous vous laissez guider-guider par des sentiments inutiles-inutiles!! Vous ne pouvez rien faire-faire!!!"

 

LA CONFRERIE DU NOUVEL ORDRE

Chapitre premier

 

La porte de la taverne s’ouvrit avec fracas avant que n’entre le petit groupe d’aventuriers sous le regard abasourdi des habitués des lieux. La plupart de ces derniers travaillaient dans les nombreuses scieries alentours, passant leurs soirées dans la brasserie du Nain Ivre afin d’oublier leurs dures journées de labeur. En vérité, aucun d’entre eux n’aurait cru voir un jour un groupe d’étrangers aussi hétéroclite. Celui qui marchait en tête était à n’en pas douter un mage, comme en attestait le bourdon de bois finement sculpté qui irradiait littéralement de puissance, et la longue robe qui avait dû, avant que les intempéries d’un long voyage ne fassent leur oeuvre, être somptueuse. L’épaisse barbe brune qui couvrait en partie le visage du voyageur lui conférait un aspect pour le moins inquiétant, de même que son regard pénétrant. Derrière lui se tenait un guerrier dont le port rappelait immédiatement celui des militaires. Les peaux de bêtes qu’il portait par dessus une lourde cotte de maille l’identifiaient au même titre que sa barbe blonde et son impressionnante carrure comme un natif du Middenland. Sa longue chevelure ébouriffée renforçait encore son aspect sauvage, bien que personne n’aurait songé à le traiter de barbare, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Enfin, deux nains qui auraient marché côte à côte si l’entrée avait été assez large apparurent. Le premier correspondait tout à fait à l’image que la plupart des habitants de l’empire de Sigmar se font des guerriers nains: une épaisse armure de plates lui recouvrant quasiment la totalité du corps, une hache à son côté et un casque muni de cornes en ivoire, alors que son bouclier était attaché à son dos. Malgré sa barbe blanche, il semblait bien plus jeune que la plupart des rares nains de la ville, encore que le mot " jeune " s ’applique difficilement à cette race.

Pourtant, en dépit de sa cape d’un rouge profond et de son superbe équipement, il n’avait rien d’un fils d’une famille noble venant s’amuser à jouer les aventuriers. Quelque chose dans son regard indiquait à quiconque le fixait qu’il avait vécu son compte de drames et de combats avant d’en arriver là. Pourtant, c’est surtout sur le second nain que les regards se portèrent. L’énorme crête de cheveux oranges qu’il arborait n’en était pas tant la raison que l’énorme hache qui pendait nonchalamment dans son dos. Un homme normal aurait eu des difficultés ne serait-ce que pour la soulever, mais quelque chose dans l’attitude du tueur de trolls faisait comprendre sans l’ombre d’un doute qu’il savait parfaitement la manier, et qu’il n’hésiterait pas si l’occasion se présentait. Le nain était couturé de cicatrices s’enchevêtrant avec une multitude de tatouages couvrant ses bras. Sa tenue vestimentaire, composée d’une tunique de fourrures et d’un pantalon en cuir, semblait assez banale au premier abord, même si un observateur attentif aurait sans doute relevé que ses bottes étaient faites de peaux de trolls tannées. S’il était venu à quelqu’un l’idée saugrenue de fixer le tueur, il aurait pu s’apercevoir du bandeau recouvrant l'œil droit de ce dernier; mais les clients tachaient à ce moment là de se faire le plus discret possible, et ne reprirent leur contenance que lorsque les étrangers prirent place à une table dans un coin de la vaste salle. Ces derniers se mirent à discuter à voix basse, veillant à ne pas être écoutés, même si en réalité personne n’osait même se retourner dans leur direction.

-Nous devrions poser quelques questions à l’aubergiste, commença le sorcier. Il ne refusera sûrement pas de renseigner des clients.

-Tu crois? coupa le tueur de trolls. Regarde ces gens, Magnus. Ils sont terrifiés. Tu as vu leurs têtes à notre entrée? Je pense plutôt qu’on devrait d’abord essayer de gagner leur confiance. Discutons un peu, offrons une tournée de bière aux habitués, ça détendra l’atmosphère. Après, nous essayerons de glaner quelques renseignements.

-Je serais d’accord avec toi dans tout autre cas, reprit le sorcier, mais la situation est trop urgente pour que nous puissions nous permettre de perdre d’avantage de temps.

Coupant court à toute discussion, Ulric, le guerrier humain, se leva tranquillement, sans prêter attention aux regards en coins de quelques clients affolés. Lentement, il se dirigea vers le comptoir, où il fit signe au tenancier d’approcher. Ce dernier, un homme d’âge moyen à la carrure d’un tonneau, accourut, et, toujours essoufflé, demanda d’une voix qui se voulait accueillante:

-Que puis-je pour vous?

-J’aimerais une de vos meilleures bières...Commença le middenheimer.

-Très bien, fit l’aubergiste, apparemment soulagé. Je vous l’apporte tout de suite, ajouta-t-il, toujours gêné par la présence de son interlocuteur.

-Un instant, fit ce dernier, donnant à ses paroles assez de force pour que l’aubergiste ne pense même pas à ne pas s’arrêter alors qu’il partait s’occuper de la commande. " J’aimerais avoir quelques renseignements sur la région, continua-t-il. On m’a dit que des choses louches se tramaient par ici, et j’aimerais en savoir plus. "

L’aubergiste semblait avoir perdu tout contrôle de lui-même, comme un enfant terrifié à l’idée de rester dans l’obscurité.

-Je...Je n’ai pas entendu parler de tels événements, parvint-il à bégayer avec difficulté. Je dois vous laisser, maintenant. D’autres clients me demandent. Je reviens dans un instant avec votre bière, ajouta-t-il, trop heureux de pouvoir mettre fin à cette conversation.

Sans bouger de sa place, Ulric fit un signe de la tête à ses compagnons, qui ne parurent guère surpris de la réaction du tenancier. Lorsque celui-ci revint, pourtant, plus sûr de lui, il glissa dans la main d’Ulric un bout de papier plié avec application. Surpris par ce geste, le barbare resta sans réaction quelques instants, avant de revenir vers sa table, sans chercher à comprendre ce qui venait de se passer.

-Tu aurais pu nous offrir à boire, commença le plus jeune des deux nains. Cette fichue mission ne doit pas nous empêcher de vivre, non?

Lui intimant le silence d’un geste autoritaire, Ulric sorti de sa poche le papier que lui avait donné l’aubergiste. L’expression surprise de ses compagnons indiquaient qu’ils ne s’étaient pas doutés une seconde de cet échange.

-Comme quoi, cette visite n’aura pas été inutile, commenta-t-il après sa lecture.

-On pourrait peut-être savoir ce qu’il y a écrit, déclara Skaggy, le tueur de trolls, à qui l’attitude mystérieuse de son ami ne plaisait pas du tout.

Le Middenheimer tendit alors le papier à ses compagnons. Sur celui-ci était griffonné, d’une main tremblante: " Venez après la fermeture, derrière le bâtiment. Je vous dirai ce que vous voulez savoir ". Pourtant, Skaggy ne semblait guère convaincu:

-Au mieux, il va nous raconter les légendes locales, dit-il. Vous croyez sincèrement qu’il va nous apprendre quelque chose de sérieux? A mon avis, on ne fait que perdre notre temps. On ferait mieux d’aller voir les autorités locales: s’il y a réellement un problème, le bourgmestre ne sera que trop content de se décharger de ses responsabilités sur nous.

-Ou bien il tentera d’étouffer l’affaire, en mettant ces rumeurs sur le compte de villageois superstitieux, coupa Iggy, le plus jeune nain. En discutant avec Ulric, l’aubergiste n’avait pas l’air tranquille. Il doit avoir vu quelque chose.

-Il faut l’espérer, conclut Magnus. De toute façon, il faudra attendre au moins deux bonnes heures avant la fermeture de la taverne. Je suggère que nous visitions la ville pendant ce répit.

Voyant qu’aucun de ses amis n’avait d’objections à faire, il se leva lentement avant de sortir de la taverne, ses compagnons lui emboîtant le pas au grand soulagement des autres clients.

 

Chapitre deux

 

Laarsburg n’était pas un endroit très vivant, et les quatre aventuriers n’aimaient guère le fait de s’y trouver. Situé au sud des monts du milieu, le village était fréquemment la cible de pillards vivants dans la forêt. La seule activité économique locale étant les nombreuses scieries à l’orée des bois, la vie des habitants avait un penchant très net pour la monotonie. La région elle-même n’avait rien d’engageante, malgré la proximité de la belle cité de Talabheim. L’hiver venu, la ville devenait même lugubre, les habitants ne sortant de leurs demeures que dans des situations d’urgence. Quant à ces derniers, les difficultés de leur existence leur ôtaient toute fantaisie. Même physiquement, ils semblaient tous identiques: trapus, très athlétiques, et généralement bruns, ils n’avaient pour tout dire pas grand chose en commun avec leurs voisins du Middenland, si ce n’est leur musculature.

Mais Markus le rouge, un des plus puissants sorciers de l’Empire, et le chef de l’ordre flamboyant, avait convaincu Skaggy et ses amis de se rendre dans ce hameau perdu au beau milieu de l’Empire, que des rumeurs persistantes tenaient pour centre d’une puissante activité démoniaque. Les quatre aventuriers n’avaient pas parus très convaincus par ces allégations, jusqu’à ce que Markus ne leur fasse jurer sur leur vie de garder le secret quant à cette mission. De toute façon, même s’il semblait peu probable qu’un adepte du chaos ait pu passer si longtemps inaperçu, moins d’un siècle après la grande guerre contre les forces du mal, la récompense offerte par le mage valait à elle seule la peine de se rendre sur les lieux. Mais l’expression de Magnus quand le maître de l’ordre flamboyant avait fait allusion à certaines puissances occultes laissait bien entendre que les rumeurs risquaient bien de se révéler vraies. A ce moment-là, il y aurait du grabuge, ce qui n’était pas pour déplaire à Skaggy, qui s’était vite lassé de ces investigations. Iggy, appelé en renfort par ses amis, avait même consenti à abandonner pour un temps sa place de chef de clan pour prêter main forte à ses camarades.

Pour l’heure, le petit groupe revenait vers la taverne, à présent plongée dans l’obscurité la plus totale. Derrière le bâtiment se trouvait une petite cour ou régnaient les mauvaises herbes. Quelques tonneaux s’entassaient dans un coin, où les attendait l’aubergiste. Il avait l’air plus serein que la dernière fois qu’ils l’avaient vu, même s’il semblait toujours méfiant, jetant des coups d'œil à droite et à gauche tout en leur parlant. Une lanterne à la main, il ne prêtait aucune attention au froid de la nuit.

- Pardonnez-moi de ne pas vous avoir proposé de passer la nuit dans mon établissement, commença-t-il. Je ne crois pas que les autres auraient apprécié... Je vous indiquerai une grotte à proximité du village, où vous pourrez passer la nuit à l’abri. Mieux vaut rester dehors. Ma famille ne doit rien savoir...

-Merci de votre aide, le coupa Magnus, masquant difficilement son irritation. L’attente avait été assez longue. " Mais nous tenions à vous rencontrer dans le but d’en apprendre plus sur les événements récents, et notre temps est compté... "

-Désolé, déclara l’aubergiste, toujours sur la défensive. Tout à commencé il y a un peu moins d’un an maintenant. Au début, ça n’arrivait que la nuit. Chaque soir, après le crépuscule, des hurlements venaient de la forêt. Au début, nous avons pensé à des bêtes sauvages... Nous avons mené une battue dans la forêt. C’est le prêtre, Jebediah, qui nous y incita. Ce fut un vrai massacre. Tout ceux qui virent quelque chose furent tués, si bien que personne ne sait réellement ce à quoi nous avons à faire. La plupart d’entre nous ne revint pas, surtout les jeunes, comme si ces maudites créatures n’avaient cherché qu’à nous priver de tous moyens de nous défendre...aujourd’hui, il ne reste que quelques hommes au village, et presque tous tentent de noyer leur terreur dans l’alcool...

 

Depuis, ça n’a plus cessé. Parfois, ce sont des enfants qui ont disparu au petit matin, et le prêtre prétend qu’ils se sont enfuis, jusqu’à ce que l’on retrouve leurs corps mutilés quelque temps plus tard. Personne ne se fait d’illusions. D’autres fois, ce sont des imprudents qui sont retrouvés, morts à même les rues du village.

Et Jebediah, qui prétend que seule notre foi peut nous sauver...Il a même fondé sa milice: mais au lieu de combattre les créatures, elle chasse les " mécréants ". Vous devez nous aider, je vous en supplie...

L’aubergiste paraissait maintenant plongé dans le plus profond désespoir, ne songeant plus guère à sa propre sécurité.

-Où pourraient se cacher ces créatures, selon vous? S’enquit Iggy, touché par la détresse apparente de son interlocuteur.

-A mon avis, elles ne peuvent venir que des souterrains abandonnés par les nains il y a quelques siècles de ça. C’est au nord, à une dizaine de lieues...il paraît qu’il y a un gigantesque réseau de tunnels, là-dessous. Maintenant, je dois partir. Si d’autres me voient là, je risque beaucoup. J’espère que vous réussirez de tout mon cœur. Tenez, voici une carte où est marqué l’emplacement de la grotte où vous pourrez prendre du repos. Je ne crois pas que les créatures n’en connaissent l’existence.

- Si Sigmar est avec nous, la prochaine fois que vous nous verrez, vos problèmes appartiendront au passé, déclara Ulric prenant un air aussi assuré que possible afin de calmer le pauvre homme. Et nous réglerons vos différents avec le prêtre...

Sur ces mots, les quatre aventuriers s’éloignèrent, disparaissant rapidement dans la nuit. L’aubergiste jeta un dernier regard aux alentours avant de rentrer chez lui rapidement, toujours inquiet de ce qui lui réservait le futur.

A suivre

 

 

La Quête d’Aclis

Prologue

 

Après la bataille de Finuval, les elfes d’Ulthuan étaient affaiblis. Tyrion et Teclis, grands vainqueurs de cette bataille avaient tous les deux trouvé leur place dans Ulthuan. Tyrion était devenu le champion de la Reine Eternelle et Téclis Grand Maître de la tour de Hoeth. Certes Tyrion menait toujours les armées au combat et Téclis voyageait toujours à la recherche de nouvelles connaissances mais les raids des elfes noirs se faisaient plus rares.

C’est au cours d’un de ces raids que Tyrion rencontra Irène Reine de Tor Kazaar, cité perdue entre la forêt d’Avelorn et Ellyrion. Irène et son ost étaient tombés en embuscade. Des elfes noirs les avaient surpris à la sortie de la forêt d’Avelorn. Tyrion en excursion avec son armée se rendait à Chrace. Il avait été chargé d’escorter Korhil Capitaine des Lions Blancs jusqu’à la cour de la Reine Eternelle. C’est en chemin que l’armée de Tyrion rencontra Irène. Son ost était en difficulté. Les elfes chargèrent les elfes noirs pour venir en aide à Irène. Ce fut un carnage épouvantable qui s’en suivit, l’épée de Tyrion, "Croc du Soleil" tranchait les enfants de Nagaroth par dizaines. Bientôt les elfes noirs furent submergés par le nombre et anéantis. Tyrion raccompagna Irène à Tor Kazaar et tomba sous son charme, ils se marièrent et naquit de leur union Aclis.

Des années passèrent et Aclis était maintenant adulte. Respecté de tous Aclis avait les talents de son père au combat et le don de la magie lui venant de sa mère. C’est alors qu’Aclis se mit en route pour une grande quête de plusieurs années...

 

Episode 1 : Griffes d’or, épée sacrée d’Ulthuan

 

La Quête d’Aclis commença à Saphery plus précisément à la tour de Hoeth où il rencontra Teclis son oncle. Il séjourna à Hoeth deux ans, où il apprit à se servir de la magie comme jamais personne ne l’avait su le faire auparavant à par Teclis. Teclis sentait en Aclis des pouvoirs surhumains qui dépassaient complètement son imagination. Après avoir fini son séjour à la Tour, il alla rejoindre les maîtres des épées. Pendant un an il apprit à manier la lourde épée elfique à double tranchant. A la fin de son apprentissage il savait manipuler l'arme à deux mains mieux que quiconque. Il avait été entraîné personnellement par Hallar le capitaine des Maîtres des épées qui lui avait d’ailleurs proposé de faire partie de la garde d’élite des maîtres des épées. Aclis lui répondit que c’était un honneur mais qu’il devait finir sa quête. Aclis refusa donc et repartit pour se diriger vers Yvresse.

En chemin pour Yvresse lors de la traversée d’un col, Aclis put voir une petite ouverture dans la montagne, il s’en approcha, quand soudain une force mystérieuse le repoussa de l’entrée de la grotte. Aclis vit alors apparaître son double. Le fantôme prononça ces mots : "Es-tu digne de la lame sacrée ?". Aclis n’eut pas le temps de répondre, son double courait dans sa direction l'arme à la main. Aclis sortit à son tour sa lame et eut juste le temps de parer le coup mortel que son adversaire voulait lui assigner. Dans un fracas énorme les deux épées s’entrechoquèrent. Le combat commença. Pendant un long moment il semblait qu’aucun des deux combattant ne prenait le dessus, une fois, Aclis parait une autre fois, c’était son double, les coups étaient portés avec une vitesse hallucinante. C’est alors qu’en reculant Aclis tomba en trébuchant sur une pierre, son double brandit son épée pour lui asséner le coup fatal, mais Aclis exécuta une botte rapide que lui avait enseigné Hallar et réussit à percer le cœur de son double. Aclis en profita pour se relever et d’un coup puissant trancha la tête de son adversaire. Le fantôme dans un cri de douleur se transforma en fumée et s’évapora.

Aclis rangea son épée et s’avança de nouveau vers l’ouverture, il enleva quelque pierres qui barraient le passage et entra. A l’intérieur il avait un long tunnel qui descendait sous terre.

Aclis le traversa et arriva dans une grande salle remplie de lumière. Il se demanda d’où venait cette lumière, puisque la salle dans laquelle il se trouvait se situait à dix mètres sous terre. C’est alors qu’Aclis aperçut l’épée sacrée, elle resplendissait de runes sacrées et magiques. Cette lame avait été forgée sur l’enclume de Vaul il y a des années, c’était un héritage des hauts elfes, elle était faite d’or et était d’une puissance incomparable, un simple mortel n’aurait pas pu supporter sa puissance mais Aclis avait la bénédiction d’Asuryan avec lui. Aclis s’en approcha et repensa à ce que son double lui avait dit "Es-tu digne de la lame sacrée?", Aclis attendit un moment et enleva de la pierre l’épée sacrée. Il sentit soudain monter en lui une puissance immense, une lumière blanche se mit à tourner autour de lui et l’épée s’illumina. Aclis resta une nuit entière dans la grotte jusqu’à ce que le pouvoir de la lame fusionne avec lui, après quoi il en sortit. Une fois dehors Aclis sentit passer sur sa peau l’air froid des montagnes, les vents lui murmuraient beaucoup de choses, ils disaient qu’il était l’élu qu’il sauverait Ulthuan des raids ennemies ... Aclis avait acquit des pouvoirs qui dépassaient totalement l’imagination les elfes, tout le monde pensait que l’histoire de l’épée sacrée était une légende mais Aclis venait d’en prouver le contraire. Aclis reprit finalement le chemin pour Yvresse avec griffes d’or, l’épée sacrée d’Ulthuan...

 

La Quête d’Aclis

épisode 2 : De Eataine à Caledor

 

Aclis se dirigeait maintenant vers Eataine. Sur le chemin, il se posait beaucoup de questions à propos de l’épée mystérieuse ,"D’où venait le pouvoir surnaturel que dégageait griffes d’or?", "Comment se faisait-il que personne n’ait encore trouvé cette lame si puissante ?". Aclis était tellement préoccupé par ces questions qu’il ne vit pas les assassins elfes noirs arriver sur lui, c’est un bruit de craquement de branche derrière lui qui le fit réagir. Aclis se retourna, sortit son épée de son fourreau et trancha net trois des assassins. Sept autres se précipitèrent vers lui arme empoisonnée à la main. Des gardes maritimes de Lothern voyant la scène de loin se dépêchèrent de venir en aide au valeureux elfe. Lorsqu’ils arrivèrent il était déjà trop tard les dix assassins elfes noirs gisait sur le sol décapités. Les gardes maritimes furent étonnés de voir que le jeune guerriers s’en était sortit à dix contre un sans séquelles. Ils lui proposèrent de l’accompagner jusqu’à Eataine et se mirent en marche. Une fois là-bas Aclis se rendit à la cour du Roi Phénix et rencontra le Roi Phénix en personne. Avant de partir pour Caledor, Aclis se vit remettre par le Roi Phénix une dague en argent incrustée de pierres précieuses et il chargea un des ses hommes de le conduire en char jusqu’à Caledor.

Après un long jour de route Aclis arriva enfin à Caledor, il se rendit à l’Echine du dragon et ce qu’il peu en voir le laissa sans voix. La terre des dragons brûlait d’un feu effrayant, les terres et les forêts avaient été ravagés par les incendies, mais qu’est-ce qui avait provoqué ce feu meurtrier. Aclis marcha un peu. Sur le chemin une multitude de corps calcinés gisaient sur le sol. Aclis arriva enfin à un village, il semblait désert, cependant une jeune femme s’avança vers lui surgit de l’ombre. Elle lui dit de partir, que la ville était maudite par les dieux... Aclis ne comprit pas et demanda à la femme qu’est-ce qui était à l’origine des incendies. La femme lui répondit que c’était le dragon qui avait tout ravagé et que si il voulait rester en vie il devait partir très vite. Avant de partir elle lui dit que le dragon était plus au Sud, puis sans un bruit elle disparut.

 

Aclis comprit que ce dragon semait la terreur là où il passait et que personne ne pouvait l’arrêter, les princes dragons étaient partis stopper un raid à la Porte du Griffon et ne seraient pas là avant deux jours. Aclis prit donc la décision d’arrêter ce fléau qui hantait tant les habitants de Caledor et partit donc à la recherche du dragon.

Le premier jour il ne trouva rien à part quelques corps mutilés. Il s’endormit le soir dans une clairière à la lumière de la Lune. A son réveil Aclis se dirigea vers le Sud comme lui avait averti la femme, c’est alors que la chance tourna.

Sur le sol des empreintes fraîchement faites laissaient voir que le dragon était passé par là il y avait peu de temps. Aclis suivit les traces laissées par la bête et finit par arriver dans une grande plaine. Il scruta le ciel mais n’aperçut pas le dragon, ni dans les airs, ni sur la terre. Aclis, épuisé, s’adossa un moment contre un arbre pour se reposer, c’est alors que la plaine devînt en un instant sombre comme si une éclipse se produisait. Aclis se releva et vit le dragon : il était immense, il devait mesurer vingt-cinq mètres de long et crachait un feu d’une chaleur épouvantable. Le dragon aperçut Aclis et fondit sur lui comme un aigle fondant sur sa proie. De son souffle enflammé le dragon incendia Aclis qui sentit monter en lui une douleur telle qu’il poussa un cri d’horreur que l’on entendit jusqu’à Tiranoc. Aclis était calciné et sentait son sang bouillir en lui, quand soudain une lumière blanche comme celle de la caverne où il avait déterré l’épée sacrée l’entoura. Ces blessures et ses brûlures disparurent et sa peau jeune et éclatante se reforma. Aclis avait reçu la bénédiction d’Asuryan et le feu même le plus chaud ne pouvait l’affecter. Il sortit son épée de son fourreau et fit jaillir de griffes d’or une boule de feu crépitante qui frappa avec une force inouï le dragon en plein visage. Le dragon sous la force du coup tomba à terre et s’écroula. Dans un dernier effort il tenta d’envoyer un souffle sur Aclis mais le jeune héros ne sentit strictement rien, il brandit son épée et la planta dans le front du dragon qui succomba au coup. Le dragon s’éteignit dans la plaine faisant le festin des charognards.

Aclis prit la route de la forteresse de Caledor où il trouva les princes dragons rentrés de leur bataille, ils avaient été victorieux. Les princes dragons avaient été mis au courant du geste héroïque d’Aclis et lui offrirent avant son départ le dernier dragon de la lignée de Dirigarn, le plus puissant des dragons. Aclis partit en direction de Tiranoc pour un nouvel apprentissage...

Le destin de Galadel

 

Galadel monta les marches qui menaient a la tour du roi sorcier Malekith. Il se demandait pourquoi son roi voulait le voir. Arrivé en haut des marches il vit Kouran, le chef de son ordre. Peu après il fut introduit auprès de Malekith ; juché sur son immense trône son roi le toisa et dit :

-"Comme tu dois le savoir Kouran est ton supérieur hiérarchique. C’est le chef des gardes noirs, qui sont mes gardes du corps pendant la bataille. Tu as formulé le souhait de devenir garde noir n’est-ce pas ?

- Oui, mon roi.

- Alors tu vas être content, tu seras parmi les gardes noirs qui m’accompagneront dans ma campagne pour faire " partir " les Hauts Elfes de nos terres. Acceptes-tu ?

- Ce serait un honneur pour moi, Ô mon roi.

- Bien, alors prépare toi nous partons demain matin. Kouran, veille à ce qu’il reçoive son équipement.

Pendant que Kouran et Galadel redescendirent les marches Galadel ne put s’empêcher de poser une question :

- Mais au fait je n’ai pas reçu ma formation je ne sais pas bien me battre. Je vais rapidement mourir dans la bataille moi !

Kouran éclata de rire et lui répondit :

- Tu apprendras vite ; plus vite que tu ne le pense.

Le lendemain l’armée du Roi Sorcier quitta Naggarond la capitale de Naggaroth. Galadel se sentait heureux. Deux semaines plus tard l’armée Hauts Elfes et l’armée Elfe noir se retrouvèrent face-à-face. L’armée Haut Elfe était imposante toute bariolées de blanc et de couleurs vives, tandis que l’armée Elfe Noire formait une masse sombre.

Les Elfes Noirs se déployèrent selon les instructions de Malekith. L’armée Haut Elfe quand à elle dirigée par le cousin du roi Phénix qui n’était autre que Galadriel.

Malekith possédait cinq régiments d’arbalétriers équipés de la fameuse arbalète à répétition, d’une centaine d’hommes chacun, d’un régiments d’exécuteurs D’Har Ganeth composé d’une cinquantaine de ces barbares, de trois régiments de cavaliers elfes noirs montés sur sang-froid d’une quarantaine de cavaliers chacun, d’un régiments de furies qui étaient en train de boire leur potion qui les rendaient frénétiques, et de la garde noire du roi composée de vingt-cinq hommes dont Galadel et Kouran. Sans compter les monstres et les balistes à répétition, ainsi que les sorciers maléfiques.Au début de la bataille un dragon Haut Elfe fonça vers Malekith ; les gardes noirs se massèrent à côté de leur roi pour essayer de le protéger mais, leur roi d’un geste de la main foudroya le dragon qui s’écrasa sur le cavaliers de son camp. Galadel fut estomaqué par cette démonstration de puissance de le part de leur roi. Malekith fonça sur son char tiré par deux sang-froid sur les guerriers Hauts Elfes. L’armée Elfe noire suivit son chef et, galvanisée par leur roi chargea l’armée ennemie. Galadel donnait des coups dans tout ce qui était blanc et essayait de ne pas toucher tout ce qui était noir. Le général ennemi chargea Malekith qui blessé par une lance se tordait de douleur. Galadel vit qu’il était le seul a pouvoir défendre son roi. Il planta sa lance dans le flanc du cheval de Galadriel qui mourut sur le coup (le cheval, hein pas Galadriel). Galadriel, fou de rage car ce cheval lui avait était donné par son père avant sa mort, se rua sur Galadel et cassa la hallebarde du garde noir en moins de deux. Le pauvre Galadel sans arme tenta d’étrangler Galadriel mais une furie voyant du blanc fonça et se mit à frapper sans regarder où. Galadel ressentit une vive douleur, puis s’évanouit. Galadriel tua la furie mais, Malekith qui avait repris ses esprits pulvérisa d’un éclair de magie noire Galadriel qui mourut sur le coup. Voyant cela l’armée Haut Elfe prise de panique se rendit.

Alors, Malekith voyant que Galadel allait mourir, prit le général ennemi, mit la main sur sa figure carbonisée et prononça :

-" En ta mémoire Galadel toi qui m’a sauvé la vie pour y laisser la tienne je damne l’âme de cet Haut Elfe. Que mille tourments lui soit infligé pour l’éternité et que toi Galadel puisse trouver le repos en sachant que je t’ai vengé."Ce furent les derniers mots qu‘entendit Galadel avant de rejoindre Khaine, son dieu.

 

Le Drakkar Maudit

 

<< 7ème jour de la Nouvelle Lune, an de grâce 876 du Calendrier Impérial .

Voilà trois jours que nous avons quitté le port de Marienburg, et le temps ne s'est pas arrangé depuis notre départ. La mer est démontée et c'est avec beaucoup de mal que nous parvenons à garder notre cap. La nuit dernière, un homme est tombé à l'eau et s'est noyé, et la tempête a déchiré presque entièrement notre grande voile. Je commence à croire comme mon équipage que le sort s'acharne sur nous. Transporter un cadavre sur un bateau porte malheur, c'est bien connu ; mais quand cet étranger m'a proposé une pleine bourse de pièces d'or pour effectuer ce voyage, je n'ai pas su résister. A présent les Dieux de la mer se déchaînent sur mon navire et je redoute une mutinerie ; l'étranger quant à lui ne parle à personne et reste enfermé tout le jour dans sa cabine. Il ne sort que le soir, pour prendre le frais sur le pont, mais il demeure silencieux et son visage est réellement inquiétant. Hier il a demandé à descendre dans la cale pour voir si le cercueil était toujours bien arrimé ;

aucun homme n'a voulu l'accompagner pour l'éclairer. Je ne sais combien de temps durera ce voyage, mais je suis certain qu'il sera le pire de tous ceux que j'ai jamais faits.>>

Le capitaine posa sa plume sur la table et referma le journal de bord. La tempête soufflait au-dehors avec une force accrue, et il semblait à chaque instant que le navire allait être fracassé par la puissance des vagues. Le soir tombait, et il sortit de sa cabine pour donner ses derniers ordres pour la nuit.

Sur le pont balayé par les trombes d'eau, accroché au bastingage, le mystérieux passager semblait ignorer la tempête et regardait fixement l'horizon. Le capitaine lui jeta un regard noir que l'étranger ne parut pas remarquer, puis s'éloigna d'un pas vif.

_ " Holà matelot! cria-t-il à un de ses hommes d'équipage. Que fais-tu là? Tu devrais être dans le nid-de-pie depuis une heure!

_ Par ce temps? Sauf vot' respect, capitaine, je tiens pas à suivre le pauvre Heindrich au fond de l'océan. De toute façon, on y voit pas à dix mètres et ça servirait à rien.

_ Tu refuses d'obéir aux ordres?" Sa voix était montée d'un ton et se faisait menaçante. Le matelot savait que sa rébellion pouvait lui coûter cher, mais sa résolution était ferme et définitive. D'autres marins s'approchèrent, et commencèrent à entourer leur capitaine. "Qu'avez-vous tous? Vous osez vous mutiner?

_Que non, capitaine, répondit le marin qui avait refusé de monter dans la voilure. Mais nous ne voulons plus continuer avec ce macchabée dans les cales du navire. Il faut le balancer à la mer sans quoi..."

L'homme n'eut pas le temps de finir sa phrase. Comme si la malédiction prenait tout à coup réalité, un grand choc ébranla le voilier et tout l'équipage fut projeté sur le pont. Avant que quiconque ne comprenne ce qui était arrivé, une horde hurlante de guerriers surgirent de la brume, arme au poing. C'étaient des pirates Nordiques qui avaient profité du mauvais temps et de l'absence de vigie pour surprendre leurs victimes et dont le Drakkar avait éperonné violemment le navire des hommes de l'empire. Le combat fut aussi bref que sanglant, et en quelques minutes le capitaine et les vingt membres d'équipage furent impitoyablement massacrés. Le passager n'échappa pas à la tuerie, et fut jeté par dessus bord avec les cadavres des marins.

_ "Beau travail, mes gars! cria Olaf, le chef Nordique. Je sens que ce navire doit transporter une belle cargaison! Arrimez solidement le drakkar, vous autres, pendant que je descends dans les cales. Vous quatre, venez avec moi", ordonna-t-il.

Pendant que leurs compagnons s'affairaient à attacher les deux bateaux ensemble, Olaf et ses marins descendirent l'escalier de bois qui menait dans la soute. Bientôt, ils découvrirent une porte solidement cadenassée et firent sauter le verrou à coups de hache.

Au centre de la petite salle qu'ils venaient d'ouvrir était posé un grand cercueil de bois noir, richement décoré, dont les poignées d'or scintillaient sous la lumière vacillante des flammes de leurs torches.

_ " Par Odin, lança un des pirates, j'ignorais que les hommes du Sud transportaient leurs morts par bateau!

_ Ce devait être quelqu'un d'important, fit un autre.

_ L'important, Gustav, ce n'est pas la carcasse qui repose là dedans mais les trésors qui l'accompagnent! Aidez-moi à l'ouvrir, il doit y avoir pas mal de bijoux à l'intérieur!"

Les cinq hommes tentèrent de soulever le couvercle qui fermait le cercueil mais malgré tous leurs efforts ils ne purent y arriver. Olaf, fasciné par les magnifiques ornementations dont était paré le cercueil ordonna à ses hommes de le transporter dans le drakkar pour l'ouvrir et le dépouiller de ses trésors plus tard. Le reste de la fouille des cales ne donna rien, et les pirates ne trouvèrent que quelques pièces d'or dans la cabine du capitaine ; ce n'était qu'un petit vaisseau de commerce et le butin n'était guère important.

Les hommes du Nord regagnèrent leur embarcation après avoir mis le feu au navire impérial et bientôt ce dernier ne fut plus qu'un petit point lumineux s'éloignant à l'horizon, emporté par les courants.

Les pirates ne festoyèrent pas ce soir là comme ils avaient l'habitude de le faire après un pillage. La maigre prise qu'ils avaient faite ne les avait pas mis de bonne humeur, d'autant qu'à l'ordinaire les navires commerciaux contenaient toujours un ou deux tonneaux de vin, ce qui n'était pas le cas ce jour-là. Le mystérieux cercueil fut confié à Erik, le charpentier du bord, après quoi les hommes de quart se mirent à leurs postes tandis que leurs compagnons allaient se coucher dans la chambre commune.

Olaf dormit mal cette nuit-là. Il fit quelques cauchemars - ce qui ne lui arrivait jamais - et rêva que quelqu'un pénétrait dans sa chambre, s'approchait de son lit et se penchait sur lui pendant son sommeil. Plusieurs fois il se réveilla en sursaut, baigné de sueur, en proie à une terreur inexplicable. Lui qui n'avait jamais reculé devant les pires ennemis qu'il avait affrontés ressentit profondément la peur, seul dans sa cabine.

Le lendemain la mer s'était enfin calmée, mais un épais brouillard entourait désormais le bateau. Il fallut un certain temps avant que l'on s'aperçoive qu'Erik le charpentier manquait à l'appel. Tous ses compagnons le recherchèrent, persuadés qu'il s'était endormi quelque part, ivre comme à son habitude, mais il resta introuvable. L'équipage en conclut qu'il devait être tombé à l'eau pendant la nuit et abandonna tout espoir de le revoir vivant. Le reste du jour se passa normalement, et pourtant Olaf sentit un malaise s'installer parmi ses hommes. Les marins étaient nerveux, et plusieurs bagarres éclatèrent dans la journée; le chef Nordique fit enchaîner les perturbateurs à fond de cale et le reste des hommes se calma.

La nuit suivante, plusieurs pirates furent éveillés par des hurlements qui semblaient provenir de l'intérieur du drakkar. Personne n'osa cependant se lever et les cris cessèrent en quelques secondes. Quand l'aube reparut, Olaf envoya Thorvald, son second, donner à manger et à boire aux hommes qui étaient enchaînés et qu'il avait décidé de laisser emprisonnés trois jours. L'homme revint presque aussitôt, l'air inquiet.

_ "Je leur ai donné de quoi se nourrir mais ils ont un drôle d'air. Ils ne m'ont pas dit un mot et leur regard était assez bizarre.

_ Ils ont dû mal dormir avec tous les rats que nous transportons dans le navire, répondit Olaf. Bah, ils n'en seront que plus obéissants en sortant de là!"

La persistance du brouillard empêchait tout calcul de navigation et le drakkar dérivait au gré des vents, ce qui avait le don d'exaspérer Olaf qui n'aimait rien moins que de perdre son temps. Les pirates désœuvrés jouaient aux dés ou dormaient. Quand vint le soir, le capitaine nordique sortit de sa cabine et alla s'asseoir non loin de ses hommes qui avaient entonné une chanson.

Il n'avait pas pour habitude de se mêler ainsi le soir à son équipage mais ses cauchemars des nuits précédentes l'empêchaient de trouver le sommeil ; pendant la journée, pour s'occuper, il avait tenté d'ouvrir le cercueil avec les outils d'Erik mais malgré tous ses efforts il n'était même pas arrivé à entamer le bois du couvercle. Quelque chose d'anormal était lié à ce cercueil, et Olaf s'en serait bien débarrassé si sa cupidité ne l'avait poussé à le conserver pour l'ouvrir une fois à terre et le vider de ses hypothétiques trésors.

La nuit vint, et alors que tous s'apprêtaient à aller se coucher on entendit un grand cri à l'arrière du bateau. Quelques hommes accoururent et trouvèrent Thorvald étendu sur le pont, inconscient. Lorsqu'il ouvrit les yeux il fut dans un premier temps incapable de répondre aux questions de ses compagnons, tant il était paniqué ; puis, peu à peu, il revint à la raison et fut en état de dire ce qu'il lui était arrivé :

_ " J'ai été attaqué par quelque chose, une ombre immense.

_ Nous étions tous à l'avant et personne ne s'est éloigné, fit Olaf, énervé.

_ Je n'ai pas dit quelqu'un, j'ai dit quelque chose! Quelque chose qui n'était pas humain !"

Le silence se fit autour du blessé. La première réaction fut de penser que Thorvald était encore sous le choc d'un quelconque malaise, et cependant tous ne purent s'empêcher de laisser un moment leur imagination vagabonder. Les légendes qui circulaient sur les monstres marins et les créatures maléfiques étaient nombreuses dans le peuple nordique, et tous y croyaient plus ou moins, sans pour autant qu'elles eussent une importance démesurée dans leur vie quotidienne. Thorvald fut momentanément mis à l'écart et ses compagnons ne s'occupèrent plus de lui de toute la soirée.

Olaf avait regagné sa cabine et s'apprêtait à aller se coucher quand quelqu'un frappa à sa porte. C'était Heimdall, le marin qu'il avait chargé à la place de Thorvald d'apporter le repas du soir aux hommes qui étaient à fond de cale. L'homme était très pâle et la peur se lisait sur son visage.

_ " Capitaine..., commença-t-il, ils ont disparu...tous.

_ Qui ça?

_ Les hommes qui étaient aux fers. J'étais allé leur porter leur repas et je n'ai trouvé que leurs chaînes sur le sol. Regardez, elles ont été forcées." Il lui tendit une chaîne crasseuse au bout de laquelle pendait une entrave tordue.

_ " Qui a pu faire ça? Il n'y a pas d'outil assez solide pour cela sur ce drakkar." Le chef Nordique se parlait à présent à lui-même. De vielles légendes lui revinrent soudainement à l'esprit, des histoires que lui racontaient les vieux de son village sur des êtres doués d'une force prodigieuse, qui habitaient loin dans le sud et qui continuaient à vivre après leur mort, s'attaquant aux Vivants et les éliminant impitoyablement. Un détail lui revint subitement en mémoire, un détail d'une importance capitale : ces êtres sortaient la nuit et passaient la journée couchés dans...

_ " Le cercueil ! s'écria-t-il. Nous sommes perdus!"

Il était trop tard. Les hurlements des hommes attaqués pendant leur sommeil retentirent à l'extérieur de la cabine. Sous le regard perplexe de Heimdall qui n'y comprenait rien, Olaf se rua sur la porte qu'il ferma à double tour, puis il s'empara d'une chaise et la fracassa sur une table. Ramassant un des pieds du siège démoli, il entreprit nerveusement d'en tailler l'extrémité en pointe à l'aide de son coutelas.

_ " Fais comme moi, imbécile, c'est notre dernière chance!"

A l'extérieur on entendait des grattements et des coups contre la porte, ainsi que d'effrayants sifflements. Serrant de toutes ses forces son épieu entre ses doigts, Olaf attendait l'ultime assaut. Bientôt les coups se firent plus appuyés, ébranlant tout le navire, et soudain les deux derniers pirates survivants virent avec horreur la porte voler en éclats. Les visages grimaçants de leurs anciens compagnons apparurent dans l'ouverture, mais aucun d'eux ne s'aventura à l'intérieur de la cabine. Puis les rangs des assaillants s'ouvrirent, laissant passer un personnage de haute stature, vêtu entièrement de noir et portant une longue cape doublée de vermeil.

Son sourire maléfique laissait apparaître deux crocs acérés couverts de sang, et son teint livide faisait ressortir ses yeux d'un rouge de braise. Olaf se sentit subjugué par le regard étrange de la créature, et peu à peu sa volonté l'abandonna. Doucement, ses doigts s'entrouvrirent, laissant glisser l'épieu de bois qu'il avait en main. Sa dernière vision de mortel fut celle du vampire se penchant sur lui pour boire son sang.

Luther Harkon rendit la longue-vue à l'un de ses serviteurs. La côte qui venait d'apparaître à l'horizon semblait recouverte d'une végétation luxuriante que le vampire n'avait jamais vue au cours de sa longue existence.

C'était un continent nouveau, plein de promesses de richesses et de conquêtes, vers lequel le Drakkar avait dérivé pendant de longues semaines. Un empire de morts-vivants allait pouvoir naître sur ces terres inconnues.

 

Le Jour de Grimnir

Chapitre 1

 

Dans sa salle de travail, Lorindil ne cessait de relire un long parchemin. Le message portait encore le sceau du Roi Phénix. Finubar avait donc jugé utile de l'informer de la nouvelle: plusieurs forteresses naines, dont Karaz A Karak, la capitale naine, s'étaient regroupé sous la bannière d'une confédération. Poussés par leur rancœur envers bon nombre de leurs ennemis, souhaitant faire renaître leur vieil empire, les naugrims menaient des expéditions punitives contre les Peaux Vertes, les Skavens, et toutes autre armée maléfique qui avait le malheur de croiser leur chemin. Rien de bien inquiétant, à priori. Seulement voilà: plusieurs bandes s'en étaient pris aux Bretonniens. Suivant aveuglément leur rancune, ils pillaient les avant-postes humains, décapitaient les taverniers accusés de vol de Bugman, lynchaient tous les brigands.

Le Roi Louen Cœur de Lion parvenait avec peine à raisonner ces vandales. Cependant leur soif de vengeance ne s'était pas calmée pour autant. Les bandes s'étaient réunies près de Parravon et marchaient sur Athel Loren, le royaume forestier des Elfes Sylvains.

Comment ne pas ignorer cet avertissement? Pensa Lorindil. Le maître mage connaissait bien les nains pour avoir voyagé autrefois dans le vieux monde. Il avait visité le royaume secret des Elfes Sylvains, vu leurs clairières sacrés, guidé les plus hauts mages sur l'utilisation de la Haute Magie, mais aussi assisté à plusieurs affrontements contre des pillards.

<< Les Elfes de Loren résisteront, commenta-t-il à voix haute, brisant le silence de sa tour.>>

Le Roi Phénix jugeait cependant l'affaire de la plus haute importance. D'après ce dernier, les royaumes orientaux d'Ulthuan, particulièrement exposés aux flottes ennemies venant du Vieux Monde, pouvaient à tout moment être pris pour cible par ces fanatiques.

Lorindil se remémora ce qu'il avait appris sur la longue et cruelle guerre de la Barbe. Une terrible histoire de vengeance et de haine inspirée à l'origine par une ruse des Elfes Noirs. D'après les chroniques d'Ulthuan, les Nains estimèrent avoir gagné la Guerre avec la mort du Roi Phénix Caledor. La couronne des Rois Phénix trônait désormais bien en évidence dans la salle du trésor de Karaz A Karak. Théoriquement, les Nains n'avaient plus aucune rancune contre les Elfes. Mais comment faire confiance à cette bande de pillards? Le Grand Livre des rancunes comporte de nombreuses petites rancœurs personnelles. Ces petits serments justifiaient à eux seuls la préoccupation de Finubar.

Aussi avait-il décider d'affecter son meilleur ambassadeur auprès des Confédérés Nains. Lorindil, Grand Maître de la bibliothèque de Tor Yvresse, reçut donc l'ordre de se rendre au plus vite auprès du seigneur Kundïn, chef officiel de la Confédération des Nains.

Toute contestation d'un ordre royal étant inconcevable, Lorindil décida de stopper toute affaire en cours afin de se rendre au plus vite dans le Vieux Monde.

Accoudé au garde-fou du Vaisseau-Dragon, Lorindil regardait rêveusement la mer d'huile que l'immense navire tranchait lascivement. L'embarquement avait eu lieu deux semaines plus tôt. Profitant du départ d'un contingent Haut Elfe en direction de Brionne, Lorindil et son escorte de Maîtres des épées avaient pris la mer pour la traversée de la Mer du Chaos. En cette belle journée d'été, lui et le champion de sa minuscule garde prétorienne attendaient passivement que sonne l'heure du déjeuner.

<<Messire, demanda le champion, devrons-nous mener un long voyage à travers le Vieux Monde?

- Je le crains, Gaëlen, répondit le mage. Nous devrons traverser entièrement la Bretonnie et l'empire avant de rejoindre les principales forteresses confédérées naines.

- L'idée d'un conflit ne nous réjouit guère, nous autres, se hasarda le champion.

- Je sais, Gaëlen, moi non plus. Personne en Ulthuan ne voudrait d'une seconde Guerre de la Barbe.>>

Une immense gerbe de vapeur émergeant de l'eau interrompit leur discussion. Dans un roulement de tonnerre, une immense créature émergea de l'océan, s'éleva au-dessus des eaux, avant de replonger dans les profondeurs. Le monstre marin, semblable à une immense baleine dotée de nageoires de raies, laissa derrière elle un immense remous. Le navire, telle une coquille de noix, fut fortement ébranlé, avant de finalement se stabiliser au grand soulagement de ses passagers.

<<Par Isha! jura Lorindil. Qu'est-ce que...

- Un mégalodon, monseigneur, l'informa un contremaître au fort accent Cothique. Ils sont en pleine période de reproduction, c'est pour ça qu'ils jaillissent ainsi hors de l'eau.

- J'espère que cette chose ne nous a pas pris pour un compagnon... Ironisa Gaëlen.

- Pour ça non, pas de risques! les rassura le marin. Ils ont trop peur des harpons... Puis, se retournant, il leur montra du doigt l'énorme baliste installée à l'avant du navire.>>

Naviguer dans une mer infestée de Mégalodons ne relève pas d'un voyage d'agréments, aussi de nombreux mariniers se relayèrent jour et nuit pour prévenir toute collision.

Lorsque quelques jours plus tard, la côte de Bretonnie apparût enfin, Lorindil ne put s'empêcher de souffler de soulagement.

L'arrivée d'un navire elfique reste dans les ports humains un spectacle rare et fascinant. Une foule de curieux se rassemblèrent ainsi sur le quai alors que le bateau manœuvrait son amarrage. Un groupe de chevaliers se firent même un point d'honneur d'accueillir les elfes d'Ulthuan. Malgré la cohue de débarquement, Lorindil et sa douzaine de Maîtres des Epées parvinrent à sortir du port, sous la garde respectueuse de cinq grands chevaliers paladins.

<<C'est un honneur, Ô noble seigneur d'Ulthuan, de vous recevoir en notre Royaume de Bretonnie... Salua leur chef dans un langage ampoulé. Mais auriez-vous la bonté, noble mage, de daigner rencontrer le maître de ces lieux?>>

Lorindil accepta. Son rôle d'ambassadeur nécessitait assurément cette entrevue. Le petit groupe de chevaliers conduisit les elfes vers une imposante forteresse, au centre de la cité. Sur leur passage, les foules se pressaient, et des milliers d'humains au regard étonné suivaient avec le plus vif intérêt cette petite procession.

Arrivé dans le palais, les Maîtres des Epées reçurent l'ordre de rester à l'entrée. Accompagné de deux paladins, Lorindil traversa des salles décorées de simples fresques et tapisseries médiévales avant d'entrer dans une sombre pièce, éclairée par des chandelles.

<< Seigneur Lorindil! S'exclama une voix faible et chevrotante. Un vieil homme aux cheveux blancs et au dos voûté se leva difficilement de son siège.

- Mandorallion! S'exclama Lorindil. Le souvenir de ce vieil ami lui revint soudain. Mais, comme tu as...

- Vieilli, l'interrompit-il. Hélas, je reste un mortel. Mais dis-moi, que deviens-tu depuis notre dernière rencontre, il y a près de cinquante ans, n'est-ce pas?

- Eh bien, la routine. j'ai combattu les armées de Grom la Panse avant d'étudier les arcanes de la magie pendant quarante courtes années.

- Quarante courtes années... Médita, d'un air envieux, le vieil homme. Mais dis-moi, que fais-tu ici? Toujours à la recherche d'Elfes Noirs à combattre?

- Non! Lorindil s'esclaffa au souvenir de ses premiers voyages dans le Vieux Monde. Le temps où moi et Eltharion traquions ces vermines est révolu...

- Tant mieux! Car vois-tu, le preux chevalier du Graal qui te guida dans ta tâche il y a cinquante ans est devenu bien trop vieux pour courir de nouveau le monde...

- Mandorallion, le Roi Phénix m'envoie comme ambassadeur auprès des Nains.

- Ho! Ceux-là! Pesta le vieil homme, tout en se rasseyant.

- Que se passe-t-il vraiment?

-C'est ce Kundïn! s'exclama-t-il. un fanatique avide de sang, un vrai avatar pour les Peaux-Vertes. Il y a quelques mois, il a décidé de venger sa race et de reconstituer le vieil empire nain.

-Depuis, les Montagnes du Bord du Monde sont en guerre perpétuelle contre tout ce qui dépasse les un mètre vingt. Certains de ses nains en ont même profité pour attaquer les châteaux situés à l'est du royaume.

- La situation semble préoccupante...

- Pour l'instant, Louen Cœur de Lion ferme les yeux, une guerre ne ferait qu'affaiblir nos deux royaumes et favoriser l'émergence des serviteurs des Dieux Noirs, mais il faut impérativement que cela cesse au plus vite!

- Ne t'en fais pas, je suis sûr que j'arriverai à calmer le jeu! Ce Kundïn ne m'a pas l'air d'un vieux tueur de trolls borné!

- Je te le souhaite, Lorindil, je te le souhaite...>>

L'entrevue se termina dans la plus profonde incertitude. Mandorallion remit à son vieil ami une précieuse carte du Vieux Monde, avant de lui faire ses adieux.

Sitôt sorti du palais, Lorindil ordonna de se mettre en route. Montés sur de splendides coursiers elfiques, les elfes quittèrent la ville, en direction de l'est.

Après trois jours de chevauchée, les elfes atteignirent enfin le centre de la Bretonnie. L'été rayonnait en cette chaude journée. Dans les champs, les paysans se dépêchaient de terminer la moisson.

Traversant pendant des jours entiers de maigres villages espacés d'immenses plaines fertiles, les elfes furent satisfait de voir enfin apparaître à l'horizon les cimes enneigées des montagnes grises. Entamant l'ascension du massif par la principale voie commerciale, ils aperçurent de nombreuses traces de combats. Parmi les lances brisées, Lorindil reconnût quelques haches naines et des pennons de flèches. Tout semblait indiquer que les Nains empruntaient régulièrement cette route.

Soudain, le ciel s'obscurcit. Un formidable coup de tonnerre déchira la quiétude de cette douce journée d'été pour instaurer un climat électrique et tourmenté.

La pluie se mit à tomber. De grosse goutte, d'abord, avant de s'écouler violemment, tel un déluge.

<<Vite! Au galop! leur cria Lorindil. L'orage sera bientôt sur nous!>>

Escaladant à toute allure le col, le petit groupe se mit en quête d'un abri. les éclairs zébraient le ciel d'encre. Le roulement de tonnerre se rapprochait dangereusement.

Soudain, la lumière d'une auberge leur apparut au détours du chemin. Les montures redoublèrent d'effort pour atteindre ce but. Alors qu'il s'approchèrent d'un minuscule village de montagne, la grêle se mit à tomber.

S'arrêtant pile devant les écuries, Lorindil donna l'ordre à ses elfes de mettre les coursiers à l'abri. Cette tâche accomplie, la moitié des elfes restèrent monter la garde à l'intérieur de l'écurie tandis que Lorindil et les autres se précipitèrent à l'intérieur de l'auberge.

Leur entrée inattendue marqua un moment de surprise et de tension entre les clients et les nouveaux arrivants. Lorindil eut le temps de juger de la fréquentation de la taverne. Un groupe de paysans discutaient à une table; devant lui, un groupe de nains en cottes de mailles vidaient quelques chopes. Surpris par ce coup de théâtre, ils s'étaient levés, brandissant nerveusement leurs haches.

Debout derrière son comptoir, l'aubergiste, un vieux nain bourru, parvint à calmer le jeu à temps.

<<Kundïn! dis à tes gars de poser leurs armes. Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas d'histoires ici!>>

Puis, se tournant vers les nouveaux venus, il leur demanda:

<<Qu'est-ce que je vous sers, étrangers?>>

Le Jour de Grimnir

Chapitre 2

 

Kundïn s'inclina profondément devant le Haut Roi des Nains, Thorgrim le rancunier, balayant au passage de sa longue barbe le sol carrelé de la salle du Trône. Le vieux souverain, posant sa main couturée de cicatrices sur le Grand Livre des Rancunes qui ne le quittait jamais, sourit et commença d'une voix forte et grave :

_" Bienvenue à Karaz-A-Karak, maître Kundïn! J'ai entendu parler de vous depuis fort longtemps, mais il semble que vous soyez parvenu au summum de votre popularité! Cela fait deux jours que mon peuple annonce votre arrivée, et à en juger par la liesse populaire et par la foule qui emplit les couloirs, vous avez de bonnes nouvelles à m'annoncer, n'est ce pas?"

Kundïn, qui commençait à avoir mal au dos à force de rester courbé, jugea qu'il pouvait décemment se redresser et releva lentement la tête avant de répondre :

_" Effectivement, ô roi. La Confédération est en marche. Le jour de Grimnir est proche.

_ Vraiment? Je vous trouve bien sûr de vous! Ainsi, le moment serait venu de reconstituer le Grand Empire Nain?

_ J'en ai l'intime conviction.

_ Ecoutez mon ami, vous êtes un Tueur de Démons valeureux et habile, vous avez vous-même de grands motifs de rancœur à l'égard de bon nombre de nos ennemis, et vous êtes craint et respecté autant qu'un honnête Nain peut l'être. A quoi voulez-vous arriver avec cette Confédération que vous avez mise sur pieds? Ne croyez-vous pas que chaque Nain, du plus petit marchand jusqu'au Roi de forteresse, ne veuille pas non plus voir renaître notre vieil empire? Nous espérons tous que ce jour arrivera et nous faisons tout notre possible pour qu'il arrive tôt! La Confédération ne fait qu'affoler les peuples du Vieux Monde. Regardez ce message d'avertissement que nous envoient les Hauts Elfes."

Il lui tendit un parchemin richement décoré que le Tueur s'empressa de lire. Il provenait du Roi des Hauts Elfes en personne, et mettait en garde les Nains contre leurs velléités guerrières révélées par la Confédération. Le ton était sec, hautain, tout juste poli ; "à la manière des Hauts Elfes", pensa Kundïn.

" Et ce n'est pas tout! reprit Thorgrim. Je sais que vous n'y êtes pour rien, mais certains membres de votre Confédération en profitent pour venger leurs rancunes personnelles, en particulier contre des Bretonniens, m'a-t-on dit. Notre peuple a des motifs de rancune contre tous les autres peuples du monde, vous le savez. Certaines rancœurs sont presque insignifiantes à l'échelle d'un royaume, et jusqu'ici elles n'entachaient pas nos relations avec les autres forces du Bien. L'Empire, par exemple, est un puissant allié, même si quelques rancunes non vengées sont encore répertoriées dans ce Livre, fit-il en tapotant des doigts le Grand Livre des Rancunes. Nous ne pouvons pas lutter contre la terre entière...Je sais que votre but est noble, et qu'il nous faut combattre les Gobelins et les Skavens sans pitié, mais il faut aussi essayer d'éviter les querelles inutiles. Une nouvelle Guerre de la Barbe ruinerait à jamais nos espoirs de reconquête de notre empire, et les forces du Mal en profiteraient pour étendre leur domination au Vieux Monde. Nous ne pouvons pas accepter cela."

Kundïn savait que le vieux Roi parlait avec sagesse, et que jusqu'ici la Confédération avait collectionné les succès, en particulier contre les Orques ou contre les Morts-Vivants, mais s'était heurtée également aux Bretonniens et aux Elfes Sylvains, ce qui avait des conséquences bien plus fâcheuses. Une troupe de Nains appartenant à la Confédération se trouvait en bordure d'Athel Loren dans les environs de Parravon, désireuse de venger la mémoire d'explorateurs Nains tués par le peuple de la forêt, et l'on pouvait craindre le pire. Si les Hauts Elfes eux-mêmes se sentaient menacés, la situation devenait très préoccupante.

Kundïn ne pouvait s'empêcher de regretter quelque part que tout ces troubles trouvent leur origine dans son projet de Confédération des Nains.

_" Je sais tout cela, ô Roi, répondit-il, et je vais partir immédiatement pour Parravon où se trouvent certaines de mes troupes qui en veulent aux Elfes Sylvains, pour tenter de les ramener à la raison. Soyez assuré que pour ma part, nos seuls véritables ennemis dans ces régions sont les Peaux-Vertes et les Skavens, et je suis absolument d'accord avec vous pour préserver la paix du Vieux Monde entre les nations du Bien. Cependant, et c'était là le véritable but de ma visite, je vous demande instamment de rejoindre les troupes de la Confédération. En effet, non seulement nous n'aurons de force pour vaincre que si nous sommes tous unis et non plus en petits groupes disparates comme c'est le cas aujourd'hui, mais votre présence est absolument nécessaire pour cautionner notre action et calmer nos troupes les plus acharnées qui risqueraient de créer de nouveaux incidents avec les peuples alliés.

_ J'avais imaginé cela, effectivement.... répondit Thorgrim en se caressant la barbe d'un air dubitatif. "Et ma décision est prise depuis longtemps : je rejoins effectivement la Confédération. Mais n'y voyez pas une victoire personnelle, maître Kundïn, rajouta-t--il immédiatement en toisant le Tueur d'un regard sévère, je ne rejoins vos rangs que pour garder le contrôle de mon peuple et le préserver de tout danger. Je ne sais pas si le Jour de Grimnir est proche, mais la guerre l'est certainement, et je ne veux pas que des inconscients emmènent mon peuple au désastre. En tant que Haut Roi des Nains, je prends le contrôle de vos forces armées, et je veux que les raids contre nos alliés cessent immédiatement. Les fauteurs de troubles qui raniment de vieilles querelles seront punis, et je vous tiendrai pour responsable si quelque incident diplomatique survenait entre nous et les autres peuples du Bien, Humains ou Elfes. Nous combattrons les Skavens, les Gobelins et les Forces du Chaos, mais cela se fera dans la plus grande discipline et dans l'unité. C'était après tout ce que vous cherchiez, n'est-ce pas? Alors estimez-vous heureux! Maintenant l'heure est venue pour vous de réparer les dégâts que vous avez causés avant qu'il ne soit trop tard : allez à Parravon et rétablissez l'ordre. Ensuite, vous rentrerez ici."

Thorgrim se tut, et après une nouvelle révérence Kundïn sortit de la salle sans bruit. Devant les portes de la salle l'attendait Dammïn, son vieux compagnon d'armes, qui appartenait lui aussi à l'Ordre des Tueurs.

_" Qu'a-t-il dit, alors? demanda-t-il immédiatement dès que les portes de la salle du trône se furent refermées.

_ Oh, comme prévu il n'y va pas par quatre chemins, répondit Kundïn tout en marchant. Cependant il a accepté, à condition de prendre la Confédération sous son contrôle. Mais je m'y attendais un peu", rajouta-t-il en voyant la mine dépitée de son compagnon.

Les deux Nains sortirent du palais, accueillis par une foule en liesse qui fêtait son entrée dans la Confédération. Pour tous les Nains de Karaz-A-Karak, ce jour sonnait le début de leur vengeance sur leurs ennemis, et la reconquête de leur empire dont cette forteresse était la capitale.

_" Nous devons partir immédiatement, Dammïn. Rassemble quelques Nains, juste une dizaine cela suffira, et dis aux autres que nous reviendrons bientôt et que désormais ils sont aux ordres de Thorgrim . Nous allons à Parravon calmer la bande d'excités qui y sévit.

_ C'est un ordre de Thorgrim?

_ Oui, mais de toute façon j'allais devoir m'y rendre. Je sais ce que tu penses : que nous avons perdu notre liberté d'agir en acceptant de lui laisser le contrôle de la Confédération ; mais seuls nous ne serions pas allé bien loin, et il faut un roi comme Thorgrim pour maintenir l'ordre au sein des troupes. Nous n'y serions jamais arrivé tout seuls et tous nos projets auraient fini par échouer. Il prend peut-être son rôle trop à cœur, mais c'est le Haut Roi des Nains après tout! Allons, jusqu'ici tout se passe bien!"

Dammïn eut un petit sourire un peu forcé. Il aurait aimé continuer leur épopée sans devoir recevoir d'ordres de quelqu'un qu'il n'avait jamais vu et qui, de toute façon, n'était pas son supérieur au regard de la hiérarchie de l'Ordre puisque Thorgrim n'était pas un Roi Tueur.

Haussant les épaules, il se sépara de son compagnon et alla annoncer les nouvelles directives à quelques-uns des meilleurs soldats de la Confédération, des Brise-fer qui étaient avec eux depuis le début de leurs aventures.

Quelques jours plus tard, après un rapide voyage à travers les Principautés Frontalières puis l'Empire, le petit groupe de douze Nains passait le col qui menait à Parravon à travers les Montagnes Grises. Devant eux s'ouvraient les plaines fertiles de Bretonnie, tandis qu'au Sud la verte forêt d'Athel Loren se perdait parmi les brumes et semblait s'étaler jusqu'à l'infini. Les Nains de la petite troupe qui accompagnait les deux chefs Tueurs n'aimaient pas contempler cet endroit, et furent tous partisans de continuer leur route le plus rapidement possible pour mettre fin à cette mission désagréable et sans intérêt car sans combat en perspective. On leur avait indiqué le chemin qu'avaient emprunté les guerriers de la Confédération qui tentaient de se rendre en Athel Loren et qui les avaient précédés de quelques semaines ; des traces de leur passage à travers les Montagnes grises étaient visibles, que ce soient des restes de feux de camp ou des signes de combat contre des créatures de la montagne. Cependant, le chemin de Kundïn et de ses hommes s'était jusque là révélé sans embûche et la troupe avait progressé rapidement.

En fin d'après-midi, le groupe arriva dans un petit village de montagne que Kundïn connaissait bien pour y avoir vécu quelque temps.

_" Une partie de ma famille vit ici, et mon oncle est même tenancier de l'auberge du village. Nous pourrons y passer la nuit, cela nous évitera d'être trempés", fit-il en regardant les nuages noirs qui s'amoncelaient dans le ciel.

Les Nains qui étaient tous fatigués du voyage furent bien entendu ravis de se voir proposer une soirée arrosée suivie d'une bonne nuit de sommeil, et entrèrent en grand désordre dans l'auberge. Hurgar, l'oncle de Kundïn, fut tout surpris de retrouver son neveu qu'il n'avait plus vu depuis bon nombre d'années et leur réserva bien entendu un accueil chaleureux.

_" Alors Kundïn, fit-il en le serrant dans ses bras, il paraît que c'est toi qui est à l'origine de tout ce remue-ménage? Quelques-uns de tes soldats sont passés par ici l'autre jour, et ça ne plaît pas à tout le monde! Ils s'en prennent aux Hommes et aux Elfes, et depuis on regarde les Nains de travers dans ces régions, et moi je vois ma clientèle baisser! Enfin, je suis content de te revoir! Tu m'expliqueras tout ça ce soir à la veillée, pour l'instant je vois que tes gars ont bien besoin d'un bon repas, n'est ce pas vous autres?"

Des cris de joie accueillirent ces paroles et les Nains s'attablèrent bruyamment à une table, entonnant une chanson à boire. Quelques clients de l'auberge, des hommes pour la plupart, quittèrent hâtivement les lieux, redoutant à la fois la perspective d'une bagarre entre ivrognes et celle encore plus terrible de chants de Nains à devoir écouter tout au long de la soirée. Voyant cela, Hurgar fit à son neveu :

_ " Dis-leur de se faire un peu oublier. Les habitants de la vallée sont nerveux et je ne veux pas d'ennuis avec les voisins. Ils auront tout le loisir de chanter en marchant!"

Un murmure de déception parcourut la petite assemblée, mais les Nains ne voulurent pas se montrer contrariant et quand Kundïn leur eut expliqué qu'ils étaient là en partie pour redorer le blason de leur race, ils se calmèrent tout à fait et burent leurs bières en silence.

Dehors, l'orage avait éclaté et des trombes d'eau puis de grêle s'abattirent sur le village. On alluma les torches dans la salle et Hurgar allait se mettre à préparer le repas du soir quand soudain la porte de l'auberge s'ouvrit toute grande, laissant pénétrer un petit groupe d'Elfes trempés de la tête aux pieds. Les Nains se levèrent comme un seul homme, saisissant leurs haches, et le silence s'abattit sur l'assemblée.

 

Hurgar s'écria :

_ " Kundïn! dis à tes gars de poser leurs armes. Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas d'histoires ici!"

Et tandis que les Nains, nerveux, se rasseyaient en jetant aux Elfes un regard soupçonneux, l'aubergiste s'avança vers les nouveaux étrangers et leur demanda ce qu'il désiraient commander.

 

Le Jour de Grimnir

Chapitre 3

 

Lorindil resta bouche bée: ainsi le tueur que désignait l'aubergiste n'était autre que Kundïn. Retirant sa cape, il s'approcha silencieusement du groupe de nains. Une tension extrême régnait dans la salle. Les Maîtres des Epées se tenaient à l'arrière, prêts à intervenir à la moindre réaction hostile.

S'arrêtant devant le tueur, le Maître Mage effectua une respectueuse courbette, avant de saluer le meneur nain:

_"Lorindil de Tor Yvresse, Maître Mage et ambassadeur du Roi Phénix Finubar, pour vous servir.

_ Kundïn fils de Fundïn, à votre service", répondit le Nain un peu surpris de voir ce grand Elfe débarquer dans la pièce et venir tout droit à lui. "Que puis-je faire pour vous?" ajouta-t-il en donnant par-dessous la table un coup de pied à Dammïn qui contenait avec peine sa rage de voir des Hauts Elfes entrer ainsi dans une auberge Naine. Tous les Nains avaient remarqué que les Elfes postés à l'entrée avaient les mains sur les pommeaux de leurs épées, et tous se demandaient s'il s'agissait d'un guet-apens ou d'un piège quelconque, et cela les rendait très nerveux.

_"Le Très Haut Seigneur d'Ulthuan m'a délégué auprès de votre Seigneurie en tant qu'ambassadeur. Il vous envoie ses vœux de sympathie et espère que nos deux peuples trouveront dans le futur paix et solidarité." Déclara d'un ton le plus courtois possible Lorindil." Pourrions-nous nous asseoir à une table? Je me dois de vous entretenir au nom d'Ulthuan d'une affaire de la plus haute importance...

_ Très bien. Mais ne m'appelez pas Seigneurie, je ne suis qu'un Tueur errant et je n'ai aucun titre de noblesse", fit Kundïn un peu amusé par le ton solennel employé par son interlocuteur. La présence d'un ambassadeur Haut Elfe habillé de riches vêtements contrastait il est vrai avec le cadre crasseux de la taverne remplie de Nains déjà à moitié ivres.

Les deux chefs de groupe s'assirent donc à part tandis que Hurgar s'affairait auprès de ses nouveaux clients ( car pour lui un client était un client, fût il Elfe ou Nain).

_"Alors, commença Kundïn, qu'avez vous à me dire de si important au nom d'Ulthuan?

_ Le Roi Phénix s'inquiète des agissements de votre Confédération, expliqua Lorindil. Nous craignons que certains de vos membres mènent des raids contre Ulthuan. Nos intentions sont pacifiques envers votre Confédération: la preuve: de nombreux princes se sont même portés volontaires pour épauler vos actions contre le Chaos ou Naggaroth. Personne en Ulthuan ne voudrait voir rejaillir d'anciennes querelles contre les Nains alors que les Sombres Serviteurs des Dieux Maléfiques s'agitent de nouveau...

_ Je savais déjà que les Hauts Elfes s'étaient inquiétés de nos agissements, mais je ne pensais pas qu'ils m'enverraient un ambassadeur. Enfin, cela prouve que nous sommes pris au sérieux... Mais avant tout il faut que je vous explique : notre peuple est si dispersé sur la surface du monde qu'il m'est impossible de tout contrôler. Vous venez me trouver comme si d'un geste je pouvais me faire obéir ; mais je dois vous dire que j'ai mis le feu à un brasier que je ne peux plus éteindre.

De nombreux Nains se sont joints à la confédération sans jamais m'avoir vu, et ils règlent leurs affaires personnelles sans recevoir d'ordres de ma part. Quant à moi, même si mon cœur désire plus que tout la réunification de notre vieil empire, je puis vous assurer que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour maintenir la paix dans le Vieux Monde entre les nations du Bien tant que cela sera possible. Je sais où sont nos véritables ennemis, ce sont les Peaux-Vertes, les Skavens et les monstruosités de ce que vous appelez les Dieux Maléfiques, et pour ma part je suis heureux de n'avoir de motifs de vengeance que contre eux. Mais pour comprendre les motivations qui poussent certains des miens à combattre les Elfes ou les Bretonniens, il vous faudrait être un Nain, Maître Mage Lorindil! Avez-vous déjà entendu parler du Grand Livre des Rancunes?"

Lorindil ne put s'empêcher de sourire intérieurement: lui, le plus grand érudit de tout Yvresse au sujet du Vieux Monde, considéré comme un vulgaire serf inculque!

_"Surtout dans les livres, maître Kundïn. Vous autres nains avez permis il y a de cela fort longtemps à un grand érudit d'en recopier une partie. Ce "Grimoire Naugrimii" reste d'ailleurs l'un des ouvrages les plus précieux de ma bibliothèque. Mais ne me prenez pas pour un ignorant! Le très haut Roi Phénix ne me choisit pas au hasard. J'ai beaucoup voyagé dans le Vieux Monde, et même combattu auprès de Nains et d'Humains. Mais revenons à notre sujet. Au sujet de ces Nains rebelles à votre autorité, je crains qu'il ne soit tout de même de votre devoir de les raisonner...

_ Par Grimnir, je sais encore ce que j'ai à faire, et ce n'est pas à un Elfe de me dicter ma conduite!" répliqua le Tueur en haussant le ton de colère. Immédiatement toutes les conversations cessèrent dans l'auberge et tous les regards se tournèrent vers la table des deux chefs. Kundïn, voyant que ses paroles avaient amené la tension à son comble se ravisa et jeta un regard à ses hommes pour leur faire comprendre que tout allait bien.

" Pardonnez mon accès d'humeur, mais sachez tout de même que j'étais justement en route pour ramener à la raison ces perturbateurs. Je n'ai jamais voulu de guerre contre les Elfes ni les Hommes, et le Roi Thorgrim non plus. Il fait désormais partie de la Confédération et en a pris officiellement le commandement. Vous devriez plutôt vous adresser à lui pour les négociations, il est sans doute plus sage et de meilleur caractère que moi, et tout le pouvoir est entre ses mains."

Mais en disant cela, Kundïn savait pertinemment que le Haut Roi des Nains n'occupait pas la place que lui-même avait acquis dans le cœur de ses frères de sang et que l'autorité de Thorgrim n'éclipsait pas encore son propre charisme. Pour tous ses hommes, il était encore et toujours le chef de la Confédération des Nains et il était clair que nul autre que lui ne pouvait rappeler à l'ordre les troupes des confédérés. En vérité, il voulait simplement se débarrasser de l'Elfe afin que celui-ci ne puisse intervenir dans une affaire intérieure Naine ; le fait que Lorindil possédât des extraits du Grand Livre des Rancunes l'avait fortement troublé et agacé, et il pensait s'être habilement débarrassé de son interlocuteur en l'envoyant au diable, mais en cela il se trompait.

_Je ne remets pas en cause vos qualités de meneur, Maître Kundïn, j'essaye juste de trouver une solution satisfaisante pour les deux peuples que nous représentons. Mais même si vous parvenez à calmer les esprits belliqueux, ce dont je ne doute pas une seconde, n'oubliez pas que les Elfes Sylvains vous considéreront malgré tout comme des intrus. Je vous propose donc ceci: rejoignons le royaume caché d'Athel Loren. Là, nous pourrons calmer à la fois les esprits elfes et nains. Les autres bandes rebelles à votre autorité se calmeront sûrement d'elles mêmes, à condition que l'on les stoppe dans leur principal foyer d'action: l'est de la Bretonnie. Croyez-moi, maître Kundïn, la clef du maintien de nos alliances repose en Loren."

Lorindil respira. Son petit discours sonnait favorablement dans son esprit, la situation semblait tourner en sa faveur. Maintenant, la balle était dans le camp du Tueur.

 

Celui-ci, tout en se passant les doigts dans la barbe, semblait plongé dans de profondes méditations et fixait l'Elfe de son œil unique ( il avait perdu l'autre au combat et portait depuis un bandeau noir en travers du visage). La proposition de Lorindil le tentait car un tel appui en forêt d'Athel Loren était loin d'être négligeable, et même si ses réticences à se faire accompagner par une troupe de hauts Elfes étaient toujours assez fortes, il finit par se résoudre à accepter l'aide du mage d'Ulthuan.

_" Très bien, nous ferons route ensemble. Mais ne prenez pas cela pour un quelconque engagement de ma part : vous vous occuperez des Elfes, je m'occuperai de mes Nains et aucun de nous deux n'interviendra dans les affaires de l'autre. Je ne veux pas d'une ingérence extérieure dans les affaires de mon peuple, et je n'accepterai aucune aide pour "calmer" mes troupes. Si cela vous convient toujours, je vous signale que nous partons demain dès l'aube et que nous n'attendrons pas les retardataires. Et maintenant, si vous voulez bien m'excuser je vais rejoindre mes amis."

Le Nain, considérant que la conversation était terminée, se leva rapidement et retourna s'asseoir à la table de son groupe où il se mit à discuter à voix basse avec ses compagnons dans leur langue natale.Le lendemain matin, les elfes et les nains se réunirent devant l'auberge. Lorindil portait une grande robe blanche et un pantalon bouffant bleu turquoise. A sa ceinture incrustée de gemmes, plusieurs parchemins pendaient, ainsi qu'une imposante épée à deux mains. Kundïn, quant à lui, n'avait que sa fidèle hache runique à deux mains comme tout équipement.

Le petit groupe prit un chemin descendant en direction d'Athel Loren. les montagnes étaient silencieuses, détachées du ciel par les premiers rayons du soleil. Lorindil et ses elfes avaient pris un repas frugal avant de se lever tôt, mais l'état de certains nains maladroitement hissés sur leurs poneys indiquaient que tous n'avaient pas suivi les mêmes règles de sobriété.

Lorindil soupira. Au moins avait-il eu la chance de tomber sur des nains capables de monter sur des poneys. Le voyage n'en serait que plus rapide. Malgré tout son respect pour la race des Nains, il ne supportait déjà plus ces réserves de bière ambulantes. Et les reniflements hautains de ses gardes indiquaient qu'il n'était pas le seul. Les Nains avaient en effet veillé et bu jusque tard dans la nuit, et le réveil avait été dur. Cependant quelques-uns dont Kundïn avaient préféré se ménager, sachant qu'ils entraient dans la partie la plus dangereuse du voyage et que des propos d'ivrognes déplacés pouvaient les faire massacrer par les Elfes sylvains. Le voyage fut donc assez pénible pour les Elfes, mais les Nains qui étaient d'une endurance exceptionnelle et qui avaient l'habitude de telles beuveries cessèrent bientôt de vomir ou de tomber régulièrement à bas de leur monture et en furent quittes pour un bon mal de tête. Quelques heures passèrent avant que le groupe n'atteigne une étroite vallée. Les coursiers elfiques se mirent subitement à hennir à la vue de la combe obscure. Inquiet, Lorindil fit signe à Kundïn de se rapprocher. Celui-ci, éperonnant son poney, se porta à la hauteur de l'Elfe qui cheminait en tête.

_" Qu'y a-t-il, encore?"

Lorindil n'eut pas le temps de répondre : un énorme rocher, dégringolant des pentes abruptes qui bordaient le sentier, vint s'abattre au milieu des Elfes et des Nains avec fracas. Prises de terreur, des montures se cabrèrent et firent chuter leurs cavaliers puis s'enfuirent en hennissant dans la vallée. Avant que quiconque ait pu réaliser ce qui se passait des Skavens sortirent par dizaines des fourrés en poussant leurs cris de guerres et se jetèrent sur les Elfes et les Nains.

Une effroyable mêlée s'ensuivit. Les Maîtres des Epées tranchaient avec une facilité presque arrogante de leurs grandes épées les Skavens qui osaient s'approcher. Ils avaient formé un cercle de défense autour du mage, et semblaient déterminés à se battre jusqu'au dernier. Les Nains avaient quant à eux réussi à mettre en déroute une partie de leurs adversaires, mais bientôt le flux incessant d'assaillants les poussa à se battre aux côtés des elfes.

L'escarmouche s'éternisait. Par moments, le groupe semblait prendre le dessus; mais pour un Skaven abattu il en surgissait cinq autres. Bientôt, il ne resta plus que la moitié des guerriers. Lorindil se battait désormais parmi les survivants, maniant avec précision sa grande lame elfique. Une clameur parcourut les nains: leur chef, Kundïn, venait de tomber. Du moins le pensa Lorindil, car scrutant les guerriers Naugrims, il ne distingua pas la silhouette du Tueur.

"Vite, il faut tenter de forcer leurs rangs! Hurla le mage aux derniers combattants."

Dans un hurlement de rage, les derniers Elfes chargèrent les Skavens. La surprise fut telle que les guerriers se retrouvèrent derrière leurs agresseurs. Mais bientôt, une partie des Skavens les rejoignit.

"Fuyez, messire! Fuyez tant qu'il en est encore temps! Lui conseilla Gaelen.

_ Ma place est avec vous... voulut répondre Lorindil.

_ Par Hoeth! Fuyez avant qu'il ne soit trop tard! Lui ordonna le champion."

Lorindil ne discuta pas plus. Prenant ses jambes à son cou, il fonça droit en bas de la vallée. Après dix minutes de course effrénée, il s'arrêta. Se retournant, il scruta le haut du col à la recherche de survivants. En vain.

"Jamais je ne vous oublierai, Guerriers de Saphery... Murmura-t-il."

Puis, se retournant, il aperçut la frondaison des premiers arbres d'Athel Loren.

 

Le Jour de Grimnir

Chapitre 4

 

Kundïn avait très mal à la tête, et il était maintenant complètement perdu au milieu des bois. Pendant la bataille, un des Skavens qui se trouvait sur un rocher surplombant la route s'était jeté sur le groupe de nains et avait atterri tout droit sur le Tueur, le faisant tomber puis rouler avec lui dans le ravin qui bordait un côté du chemin. Kundïn avait entendu les cris de ses compagnons puis sa tête avait heurté une grosse pierre pendant la chute et il avait perdu connaissance. A son réveil, il s'était retrouvé quelques quarante mètres en contrebas du lieu du combat, en pleine forêt. Un arbre avait dû amortir sa chute et il n'avait que quelques égratignures et une grosse bosse sur l'arrière du crâne. Le Skaven qui l'avait fait tomber avait eu moins de chance et s'était empalé sur les branches pointues d'un vieil arbre mort. Son cadavre empestait et Kundïn s'éloigna aussitôt car il savait que ces rats géants étaient souvent porteurs de toutes sortes de maladies contagieuses.Combien de temps était-il resté évanoui il n'en savait rien, pas plus qu'il ne savait quelle avait été l'issue de la bataille sur le sentier. D'où il était il ne pouvait pas apercevoir le chemin de montagne caché par les frondaisons, et l'escalade des pentes rocheuses était quasiment impossible. Il se décida à pénétrer dans la forêt à son grand regret et s'enfonça parmi les arbres.Depuis près de trois heures, Lorindil errait au milieu d'une dense forêt. Il avait faim, il était perdu, et n'avait aucune idée de ce qu'il allait faire maintenant.

Inutile de faire demi-tour, pensa-t-il, il ne savait même pas quel chemin prendre. Tout ce qu'il lui restait à espérer, c'était de tomber sur des elfes sylvains assez compréhensifs pour ne pas le couvrir de flèches avant de l'interroger. Son humeur était plutôt cynique. Du moins autant que les gargouillements inquiétants de son estomac le permettaient.

Soudain, un bruissement provenant d'un proche buisson le surprit. Craignant qu'un Skaven l'ait suivi jusqu'ici, il pensa d'abord à tirer sa longue épée hors de son fourreau.

Et si c'était un elfe sylvain? L'idée de se retrouver transpercé de flèches ne le séduisait pas du tout.Le buisson s'agita de nouveau. Un grognement furieux en sortit. Non, pensa-t-il, cela ne pouvait être un elfe. Filant discrètement entre les arbres, il contourna le buisson, se planta derrière le tronc d'arbre le plus proche, dégaina sa longue épée et se rua sur... un Tueur Nain borgne agitant une large hache de guerre.

Alors que les deux lames s'entrechoquaient violemment, les deux adversaires restèrent médusés. Lorindil se trouvait face à face devant Kundïn.

_" Encore vous!!" grogna Kundïn énervé en dégageant sa hache et en repoussant de la main l'épée de l'Elfe. "Un peu plus et je vous coupais en deux! Je vous ai pris pour un de ces Elfes Sylvains - maudits soient-ils d'habiter dans pareil endroit ; cela fait des heures que je tourne en rond! Comment se fait-il que vous soyez ici? Et où sont passé les autres, mes hommes, votre escorte, les chevaux et les poneys?

_Ils sont morts, répondit Lorindil avec une pointe de tristesse dans la voix. Maintenant, il faut absolument que nous restions groupés; avec moi, vous aurez encore une chance de vous en tirer vivant. Je connais assez bien le milieu forestier pour y avoir traqué les Gobelins en Yvresse et..."

Lorindil n'eut pas le temps de narrer plus longtemps ses exploits. Dans un bruissement de feuillages, une dizaine d'éclaireurs elfes sylvains jaillirent de leur cachette, prêts à tirer une salve de flèches mortelles de leurs puissants arcs longs.

"Qui êtes-vous et que venez-vous faire en Athel loren? Interrogea un imposant elfe brun.

_ Je suis Lorindil, Maître mage de la Bibliothèque de Tor Yvresse, Ambassadeur du Très Haut Roi Phénix, pour vous servir..."

L'elfe jeta un regard glacial sur Lorindil. Puis il fixa intensément Kundïn.

"Et le nabot? Demanda-t-il."

Prévenant, Lorindil écrasa les orteils nus du Tueur qui s'apprêtait à répondre.

"Oh, juste un ambassadeur Nain du roi Thorgrim, il n'est pas bien méchant, sans moi il se serait perdu depuis longtemps..."

Kundïn étouffa une plainte rageuse et lança un regard noir à son compagnon.

L'elfe les regarda, hésita un moment, s'adressa à une ravissante elfe blonde vêtue d'une robe couleur jade qui lui répondit d'un air approbateur.

"Luthien dit que vous êtes bien un Haut Mage. C'est bon. Vous m'accompagnez tous les deux. mais le nabot sera ligoté pour plus de sécurité."

_"Ne protestez pas! souffla Lorindil au Tueur. Mieux vaut être en vie que mort.

_ Vous en avez de bonnes, vous!" répondit Kundïn à haute voix, tandis qu'un Elfe Sylvain s'avançait pour lui lier les poignets avec une cordelette. Le Nain, considérant qu'il serait transformé en pelote d'épingles avant d'avoir pu envoyer son poing dans la figure de celui qui s'approchait se ravisa et marmonna dans sa barbe qu'il vengerait un jour cette humiliation. Le chef Elfe dût l'entendre car il le toisa d'un regard sévère que Kundïn soutint avec effronterie.

Le petit groupe se mit en marche au pas rapide des habitants de la forêt qui connaissaient leur domaine jusqu'à la moindre parcelle, et de nombreuses fois Lorindil et Kundïn se heurtèrent à des branches qui encombraient le sentier invisible que semblaient suivre les Elfes. Les arbres, comme s'ils étaient dotés de vie, paraissaient prendre un malin plaisir à tendre leurs racines ou leurs rameaux en travers de la route des deux intrus et semblaient s'acharner particulièrement sur le Nain, le faisant trébucher à plusieurs reprises alors que le passage se dégageait pour les Elfes Sylvains. Au bout d'une longue course à travers bois ponctuée de jurons en Khazalid, les Elfes s'arrêtèrent au milieu d'une vaste clairière au centre de laquelle était dressé un chêne immense dont la cime dépassait de loin celle de tous les autres arbres et se perdait dans les nuages. Sa circonférence était telle que le regard ne pouvait embrasser les deux extrémités du tronc et que ceux qui arrivaient au pied de l'arbre semblaient s'arrêter devant un gigantesque mur de bois. Même Kundïn fut impressionné par sa majesté et ne put s'empêcher de demander d'une voix faible à Lorindil :

_" Est-ce là le fameux Chêne des Ages? Je n'ai jamais vu d'arbre aussi grand de ma vie...

Avant que Lorindil n'ait pu répondre, une voix douce s'éleva derrière eux :

_ Le Chêne des Ages se trouve à des jours de marche d'ici et sa hauteur n'est pas comparable à celle de cet arbre. Celui-ci n'est que le quatrième des plus vieux arbres de notre forêt, mais il est vrai qu'il reste tout de même assez impressionnant pour un visiteur..."

Kundïn détacha son regard du chêne et se retourna. Celle qui lui avait répondu n'était autre que la belle Luthien ; contrairement à ses compagnons elle ne paraissait pas ressentir de haine envers les deux intrus et un sourire amical éclairait son visage.

_ "Le chêne de Quendorr est l'un des plus puissants arbres de la Colline des Pins, autant pour la source magique qui s'en dégage que pour les dryades qui l'habitent, expliqua Lorindil, toujours prêt à épater ses collègues mages, surtout s'ils sont de magnifiques représentants du sexe féminin.

_ Vous connaissez notre clan? demanda la sorcière, intriguée.

_ Je suis venu en Athel Loren il y a des années de cela, répondit Lorindil d'un air nostalgique.

_ Vraiment?" Luthien semblait émerveillée qu'un Haut Elfe prête tant d'attention à sa forêt. Elle avait rarement eu l'occasion d'en rencontrer, et les autres races bénéfiques ne voyaient en sa forêt qu'une immense réserve potentielle de bois et de gibier. Le voyage continua durant toute la journée; Lorindil et Luthien devenaient inséparables. Tandis que l'un lui expliquait les bases de la Haute magie, l'autre lui montrait comment profiter au mieux des vents de magie sylvestre pour lancer des sorts ambre ou jade. Kundïn s'était rapidement désintéressé de la conversation, estimant comme tous ses compatriotes que la magie était quelque chose d'assez obscur et dangereux et que quelques bonnes runes judicieusement choisies valaient mieux que tous les sortilèges de la terre, fussent-ils lancés par de belles sorcières aux cheveux blonds. Il continuait son chemin derrière les deux Elfes, grommelant et jurant à voix basse, car sa mission prenait du retard dans cette forêt et il ne savait toujours pas où les Elfes les conduisaient.

Pour couronner le tout des Dryades l'avaient repéré et s'amusaient à ses dépends : sous leur forme de jeunes filles à la peau verte et aux cheveux de feuilles elles s'approchaient de lui en silence dissimulées dans les taillis et lui faisaient des croche-pieds, dénouaient ses lacets, faisaient un nœud à sa barbe ou lui lançaient du haut des arbres des glands et des brindilles sur la tête. Au bout d'un moment, le tueur fut à bout de nerf et après une énième chute au milieu des feuilles il se mit à hurler:

_ " J'EN AI MARRE ! ! Par Grungni où nous emmenez-vous, à la fin? fit-il en s'adressant à Luthien.

_ Devant le roi et la reine de la forêt, qui statueront sur votre sort, répondit l'Elfe calmement. Mais ils se trouvent bien loin d'ici, au Chêne des Ages justement, et nous cherchions un moyen de transport plus rapide pour vous y amener. Et nous venons de le trouver, continua-t-elle en s'arrêtant devant un orme gigantesque.

_ Où ça? De quoi parlez-vous, nous sommes en pleine forêt!

_ Eh bien je parle de lui. Je vous présente Thricromnur!" fit-elle en touchant du doigt le tronc de l'orme tout en murmurant quelques paroles à voix basse dans sa langue natale.

Lentement, devant les deux compagnons médusés, le tronc de l'arbre se mit à vibrer et ses branches se redressèrent. Un sourd grondement se fit entendre, l'écorce craqua et peu à peu les racines s'arrachèrent au sol. Bientôt un visage de bois se forma au sommet du tronc tandis que de gigantesques branches se regroupaient pour ne former plus que deux bras noueux et immenses. Devant eux se trouvait un Homme-Arbre, une des créatures les plus étranges et les plus puissantes du monde ancien.

_ "Thricromnur va nous conduire rapidement vers Orion... ajouta Luthien."

La gigantesque créature se pencha vers le petit groupe et sembla froncer les sourcils en apercevant le Nain.

"Calme, Thricromnur, le rassura Luthien, ces étrangers sont des amis." Puis se tournant vers Lorindil, elle demanda tout en rougissant: "vous monterez à mes côtés?"

Le voyage se déroula beaucoup plus vite que prévu. Quatre personnes se tenaient sur les épaules de la créature. Les autres Elfes Sylvains chevauchaient de magnifiques faucons de guerre, escortant gracieusement le petit groupe perché sur cette curieuse monture. L'Homme Arbre prenait soin d'écarter devant lui les feuillages, ainsi Kundïn ne fut plus incommodé par les branchages.

Au bout de quelques heures, la forêt avait visiblement changé. Les sous-bois de sapins et les profonds ravins furent progressivement remplacés par des bosquets d'ifs, de peupliers et de chênes. Peu à peu, les feuillus avaient pris la place des conifères.

Soudain, au détour d'une muraille de bosquets, l'Homme Arbre pénétra dans une imposante clairière. De nombreux Elfes s'y trouvaient, discutaient, plaisantaient , jouaient de la harpe ou du tambour pour accompagner les gracieux Danseurs de Guerre. Au milieu de cette clairière se tenait un immense chêne d'une circonférence dépassant toute imagination.

Les elfes stoppèrent leurs activités en voyant des étrangers pénétrer dans leur sanctuaire. Tous les regards se tournèrent vers les nouveaux arrivants. Soudain, deux elfes particulièrement gracieux semblèrent sortir du grand chêne. Malgré la distance, Lorindil reconnut le Roi et la Reine de la forêt, dans leur forme elfique.

"Bienvenue à vous, Maîtres Lorindil et Kundïn. Vous êtes arrivé devant le Chêne des Ages. Au nom du peuple d'Athel Loren, je vous prie de vous joindre à notre banquet", salua le puissant Roi Orion.

 

Le Jour de Grimnir

Chapitre 5

 

L'Elfe et le Nain se courbèrent bien bas devant leurs hôtes, et sans dire un mot ils prirent place à table aux côtés du roi et de la reine de la forêt. Lorindil était assis à la gauche d'Orion tandis que Kundïn avait été placé à la droite d'Ariel. Jamais pareil honneur n'avait été accordé à un Nain et Kundïn qui en était parfaitement conscient était un peu honteux de n'être habillé que de vêtements en lambeaux alors qu'il se trouvait assis aux côtés d'une des plus belles dames Elfes du vieux monde. En cet instant il se surprit à envier l'existence libre et joyeuse des Elfes Sylvains, lui qui avait grandi et vécu dans d'antiques et austères forteresses comme tous ceux de sa race. Il avait du mal à présent à comprendre ceux des Nains qui haïssaient les Elfes et détruisaient leur domaine, et le fait que la Confédération soit à l'origine de nouveaux heurts avec ce peuple le remplissait d'amertume.

Une série de mets plus délicieux les uns que les autres commencèrent à défiler autour des convives. Affamés, les deux invités ne tardèrent pas à faire honneur aux cerfs rôtis, sangliers farcis et autres venaisons. Luthien faisait elle aussi partie de cette table d'honneur. Une immense joie s'était emparée de la sorcière, car elle siégeait pour la première fois au milieu des plus grands nobles d'Athel Loren.

"Et bien, demanda le puissant Roi Orion, quelles nouvelles du Monde m'apportez-vous donc?"

Lorindil jugea bon de laisser parler Kundïn en premier, afin que ce dernier puisse remplir son rôle de représentant de la Confédération des Nains auprès du Roi de Loren.

_" Plutôt bonnes pour mon peuple, ô roi Orion, moins bonnes pour les autres je le crains, répondit le Nain. Vous n'êtes pas sans savoir qu'une Confédération des Nains a vu le jour il y a peu ; or je suis à l'origine de ce mouvement."

Kundïn fut interrompu par un murmure d'étonnement mêlé d'indignation qui parcourut les tables du banquet.

Seul Orion et sa dame restèrent impassibles et ne montrèrent aucun signe d'énervement envers Kundïn ;

leurs sujets étaient cependant à présent beaucoup moins joyeux et le fait de savoir que le responsable de la mort de quelques-uns de leurs frères de sang était assis à la table du roi à côté de leur Reine les emplit d'amertume. Cependant personne n'osa exprimer ses sentiments à haute voix tant qu'Orion n'était pas intervenu.

Kundïn, un peu désorienté par l'effet qu'avaient produit ses paroles, continua d'un ton moins assuré:

" Je sais quels torts certains des miens ont fait à votre peuple, et je le regrette beaucoup surtout depuis que j'ai pu contempler les merveilles de votre royaume ; sachez néanmoins que j'étais en mission sur ordre du roi Thorgrim pour mettre fin aux conflits entre vous et certains membres de ma Confédération, avant que nous tombions dans une embuscade Skaven l'Elfe Lorindil et moi-même. Nos hommes furent massacrés et nous sommes les seuls survivants j'en ai peur. Mais puisque le destin m'a emmené devant vous, je pense que le moment est venu de vous demander quelle est la situation présente dans les combats entre Nains et Elfes Sylvains, et ce pour y mettre fin le plus rapidement possible.

_ Votre sagesse est grande, maître Kundïn, et je sais déjà tout de vous et des vôtres depuis longtemps. Apprenez cependant que vous arrivez trop tard pour sauver les membres dissidents de votre Confédération : le dernier d'entre eux qui a pénétré dans Athel Loren pour se venger de mon peuple y a trouvé la mort voici quelques jours déjà. Je suis navré que cette affaire ait pu se terminer ainsi, mais telles sont nos lois. Votre présence ici me rend cependant quelque espoir de voir s'écarter un conflit meurtrier dont nous ne voulons pas, ni l'un ni l'autre..."

Kundïn se tut, atterré par cette nouvelle. Il savait que chez les Nains, le sang appelle le sang et que le conflit contre les Elfes Sylvains serait bien difficile à éteindre, et que de toute façon tous ces motifs de vengeance seraient inscrit dans le Grand Livre des Rancunes, conformément à l'usage millénaire en vigueur chez son peuple.

Cependant il n'arrivait pas à en vouloir aux Elfes qui ne faisaient que se défendre, bien qu'il ne pût exprimer véritablement ses sentiments sans avoir la conscience de trahir son peuple. Un Nain ne prenait jamais ouvertement parti contre un autre Nain devant un membre quelconque d'une autre race, fût-il roi des forêts de Loren. Aussi il garda le silence, et au bout de quelques secondes Lorindil prit à son tour la parole :

"Les actions des extrémistes Nains ont créé beaucoup d'émoi, Ô Roi Orion, autant dans les royaumes humains que parmi mes frères d'Ulthuan. Le Roi Phénix Finubar y attache une très grande importance, et n'a point oublié ses alliés du Royaume Caché. Aussi m'a-t-il dépêché sur place, en tant qu'ambassadeur du peuple d'Ulthuan auprès des Nains et médiateur du conflit. Je puis vous assurer que les Confédérés seront tenus aux respects des alliances forgées face Aux Sombres Légions. Je crois pouvoir parler au nom des peuples elfe et naugrim: jamais plus le nom de confédération ne sera synonyme de haine et de vengeance."

Quelques hourras saluèrent le discours du Maître mage: sans attendre l'avis de leur Roi, les Elfes Sylvains avaient choisi leur camp: celui de l'alliance et non de la guerre.

Le Roi Orion se leva de son trône. le silence s'abattit sur l'assemblée.

"Maître Mage Lorindil, vos propos nous ont convaincu. Nous remercions le Roi Phénix pour l'attention qu'il nous porte, malgré les années d'éloignement de nos deux peuples. Quant à vous, Maître Kundïn, sachez que mon peuple sera toujours votre allié. Vous serez à ce titre toujours le bienvenu parmi les Elfes. Maintenant que l'amitié règne de nouveau entre les trois peuples, festoyons tous ensemble. Le printemps est doux et les venaisons nombreuses !"

Le banquet reprit dans l'allégresse générale. Les discussions allaient bon train. Lorindil, Luthien et Ariel dissertaient sur l'emploi de la Haute Magie. Un débat une fois de plus fort ennuyant pour le Tueur Nain. Mais heureusement, Kundïn s'était découvert une passion commune avec le mythique Orion pour la "chasse" aux Trolls.

Les convives mangèrent et festoyèrent toute la nuit autour des feux allumés dans la clairière et bientôt l'aube apparut sur la cime des arbres.

Kundïn voulut partir au plus vite pour retourner à la forteresse du roi Thorgrim afin de l'informer au plus vite de l'embuscade Skaven dans laquelle ils étaient tombés la veille. Il y avait en effet de fortes chances pour que cette attaque soit en réalité le début d'une invasion Skaven, car ces derniers procédaient assez rarement à de petites escarmouches sans suite et préféraient sortir en masse de leurs réseaux souterrains pour envahir les royaumes humains, nains ou elfes.

La fête se prolongea tard dans la nuit. Entre deux chopes de bière, Kundïn eut juste le temps d'apercevoir Lorindil et Luthien quitter discrètement le banquet. Le lendemain, les deux héros se réunirent pour décider de l'avenir de leur mission. Lorindil fut long à se décider à partir car il aurait aimé rester quelque temps dans le royaume des Elfes Sylvains, mais il sentait que sa mission n'était pas encore terminée et qu'il devait découvrir pourquoi ses hommes étaient morts. Avec grand regret il fit ses adieux à Orion et Ariel, puis s'éloigna à nouveau avec Luthien quelques minutes.

_" Ainsi tu as décidé de partir... Soupira-t-elle.

_ Luthien... Nous en avons parlé hier soir. Tu sais bien que mon devoir est de suivre Kundïn. Lorindil semblait profondément peiné.

_ Et moi? Que deviendrai-je? Lui lança-t-elle d'un air chargé de reproches. Jamais je ne pourrai vivre sans toi..."

Lorindil lui sourit et l'embrassa.

" Suis-moi jusqu'en Yvresse... Lui proposa-t-il.

_Mais tu sais très bien que mon destin est lié à cette forêt!

_Ecoute, nos chemins ne se sépareront pas ici." Retirant de sous sa tunique un imposant saphir marqué d'une rune elfique, il prit la main de la sorcière et y déposa la magnifique pierre précieuse.

"Prends ce talisman. Il te protégera des blessures ennemies. Ainsi, nous serons toujours unis.

_Mais, Lorindil, c'est...

_Ma seule protection durant les combats, je sais. Mais prends-la. je reviendrai très bientôt

_Attends! Laisses-moi au moins te raccompagner jusqu'aux Montagnes grises!"

Les deux amants s'enlacèrent dans un baiser passionné, avant de rejoindre les autres.

Lorsque Lorindil et Luthien revinrent près des feux de la clairière ils trouvèrent le roi Orion en grande conversation avec Kundïn et Thricromnur l'homme arbre. Ce dernier parlait d'une voix très grave et très sonore et semblait tout à fait joyeux, éclatant parfois d'un grand rire qui résonnait dans les bois.

"_ Ah, vous voilà enfin Lorindil! fit Kundïn. Thricromnur accepte de nous transporter encore jusqu'aux frontières d'Athel Loren, nous gagnerons ainsi pas mal de temps. A moins que vous ne préfériez rester ici? ajouta-t-il en lançant au mage et à la sorcière un regard amusé. Luthien rougit jusqu'aux oreilles et Orion la regarda d'un air désapprobateur. Le roi des Elfes sylvains était assez sympathique avec ses invités mais manifestement il n'aimait pas voir une femme de son peuple approcher de trop près un Haut Elfe.

Après avoir remercié longuement le roi des Elfes Sylvains et son peuple pour leur hospitalité ils reprirent leur route perchés comme à l'aller sur les épaules de Thricromnur. L'homme arbre et Kundïn s'étaient découvert une passion commune pour le chant dans le registre des basses (et plus bas encore pour Thricromnur!) et tout au long du voyage ils entonnèrent de nombreuses chansons qui faisaient fuir tous les habitants de la forêt qui se trouvaient à moins de trente pas d'eux.

Quelques heures plus tard, le petit groupe déboucha à la lisière de la forêt. Luthien et Lorindil s'échangèrent un regard entendu chargé de promesses, sous le regard toujours aussi désapprobateur du roi d'Athel Loren.

Ariel ne put s'empêcher de s'esclaffer: elle savait qu'en les capturant dans les filets de l'amour, Isha avait déjà uni les deux mages, quoi qu'en pense son époux.

Kundïn salua bien bas le roi et la reine de la forêt, et s'entretint en Khazalid avec Thricromnur, qui comprenait de nombreux langages du vieux monde. Le Nain et l'Homme-Arbre se séparèrent en riant après une bonne poignée de main (et de branches), au grand étonnement de tous leurs autres compagnons : en effet, l'inimitié qui opposait leurs deux peuples était millénaire et presque légendaire et cette scène d'adieu était tout à fait inhabituelle.

Ariel, qui comprenait elle aussi la langue des Nains, avait écouté discrètement leur conversation et était encore plus surprise que les autres. Elle demeura un instant songeuse, puis s'approcha de son mari et lui glissa à l'oreille :

" Il se passe des choses étranges ces temps-ci, décidément! Notre hôte et Tricromnur viennent de se jurer amitié et assistance..."

Le roi des forêts la regarda, perplexe, puis eut un large sourire qui en disait long sur les doutes qu'il éprouvait devant les conclusions de son épouse... Ariel, voyant qu'Orion ne la croyait pas, n'insista pas et garda le slience.

Le Tueur et le Haut Mage reprirent la route, à travers les montagne grises, en direction de la grande forteresse de Karak Kadrin. Après plusieurs jours de voyage les deux compagnons arrivèrent en vue d'une antique forteresse naine que Kundïn connaissait de nom, et dont le roi n'était autre qu'un des plus anciens Confédérés, Karek longue-Barbe. D'un commun accord ils décidèrent de s'y arrêter pour la nuit.

 

Le problème des Artibus

 

Deux mercenaires venaient de rentrer bruyamment dans la petite ferme de le famille Artibus. Ils étaient très grands et se ressemblaient énormément. L'un portait une énorme épée dans son dos, l'autre arborait un arc magnifique et possédait également un petit sabre.
Les époux Artibus leurs exposèrent leur problème:
- Notre seigneur protecteur, le Chevalier Valmont, nous demandant trop de bétail pour alimenter ses garnisons, nous nous nourrissons dans la forêt.
La femme continua:
- Mais un énorme monstre nous attaque souvent et il a déjà tué deux de nos fils! Il est énorme, deux fois plus grand que vous et je crois qu'il a un repère au milieu de la forêt, derrière notre maison. Cela fait trois jours qu'il n'est pas apparût, il devrais donc ressortir bientôt.
Son mari acquiesça:
- Exactement, nous aimerions donc que vous le tuiez!
- Pas de problème, mais ça coûteras cher, pas vrai Drastid?
- Euh, ouais!
- Très bien, mais si vous rencontrez notre fils Horris, ne lui faites rien: il protège le monstre mais il est gentil au fond!
- Ha ha ha! D'accord, s'écria Duncan. Bon frérot allons-y!
- Euh ouais!
Les deux frères sortirent de la maison et se dirigèrent vers la forêt. Au crépuscule ils arrivèrent au seuil d'une grotte, mais un homme les interpella:
- Vous ne rentrerez pas!
- Ah, c'est toi Horris! Eh, Drastid c'est le fils qui protège le monstre.
- Ce n'est pas un monstre c'...
- Oh, fermes-là et laisse nous passer.
- Non, je... Duncan lui envoya son poing en plein visage, Horris tomba brutalement, assommé.
- Allez Drastid on rentre, on tue ce voleur de nourriture et on repart avec l'argent!
- Euh, ouais!!!
Ils entrèrent dans une grotte très sombre mais on pouvaient sentir des toiles d'araignées géantes qui formaient comme des voiles protecteurs. Duncan et Drastid les arrachaient et les coupaient avec vigueur. Soudain une lumière apparut, elle venait du bas. Ils étaient en fait postés sur une espèce de petit promontoire qui surplombait une vaste pièce avec au fond l'entrée d'un tunnel. Drastid sauta aussitôt dans la pièce: le monstre venait de sortir du tunnel en écartant délicatement une toile d'araignée. Duncan resta sur la petite élévation et banda son arc vivement, au même moment Drastid sortait son épée en fonçant sur la bête. Il sauta et brandit sa longue lame, le monstre stoppa nonchalamment son attaque en lui prenant son arme et en le jetant à terre. A cet instant une flèche fendit l'air et s'enfonça dans la poitrine du monstre qui l'ôta immédiatement. Drastid secoua sa tête et l'attrapa par un pied. L'énorme bête le projeta contre le mur grâce à son autre jambe. Duncan était prêt à décocher sa seconde flèche lorsque Horris l'arrêta. Duncan cria: Lâche moi, idiot.
Horris lui tenait le coude, Duncan essaya de se dégager et lâcha la corde par inadvertance. Horris prît la flèche en plein estomac, il s'affaissa, serra la flèche des deux mains et lui dit:
- Tu ne le connaît même pas et tu l'attaque sans raison, tu es vraiment trop stupide!
- Parles pour toi, enfoiré, je fais juste mon boulot.
Duncan lui fila un coup de pied dans la tête et il perdit connaissance. Pendant ce temps la lutte entre Drastid et la bête avait continué, Drastid avait beau essayé de le toucher, le monstre évitait tout. Au bout d'un moment ce dernier le souleva et le lança en l'air. Le pauvre mercenaire se brisa la colonne vertébrale contre une paroi de la grotte, il leva la tête et cracha du sang.

Duncan se retourna et aperçut les yeux de son frère montant au ciel, il cria et dégaina son épée. Le monstre , lui, perdait énormément de sang, par le trou qu'avait laissée la flèche.

Il se dirigeait lentement vers le tunnel. Lorsque Duncan arriva à sa hauteur, la bête s'écroula par terre en respirant bruyamment. Duncan baissa doucement son arme et tourna autour du corps étendu sur le sol. Il sentit alors les voiles de soie qui protégeaient l'entrée du tunnel. Il entendait encore le monstre respirer, mais il entra dans le tunnel qui débouchait dans une salle extrêmement noire. Mais il voyait quand même assez pour comprendre l'erreur qu'il venait de commettre. Il se retourna en entendant la voix d'Horris:
- Tu vois j'avais raison, tu es trop bête.
- Mais je ne sa...
- Oui ou plutôt tu n'as pas voulu savoir que cet animal avait besoin de nourrir ses petits et que mes parents se comportaient comme notre seigneur, en l'empêchant de le faire!
Il retira la flèche qu'il avait dans l'estomac et se mit à genoux:
- Il te faut donc trois morts pour comprendre les choses. Vous êtes vraiment tous trop stupides! cria-t-il.
Il fixa Duncan et partit pour un monde meilleur en tombant à coté du corps de la bête. Ses yeux accusateurs troublèrent Duncan, qui recula vivement en s'apercevant que l'animal, dans son dernier souffle, lui envoyait le même regard. Le mercenaire fût immobilisé par quelque chose, il se retourna doucement et aperçut 6 petits yeux jaunes et brillants. Son sang se glaça instantanément en se rappelant que le monstre n'était pas sorti de son antre depuis trois jours.
Cette nuit-là, le problème de la famille de paysans Artibus ne fût pas résolu et il y avait eu quatre victimes de plus.

FIN

 

Le Sacrifice

 

La horde d'Hommes-Bêtes mugit à l'approche de son seigneur, Gorfor le Ténébreux. Les Ungors s'agitaient frénétiquement, les Minotaures beuglaient, et les Bestigors hurlaient le nom de leur maître. Gorfor traversa ses troupes, se dirigeant vers la Pierre des Hordes de son clan. Là, Gurfor le chamane l'attendait pour débuter la cérémonie des ancêtres. L'énorme chamane récita tout d'abord un discours à la gloire de la horde, du Chaos et enfin de Gorfor. Puis, levant la tête d'un humain fraîchement coupée, il invoqua les ancêtres. La cérémonie commença lorsque, dans un roulement de tonnerre, les âmes des Anciens vinrent assister aux réjouissances. Les Hommes-Bêtes hurlaient à mort. Gorfor ne put s'empêcher de baver : il savait que le cérémonial s'accompagnait de sacrifices, puis d'un grand festin.

Les tambours retentirent lorsqu'arrivèrent les prisonniers. Des Nains, des Humains et des Gobelins, tous terrorisés. Ne pouvant sourire, Gorfor bava de plus belle.

Le ciel s'obscurcit tandis que le chamane récitait le rituel du sacrifice. Les prisonniers furent attachés à l'énorme Pierre des Hordes. Certains humains furent directement pendus au sommet du monolithe. Gorfor reconnut parmi eux les champions capturés lors de ses précédents raids.

Gurfor brandit alors un immense cimeterre. Puis, un à un, il l'enfonça dans les corps des suppliciés. Chaque hurlement était accompagné d'un violent éclair. La cérémonie battait son plein. Lorsque le dernier prisonnier fut tué, Gorfor lança un terrible beuglement, repris par le fracas du tonnerre. Les Dieux avaient apprécié le spectacle, et les ancêtres s'étaient délectés des âmes des condamnés. Après un rapide signe de son chef, la horde se précipita sur les cadavres. Maintenant, pensa Gorfor, le festin pouvait commencer.

 

La genèse d'El Haya : naissance d'un prince sombre.

A une époque aujourd'hui provisoirement révolue, l'empire humain traversait l'une des plus grandes crises de son histoire. En effet, les vagues successives des armées du chaos réduisaient à néant tous les effort que les mortels avaient mis en oeuvre pour construire un semblant de civilisation, massacrant et détruisant tout sur son passage.
C'est en ces périodes de troubles que naquit l'El Haya, celui qui allait devenir le fléau du vieux monde.

 

Chapitre 1 : chasse au gobelin.

 

Kru passa ces premières années dans une ferme de la province du Middenland, loin du tumulte de la guerre. Si il avait déjà entendu parler des combats féroces et des fait héroïques de ses pairs, il n'avait encore jamais encore connu la guerre, car il vivait en des terres montagneuses assez reculées. Ses parents lui inculquèrent une bonne éducation et son frère, soldat de la Reikguard, lui appris l'art de la guerre. Sa vie était régie par les moissons et il ne lui arriva aucun fait notable jusqu'à ses quatorze ans.
Un jour qu'il rentrait des champs, il trouva ses parents en pleurs. Ils étaient accroupis devant un chevalier en armure baignant dans son sang. Il compris aussitôt qu'il s'agissait de son frère, la fièreté de la famille, chevalier de la garde rapprochée de l'empereur. Il avait perdu la vie sur le chemin de la chaumière de ses parents, alors qu'il venait leur rendre visite en compagnie de plus fidèle ami. Des gobelins avaient surgit d'un fourré et les avaient écrasé sous le nombre. "Il en a tué au moins vingt", lui dit son père en le voyant apparaître dans l'embrasure de la porte. "C'était un vrai guerrier du Middenland, il avait la rage du loup en lui. Ton frère est mort en brave et il est aux côtés d'Ulric à présent.", ajouta-t-il, en tentant désespérément de cacher ses larmes."Au moins vingt", répéta-t-il, comme pour s'en persuader. L'enfant savait à quel point son père aimait son frère et à quel point sa douleur devait être forte. Il connaissait aussi la valeur de son frère et son courage. "Sûrement bien plus", crut-t-il bon d'ajouter".
" -Va chercher les soldats auxiliaires du village, on va nettoyer la colline.
-Je veux venir avec vous.
-Non, il pourrait bien avoir des orcs avec eux. C'est trop dangereux.

-Les orcs me font pas peur ! Ces peaux vertes ont tué mon frère, et je le vengerai, même je dois pour cela affrnter toute la tribu !
-Qu'il en soit ainsi, tu viendra avec nous"
Son père tira l'épée du cadavre ensanglanté de son frère de son fourreau. Il la lui tendit : "C'est Lame des Steppes, l'épée de ton défunt frère. L'empereur lui avait offerte en main propre, pour le remercier de lui avoir sauvé la vie. Elle te revient de droit à présent.".

La petite troupe serpentait sur le chemin qui longeait la colline du Pré Aboyant. La grande majorité du contingent était en fait des paysans du village. "On se demande pourquoi ils sont dans l'armée de réserve !", pensa l'enfant en souriant. En effet, les uns était trop gros, les autres trop petit...Aucun n'obéissait aux critères de recrutement de l'armée régulière impériale... Seul lui et son père se détachaient du reste du groupe : grands, beaux et biens bâtis, ils faisait figure de champions comparés aux autres.Il émanait d'eux une aura de réussite et de gloire qui inspirait la confiance."De vrais Middenheimers", pensa-t-il.
Ils débouchèrent bientôt sur une clairière où des gobelins avaient visiblement séjourné. L'herbe, auparavant d'un vert magnifique avait était brulée par les nombreux feux allumés par ces petits êtres cupides. Un partie de la forêt avait apparemment pris feu, sûrement à cause de braises mal éteintes.

De la chair faisandée gisait un peu partout aux alentours du groupe, dégageant une odeur infecte.
"Les saloperies", siffla un soldat,visiblement ébahi par tant d'inconscience.
Soudain, un bruit discordant de cor primitif retentit, accompagné par les piaillements des petits être hystériques :
"On va leur péter la gueule !"
"Ils sont foutus !"
Les gobelins semblaient cependant parler ainsi pour se donner du courage, car aucun d'entre eux n'osait s'élancer le premier. Opposés à un rempart d'êtres rachitiques, les Middenheimers se concertèrent du regard et s'échangèrent un sourire malsain. Ils chargèrent des gobelins tremblants de peur, et les hachèrent jusqu'au dernier.

Redenscendants de la colline, les hommes se recontaient leurs exploits. L'un d'eux interrogea l'enfant : "Et toi, combien ?"."Bien plus que vingt, bien plus", répondit l'interressé en fixant Lame des Steppes d'un regard dément...

 

Chapitre 2 : L'exode

 

Les années passèrent rapidement et l'enfant devint un homme. Il était devenu lunatique et aggressif, et ses amis s'en méfiaient.
Un jour, lors d'un tournoi organisé par le comte électeur du Middenland, IL accomplit des prouesses. IL avait décidé d'y participer non pour la gloire ou l'argent, mais pour défendre l'honneur de son village, humilié l'année précédente. Il faut cependant noter que les tournois du Middenland n'ont rien des joutes des fières bretonniens et qu'ils tiennent plus de la rixe et du pugilat... Au cours de la mêlée finale, IL se trouva isolé, tous les siens ayant sombré dans les limbes de l'inconscience. Semblant soudain libérer toute sa puissance contenue, IL déroba l'épée d'un des gardes du comte qui se trouvait derrière les barrières délimitants la zone de combat et moissona les crânes de ses malheureux adversaires. Tous les gardes intervirent pour le stopper, mais la plupart s'écroulèrent au sol, le corp lacéré de coups... Une fois maîtrisé, il fut promptement amené devant le comte électeur. Quand celui-ci l'interrogea sur les raisons de son acte, IL répondit d'une voix sourde : "Bien plus que vingt, bien plus...".
Le comte électeur le banni du Middenland pour l'éternité, car il répugnait à éxécuter un combattant de sa valeur.

Chapitre I

La forêt de Darkerwald

Pansedrue dormait la tête appuyée à la racine d'un arbre, les pieds étalés presque en travers de la route, il rêvait de la Taverne des bateliers, à Ravenberg, et d'une chope de bière sans fond. La plupart des gens trahiraient père et mère pour ne pas avoir à fermer l'œil dans la forêt de Darkerwald : on la traverse ordinairement aux aguets, inquiet d'y pénétrer et sacrément heureux d'arriver enfin à l'auberge du guet. C'est au point que les louvetiers qui tiennent le comptoir peuvent faire le prix qu'ils veulent sans que personne ne rechigne jamais : le voyageur ordinaire est trop content d'avoir, entre lui et la forêt, les arquebuses des gardes du pont. Une vraie rente!

Alors dormir étalé au milieu du chemin, en plein jour, quand on est en plus vêtu de toutes les couleurs de l'arc en ciel, sans compter quelques variantes inédites, pouvait passer pour de la provocation.

Pansedrue pensait autrement : il n'aimait pas ces fainéants de louvetiers trop gras pour courir après les meutes. Il refusait d'acheter leur piquette comme de dormir sous leur toit. Il ne prisait pas non plus le goût du mouton, et préférait largement les loups aux bergers. Les loups ne lui avaient jamais jeté de pierre à la figure ou menacé Mam'zelle.

Et puis pourquoi se faire du souci? Son barda et sa peau ne valaient pas trois sous. Les voleurs de grands chemins ne sont pas bêtes au point de prendre le risque de gâter le fil d'un bon poignard de Décapole sur la gorge d'un insolvable. Les autres dangers? Rencontrer une fée ou une Ondine? Il faisait son affaire du risque! Pour le reste, lutins, farfadets et gobelins : il y avait Mam'zelle.

Tout cela explique qu'en cette fin d'après midi où l'air restait encore chaud sous les arbres, les ronflements du bonhomme faisaient un contralto guilleret aux flatulences que lui avaient laissé un repas de lapin mal cuit et une gourde de la pire vinasse qu'on ai jamais vendu de ce côté-ci des montagnes.

Il aurait fallu un coup d'arquebuse pour réveiller le fier Pansedrue, "mestre en son art et diverses merveilles". Pour faire bonne mesure il y en eut donc trois, coup sur coup, comme au début d'une pièce de théâtre.

Le bonhomme s'éveilla alarmé et se trouva caché derrière le tronc avant d'y avoir même pensé. Il avait l'œil aux aguets et la main sur sa bourse râpée : les vieux réflexes reviennent vite. Presque aussi vite il eut un regard pour la chaîne d'acier passée autour d'une branche basse : elle pendait jusqu'au sol et se perdait dans l'herbe devant lui. Il eut vraiment peur.

Par les cornes du grand dieu!

Ca lui revenait! Il s'était endormi sur son vin en égoïste, sans penser à Mam'zelle ni à son repas. Et dans la forêt en plus! L'herbe piétinée disait qu'elle était resté longtemps autour de lui, douce et docile comme toujours, mais on est humain! Il y avait eu un moment où elle devait s'être lassée. Elle avait défait sa chaîne et tenté sa chance à l'aventure...

Il n'était plus temps de se traiter de tous ces noms imagés qui provoquent des bagarres dans les tavernes à bateliers. Pansedrue laissa ses bottes sous l'arbre, il rassembla seulement les pans de ses chausses dénouées pour la sieste et s'enfonça dans le bois, comme un fou. Il trébucha cent fois, s'arrêta autant : l'oreille aux aguets pour essayer de retrouver l'origine des coups de feu ou une vague trace dans l'herbe. Mais la belle avait le pas trop léger, et lui était trop ivre encore pour voir clair. La forêt paraissait muette, à l'écoute elle aussi. A peine y avait-il un oiseau pour sembler rire parfois de l'angoisse du bonhomme ridicule qui déchirait ses bas reprisés dans les ronces et sautait les branches tombées en retenant les pans de sa culotte.

Finalement ce fut là : une clairière fraîchement essartée où demeuraient encore les souches d'arbres brûlés. L'herbe était fine et verte sur les cendres noires du sol.

Là les traces devenaient nettes : le pas ferme de quelqu'un de joyeux qui avait couru jusqu'au milieu d'un groupe d'hommes vêtu de costumes de chasse. On sentait l'odeur tenace de la poudre mêlée au parfum incongru des pommes de terres et des poireaux. il y avait un feu dispersé dont les brandons fumaient encore ça et là. Un chaudron renversé.

Il y avait par terre un chapeau jaune à plumes bleues qui faisait comme une tache sur l'herbe piétinée.

Tas de charognes! Le cul vous pèle à en tendre des tambours!

Le groupe eut un mouvement devant l'apparition de cet invraisemblable bonhomme aux vêtements bariolés qui courait en tenant les pans de sa culotte. Les visages étaient sévères, comme cadenassés, certains saisirent posément leurs armes : de longues arquebuses aux canons noirs. Il y eut une voix

"C'est un humain"

Les regards n'en devinrent pas plus aimables, mais les hommes s'écartèrent devant l'arrivant dépenaillé.

Pansedrue, lui, n'avait que faire des bâton à feu : il aurait affronté à mains nues une bande de trolls sans y prêter attention : les larmes lui coulaient sur la figure creusant des sillons dans la crasse d'une année entière. Il ne voyait rien que la forme effondrée sur l'herbe verte, comme une couverture usée, piquée de pierres de couleur.

Mam'zelle! Saloperie de bonne femme...

Il s'effondra au milieu des hommes, brassant le corps inerte comme pour lui rendre la vie, le visage enfoui dans le poil emmêlé et rêche. Il relevait la tête sombre aux yeux vitreux, se maculait la figure du sang qui coulait sur la gueule aux dents cassées. Les grelots de verre ou de cuivre cousus au costume de Mam'zelle tintaient, discordants, autour de lui.

Tas de salaud... Charognes d'hommes! Pourquoi vous me l'avez assassiné?

Autour les soldats s'étaient reculés. ils faisaient un cercle muet autour de cet espèce de vagabond ventru, maculé de terre et de sang, qui embrassait en pleurant le corps d'une ourse morte...

Chapitre 2

Un terrier de renard

 

"Que le cul leur pèle et qu'ils crèvent de ne pas pouvoir s'asseoir..."

Pansedrue se redressait un peu. Il ne tenait pas encore debout mais au moins, avec l'aide de l'arbre à côté, il pouvait rester assis. Peut-être que s'il trouvait à boire...

La gourde dans son sac était presque vide, il en assécha les dernières gouttes. Le vin épais et chaud avait un remugle de vieux vinaigre, mais de toutes manières Pansedrue n'en sentait pas le goût. Il y avait trop de terre sur ses lèvres, trop de sang aussi, le vieux, celui de Mam'zelle, le neuf qui coulait encore de son nez.

Au départ il avait cru avoir affaire à des nouveaux croyants. Il y en avait dans le forêt de Darkerwald, réfugié depuis des années pour suivre leurs rites à l'abri des inquisiteurs de Lüst. Ils décourageaient les visiteurs et n'hésitaient pas à tuer pour défendre leurs maisons cachées dans les bois. Mais il n'auraient pas cherché de noises à un Pansedrue. Les paysans qui vivaient alentour et ne les aimaient guère, s'accordaient pour dire qu'on n'avait jamais pris leur honnêteté en défaut.

Chez eux la morale était si rigide qu'elle en devenait un pêché.

La tête de Pansedrue tournait. Les coups? Le vin? La peine? Tout cela sans doute. Il tomba à nouveau, le nez dans un terrier de renard dissimulé entre les racines de l'arbre. Il perdit conscience pour s'enfoncer dans un brouillard opaque peuplé de cauchemars.

Il y avait Mam'zelle qui dansait sur une place au son aigre d'un pipeau. Il y avait des gens qui passaient, de jeunes servantes qui posaient leur panier de linge pour venir voir ce phénomène : un énorme ours noir qui faisait la révérence aux demoiselles et qui levait son chapeau chaque fois qu'une piécette tintait dans son écuelle. Toutes les villes, toutes les foires de Dennewark, et même jusqu'en Arkenland... Pansedrue avait traversé le monde dans les pas de Mam'zelle.

Ils avaient gagné leur vie ensemble, partagé le moindre croûton de pain, l'hiver il avait dormi au chaud entre ses bras. Il ne se souvenait plus de leur rencontre...

Mais si! C'était pendant un hiver interminable, alors qu'il était encore le serviteur du vieux Bellegueule. Ils avaient trouvé refuge dans un campement de charbonniers au fin fond d'une forêt comme celle-là... Pas de clients, pas de soupe : il fallait aider à l'ébranchage et à la construction des meules pour gagner le vin qu'engloutissait le vieux saltimbanque. Et après le travail, quand Pansedrue ne sentait plus que la douleur dans chacun de ses muscles, Bellegueule le cognait dur pour lui enseigner les tours qu'il était devenu trop raide pour faire.

L'ourson devait être orphelin, lui aussi, il avait cru trouver un refuge dans une meule en construction... Drôle d'idée.

Pansedrue lui avait sauvé la vie. Les charbonniers voulaient s'amuser avec et ils auraient fini par le donner aux chiens : ce n'étaient pas des hommes qui vivaient avec la forêt, ils s'imposaient à elle avec violence, marquant leur passage de colonnes de fumée noire. Pansedrue voyait autrement, c'est la première fois qu'il avait été obligé de se battre vraiment pour une vie.

Il avait gagné l'ourson.

Les charbonniers posaient le même regard sur le monde que ces hommes aux yeux froids dans la clairière. Ils disaient de prières en lui donnant des coups de pieds dans la figure pour le purger du mal. Ils avaient brûlé le corps de mam'zelle en priant... Ils lui avaient passé la corde au cou en priant.

Pansedrue sentait la corde se resserrer sur sa gorge, il suffoquait, cela l'éveilla.

Un nouveau cauchemar? Il ouvrit les yeux sur une trogne verdâtre et grimaçante qui bavait à trois pieds de son visage. Il voyait les yeux cligner dans l'éclat rouge du soleil couchant.

Juste à temps! Une sale bestiole tirait sur la lanière de sa sacoche et le cuir lui déchirait la gorge. La douleur lui rendit quelques réflexes et il jeta ses deux poings en avant. Le crâne pris dans un étau craqua, les yeux s'éteignirent dans un couinement de souffrance : le vieux n'était pas sans force.

Pansedrue se dégagea rapidement des lanières entortillées et de la souche et fut surpris d'arriver à se mettre debout. l'horizon ne tanguait plus, la peur soudaine , la décharge de violence l'avaient dégrisé. C'est à peine s'il ressentait les coups reçus tantôt. il ajusta sa sacoche en grognant et pris son coutelas.

Saloperie de bestiole!

Un tout petit gobelin en haillons était affalé à ses pieds. Sa peau tavelée de plaies et de croûtes avait une teinte plus brune que verte. Ses griffes étaient cassées et incrustées de terre.

Toi, tu vas payer pour les autres!

Les gobelins ne sont pas les plus dangereuses des créatures à peau verte, mais quand ils sont nombreux, il sont un vrai fléau : ils pillent les fermes isolées, Piègent les voyageurs imprudents, dévorent les brebis et les bergères. Plus on en tue, plus il y en a. Malgré tout on se fait un devoir de les tuer chaque fois qu'on peut, au moins tant qu' on a l'intention de se réveiller vivant quand on s'endort.

D'une main, Pansedrue attrapa une oreille de la bestiole, il tira la tête bosselée en arrière et assura son poignard dans l'autre.

La créature était flasque, déjà morte peut-être, mais on sentait de la raideur dans la nuque : le gobelin impuissant faisait le mort dans l'espoir de tromper son vainqueur et de revenir l'égorger dans la nuit...

Avec Mam'zelle, Pansedrue pouvait dormir sur ses deux oreilles! Une nuit dans l'Altertal, elle avait mis en fuite trois ou quatre orques en maraude...

Cette pensée l'arrêta. Plus de Mam'zelle. Il revoyait les hommes froids avec leurs arquebuses et leurs épées luisantes.

Il baissa le regard sur la créature puante : les yeux glauques le regardaient sous les paupières presque closes.

Tu fais le mort, charogne...

Il pensa : comme moi tout à l'heure.

Sur l'épaule du gobelin, une plaie s'était rouverte, il y perlait un sang rouge qui se figeait en gouttes brillantes sans couler.

C'est drôle une créature à peau verte avec du sang rouge...

Pansedrue jura, les yeux du gobelin cillèrent à nouveau.

Sans réfléchir, il lâcha la tignasse emmêlée et envoya le gobelin rouler dans le fourré d'un coup de pied.

Va crever ailleurs, charogne, bien loin, et n'espère pas me surprendre cette nuit!

Rageusement, il boucla son sac, repris son bâton, le chapeau jaune à plumes bleues : tout ce qu'il lui restait de Mam'zelle. Il ne pensait plus qu'à partir, à marcher aussi longtemps que ses jambes pourraient le porter, droit devant lui.

Pansedrue avait toujours fait ainsi : quand la vie lui avait été mauvaise il était parti, aussi loin qu'il en avait eu l'idée, jusqu'à ce que naisse quelque chose d'autre. La première fois cela avait été une oursonne dans un camps de bûcherons.

Droit devant lui.

L'étape précédente avait été Klösterdorf dans l'est? Il irait donc vers le Dennewark.

Quand il boucla son sac, un croûton de pain tomba dans la boue : la veille il l'aurait jeté à Mam'zelle qui aurait dansé un gigue de joie. Désabusé, il le jeta au gobelin qui était toujours là, tapis à l'orée du fourré à le fixer de ses yeux clignotants.

Il se mis en route d'un pas rageur, comme s'il voulait passer sa colère sur chaque pierre du chemin.

 

Chapitre 3

A l'enseigne du Pigeon plumé

 

Il y a une auberge au carrefour du Wartz, juste avant le gué du Bardweg. Les voyageurs ne s'arrêtent là, à contre cœur, que parce que toutes les autres ont brûlé à dix lieues à la ronde. Diebler le Long, l'hôte, est un ancien voleur de grand chemin qui a eu la sagesse de réinvestir ses gains dans une situation stable.

La vie d'un brigand est moins exaltante qu'on le dit souvent. L'attente interminable dans l'humidité des sous bois favorise le rhumatisme insidieux, développe les hémorroïdes. Il n'est pas rare que, refroidi par une trop longue immobilité, le bandit se froisse un muscle au moment de bondir sur sa proie. Si l'on ajoute la déprimante indigence des voyageurs vraiment sans défense, on comprend que l'artisan couvre rarement ses frais quand il lui faut en plus supporter l'entretien d'une bande, l'ambition des blanc becs. Et que dire du manque de reconnaissance de la clientèle?

Les choses ne s'arrangent guère avec les années. A l'âge où le boutiquier peut, les pieds au chaud, regarder trimer un fils ou un gendre, plus d'un audacieux trompe la mort finit mendiant à la porte d'un couvent parce que le Guet a été trop maladroit pour le pendre à temps.

Plutôt que d'encourir l'incommodité d'un tel destin, Diebler avait opté pour la sécurité.

A l'auberge du Pigeon Plumé, les garçons ont des gueules à faire cailler le lait frais, et les prix pratiqués sont exorbitants. Mais comme Diebler aime à le faire remarquer à ses clients : vider sa bourse à l'auberge est presque la garantie qu'on ne s'en fera pas voler le contenu sur la route. Autant payer trop cher un mauvais vin que de se faire dérober son argent une lieue plus loin, sans avoir eu le plaisir d'une ivresse. Même en notre triste époque, quand se perdent les meilleures traditions, aucun brigand n'est encore assez rapace pour forcer le client à vomir son vin.

Pansedrue avait eu ses habitudes au Pigeon. Si le temps avait été sec, il aurait peut-être négligé l'étape par misanthropie, mais il pleuvait depuis trois jours et il ressentait le besoin d'un peu de chaleur. Il passa donc la porte. Il savait pouvoir rencontrer là des regards amis, peut-être même dénicher un emploi pour quelques temps. Dans les moments difficiles où l'estomac commande, nécessité fait loi, et l'honnête homme doit trouver des accommodements avec sa conscience. De fait il trouva du réconfort dans la salle commune.

Les employés qui n'avaient pas l'habitude de se troubler quand un client avait l'agonie trop bruyante, étaient prêts à verser de chaudes larmes sur l'ourse. Ils se sentaient plus proche d'elle maintenant qu'elle était morte.

On n'est pas bateleur des années sans apprendre à évaluer le client du premier coup d'œil, et ce genre de talent était apprécié par Diebler. Pourtant, il arriva le second soir, à la nuit tombée, un groupe qui sembla énigmatique à tout le monde. L'homme, la cinquantaine sévère, était pauvrement vêtu mais respirait l'autorité. Les deux jeunes prêtres qui l'accompagnaient auraient aussi bien pu être des escrimeurs redoutables et la jeune femme était trop jolie pour parcourir la forêt avec une aussi faible escorte.

Aucun brigand n'aime l'imprévu, le groupe trop hétéroclite fut examiné avec une suspicion marquée. Seule la peur qui semblait les avoir suivis dans la salle avait quelque chose de rassurant.

L'excitation se mêlait donc au malaise quand on se réunit, après la veillée, dans la remise où dormait Pansedrue. Le maître de maison était prudent, ses acolytes plus enthousiastes. Il y eut une vive discussion. Le saltimbanque sentait quelque chose de familier dans ce groupe, un vague souvenir d'autant plus irritant qu'il était brumeux.

·         J'ai eu trop de soucis et pas assez à boire, laissez moi le temps...

·         Le temps! avec du temps ces poulets trop gras seront loin!

·         Rien que la montre vaut dix carolus!

Les commis tripotaient leurs poignards avec une impatience croissante. Certains s'étaient déjà levés C'est toujours l'effet que leur faisaient les débats de plus de cinq minutes...

·         La pluie est installée, et demain le Bardweg sera trop fort pour être franchi, cela laissera vos oiseaux au nid une journée au moins : suivez mon conseil, laissez-moi le loisir de les approcher et vous saurez si c'est un gibier ou non, parole de Pansedrue...

Diebler se rangea à l'avis qui s'accordait à son caractère :

- On montera juste la garde aux gués pour cette nuit : Hans au carrefour et Belle Avoine au gué! Allez!

Les garçons sortirent en maugréant, on les sentait prêts à désobéir, surtout ceux qui avaient pour perspective une nuit de veille sous la pluie. Cela les peinait aussi d'avoir sorti leurs lames pour rien. La discipline prévalut cependant et Pansedrue se trouva seul dans le foin poussiéreux. Seul avec le dégouttement de l'eau sur le chaume et un reste de doute dans l'esprit.

Il fut éveillé, quelques heures avant l'aube. On le secouait d'une main rude.

- Fuir... Faut fuir...

C'est ainsi qu'il retrouva le gobelin : une face indistincte éclairée par l'éclat rougeâtre des yeux.

Quand Pansedrue se redressa, la bestiole eut un mouvement de recul, dressa les oreilles, mais ne s'enfuit pas. Elle hésitait on ne sait pourquoi. Tout aussi bizarrement, Pansedrue n'eut pas peur. Il était curieux.

- Qu'est-ce que tu veux encore?

·         Ssst! Fuir vite!

Le gobelin paraissait terrifié, et pas pour s'être risqué seul à l'intérieur. Pansedrue savait reconnaître ce genre de sentiment : il se figea pour écouter. Ecouter quoi? le bruit des gouttes? Le craquement de la maison endormie? Autre chose? Un pas... Un cheval qui s'ébroue? Les clients qui se font la belle?

La peur est contagieuse, elle poussa soudain le bonhomme à se glisser par l'ouverture qui donnait sur le ruisseau : un lavoir ou une évacuation selon les besoins. La taverne avait grand usage des deux. Dehors, presque à genoux dans l'eau froide, il resta à l'écoute. Rien.

-Ssst!

Le gobelin était dans ses jambes. il tombèrent ensemble dans la boue.

Il entendait trop bien à présent tout ce qui l'avait mis en éveil : le grincement des harnais et le son gras des sabots dans la boue. Il rampa avec prudence suivant le fond du fossé vers le bois.

·         Pourvu qu'ils n'aient pas de chiens...

L'instant d'après il était enfoui au milieu d'un bosquet de jeunes noisetiers. Il se pensait hors de danger, la nuit et la pluie sont des alliés fidèles. Derrière lui l'obscurité se piqua de flammes jaunes. Le gobelin avait disparu.

Pansedrue assista alors à une ronde étrange : les flambeaux semblaient tourner autour de la maison comme suspendu en l'air avant de s'envoler vers la toiture où les fenêtres. On ne voyait ni hommes ni chevaux. On les supposait aux ombres plus noires. Parfois un éclat déchirait l'obscurité, on entendait la détonation d'une arquebuse. Peu à peu ce fut la plainte des assiégés surpris dans leur sommeil.

C'est ainsi que revinrent l'aube et le silence. Chevaux et cavaliers semblaient avoir été avalés par le brume. il n'y avait plus de plaintes. Pansedrue restait immobile comme indifférent à la danse macabre qui s'était jouée à deux cents pas de lui : il ne pouvait plus rien pour ses compagnons et ne pensait pas qu'ils auraient exigé de lui qu'il vienne se pendre à leurs côtés. Il montait de la maison une fumée grasse plus lourde et plus noire que la nuit qui se défaisait.

Pansedrue songea qu'il n'avait peut-être pas eu une bonne idée en prenant la route du Dennewark.

A suivre...

 

Les Trépidantes aventures de Helm et Kain

 

Première partie : Nuln

 

 -" Tu es vraiment sûr de toi ?

- Ouais, te fais pas de mouron, je repasserai !

- Que Sigmar te garde, fils."

Les dernières paroles de son père avant son départ résonnaient encore dans la tête de Helm : il avait décider de partir à l’aventure au lieu de rester à la taverne familiale. Son père était tenancier, sa mère et sa sœur travaillait aussi à la taverne, lui seul avait préféré courir les risques de l’aventure et espérer trouver fortune et gloire. Evidemment, sa famille avait eu quelques réticences à le laisser partir, ce qu’il trouva plutôt curieux puisqu’il était du genre paresseux et n’avait jamais montré de véritables signes d’affection à un quelconque membre de sa famille.

Helm venait d’embarquer sur le Dolfstein, en troisième classe, ses maigres économies étaient pratiquement toutes passées dans son billet pour aller jusqu'à Nuln. Il aurait pu commencer sa carrière d’aventurier à Altdorf, sa ville natale, mais il préférait s’éloigner de sa famille.

Il se trouvait maintenant sur le pont du navire, à observer les quelques oiseaux qui volaient haut dans le ciel, pensant à ce qu’il allait bien pouvoir faire une fois à Nuln ; le voyage devait durer quatre jours, il n’en restait plus qu’un avant d’arriver a destination et il n’avait toujours pas d’idée. Tout en réfléchissant a ses futurs projets, il se mit à siffloter un air qu’il avait entendu sur le bateau le deuxième jour. Bientôt ses sifflotements furent accompagnés par le même pipeau qu’il avait entendu jouer ce jour là ; il se retourna et chercha du regard la provenance de cette musique : il n’y avait pas grand monde sur le pont et il finit par apercevoir la silhouette d’un homme accroupi, adossé a l’un des mâts. Par simple curiosité et pour engager la conversation, Helm s’approcha de lui et dit :

" - Joli morceau ! ça vient d’où ?

L’homme était drapé dans un grand manteau usé par les intempéries, son visage était dissimulé sous une capuche et en entendant la question, il releva la tête pour voir son interlocuteur.

Voyant les traits fins et réguliers du visage de l’homme, ainsi que sa chevelure blonde, Helm comprit qu’il avait affaire à un elfe ; il en avait déjà vu a la taverne de son père mais c’était la première fois qu’il voyait un elfe avec un air aussi pitoyable ; visiblement, ce dernier avait dû avoir des problèmes avec ceux de sa race et avait été banni, ou quelque chose se rapprochant, car il tenait plus du mendiant (qu’il était d’ailleurs) que du fier haut-elfe ou du joyeux elfe sylvain.

" ça ne vient de nulle part... c’est de l’improvisation répondit l’elfe d’une voie fatiguée mais toutefois mélodieuse.

- tu es ménestrel ? demanda Helm, qui savait déjà ce que l’elfe allait lui répondre

- hm ? ça dépend... je joue de la musique a mes moments perdus - qui sont nombreux - et il arrive que ça me rapporte quelques pièces dit-il tout en tendant la main vers Helm

- heu ouais, bah je suis presque dans la même situation que toi alors, la charité, tu vois, je crois que ça va pas être possible.

- tant pis, mais dis-moi, tu me semble bien jeune, et ce gourdin à ta ceinture ? tu as l’intention de faire quoi une fois à Nuln?

A ces mots, Helm se rappela qu’il ne savait toujours pas quoi faire.

- Ben... heu.... j’en sais rien... je verrai sur place...

L’elfe éclata d’un rire clair et quelque peu moqueur

-haaa, les jeunes, de nos jours ! et il se remit à rire de plus belle.

Helm supportait moyennement qu’on se moque de lui, mais pour une fois, il fallait avouer que sa situation était franchement ridicule et il se mit à rire lui aussi, se disant qu’il valait mieux ça que d’en pleurer.

- Je m’appelle Kain dit l’elfe en tendant a nouveau la main, cette fois-ci pour serrer celle de Helm.

- Et moi Helm dit-il tout en lui serrant la main.

 

Le Dolfstein arriva en fin d’après-midi à Nuln. Helm avait finalement persuadé Kain de tenter une carrière d’aventurier avec lui. Ils étaient à présent sur le port de Nuln.

- Tu connais la ville Kain ? demanda Helm.

- Non, par où on commence ?

- Il faudrait qu’on trouve une auberge pas trop chère.

- Une auberge ? tu as combien sur toi ?

- Heu... il doit me rester 7 couronnes d’or.

- Bon...le mieux, c’est qu’on cherche chacun de notre coté, d’accord ?

- Très bien.

A ces mots Kain partit vers les petites ruelles ; Helm chercha une auberge sur le port : il savait que plus il s’approcherait du centre, plus le prix serait élevé. Malheureusement pour lui les quelques auberges qu’il trouva n’avaient plus de chambres libres. A la dernière ou il passa il fut interpellé par un vieil homme :

- Pardonnez moi messire, mais il me semble que vous cherchez un endroit pour dormir.

- Oui, c’est la troisième auberge que je fais, vous en connaissez d’autres en bordure de la ville ?

- Bien sur ! Laissez moi vous montrer où se trouve la meilleure auberge de la bordure de Nuln.

La nuit était tomber, et Helm fut plus que réjoui que ce vieillard lui propose son aide. En sortant de l’auberge, Helm aperçut Kain en train de discuter avec un citadin :

- Hola ! Kain !

Kain se retourna, et, voyant Helm, afficha un grand sourire.

- Ah ! Helm ! je croyais que notre relation allait déjà s’achever, nous avions oublier de nous donner un point de rendez-vous.

Helm n’y avait même pas songé et voulut se frapper en réalisant quel imbécile il avait été. Mais le vieillard le coupa dans sa réflexion :

- Messeigneurs ! nous devons nous hâter, il ne fait pas bon se promener en pleine nuit dans les rues !

Les deux compères acquiescèrent et se mirent a suivre le vieil homme qui avançait d’un pas rapide et assuré à quelques pas devant eux.

Après avoir traversé quelques ruelles le vieil homme s’arrêta devant une maison et dit :

- Nous sommes arrivés, amusez vous bien et bonne soirée !

Tout en prononçant ces mots, le vieillard s’enferma à double tour dans la maison devant laquelle il se trouvait quelques instants auparavant. Au même moment, Kain vit deux hommes s’approcher d’un coté de la rue :

- Ah le gredin ! il nous a piégés !

- Merde ! y en a deux autres de l’autre coté ! s’écria Helm.

En effet deux autres hommes venaient d’arriver par l’autre coté de la rue, bloquant la retraite de Kain et Helm.

Les quatre malandrins dégainèrent leurs épées, Helm empoigna son gourdin et Kain un couteau dissimulé dans son manteau. Helm avait plus d’une fois entendu des aventurier de passage dans la taverne se vanter d’avoir fait fuir des voyous rien qu’en les menaçant.

 

Il n’était pas sûr que ça marcherait mais voulut quand même essayer :

- Quoi ? vous voulez crever c’est ça ? ! Allez ! approchez ! on va vous tailler en pièces !

- Avec quoi ? demanda Kain. On va fuir dès qu’on en aura l’occasion !

- Donnez-nous vot’bourse et ptèt’ qu’on vous f’ra pas d’mal ! aboya l’un des voleurs.

A ce moment là, Helm n’avait pas du tout conscience du danger et fonça sur l’un des deux voleurs qui lui faisait face. Ce dernier n’eut aucun mal à éviter le coup maladroit qui lui était destiné et il en profita pour attaquer à son tour. Helm plongea sur le coté pour éviter la lame mortelle mais sentit quand même le métal froid pénétrer la chair de son ventre. Même si ce n’était qu’une blessure superficielle, c’était la première fois qu’il se prenait un coup d’épée et la douleur lui parut quasi insoutenable, mais il savait qu’il devait rester pour combattre, il ne devait pas abandonner Kain ! Kain ? mais au fait il est ou Kain ? c’est à ce moment qu’Helm s’aperçut que Kain était déjà loin, il avait dû profiter d’un moment d’inattention et avait pris la poudre d’escampette. Distrait par ce qu'il prit pour une trahison, Helm ne vit pas venir le coup de plat d’épée qu’il reçut sur la tête : " TONK ! Aouch ! "

Helm s’écroula par terre à demi inconscient, l’un des voleurs en profita pour lui subtiliser sa bourse et les quatre s’enfuirent. Quand il se relevât, Helm était dans une colère noire, d’abord Kain qui s’enfuit, et ensuite lui qui se fait voler sa bourse, le jeune homme fonça dans la ruelle où il avait vu Kain s’enfuir, et le retrouva presque immédiatement. Kain s’appuyait contre un mur et respirait difficilement, histoire de se calmer les nerfs et de se venger de la trahison de Kain, Helm lui colla un magistral coups de poing en travers de la gueule, Kain s’effondra, et perdit conscience.

- Allez ! relève toi sale lopette ! cria Helm qui ne se contrôlait plus. Tu vas te relever oui ? !

Helm finit par se calmer et comprit que, visiblement, Kain n’allait pas très bien, il voulut le soulever et c’est là qu’il s’aperçut que le manteau de l’elfe était couvert de sang, une large blessure partait de l’épaule jusqu’au bassin, Helm s’empressa de faire un bandage avec les bras de sa chemise puis il parti en quête d’une auberge ou de n’importe quoi qui pourrait faire l’affaire en attendant le matin. La chance lui sourit enfin quand il trouva une auberge encore ouverte dans un quartier particulièrement pauvre, la bâtisse était loin d’être un quatre étoiles mais c’était justement ce qu’il cherchait. L’intérieur de l’auberge n’avait rien a envier à l’extérieur et Helm commençait à ce demander s’il ne valait pas mieux dormir dehors :

- Vous voulez une chambre ou quoi ? demanda le propriétaire .

- Ca dépend, c’est combien ?

-3 couronnes d’or, et c’est payable d’avance.

Helm regarda la maigre bourse de Kain et y trouva 5 couronnes d’or :

- Je vous prends une chambre.

- Eh ! c’est des chambres individuelles ! dit le proprio en regardant un Kain inconscient.

- Euh... c’est mon bagage à main ! rétorqua Helm.

Une chose était sure, la chambre ne valait pas 3 couronnes, a peine une pistole d’argent, et encore !

Helm avait déposé Kain sur le matelas au milieu de ce qu’un architecte myope aurait put appeler une salle " carrée ". Le jeune homme s’assit dos au mur, tenant fermement son gourdin dans les mains ; l’unique fenêtre de la pièce pouvait être cadenassée mais aucun cadenas n’avais été fourni : " ça doit être en option " s’était dit Helm, tout en sortant de son sac une fourchette dont il se servit pour remplacer le cadenas.

Il voulut veiller toute la nuit mais les forces de la nature l’obligèrent à piquer un roupillon bien mérité.

 

Le soleil était déjà haut dans le ciel quand Helm se réveilla, son compagnon était toujours allongé au milieu de la chambre et sa blessure avait arrêté de pisser le sang :

- Oh ! Kain, réveille toi !

- hmmgrrrblmalaucrâne grogna l’elfe mal en point.

Après quelques minutes supplémentaires de grognements, Kain daigna enfin se lever, il avait l’impression que sa tête était pressée entre les mâchoires d’un squig et que son estomac se prenait pour un danseur de guerre :

- Où sommes nous ? et qu’est ce qui m’est arrivé ? articula l’elfe avec difficulté.

- ça dépend.. tu te souviens de quoi ?

- heu... le vieillard nous a amené dans un traquenard... j’ai reçu un violent coup d’épée... et je me suis enfui...c’est tout...

- Ah booonnn ! ça explique pourquoi je t’ai trouvé effondré par terre au coin d’une rue. Au fait, tu t’es fait piquer ta bourse

- Quoi !... Oh mer... !

Kain regardât d’un air dépité l’emplacement de sa ceinture ou se trouvait, il n’y a pas si longtemps, sa bourse chérie :

- Y nous reste à peine de quoi manger pour aujourd’hui et demain fit remarquer Helm.

- Je me suis renseigné, si on cherche du travail, il faut aller a la Retzt Platz dit Kain.

Finalement, les deux aventuriers (pas vraiment expérimentés il est vrai) se rendirent a la Retzt Platz, espérant trouver un moyen de remplir leur bourse anorexique.

Pour ce genre de recherche, il est vrai que la Retzt Platz était tout a fait indiquée, de grands tableaux recouverts d’annonces en tous genres étaient plantés ça et là, mieux que l’ANPE ! mais bon, toute chose a ses défauts, et pour parvenir jusqu’au fameux tableaux, Kain dût jouer des coudes et des mains pour se frayer un chemin dans la masse grouillantes de bouseux en tous genres qui s’amassait autour dudit panneau, tout en prenant bien garde de ne pas rouvrir sa blessure fraîchement refermée.

Après une vingtaines de minutes, Kain ressortit de la marée grouillante (il y était allé seul parce qu’Helm ne savait pas lire) avec l’expression du chasseur qui revient avec des champignons dans sa besace :

- Alors ? demanda Helm, plein d’espoir

- Une proposition

- Une seule ? bah, c’est mieux que rien ... faut aller ou ?

- 4 Oldenhaller strasse, l’employeur s’appelle Oldenhaller comme la rue

- ça sent l’or ça, mon compagnon

- ça sent la concurrence surtout !

La villa Oldenhaller était, comme l’avait prévu Helm, une " grosse baraque pétée de thunes ", curieusement, ils étaient les premiers arrivés pour l’annonce et furent reçus (presque) immédiatement par Oldenhaller lui même :

- Je n’ai pas beaucoup de temps, je vous épargnerai donc un entretien de plusieurs heures. dit-il sans même se donner la peine de lever la tête pour regarder les deux nouveaux arrivants.

Je vous donne une prime de 20 couronnes d’or chacun, et une fois le travail terminé je vous en donnerais 100 chacun, ça vous va ? Bon, mon conseiller vous donnera les détails de ce que j’attends de vous. enchaîna le comte sans laisser a quiconque le temps de dire quoi que ce soit. L’homme qui avait amené Helm et Kain dans le bureau leur fit signe de venir avec lui, et les amena jusqu'à son propre bureau. Une carte de la ville se trouvait placardée au mur :

- Le comte veut que vous récupériez une pierre précieuse qu’on lui a volé il y a quelque jours ; le voleur se nomme Emilio Valentina, il est allé se réfugier à l’asile qui se trouve ici. fit le conseiller en montrant un point rouge sur la carte.

- Attendez... vous voulez qu’on aille dans un repaire de maffieux à deux massacrer tout le monde et rapporter un caillou ? c’est bien ça ? demanda Helm d’un ton inquiet

- Vous n’aurez pas a pénétrer en force, nous connaissons le mot de passe qui vous permettra de pénétrer dans la première partie de l’asile.

- Et qui est ? demanda Kain

- Douce Anna.

- D’accord, attendez, je prends note." Kain sortit un calepin et un crayon (l’outil indispensable pour tout aventurier un tant soit peu intelligent) et nota le mot de passe ainsi que le nom du voleur.

Le conseiller donna leurs primes de recrutement aux deux compères et les convia à aller faire leur boulot fissa fissa. Les 40 couronnes permirent à Helm de s’acheter enfin une arme digne de ce nom (en l’occurrence, il s’agissait d’une vieille épée d’occasion pour laquelle le forgeron aurait presque payé pour qu’on l’en débarrasse) et Kain s’acheta une deuxième dague, pas parce qu’il en faisait collection mais parce qu’il était ambidextre.

Les deux aventuriers à plein temps attendirent la tombée de la nuit pour se diriger vers l’asile que leur avait indiqué le conseiller d’Oldenhaller. L’endroit était particulièrement calme et la porte d’entrée ne semblait pas gardée. D’un pas peu assuré, Helm se dirigea vers la porte et frappa :

- Toc toc fit la porte.

-... répondit le silence

- heu... " douce Anna ? " murmura Helm en se collant contre la porte

- Douce Anna dit Kain, un peu plus fort

-HO ! ON A DIT DOUCE ANNA ! ! ! hurla Helm

Aussi incroyable que cela puisse paraître, pas même l’ombre d’un chat ne réagit au hurlement de Helm, qui avait pourtant espérer voir la porte s’ouvrir avec fracas et quelques mafiosi pas contents, mais non, rien de rien, le néant. Que faire dans ce genre de situation ? se dit Helm. Après quelques secondes d’intenses réflexions, il se décida à enfoncer la porte, prenant son élan pour donner un magistral coup d’épaule dans le pauvre amas de planches. Kain eut une autre idée et essaya d’ouvrir la porte, tout simplement ; celle-ci s’ouvrit sans protester, et Helm fonça tête baissée dans le couloir sombre qui s’ouvrait à lui. Après quelques mètres, il se rendit compte qu’il n’était plus dans la rue et, réflexe stupide, alluma une torche qu’il avait dans son sac. C’est vrai qu’il faisait noir mais bon, faut pas exagérer non plus :

- Mais ? ! éteins ça abruti ! ordonna Kain en arrivant dans le couloir.

- Pourquoi ? on va plus rien voir après ? répondit Helm avec une sincérité inquiétante.

- Si avec tout ça, on s’est pas encore fait repérer, j’y comprend plus rien.

- Bah tu vois, inutile de s’inquiéter pour la discrétion puisque c’est déjà foutu, autant penser au coté pratique de cette torche.

Même si l’argument d’Helm était stupide, il n’en était pas moins vrai ; Kain ne fit pas plus de remarques et tout deux avancèrent dans le couloir qui n’était plus sombre du tout ou presque. Ils débouchèrent bientôt sur une pièce où gisaient partout sur le sol des cadavres encore frais (car l’odeur de crevure immonde n’avait pas encore envahi l’endroit). Visiblement, il y avait eu une rixe entre les résidents de l’asile et d’autres personnes dont Kain et Helm ne savaient rien, si ce n’est qu’ils avaient pris soin de dépouiller tous les cadavres de tout ce qui aurait pu servir a quelque chose (règle n°1 du bon aventurier : toujours fouiller les cadavres) et qu’ils utilisaient des armes d’humains (règle n°2 : toujours vérifier la nature des blessures pour savoir à quoi on a affaire). Après avoir fouillé quelques autres salle, toutes emplies de cadavres, Helm et Kain arrivèrent à (roulement de tambour) un couloir sombre (coup de cymbales) du fond duquel ils entendirent comme une respiration lourde et difficile :

- Un survivant ! s’écria Helm en accourant vers le fond du couloir.

Il y vit un homme assis, adossé à une porte en bois, le corps traversé de nombreuse flèches ; vu son état, il n’en avait plus pour très longtemps :

- Haaa...heeurg gémit le futur cadavre.

- Mais encore ? demanda Helm.

- Qui...êtes vous ?

- Moi je m’appelle Helm, je viens d’Altdorf.

- Et moi Kain

- On est là pour récupérer un caillou qu’un mec d’ici a volé, y s’appelle Emilio Valentina, tu le connais ?

- C’est... Kurt Helborg qui l’a... ses hommes sont venus...nous ont tous massacrés...

- Ses hommes ? il se trouve où ce Kurt Helborg ? demanda Kain.

- Dans.....l’autre partie de l’asile

- Et quel est le mot de passe pour y entrer ?

- arg...................fît le cadavre.

- arg ? drôle de mot de passe.

Kain ignora la dernière remarque d’Helm et déplaça le corps du défunt, tout en prenant son arbalète qu’il avait laissé traîner ainsi que son carquois de carreaux à moitié plein (ou à moitié vide, c’est comme vous voulez).

Helm ouvra la porte sur laquelle l’homme s’était adossé... pour se retrouver avec une épée sous la gorge. Deux gardes pointaient leurs arbalètes vers lui et un troisième maintenait son épée au niveau de sa carotide.

- arg ?

 

Visiblement, le mot de passe n’était pas " arg ". Les gardes s’apprêtèrent a faire du hachis Parmentier avec les deux intrus quand, derrière eux, retentit une voix :

- Ha ! vous v’là enfin, c’est pas trop tôt !

- Hein ? mais ce sont des... commença l’un des gardes.

- Oui oui, c’est nous ! cette bande de crétins nous ont pris pour des intrus ! s’écria Helm, sautant sur l’occasion même s’il n’avait aucune idée de quoi il parlait.

L’homme qui venait d’arriver était un gros chauve a l’air menaçant, un fouet était accroché a sa ceinture, plus pour indiquer clairement sa fonction que pour être utilisé.

- Allez bande de feignasses ! ‘vous apprendrai à être en retard, moi ! grogna le contremaître en faisant signe aux deux aventuriers de le suivre.

Kain et Helm suivirent le gros lard qui les amena jusqu'à une grande salle ou une dizaines d’ "ouvriers " s’affairaient a empaqueter diverses marchandises plus ou moins légales et à les entasser dans un coin de la salle qui ressemblait fort a un entrepôt :

- Toi le grand ! va là bas pour stocker les boites ! et toi ! le nabot ! va là bas ! aboya le contremaître.

Helm se retint avec difficulté de ne pas l’étrangler (il faut dire qu’il ne mesurait que 1m60...).

Kain alla jusqu’aux piles de boites et commença à empiler celles qu’on lui passait ; n’oubliant pas sa mission, il tenta d’engager la conversation avec l’homme qui se trouvait le plus près de lui :

- Vous travaillez depuis longtemps ici, vous ?

- ...3 mois.. répondit l’intéressé à voix basse.

- Et heu... ça va ? c’est pas trop dur ?

- Non....

Finalement, Kain laissa tomber son interrogatoire discret, il ne voyait pas comment amener discrètement le sujet sur la pierre d’Oldenhaller. Après une dizaines de minutes, Kain vit Helm s’approcher à peine discrètement de lui :

- Psst Kain, ramène tes fesses, j’ai un rendez-vous chez Holger !

Helm amena l’elfe jusqu'à une porte de l’entrepôt et avant d’ouvrir :

- Tu joues mon jeu, OK ? le garde est un abruti, il va nous laisser entrer, mais tu fais semblant d’être fan de Kurt Holger, pigé ?

Kain acquiesça d’un mouvement de tête et tout deux pénétrèrent dans la pièce d’à coté.

Un garde, sur lequel le qualificatif "massif " pouvait s’associer a toutes parties de son anatomie sauf son cerveau, se tenait quasiment au garde à vous devant l’unique porte de la pièce (si l’on oublie la porte par laquelle Helm et Kain étaient entrés, bien sûr) :

- Me revoilà ! allez vas-y fais nous rentrer. dit Helm.

- Bon d’accord, mais 3 minutes seulement. Répondit le garde, affichant un grand sourire affligeant de naïveté.

Les deux aventuriers entrèrent dans le bureau de Kurt Holger, qui était en fait une vaste pièce divisée en trois parties, sa chambre, sa bibliothèque et enfin son bureau derrière lequel on pouvait admirer son cadavre ; l’endroit était encore plus luxueux que le... son cadavre ? Oui, son cadavre, baignant dans une mare de sang :

- Mais c’est pas vrai ! on attire la poisse sur tous les mecs qu’on cherche ou quoi ? s’écria Helm.

- Il faut trouver la pierre, vite ! renchérit Kain.

- Je te parie 100 couronnes d’or que ce mec s'est fait buter à cause de cette pierre et que son assassin est parti par le passage derrière ce rideau et qu’il a pris la pierre avec lui.

En effet, une sorte de tunnel qui à l’origine était dissimulé par un rideau maintenant a moitié déchiré se trouvait derrière le bureau. Kain refusa de parier (ce que même un troll aurait trouvé logique), et les deux aventuriers s’engouffrèrent dans le tunnel. Au même moment le garde du bureau pénétra dans le bureau. Quelques secondes plus tard, cinq gardes très en colère étaient a la poursuite d’Helm et Kain, qui avaient maintenant atteint les égouts sur lesquels débouchait le tunnel. Outre les senteurs parfumées émanant du bourbier qui s’écoulait lentement, des traces de sang parsemées çà et là indiquaient la route à suivre pour retrouver le véritable meurtrier de Kurt Holger (enfin c’est ce que les deux compères espéraient).

Malgré ses origines elfiques et son talent inné pour la course, Kain arrivait avec peine à suivre le train d’enfer mené par Helm qui, quand les circonstances l’y obligeaient, pouvait courir très, très vite, les années d’entraînement qu’il avait passé à se perfectionner dans l’art de la fuite (il lui était souvent arrivé de voler à l’étalage, " juste pour le sport " disait-il) portaient enfin ses fruits. Même la horde de rats qui avaient élu domicile dans une fissure du mur des égouts ne put le rattraper.

Après quelques minutes de course effrénée, ils arrivèrent à ce qui ressemblait à une voie sans issue ou presque : les eaux usées des égouts allaient se perdre dans un fleuve souterrain à quelques dizaines de mètres de l’endroit ou se trouvaient Helm et Kain, un poil trop haut pour sauter sans avoir à aller plonger dans le ramassis d’immondices qui s’était accumulé dans ce point du cours d’eau et sans se rompre les os. La dernière alternative était matérialisée sous la forme d’un wagon ainsi que de rails qui se trouvaient juste en dessous et qui apparemment descendaient " en douceur " jusqu'à la terre ferme. Voyant la horde de rats qu’ils avaient distancée arriver au grand galop, les deux aventuriers sautèrent dans le wagon...dans lequel ils trouvèrent le cadavre de l’assassin de Kurt Holger. Ce dernier venait de succomber aux blessures de son affrontement avec le mafioso. Helm récupéra un petit coffret (dans lequel la pierre d’Oldenhaller avait été rangée) que le cadavre serrait encore de ses mains crispées et desserra le frein du wagon alors que Kain commençait à repousser les premiers rats qui essayaient de monter dans le wagon.

-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa..........crièrent Helm et Kain a l’unisson.

Le wagon allait beaucoup plus vite que ce à quoi il s’était attendu et Helm serrait le frein du mieux qu’il le pouvait. Le wagon arriva bientôt a destination, une caverne creusée à même la roche dans laquelle quelques caisses en bois avaient été entreposées. Une dizaines d’hommes livrait bataille dans cette caverne, et quand le wagon daigna enfin stopper, les deux aventuriers ne savaient pas vraiment quel parti prendre.

Ils possédaient la pierre, et le mieux pour eux était de sortir d’ici le plus vite possible ; deux tunnels s’offraient à eux et il valait mieux ne pas se tromper. Tandis qu’ils étaient en pleine réflexion, l’une des bandes décida de prendre la fuite.

- On les suit ! viens Kain ! s’écria Helm tout en sautant hors du wagon.

Les deux aventuriers (un poil dans la merde) suivirent la bande en fuite tout en évitant le contact avec l’autre. Ils arrivèrent bientôt jusqu'à une berge du fleuve souterrain ; suivis de près par Helm et Kain les fuyards montèrent dans un petit bateau à rames et ne firent aucune objection à ce que deux paires de bras supplémentaires les aident à prendre la poudre d’escampette. Sur la berge, un groupe d’hommes en robe, disposé en cercle, psalmodiait d’impies incantations. Au milieu du cercle se tenait un...truc qui ressemble a un humain a l’exception près que ce dernier avait la peau blanche et qu’un nuage vrombissant de grosses mouches lui tournait perpétuellement autour.

Si Helm et Kain n’avaient pas eu la mort aux trousses, ils seraient sûrement rester plantés là à se demander tout ce que ce joli monde pouvait bien foutre là ! Le bateau était déjà à une bonne dizaine de mètres de la rive quand le groupe d’hommes ennemi arriva. Helm, qui ne ramait pas et qui préférait surveiller ce qui se passait sur la berge vît l’un des hommes dégainer un pistolet qu’il portait a la ceinture. Visiblement, la cible qu’il avait choisie était Kain (c’était le dernier à être monté dans le bateau et donc le plus visible) :

-KAIN COU*PAN* toi......

Une fraction de seconde après la déflagration, l’épaule gauche de l’elfe éclata en une gerbe de sang et de morceaux de chair, un hurlement de douleur retentit dans toute la caverne, puis Kain s’effondra a peine conscient.

 

" y sont gentils les mafiosi ! je croyais qu’on aurait eu à tous les massacrer "

Helm avait le chic pour ne jamais voir le mauvais côté des choses, même quand le mauvais côté en question était le fait que son ami avait l’épaule en puzzle 3D, qu’il était dans le coma, qu’il ne pouvait plus marcher et que lui devait porter un elfe a moitié mort dont le sang s’écoulait joyeusement dans son dos, salopant jusqu'à ses chaussettes, ce qui l’obligerait a se refaire une nouvelle garde-robe ; non, il ne voyait rien de tout cela, pour lui, c’était sa première mission accomplie en tant qu’aventurier et le reste, il s’en contrefoutait mais alors, royalement !

il se rendait a la villa Oldenhaller pour remettre la pierre à son propriétaire et (surtout) pour toucher les 100 couronnes d’or qui lui était dues. L’affaire fut vite réglée ; maintenant Helm devait trouver un endroit ou Kain pourrait se faire soigner. Il retourna à la Retzt Platzt, où seuls les crétins étaient incapables de trouver ce qu’ils voulaient, et accosta un citadin qui passait a sa portée :

- Excusez moi, vous pouvez m’indiquer où se trouve le médecin le moins cher de cette ville ?

- Pour sûr mon garçon ! tu prends la rue là bas, tu prends le troisième tournant à gauche et c’est la maison avec l’enseigne des médecins, tu pourras pas trouver moins cher dans Nuln !

Helm partit immédiatement en direction de la rue qu’on venait de lui indiquer. Quand il arriva dans ce qui semblait être la salle d’attente il fut surpris de voir que personne n’attendait :

- C’est pour une urgence ? demanda une voix sortie de nulle part.

Helm chercha du regard d’où pouvait provenir la voix qu’il venait d’entendre lorsqu’il sentit que quelqu’un tirait sur la jambe de son pantalon. En face de lui, ou plutôt en face de ses jambes se trouvait un halfeling :

- Ici, grande andouille ! dit le halfeling.

Même si à la base c’était une insulte, Helm était tout content qu’on dise de lui qu’il était grand pour une fois :

- Vous êtes le médecin ? demanda Helm.

- Non son assistant, c’est pour une urgence ? il a l’air mal en point votre ami. Répondit le halfeling d’un ton sec.

Vu l’amabilité du réceptionniste, Helm commençait a comprendre pourquoi il n’y avait personne dans la salle d’attente.

- Mon ami a eu une blessure par balle a l’épaule, vous pourriez lui réparer ça ?

Avant même que le halfeling ait eu le temps de répondre, la porte du cabinet s’ouvrit, un vieillard aux allures de savant fou à qui il manquait une jambe et qui semblait agité de tics nerveux pénétra dans la salle d’attente :

- Hartw...Hart...Hartwing, que v..v.veulent ces messieurs ? articula difficilement le vieillard.

- C’est pour une urgence, une blessure par balle à l’épaule. répondit Hartwing.

- Heu... c’est lui le médecin ? demanda Helm d’un ton inquiet.

- Non c’est le grand théogoniste ! Bien sûr que c’est lui. répondit Hartwing.

Finalement, Helm se décida à laisser Kain se faire soigner par le savant fou (qui s’appelait en fait Erich), d’une part, parce que l’elfe ne tiendrait plus très longtemps si il ne recevait pas des soins immédiat, d’autre part, parce qu’il en avait marre de trimbaler ce fardeau qui pissait le sang sans arrêt. Entre deux hurlements d’elfe torturé, Helm réussit a trouver le sommeil dans la salle d’attente, espérant que Kain lui montrerait un peu de gratitude pour avoir tout fait pour dépenser le moins possible des 100 couronnes d’or de l’elfe.

 

Après une bonne nuit de repos bien mérité (pour Helm), et une horrible nuit de tortures dites médicinales (pour Kain), les deux aventuriers se réveillèrent dans la salle d’attente du cabinet d’Erich, savant fou notoire, où seuls ceux qui étaient encore plus fous que lui ou qui étaient complètement ignorants osaient se faire soigner. Enfin, ça c’était ce que pensait Kain (Helm n’y voyait que la possibilité de se faire soigner à bon prix), qui avait mal supporté l’usage forcé des drogues qu’Erich lui avait administré. C’est alors qu’entra dans la salle d’attente une jeune elfe, (je ne vais pas faire une description détaillé de son physique, vous savez tous très bien a quoi ressemble une elfe) qui alla s’asseoir en face des deux mâles en rut, pardon, des deux aventuriers.

- Gh.... fit judicieusement remarquer Helm.

- ksprfz.... rétorqua Kain.

- Venez mademoiselle. dit Hartwing qui-venait-tout-juste-de-sortir-du-cabinet-d’Erich.

L’elfe se leva et suivit Hartwing. Dès que la porte fut refermée, Helm se jeta dessus et y colla son oreille. Kain resta assis sur sa chaise fixant intensivement le mur d’en face, ce qui semblait infiniment plus passionnant.

- O..oui il y..y a une pro..progression. entendit Helm.

A peine avait-il entendu cette phrase que le bruit d’une fenêtre qui éclate en tout petits morceaux se fît entendre :

-HAAAAAA LE DEMON ! ! AU SECOURS ! ! cria Erich qui pour une fois, n’avait pas bégayé.

Helm défonça la porte, histoire de soigner son entrée, puis entra dans la pièce, suivi de près par Kain. Ce qu’ils virent dans la pièce emplit leur cœur d’effroi, enfin... pas vraiment, disons que ce qu’ils virent dans la pièce, ils trouvèrent ça fort zarb’ mais pas plus : un monstre à la peau blanchâtre, dont les bras se terminaient par d’énormes pinces de crabe et à la silhouette vaguement féminine se tenait à califourchon sur la pauvre elfe désemparée (et torse nu). Le monstre grava un signe blasphématoire dans la chair de la poitrine de l’elfe et celle-ci fût prise d’horribles torsions musculaires, se transformant peu à peu en mare visqueuse et fumante. Helm, Kain ainsi que Hartwing, qui venait de prendre une masse accrochée à un mur, foncèrent sur l’impie créature, qui, voyant ses nouveaux adversaires arrivés, se redressa avec une rapidité fulgurante et leur tira la langue.

Ce que Helm prit pour une provocation infantile était en fait une attaque dirigée vers lui : la langue du monstre s’allongea, et avant même que Helm ne puisse réagir, celle ci s’enroula autour de lui, l’empêchant de faire le moindre mouvement.

 

Kain, voyant dans quelle situation était son frère d’armes, voulut couper la langue démoniaque avec ses dagues mais fut intercepté par l’une des pinces du monstre, le forçant à se concentrer sur son adversaire. Hartwing mit tout son poids dans le coup de masse qu’il allait asséner au monstre mais ce dernier para de son autre pince. Helm, voyant que le combat allait se passer sans lui, et que sans lui, les deux autres avaient peu de chance de l’emporter, eut une poussé d’adrénaline et, dans un effort surhumain...... se mit à encourager Kain et Hartwing....(il avait essayé de se dégager mais n’avait pas réussi) :

-ALLEZ LES MECS, FAITES LUI BOUFFER LE PARQUET A CETTE CHAROGNE ! ! !

-FERME TA GRANDE GUEULE ET AIDE NOUS ! ! cria Hartwing, qui essayait désespérément de percer la garde du monstre.

Le simple fait que quelqu’un ait osé lui parler sur ce ton fut une raison suffisante pour Helm pour qu’il décuple sa force et parvienne à libérer son bras d’arme (son bras droit en l’occurrence). Se retenant de décapiter Hartwing qui était à sa portée, il trancha net la saloperie de langue qui l’empêchait de se battre convenablement et put enfin aider son frère d’arme et le quart-de-portion. Face à deux dagues bien affûtées, une vieille épée rouillé et une masse maniée par un halfling fou furieux, le monstre finit par perdre le combat, s’effondrant a terre en poussant un petit gargouillis écœurant puis disparaissant comme s’il n’avait jamais été là. La seule trace visible du passage du monstre était la mare fumante et malodorante d’elfe qui salopait tout le parquet du cabinet.

Après quelques menues tâches ménagères, le cabinet avait retrouvé son aspect normal (si l’on peut qualifier de " normal " l’aspect du cabinet d’un savant fou). Helm commença à négocier la récompense qu’Erich pourrait leur faire, et malgré les protestations d’Hartwing, les deux aventuriers obtinrent la possibilité de venir se faire soigner gratuitement chez le savant fou. Kain voulut protester lui aussi sur la qualité toute relative de la récompense quand quelqu’un ouvra la porte derrière lui. Quatre hommes entrèrent dans la pièce :

-" Au nom de la guilde des médecins de Nuln, nous venons fermer cet établissement. dit l’un des hommes.

- Pourquoi ? demanda Helm.

- Ce n’est pas votre problème, sortez d’ici, on ferme. dit un autre des quatre hommes.

- Primo : on ne me donne pas d’ordres! Deuxio : ...heu.....vous êtes de la milice ?

- Non mais...

Helm n’avait pas besoin de plus de renseignements, il dégaina son épée rouillée et chargea l’un des intrus. Kain sortit l’arbalète qu’il avait récupérée dans l’asile de mafieux la veille et Hartwing chercha où il avait bien pu ranger sa masse d’arme. A quatre contre un, Helm avait peu de chances de l’emporter, mais heureusement (et un peu involontairement) son épée était directement allée se planter dans le thorax de l’homme qu’il avait chargé. Ce dernier en profita pour mourir et coincer la lame rouillé entre deux côtes. Pendant que Helm cherchait où cet abruti avait caché son arme (il avait estimé qu’il lui faudrait plus de temps pour décoincer son épée que pour trouver celle de son adversaire) l’homme de main qui se trouvait à coté de lui dégainait son épée et s’apprêta a le décapiter, brandissant son arme et mourant d’un carreau d’arbalète qui alla se figer dans son crâne en passant par son œil droit. Helm trouva enfin l’arme de sa victime, une dague dissimulée dans l’une de ses bottes. Il se releva (Helm, pas le cadavre) et vit le troisième homme de main s’effondrer, la jambe pétée en quatre par un halfeling énervé qu’il n’aurait peut-être pas dû ignorer.

Avant même qu'il ait eu une chance d’exposer une solution pacifique à l’épineux problème devant lequel il était confronté, la dague de Helm était venue s’encastrer dans sa poitrine. Voyant la situation lui échapper légèrement le quatrième intrus prit ses jambes à son cou et un carreau d’arbalète dans la colonne vertébrale. T’es mort...

- Deux chacun ! s’écria Helm en regardant le tas de cadavres a ses pieds.

- Si ces hommes travaillaient pour le comté, nous avons intérêt à... commença Kain.

- Non, il travaillait pour Sigmund Fröde. fît Hartwing.

- Et c’est qui ce Sigmund Fröde ? un ami à vous ? demanda Helm.

- C’est un homme influent de la guilde des médecins répondit Hartwing.

- I..il veut f...faire... commença Erich.

- Fermervotreétablissement merci ça on le sait déjà. Le coupa Helm.

- Ou..oui

 

Après quelques minutes supplémentaires de parlotes indispensables pour régler les petits détails importants de la prochaine quête des deux aventuriers (du genre : on a droit de buter le méchant ? c’est quoi la récompense ?) Helm et Kain partirent en direction de la guilde des médecins de Nuln.

 

Alors que les deux aventuriers allaient d’un pas décidé vers la guilde des médecins pour rendre une petite visite de courtoisie a un certain Sigmund Fröde, Kain s’arrêta net et demanda a Helm :

- Euh... maintenant que j’y pense.. tu as prévu un plan toi ?

- Ben.... j’avais pensé qu’on ferait comme les quatre mecs de tout à l’heure : on trouve Sigmund, on lui fait peur, et y fout la paix a Erich. répondit Helm.

- Non, je veux parler d’un plan de secours, au cas où ton chef d’œuvre de stratégie tombe a l’eau.

-....heu...si ça arrive on s’enfuit le plus vite possible par la première fenêtre qu’on trouve, ça te va?

- Non.

- Tout baigne alors ! fît Helm en repartant en direction de la guilde.

Kain haussa les épaules et suivit le jeune crétin, espérant que dans le feu de l’action, il trouverait par lui-même un plan d’évasion un peu plus élaboré.

Les deux compères arrivèrent devant la guilde, un grand bâtiment de plusieurs étages planté dans le quartier riche. Des miliciens patrouillaient constamment autour comme de grosses mouches à merde. Helm chercha une entrée de service non gardée mais n’en trouva aucune, et se dit alors que le meilleur moyen de ne pas éveiller les soupçons était de rentrer directement par la grande porte. Passer par là était en effet plus discret que de taper sur des miliciens devant une dizaine de passants pour pouvoir emprunter une porte de service, mais en pénétrant dans la guilde, Kain se rendit compte que trouver un médecin au milieu de toutes ces " blouses blanches " allait être un véritable calvaire, surtout sans attirer l’attention (bonjour madame je cherche un certain Sigmund Fröde). Deux personnes en hardes avec des armes blanches en bandoulières voulant voir un médecin connu ne manqueraient pas d’attirer l’attention, c’est sûr et certain (merci, madame, au plaisir), et puis...

- Oh ! Kain, je sais où est le mec qu’on cherche, fit Helm, interrompant l’elfe dans ses pensées.

- Pardon ? Comment l’as tu trouvé ?

- J’ai demandé à l’accueil

- Ah... une fois de plus, je constate à quel point tu es doué dans l’art et la manière de rester aussi discret que possible

- Tu voyais un autre moyen ?

Kain ouvrit la bouche pour répondre, puis la referma. Il recommença une bonne dizaine de fois avant d’admettre finalement qu’il n’y avait pas d’autres moyens.

En arrivant en face de la porte du bureau où se trouvait le médecin, Kain eut le réflexe de coller son oreille à la porte pour s’assurer que leur cible était bien seule, et manqua de peu de se ramasser la gueule par terre en s’apercevant que la porte venait de s’ouvrir. Le temps de se redresser, et l’elfe entendit comme un râle d’agonie venant du bureau qui se trouvait en face de lui.

Helm était rentré dans le bureau sans se préoccuper de quoi que ce soit et avait enfoncé la lame de son épée dans le thorax du médecin qui ne comprit jamais ce qu’il lui arriva ce jour là, pas plus que Kain ne comprit pourquoi son compagnon avait fait ça.

- Mais....mais.. ? fit l’elfe.

- Mais quoi ? Maintenant qu’il est mort, il embêtera plus personne ?

- Lui c’est sûr, mais est ce que tu n’as pas songé, ne serait ce qu’une fraction de seconde aux conséquences de ton acte ?

- Si, y fera plus chier personne, je viens de le dire, répondit-il d’un ton agacé.

- Tu n’as pas comme l’ombre d’un doute que nous allons être recherché dans tout le comté pour ce que tu viens de faire.

- Ben non, puisque y a pas de témoin.

-HAAAAAAAAAAAAAAAA ! ! ! ! A l’ASSASSIN ! ! ! ! ! s’écria le témoin qui venait de rentrer dans la pièce.

- D’accord Kain, je retire ce que j’ai dit, technique de la fenêtre ! s’écria Helm, tout en sautant par la fenêtre du bureau.

L’elfe hésita pendant un cours instant entre se débarrasser d’un témoin gênant ou s’enfuir directement ; un rapide calcul lui fit comprendre que plus longtemps il resterait dans cette pièce, plus il aurait de chance de se faire coincer. Kain sauta donc par la fenêtre ; voyant que les deux étages de chute risquait de lui faire un peu mal, il prit soin de bien viser le corps de Helm, qui ne s’était pas encore remis de sa chute, et atterrit avec une grâce et une précision que seul un elfe très rancunier à qui on a fait subir autant de misères pouvait faire preuve. Un magnifique " AOURGF ! ! " accompagna l’arrivée de Kain, qui s’empressa de courir en direction des petites ruelles, talonné de très près par un jeune Reiklander particulièrement énervé ainsi qu’une douzaine de miliciens alertés par les cris qui provenait de la guilde.

Vous étiez au courant vous, que les quartiers riches n’avaient pas de petites ruelles sombres pour s’échapper tranquillement ? Helm et Kain non plus. Heureusement pour nos deux compères, Hartwing, qui semblait peu convaincu de leur efficacité les avait suivis discrètement. Voyant qu’ils étaient en difficulté, le Halfling attira leur attention vers une échelle qui montait jusque sur les toits des grandes bâtisses du quartier. Les deux aventuriers sautèrent sur l’occasion (tout en marchant sur le halfling qui avait eu la mauvaise idée de rester a côté de l’échelle quand Kain et Helm arrivèrent) et grimpèrent sur les toits :

- Grouille toi quart de portion ! cria Helm, voyant que Hartwing avait quelques difficulté a monter l’échelle qui a la base était faite pour les humains.

Le jeune Reiklander eut alors une brillante idée (comme quoi tout arrive) et empoigna l’échelle sur laquelle Hartwing essayait désespérément de monter puis s’écria :

- Cramponne toi !

- pourqWAAAAAAAH ! hurla-t-il alors que Helm montait l’échelle sur le toit

Hartwing s’apprêtait a lâcher l’échelle pour se mettre sur le toit quand Helm effectua une superbe rotation a 180° pour la redéposer de l’autre côté de la maison sur laquelle ils se trouvaient :

- Allez ! on redescend ! s’écria-t-il

 

Les trois larrons (ou lardons, pour ceux qui aime les lardons) se retrouvèrent dans la rue d’a côté, où, miraculeusement, personne ne faisaient attention a eux, les miliciens qui les poursuivaient était bloquer de l’autre côté du bâtiment et devraient maintenant faire le tour du bloc avant d’avoir une chance de les retrouver.

- Kain ? fît Helm

- Oui ? répondit l’elfe

- La prochaine fois que tu fait exprès de me retomber dessus pour amortir une chute je te bouffe tout cru.

- Quoi ? tu ose insinuer que j’en ai fait exprès ?

- Oui

- Flûte, moi qui pensais que je l’avais fait discrètement.

- Vous avez fini? demanda Hartwing.

Les deux compères acquiescèrent de la tête, et Hartwing les emmena jusque chez lui, en passant par les inénarrables ruelles sombres anti-miliciens. Helm s’arrangea rapidement pour que les deux compères puissent dormir chez le quart-de-portion et sa moitié, espérant que demain, les autorités aurait déjà oublier ce petit méfait de rien du tout qu’il avait commis aujourd’hui...

...Mais au plus profond des entrailles de la villa Oldenhaller, un homme s’apprête a bouleverser la vie ni calme ni paisible des deux aventuriers (ainsi que celle de milliers d’habitants mais ça je suppose que vous vous en contrefoutez complètement)

......non ?

 

Helm se réveilla avant tout le monde ce jour là ; le soleil commençait a peine à se lever et aucun bruit ne provenait encore de la rue. Il procéda à une rapide reconnaissance du terrain. La maison d’Hartwing avait les proportions d’une maison humaine mais tout le mobilier avait été taillé pour les Halflings, à savoir : lits minuscules et garde-manger géant. Si l’un avait posé quelques problèmes techniques au Reiklander (bien qu’il ne mesurât que 1m60), l’autre se présentait à lui comme une mânes divine toute droit descendue de la main de Sigmar lui-même ou plutôt de Ma-Hitée, la déesse de la cuisine halfling (chose dont Helm n’avait strictement rien a foutre puisqu’il était athée). Alors qu’il s’apprêtait a se taper un putain de bordel à queue de ptit déj’, Helm entendit des bruits de pas derrière lui. Il se retourna, aussi vif qu’un macaroni cuit (il venait de se lever ne l’oublions pas), et vit un elfe au teint livide et aux vêtements rapiécés s’encadrer dans l’entrée de la cuisine ; son visage était vide de toute expression et sa démarche ressemblait à celle d’une goule anémique :

- "Salut Kain, déjà levé ? demanda Helm

- Il faut s’en aller, dit l’elfe. Le jour n’est pas encore complètement levé et à cette heure-ci la garde est peu vigilante.

- Mais... j’ai faim moi ! je dois manger avant de partir !

- Prends des provisions, on est partis pour marcher pendant plusieurs jours.

- ....heu... minute, t’as l’intention d’aller où ?

- On va passer par la forêt au Sud, pour aller jusqu'à Wessburg."

Helm ne connaissait la sombre forêt de l’empire que de réputation, on la disait infestée d'Hommes-Bêtes et autres monstruosités sanguinaires, responsable de la moitié des pertes en vies humaines dans l’empire par an et maquis providentiel pour tous les adorateurs du chaos désireux de célébrer leur messes noires à l’abri des regards indiscrets. Voyager a pied dans cette forêt était considéré comme un acte de folie suicidaire...

- Je fais quoi comme sandwichs ? Jambon ou fromage?

Et c’est ainsi que Helm, le jeune Reiklander impulsif et ultra optimiste, Kain, l’elfe cadavérique et blasé, et dix sandwichs jambon-fromage, partirent en route vers de nouvelles aventures.

L’aventure est une chose qui arrive toujours quand on s’y attend le moins... pour le commun des mortels... En ce qui concerne les aventuriers, les aventures leurs tombent dessus toutes les trente secondes en moyennes. Les deux compères furent donc peu surpris de voir que les rues de Nuln étaient étrangement calmes, et que des cadavres à moitié dévorés gisaient un peu partout. Etant donné qu’ils étaient plutôt pressés de quitter la ville, les deux aventuriers ne prêtèrent qu’un minimum d’attention à tout ce bazar. De toutes façons, ils avaient à peu près deviné ce qui se passait et pourquoi et se contentèrent de hâter le pas.

- "Quelque chose me dit que nous n’aurions pas dû donner cette pierre à Oldenhaller... fit remarquer Kain.

- Tu penses qui s’est passé quoi ? demanda Helm.

- La pierre qu’on est allé chercher chez les maffieux devait être un puissant artefact, sûrement en relation avec un dieu du chaos... Nurgle je pense.

- Neurgueule ? qui c’est ça ?

- Le dieu de la pestilence et des maladies. Les moines qui étaient sur la berge faisaient sûrement partie d’un culte voué à ce dieu. Peut-être même qu’ils travaillaient en relation avec Oldenhaller, tu en penses quoi ?

- J’en pense que tu n’as aucune preuve de ce que tu avance...

- Si, l’un des moines sur la berge était entouré de mouches, c’est un truc typique de ce dieu.

- Et juste parce que un mec attire les mouches comme une grosse bouse géante tu en conclus que nous sommes les victimes d’une conspiration dirigée par un dieu du chaos en personne...

- Heu... oui...

- Ho et puis merde ! moi j’en ai rien à foutre de cette ville ! de toute façon on s’en va!

- Exact

- Oldenhaller nous a bien eu, tant mieux pour lui !

- Exact

- C’est de ta faute si cette ville est dans cet état !

- Exa..heu... mais non !

- Si, sinon pourquoi tu m’as pas dit tout ce que tu savais au moment on est allés rendre la pierre ?

- J’étais inconscient à ce moment là...

- Bouarg ? fit le gros monstre tout vert de deux mètres de haut qui observait les deux aventuriers depuis cinq bonnes minutes.

-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! s’écrièrent les deux compères.

Avant même que le monstre ou Kain ne réagisse, Helm piqua un sprint en direction des portes de la ville, suivi de près par Kain qui avait réagi en deuxième. Le monstre, quant à lui, décida de faire la sieste là ou il était, la vingtaine d’humains qu’il venait de s’enfiler ayant un peu de mal à passer et les deux amuse-gueules rachitiques qu’il venait de voir passer ne lui disant rien.Les deux compères se retrouvèrent bientôt a l’extérieur de la ville, essoufflés, et la queue entre les jambes. Au bout de quelques minutes, Kain s’était complètement remis de sa course folle et sortit une carte du vieux monde de son sac :

- "Bon, nous sommes là. dit l’elfe en montrant du doigt la ville de Nuln, et nous allons là, dit-il en traçant l’itinéraire qu’il avait prévu. Et en effet, le voyage durerait environ 15 jours, dont une dizaine de jours dans la forêt...

- Excuse moi monsieur je-sais-tout, mais saurais-tu par hasard qu’est ce que c’était que ce gros truc vert ? Non passke ça a l’air de rien là mais j’ai subi un grand choc moral.

- ...aucune idée, j’ai jamais fait de démonologie.

- QUOI ! attends ! tu veux dire que ce machin c’était un démon ?

...je ne vois pas ce que ça pourrait être d’autre, Oldenhaller a dû invoquer des tas de ces monstruosités avec sa pierre magique.

Pt’in ! c’est la première fois que je vois un démon pour de vrai !

Et le monstre dans le cabinet d'Erich ?

C’était un démon aussi ? !

- Non c’était un gnome déguisé.

Ah bon... tu me rassures...

Kain essaya de faire comprendre à Helm que les manifestations du chaos étaient très fréquentes dans l’empire mais le jeune Reiklander réfuta en disant qu’il n’avait jamais vu de monstre de deux mètres de haut entrer dans sa taverne et que si des mendiants avaient des malformations physiques, c’était sûrement à cause de la malnutrition (on remarquera au passage, grâce a cette réflexion, que Helm était complètement nul en médecine).

 

 

Nouvelles

+++Ref. fichier 4588.332.665+++ +++Date : 4522.3/M41+++

+++Entrer code d’accès+++

+++************+++

+++Code d’accès accepté+++

+++Fichier : Rapport du Chapelain Kerrigan sur le carnage de Fort Winston 4520.3/M41+++

“Quand je suis arrivé sur les lieux, j’ai été horrifié par la désolation du Fort. Jamais je n’avais vu autant de ruines brûlées, calcinées. Bref, je descendis du Land

Speeder qui m’avait emmené sur les lieux et je commençai à m’avancer dans les ruines.

C’était incroyable de voir une telle destruction. Même les deux bunkers qui gardaient l’entrée du Fort avaient été totalement détruits. Des armures, ou plutôt ce qui

restait des armures des Spaces Marines traînaient par milliers sur le sol délabré. Je continuai mon avancée au milieu des cratères d’obus et des blocs de béton

dispersés ici et là.

Après un bon quart d’heure, j’arrivai enfin devant la porte principale. Celle ci était complètement détruite. Les lourds battants gisaient sur le sol en partie fondus.

L’ancienne couleur gris bleu des murs était à présent d’un noir ténébreux. J’essayai tant bien que mal à me repérer d’après le plan que l’on m’avait fourni. La

plupart des couloirs étaient méconnaissables mais j’avançais néanmoins au milieu des gravats et des corps.

A mon grand étonnement, je ne voyais aucun corps ennemi. Comment était-ce possible ? C’est comme si la bataille n’avait eu lieu qu’entre les Spaces Marines du

Fort.

Je pénétrai maintenant dans le hall principal. La voûte ainsi que le symbole de l’Imperium avaient été violemment descendus dans un désastre incompréhensible.

Mon plan m’indiquait de prendre le second couloir à gauche à l’opposé de mon emplacement. Je dus jouer les acrobates chevronnés pour parvenir à traverser le

hall.

J’arrivai après une difficile marche devant la porte de la salle de contrôle. Je m’attendais à voir des horreurs derrière cette porte. Je m’y préparai donc. Bien

entendu, le boîtier de code d’accès avait été défoncé. Malédiction ! Je devais absolument pénétrer dans cette salle. J’avais bien sur moi quelques grenades, mais

elles n’auraient jamais fait le poids contre un tel blindage. Même avec une caisse complète, je ne serais parvenu à l’ouvrir. Comment faire ? Je décidai finalement

d’aller à la salle d’armes. je pourrais peut-être là-bas trouver quelque chose qui ferait l’affaire.

Ma descente jusqu’au niveau inférieur me prit une bonne heure. C’est beaucoup de temps perdu mais je n’avais pas la choix. Il fallait que je fasse vite. La batterie

de ma lampe ventrale était passée en réserve. Par l’Empereur, la porte était explosée ! Les envahisseurs ont sûrement dû emporter tout le contenu de la pièce.

Par chance, la plupart des munitions étaient encore là. Je fouillai toutes les caisses à la recherche d’un explosif suffisamment puissant pour ouvrir cette maudite

porte. Enfin. !J’avais probablement trouvé la dernière bombe à photon de tout l’Imperium… Bénis soient les Téchnomages qui avaient modernisé cette série et qui

la rendaient ainsi transportable par un seul homme. Je pris également un kit de détonateurs afin de faire exploser la bombe à distance.

 

Ma lampe me lâcha au début des escaliers qui menaient au rez de chaussée. Cela me retarda encore plus car il fallait que je prenne garde d’assurer chacun de mes

pas pour ne pas trébucher dans un débris quelconque ou dans le corps d’un soldat dans cette obscurité démoralisante.

Une fois remonté, je commençai d’installer le dispositif. Heureusement, j’avais reçu une formation pour ce genre de chose. La pose des détonateurs et le bon

positionnement de la bombe ne prirent qu’un quart d’heure. J’allai me mettre à l’abri derrière un pan de mur tombé. J’appuyai sur le bouton de déclenchement à

distance. Une déflagration assourdissante me résonna dans tout le corps et je crus que j’allais perdre connaissance. Je n’aurais jamais imaginé qu’une aussi petite

bombe fasse une explosion tellement dévastatrice. - L’Impérium est tout puissant -.

A mon étonnement, la porte n’était qu’en partie détruite. Seule une petite brèche était ouverte à l’endroit où était disposée la bombe. Il n’en était pas de même du

sol. Un cratère d’au moins 5 mètres de diamètre avait été creusé. Je pénétrai dans la salle de contrôle. Tous les ordinateurs et les écrans de contrôle été éteints.

Pourvu qu’il y en ait au moins un qui fonctionne encore. Une multitude de corps traînait sur le sol souillé de leur sang. Des membres étaient éparpillés de ci de là

aux quatre coins de la pièce. Je priai pour que l’esprit de tous ces soldats aille en paix jusqu'à la fin des temps.

Le but de ma mission était derrière une porte au blindage au moins quatre fois plus solide que la porte de la salle. Il serait donc impossible de la faire exploser cette

fois. Je cherchai le groupe électrogène individuel afin de me donner l’énergie nécessaire pour faire fonctionner une console. En le voyant, je crus que ma mission

était terminée. Il était noirci de brûlures et je priai le ciel pour qu’il soit en état de fonctionner. Je tapotai les différents boutons de mise en marche et à mon grand

soulagement, un bruit de courant d’air lointain sortit de la carcasse de l’engin. Je raccordai la prise à une console. Celle-ci dans un crépitement sourd s’alluma en

clignotant, puis le signe de l’Imperium apparut nettement. Je sélectionnai les nombreux codes d’accès puis actionnai le programme d’ouverture des portes de la

chambre forte. Celles-ci s’ouvrirent avec fébrilité, laissant s’échapper un gaz blanchâtre. Je pénétrai dans l’ouverture. Un souffle frais me prit le visage en entrant.

Par chance, mon objectif était intact. Je saisis sur le clavier les mots de passe qui ouvrirent quatre boîtiers contenant l’enregistrement de tous les paramètres du Fort

ainsi que les vidéos, et les moindres paroles ayant été prononcées dans chaque pièce durant la dernière semaine qui précéda le carnage dont des milliers des nôtres

furent victimes. Je rangeai ces précieuses cartouches d’information dans mon compartiment de rangement.

Je m’empressai de retourner au Land Speeder qui m’attendait à l’entrée du Fort. Ma mission était accomplie. Maintenant on sait ce qu’il s’est vraiment passé à

Fort Winston.”

 

+++Fin de fichier+++

 

 

 

 

 

 

 

 

+++Catégorie : Pertes+++

+++Fichier : Escouade d’éclaireurs XII° Régiment Cadien sur Kurkob+++

+++Date : 4584.6/M41+++

 

- Alors tu t’épèches !

- Ouais voilà j’arrive

- Hein... y’a quelque chose qu’a bougé là d’dans. Ho putain mais... qu’est ce que... HAAAA ! ! !

- Hey ! !

- Ouf... qu’est ce que c’est qu’cette saloperie !

- Mais ! ! On dirait un Genestyler !

- Quoi ! ! Un Genestyler ici.

- Ouais c’est bien çà !

- Bon dieu... cassons nous vite avant qu’y en ait d’autres qu’arrivent.

- Pas question ! On a une mission et on la finira.

- Quoi ! c’est d’nous faire bouffer not’ mission.

- Il a raison, les Tyrannides sont jamais tout seuls.

- On doit rendre compte sur ce territoire Ork.

- Et alors c’est pas une nouvelle qu’y ait des Tyrannides dans ce secteur !

- Bon ok ok... Aller on rentre à la base.

 

+++Fin de fichier+++

 

Dernières paroles de l’escouade d’éclaireurs du XII° Régiment Cadien sur la planète Ork Kurkob. Partie en mission, en territoire récemment conquis.

Aucun des trois soldats ne revint et ne fut retrouvé. Seul leur Auspex fut localisé un mois plus tard. Entre temps, il y eut une violente bataille entre la

Garde Impériale et une armée Tyrannide. Il y eut beaucoup de pertes. Si cet enregistrement avait été retrouvé plus tôt, bien des vies auraient été

épargnées…

On ne peut pas échapper à Khorne....

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Archives impériales, journal de bord no 95425336658561......
Ceci est une archive classée confidentielle..... Identification.......
********************************.....Recherche.......********************************************
----Code validé-----

Début de transmission......

1er jour, 15h12

Ca a commencé par une vision de notre chapelain. Il les a vus arriver vers nous en masse.
Leur but était clair, depuis l'hérésie d'Horus ca a toujours été comme ca. Mais cette fois
ci ils menaient la grande offensive. On m'a envoyé de bon matin avec quelques éclaireurs.
Il semblait y avoir deux forces distinctes : l'une massacrait tout sur son passage, ne laissant
que d'immenses piles de crânes ensanglantés; l'autre transformait des populations en masse
ensorcelée, commettant les pires vices imaginables.
Mais ce matin, alors qu'elles semblaient converger vers le même but, les deux armées se
sont rencontrées. Alors, à notre grande surprise, s'est engagée la plus terrible des tueries.
Tout n'est que cris, sang.

Des giclées d'hémoglobine éclatante souillent les armures déja
corrompues des combattants, rouges et sombres ou extravagantes et colorées." Au moins comme ca
on peut les reconnaitre ", me dit l'engagé Sigfried . Il ne semble pas comprendre à quel point
nous sommes en danger, cachés dans ce vieux bunker. Au centre du conflit, comme dans l'oeil
du cyclone, combattent les deux principaux protagonistes. L'un deux est le tristement célèbre
Khârn le félon, l'autre....Je ne sais pas... Certains disent que ce serait un prince-démon,
je n'ai jamais entendu parler de ces créatures. Il est immense, d'allure féminine, avec des
membres multiples... Comment une telle abomination peut-elle exister?

2eme jour, .....

Je peux presque sentir la mort. Des visions cauchemardesques m'empêchent de dormir. De toute
facon, c'est impossible, avec tout ce bruit de carcasses broyées, de corps éclatés, et ce
grondement sourd et continu comme si leurs dieux impies s'affrontaient au loin. Tout a l'heure,
nous contemplions un guerrier qui, tranché en deux d'un revers de hache-tronconneuse, voyait
lentement glisser ses deux moitiés sur le sol, et avec un horrible rictus de peur et de délice,
contemplait pour la premiere fois ses entrailles, puis il y plongea la main et... Oh mon dieu...
La même scène se répète a l'infini dans ma tête, et je vois certains de mes camarades succomber
à l'influence du vice, attirés par des parfums suaves, des creatures androgynes, aux formes
ambigües.... Ils se précipitent dehors, inutile de les retenir, et ils meurent dans un râle de
plaisir.....
Le combat est presque terminé, et pourtant les derniers survivants continuent de s'entretuer.
Tant mieux... C'est ça de moins... Khârn semble avoir gagné, mais je ne l'ai pas apercu depuis,
en tout cas je préfère que ce soit lui plûtot que cet hérétique.... IL NE CROYAIT PAS EN LA
PUISSANCE DE LA HACHE TRONCONNEUSE, SA DEFAITE ETAIT PREVUE PAR KHORNE!!!!..................
......Mais,mais, qu'est ce que je raconte????

3eme jour,....

Sigfried est mort ce matin. Plus que trois. Ah non.... Deux, moi et l'engagé 208... J'ai un peu
faim... Sigfried n'était pas si présomptueux que ça apres tout,.. Même un peu décomposé, il a
quand même bon goût...
Il faut absolument que je parvienne a quitter cet endroit, afin de prévenir le commandant, mais
je n'ai plus que mon vieux bolter et mes réserves d'énergies sont au minimum.. Je vais devoir me
débarrasser de mon armure...................................lvkrkguhcbxcnshgdjydgjsdhb..........
RAAAAAAHHHHH........... MMMMMMMMMMHHHH.... ENVIE DE MASSACRE..MORT.... MASSACRE....TUE TUE TUE...
Je dois me retenir.... Je ne sais pas ce qui m'a pris... Quelle horreur... Je dois dormir, oui,
dormir.....

4eme jourf

Argh, c'est trop dur......Peux pas résister........HHHHAHAHAHAHAAAAAAAAAAAAHAAAA!!!!!!!!
MAINTENANT JE SUIS LIBRE!!!!!!!.... MORT MORT MASSACRE TUE TUE TUE!!!!!!!!! SANG!!
MISERABLES HUMAINS, ECOUTEZ BIEN CE MESSAGE!!!!! VOUS ALLEZ TOUS MOURIR !!!!!!!!!!!!!!!!!
AUCUNE PITIE NE SERA ACCORDEE CAR NOUS NE CONNAISSONS PAS LA PITIE!
DU SANG POUR LE DIEU DU SANG!!!!!!!!

...................Fin de Transmission...............
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Par le vétéran Jérémie

Pour un crâne de plus...

 

Garneth leva sa hache et l'abattit sur le dernier humain. Puis il regarda autour de lui et vit à son grand désarroi que plus rien ne subsistait du régiment d'archers impériaux. "Quel ennui, pensa-t-il, ces humains ne tiennent vraiment pas longtemps!" Lui et ses compagnons exécuteurs ramassèrent alors leurs trophées : les têtes de leurs victimes. Une fois de plus, c'était Hellborn, leur champion, qui en avait coupé le plus. Garneth était nouveau dans ce régiment, mais jamais il n'avait vu son commandant battu par un de ses soldats. Mais le temps des réjouissances n'était pas encore venu : un régiment de lanciers ailés de Kislev approchait au grand galop.

Les exécuteurs abandonnèrent les têtes de leurs victimes et, à la surprise des chevaliers, les chargèrent dans un hurlement de haine.

Tout en glorifiant son dieu Khaine, Garneth abattit de sa lourde hache trois chevaliers, tandis que ses camarades abattaient le reste du régiment. Hurlant de plaisir, les exécuteurs tranchaient la tête de leurs victimes, qu'ils levaient fièrement à la vue de leurs ennemis. Mais cette fois-ci c'était Garneth qui avait récolté le plus de têtes. L'ayant remarqué, il laissa exploser sa joie. Hellborn n'avait, quant à lui, pas récolté un seul trophée. Honteux, il lança un regard de mort sur Garneth. Tous les Elfes du régiment fixèrent alors intensément Garneth. Jamais il n'aurait dû humilier le champion. Les exécuteurs d'Hellborn adulaient leur chef. Personne n'avait le droit pour eux de l'humilier, sous peine de mort. Paniqué, Garneth tenta de fuir, mais le champion ordonna : "Tuez-le". Tous les exécuteurs se ruèrent alors sur Garneth et le hachèrent littéralement de leurs hache, appliquant ainsi l'effroyable sentence d'Hellborn.

 

Samuel mon ami, cette nouvelle je te l'a dédie,
En espérant que tu auras toi aussi,
Trouver ta forêt...

La forêt d'Arden

 

Des arbres majestueux se dressaient devant lui. Il courait éperdument dans la magnifique forêt d'Arden, sans prendre le temps de l'admirer encore une fois. Cette si belle forêt où il avait vécu tant de choses: ses fêtes, ses nuits folles...

Il se hâtait pour ne pas...soudain une flèche fendit l'air et se planta violemment dans son épaule. Il poussa un hurlement de douleur lorsqu'il pris la fléche dans une main et la cassa en deux. Il ralentit un moment, puis se remit à courir encore plus vite , effrayé qu'il était par ses horribles poursuivants. Il entendit un cri, puis une autre fléche arriva à toute vitesse juste au moment où il trébucha sur une racine.

Dieu qu'ils savaient bien viser, il contempla la fléche qui se serait plantée au niveau de sa poitrine si il n'avait pas...il ne pu se relever, ses jambes... Il se retouna lentement sur le dos en entendant des pas qui se rapprochaient et là il put pour la dernière fois voir cette merveilleuse forêt où les meilleurs moments de sa vie s'étaient déroulés. C'était cette forêt qui lui avait donné...un bruit de chair déchiquetée et d'os broyés se fit entendre... Mais il repensa à cette forêt, ces arbres...petit à petit les larmes chaudes qu'il versait se teintérent d'un rouge pur et écarlate... Les arbres autour de lui prirent la même tournure que son regard...

"Ah cette forêt, cette forêt est parfaite...parfaite..." pensa-t-il avant de se laisser emporter par celle qu'il redoutait tant, celle qu'il fuyait toujours...

Heureusement son voyage fut doux, la mort l'emmena rapidement...

 

Epilogue

 

"-Il est mort, chef?
-Que crois-tu faible d'esprit, qu'il aurait pu résister à la puissance de Skaarj le Maitre Skink!
-Non mais...
-Dois-je te rapeler que je suis né avec un arc dans ma main et un carquois gréffé dans mon dos! Misérable petit Skink, tu n'est bon qu'à me servir.
Emmene ce corps à notre maître Krax, il le mangera sûrement au diner!
Et fais attention, ces elfes-là ont un corps si fragile que tu pourrais lui arracher un bras, incapable!
-Bien mon maître, j'y vais.
-Ah, ces elfes, toutes des fiotes!"

Fin

 

La Fantastique Histoire de la Waagh des Huit Pics

 

"Dans tous les alpages, les vaches, les chèvres et les petits moutons, chantent toute le journée, diadiou dioulaé..."

Panne d'inspiration de l'auteur...

 

L'errance de Waldo Kitty:

Ce furent les cris des chiens qui sortirent Waldo de son sommeil... Il n'en croyait pas ses yeux, il était bel et bien libre et tout ceci n'était pas un rêve ou un cauchemar (il ne savait pas encore quoi bien penser...). Il se releva d'un bond et se remit à courir. Mais courir où? Il se souvint des atlas impériaux sur lesquels on lui faisiat faire des exercice de topographie! Sud-ouest! Il fallait prendre un direction sud-ouest pour quitter la forêt le plus tôt possible et s'engouffré dans les montagnes, lieu dans lequel il avait grandi et dont il connaissait tous les pièges, toutes les caches et dans laquelle il avait l'habitude de sautiller comme un chamois de rocher en rocher... C'était facile pour lui le Sud-ouest! avec l'astronomie étudiée et la position du soleil, un jeu d'enfant!

-"plus vite jeune Credi, plus vite!"

Waldo se retourna... il connaissait cette voix... qui était-ce? qui était Credi? Cindy allait-elle revoir Steve?

-"cours Forest, cours..!"

Et qui était Forest?

-"tu t'bouge, crétin! les chiens sont pas loin!"

Cela lui suffit! il connaissait les chiens et jamais il n'avait pu devenir leur copain!

- "Mais pourquoi j'ai tout misé sur lui? Est-il vraiment l'Elu? Muad dib?"

Et il courut toute la journée! Il s'arrêta mainte fois et mainte fois il reparti... A un moment même, il voulu se donner aux chiens, pour que son calvaire cesse, puis il se souvint des dents acérés, du luxe de temps que prenaient ces bêtes pour arracher les lambeaux de chair à leurs victimes.

Le relief s'accentua, le sol s'appauvrit, la végétation se raréfia... Waldo reconnu la montagne... Il n'en pouvait plus! Il avait l'impression de courir sur des moignons tellement il ne sentait plus ses pieds. Ils n'étaient plus que sueur, ampoules, sang...

Il courait, les jambes arquées, paralysées par la douleur, en ne faisant plus que des mouvements de hanche pour mettre un pied devant l'autre...

Il sauta derrière le rocher à droite, trouva la force de sauter de l'autre côté de la faille, couru quelques mètre puis il s'affala, à plat ventre sur la pierraille... Il n'en pouvait plus et il était décidé à attendre la mort ici: il ne sentait plus son corps, il se dit donc qu'il ne sentirait rien quand les crocs acérés des chiens perceraient sa peau et entamerait la chair, et que les impériaux en profiteraient pour filer deux trois coups de pieds dans les côtes, et que...

- "Ben, t'en a mis du temps, jeune Credi!...

- arrête de m'appeler Credi, c...d! (NDLA: non, là non plus c'est pas canard)"

Waldo avait fait un bond, il était à nouveau sur ses deux jambes, le visage vert foncé, signe de grande colère!

- "c'est quoi d'abord un Credi?!", lanca-t-il

Le shamane était adossé à un rocher, assis par terre. Il baissa les yeux et regarda vaguement le sol.

- "Ben, Jedi et Vendredi, c'était pris! le Mardi, c'est ravioli! Donc Credi, ça me paraît bien..."

C'est sur cette forte parole que fut scellé une amitié qui allait faire trembler le Vieux Monde... Le Shaman allait commencer la formation de Credi de Waldo. Il allait également devenir son Mentor, son conseiller, son protecteur... Waldo avait le coeur plein de haine envers ces gens qui l'avait exhibé comme un chien de cirque. Le Shaman voulait utiliser toutes les connaissance acquise par Waldo pour en faire un chien de guerre... Mais à deux, il n'allait pas faire grand chose...

Les premières embauches:

Waldo et le Shaman s'enfoncèrent plus profondement encore dans le massif montagneux et prirent la direction du sud est. Ils voulaient rejoindre les hordes actuellement en guerre pour les haranguer, les convaincre de suivre Muad Dib, le Credi, l'Elu, former une Waagh sanglante dont la seule idée ferait fuir les plus valeureux combattant. Enfin le Shaman voulait tout ça, Waldo tout ce qu'il voulait c'était soit s'arrêter, soit boire, soit manger, soit s'arrêter, soit dormir, soit s'arrêter, soit... Bref, tout sauf devenir un héros...

-"tu veras, tous les orques, tous les gobelins, tous les plus valeureux guerriers à la peaux vertes voudront te servir... Ils verront en toi un guerrier Credi, un Héros...

- je n'suis pas un héros, ces faux pas me collent à la peau, je n'suis pas un héros, pas un héros...."