La campagne que je
présente ici est longuement introduite par une nouvelle que c'est moi qui l'ai
écrite avec mes mains et tout et tout, l'action de la campagne se passe après
la fin de la nouvelle, en jouant les scénarii c'est vous qui écrirez la fin de
l'histoire, j'attends vos raports de bataille et vos critiques car c'est la
première campagne que j'écris (et par conséquent elle doit être gavée de
défauts).
LE FLEAU DE LOREN
I
Cela faisait déjà
plusieurs jours que les compagnons de Nalandor étaient nerveux, le maître-chien
sentait ses animaux anormalement tendus, comme si une catastrophe naturelle
allait se produire . Il huma l’air. D’abord ce fut le parfum léger et délicat
du sous-bois qui parvint à ses narines, puis comme un parasite, une deuxième
odeur vint se dévoiler, moins forte mais tout aussi présente. Une odeur âcre,
capiteuse, un fumet qui le fit frémir car il le reconnaissait. C’était il y a
bien longtemps, lors de
Lorsqu’il arriva à
Frangnir, le village situé à l’est de son campement dans la forêt, Nalandor ne
découvrit que des ruines infestées de rats et de cadavres en putréfactions. Ils
étaient déjà passés, laissant derrière eux
Nalandor en avait trop
vu pour une seule et même journée, lui qui avait depuis des années renoncé au
feu des batailles, préférant vivre loin de tout pour se préserver des
tentations de la violence et du pouvoir, lui qui plus que tout autre elfe avait
compris la valeur de la vie, lui, se sentit pris par une rage inextinguible, la
rage de ceux qui ont trop souvent tout perdu pour des raisons qu’ils ne
maîtrisaient pas. Il hurla aux cieux une promesse vengeresse, il hurla si
Il ouvrit les yeux
au milieu de nulle part , dans un espace infini miroitant de couleurs si belles
que seuls les esprits les plus purs avaient pu concevoir. Ebloui par tant de
grandeur, il ne vit pas tout de suite les deux immenses trônes flottants au
beau milieu de ce monde sans sol ni ciel, sur lesquels étaient assis Orion et
Arielle les dieux de la forêt, ses maîtres vénérés. Il voulut s'agenouiller
mais ne trouva pas le sol et dû se résoudre à rester debout en suspens dans le
vide coloré, ne sachant quelles paroles prononcer face aux entités protectrices
qui emplissaient l'espace de leur apaisante présence. Finalement ce furent eux
qui prirent la parole.
"Sois le
bienvenu dans notre retraite, noble Nalandor, commença la puissante voix
d'Orion. Ta présence ici n'est pas fortuite, c'est une réponse à ton appel, la
pureté d'âme et la détresse qui s'en dégageait nous a touché au plus
profond." Le dieu à la lance se tût et la douce Arielle reprit d'une voix
enchanteresse : "Rares sont ceux qui sont venus jusqu'ici, car rares sont
les élus. Ce lieu est en fait la dimension spectrale ou se réfugient nos
esprits lors de l'hibernation de nos corps physiques. Comme tu le sais, durant
cette période nous ne pouvons intervenir directement dans le monde matériel
mais ton appel nous a interpellés, aussi, nous ne pouvons laisser le grand
péril qui s'annonce détruire notre royaume. Tu as donc été choisi pour être
celui qui devra relever la nature de la maladie, qui d'ores et déjà commence à
pulluler dans notre bonne forêt de Loren ; mais trêve de discussion, ta quête
sera dure et périlleuse, tu ne dois plus perdre de temps ou alors la fin est
proche. Nous allons nous unir pour te donner le pouvoir de vie. Ferme les
yeux…"
Nalandor s'exécuta
pieusement, s'apprêtant à recevoir le don des dieux . Tout d'abord il ne
ressentit qu'un léger changement dans l'atmosphère du lieu, quelque chose de
frais, agréable…
Puis tout son corps
fut pris de spasmes, il sentait une puissance incommensurable traverser la
moindre cellule de son être, il avait l'impression d'être ballotté dans un
océan de magie, de suivre les vagues de pouvoirs divin. Aucune peur ne
l'étreignait, il sentait juste que plus rien ne serait comme avant, que le
reste de ses jours serait investi par la mission divine qui lui incombait
désormais…Comme dans un rêve, la voix d'Orion retentit :
-"Te voilà
prêt, Nalandor. Le pouvoir dont tu disposes désormais ne te protège ni des souffrances
ni de la mort, mais c'est un don précieux. Ne t'exposes pas aux feu des
batailles, ta vie donne la vie, tout comme ta mort serait
D'un coup, la
sensation de plénitude et de bien être qui se dégageait de la retraite des
dieux disparut. Nalandor ouvrit les yeux et contempla un paysage dévasté par le
mal, dans cette partie de la forêt autrefois si belle on ne voyait plus que des
arbres noirs et rabougris, figés en des postures torturées, des milliers de
membres noueux semblant implorer grâce. Nalandor avait l'impression d'entendre
les voix de ces arbres hurler leur désespoir depuis les tréfonds de la
damnation à laquelle ils étaient voués. C'était comme si leurs âmes étaient
prisonnières de leur bourreau. Pour la première fois, Nalandor ressentait au
plus profond de lui la détresse de la forêt, il ressentait un besoin presque
paternel de protéger ces "êtres", il devait les réconforter. Comme
poussé par une force surnaturelle, il s'approcha d'un arbuste décharné, lui
parla tout doucement en caressant les branches meurtries par la maladie ; c'est
à cet instant qu'il comprit quel était vraiment le pouvoir que les dieux lui
avaient confié : lentement, sous ses yeux écarquillés, il vit ses mains luire
d'une douce lumière verte puis la lueur enveloppa tout le corps de l'arbuste
d'une aura brumeuse. Nalandor vit les bourgeons réapparaître comme au printemps
, chacune des fibres de la plante semblait réinvestie d'une vigueur estivale,
et surtout il entendait une petite voix lointaine dire :
"Merci…..Merci…". Les dieux avaient transformé l'amour de Nalandor
pour la forêt en une énergie bienfaitrice, une source de vie.
Il marcha durant
plusieurs jours dans le sillage morbide des soldats de la peste et s'aperçut
que sa seule présence suffisait à réparer les effets du cataclysme vivant, son
pouvoir n'était pas juste contenu dans ses mains, tout son corps irradiait de
vie, il lui suffisait juste de penser à ceux qu'il voulait soigner pour que la
douce lueur émane de tout son être et referme les plaies du peuple vert. Alors
qu'il continuait son chemin, une voix caverneuse l'interpella ; il se retourna,
ne vit personne, l'appel retentit une seconde fois, la voix semblait plus
faible, fatiguée. Il se dirigea vers la source présumée du son, au bout d'une
centaine de mètres il découvrit le corps immense d'un homme-arbre gisant sous
un amas de feuilles mortes. Le titan de bois tourna difficilement la tête,
découvrant un visage rongé par les termites et les vers ; il dit :
"Aide-moi… J'ai fait ce que j'ai pu pour les retenir…" puis perdit
connaissance.
Nalandor posa ses
mains sur les tempes du géant, puis tout doucement il diffusa des effluves
émeraudes à travers le corps mutilé du sylvain. Les termites et les vers se
mirent à fuir leur ancien habitat comme chassés par le pouvoir guérisseur, les
bourgeons reparurent, l'immense corps de bois reprit sa couleur brune et cet
aspect d'invulnérabilité propres aux homme-arbres. Le titan se releva en un
mouvement à la fois lourd et étrangement leste étant donné sa taille, puis
d'une voix sans âge il dit :
- "Je te
remercie infiniment pour ce que tu as fait, c'était comme si la main des dieux
m'avait relevé, j'ai entendu leurs voix me dire que tu étais un élu, un être au
cœur pur, que mon devoir était désormais de te protéger afin que tu puisses
mener à bien ta mission. Aussi, je serai ton compagnon de route à compter de ce
jour, jusqu'à celui de la victoire ou de notre mort. Mon nom est Rakhtu."
-"Je m'appelle
Nalandor , et sache que c'est un grand honneur pour moi d'avoir un individu de
ton rang comme compagnon. J'approuve la décision des dieux de te faire mon
protecteur, car jamais je ne pourrai mener à bien la tâche qui m'incombe si je
reste seul. L'important maintenant est de trouver un campement de forestiers où
nous réfugier, et glaner quelques renseignements sur l'avancée de nos
ennemis."
Ils partirent dès
l'aube, l'elfe monté sur les puissantes épaules de Rakhtu, mais ces épaules
portaient un fardeau bien plus lourd que le poids de Nalandor, sur elles
reposaient le dernier espoir de Loren…
II
Se repaissant des
cadavres laissés dans le sillage de la sombre armée, quelques portepestes fermaient
la
Le combat avait été
rude et la victoire avait un goût amer tant les pertes étaient grandes et les
esprits meurtris. C'est la mort dans l'âme que Mal'hel, le capitaine de
l'escouade ramena ses hommes encore valides au campement ; le plus dur pour lui
était de n'avoir pu ramener les restes des morts à leurs familles, car le
pouvoir corrupteur des épées de leurs ennemis n'avait laissé d'eux qu'une
flaque nauséabonde. Il se demanda comment ils allaient s'en sortir, cette
fois-ci, il leur fallait de l'aide…
A quelques heures
de là , la longue procession chaotique continuait sa
Le seigneur
avançait d'un pas décidé, avec une telle vigueur qu'il semblait que rien ne
pouvait l'arrêter, le manche de son fléau appuyé sur l'épaule, les trois masses
aux pics acérés se balançant nonchalamment dans son dos. La
Ce qui était
étrange, c'est qu'il savait que les dieux protecteurs, Arielle et Orion, ne
pouvaient intervenir avant trois mois – c'est d'ailleurs ce qui l'avait décidé
à attaquer – et pourtant, l'énergie qu'il ressentait était semblable à
La procession
s'ébranla dans un brouhaha métallique, ignorant le danger qui déjà les
guettait. A peine avaient-ils parcourus une lieue que le ciel s'assombrit
soudainement, ils levèrent les yeux et virent une véritable pluie de flèches
fondre sur eux. Les solides armures des guerriers résistèrent bien aux carreaux
des forestiers cependant, une cinquantaine d'entre eux furent terrassés par les
pointes aiguisées qui pénétraient dans les failles de leurs cuirasses d'airain.
S'ensuivirent quelques bruissements dans les arbres, les buissons, des pas
furtifs, puis plus rien… Le silence de la forêt n'était plus troublé que par
les cris de colère des hommes de Valnir qui maudissaient ces lâches ennemis. En
grand général, "le moissonneur" stigmatisa la rage de ses soldats en
affirmant que cet acte de résistance désespérée n'était qu'esbroufe vouée à
l'échec, et que la riposte serait par cent fois supérieure à ce qu'ils venaient
de subir. Ce discours rassurant cachait son intime conviction qui lui disait
que les ennuis commençaient juste.
III
Nalandor et Rakhtu
avaient, depuis trois jours déjà, rejoint le campement de Galief, véritable
village suspendu entre les branches.
Des dizaines
d'habitations de bois toutes reliées par des ponts de corde tressée
surplombaient une clairière magnifique aux couleurs de printemps. Le chemin qui
mène à Galief n'était connu que de ses habitants et des hommes-arbres, même les
invités y étaient conduits les yeux bandés, et pour plus encore de sécurité
,Barwandoe, le mage qui dirigeait la communauté, maintenait un enchantement sur
le village qui le dissimulait aux yeux de tous.
Malgré le cadre
paradisiaque de l'endroit, l'atmosphère qui y régnait était tendue. Tous les
hommes d'armes s'entraînaient ou affûtaient leurs lames, et, dans le secret de
la hutte de Barwandoe, un conseil de guerre était tenu. Nalandor exposa la
stratégie qu'il pensait la meilleure :
-"Avec Rakhtu
nous avons pendant plusieurs jours suivi le sillage de l'armée de Valnir,
réparant les dégâts causés par son passage au fur et à mesure qu'elle
progressait. Ainsi, sans le savoir, ils se retrouvent enfermés au milieu de la
forêt. Nous devons agir dès maintenant, les forcer à rebrousser chemin par de
multiples raids furtifs, tout en les affaiblissant avec des pièges et ainsi les
amener à sortir de la forêt. Nous devons les avoir à l’usure, une confrontation
directe ne nous est pas favorable, leurs troupes sont beaucoup plus puissantes
que les nôtres, profitons du couvert que nous offre notre environnement et
prions pour que les dieux nous gardent… "
-" Ton plan
est audacieux, admit Barwandoe. Il me semble en effet que ce stratagème est
celui qui fera couler le moins de sang, toutefois, j’ai moi aussi ma petite
idée sur la question. En gardant le même objectif de déstabilisation de
l’ennemi, j’ai façonné quelques sortilèges qui pourront être d’une grande aide
dans notre combat. Je préfère ne rien dévoiler pour l’instant car il me reste
quelques mises au point à effectuer, mais je ne serai pas étonné si bientôt les
arbres se mettaient en colère… ". La réunion se termina quelques temps
plus tard, Nalandor prit congé du mage et s'en retourna vers la hutte qui lui avait
été déléguée le temps de son passage à Galief. Dans la cour il croisa Rakhtu
qui s'entretenait avec le capitaine de la garde à propos de l'influence du
Chaos sur les animaux de la forêt ; on avait en effet remarqué depuis le début
de l'invasion l'apparition de monstruosités dans le sous-bois. Le capitaine
expliquait que lors d'une ronde ils avaient été attaqués par un énorme chien
aux mâchoires écumantes, la bête avait tué deux de ses hommes avant d'être
anéantie, et, en inspectant le cadavre ils avaient découvert qu'il s'agissait
d'un chien de chasse du village qui s'était échappé quelques jours auparavant.
Seulement, l'animal avait bien changé en peu de temps ; sa musculature s'était
étonnamment développée, ses crocs étaient aussi tranchants que la meilleure
dague et son pelage devenu dru, presque piquant.
Une autre histoire
relate que des fauconniers de Tyralder se sont retrouvés encerclés par leurs
propres faucons, soudains pris par une poussée d'agressivité incompréhensible, les
yeux luisants d'une lueur mauvaise, presque tous ont étés dépecés par les
serres puissantes des grands prédateurs, et ceux qui ont réussi à fuir sont
devenus fous suite à leurs blessures, comme si un mal pernicieux les avait
rongé de l'intérieur. Rakhtu écouta attentivement les dires du soldat, hocha sa
lourde tête l'air préoccupé, puis lui souhaita une bonne nuit.
Le lendemain matin
une grande assemblée fût préparée pour annoncer les décisions stratégiques
prises la veille au soir. Tous les chefs de guerre de Galief étaient là,
attentifs aux recommandations données par l'état- major, tous avaient ce regard
grave qui ne traduit plus d'émotions, le regard décidé et résigné de ceux qui
vont peut-être mourir. Barwandoe expliquait les différentes tactiques qui
allaient être mises en œuvre :
-"Tout d'abord
les forestiers devront procéder à l'installation de pièges dans le périmètre
qui entoure les troupes d'invasion, afin que dans leur moindre tentative de
mouvement certains d'entre eux soient emportés, les danseurs de guerre
tenteront d'isoler des petits groupes et les attaqueront par surprise, les
éclaireurs pratiqueront des raids furtifs depuis les arbres, leur rôle
consistera à tirer quelques salves de flèches pour affaiblir l'ennemi petit à
petit, c'est la fréquence de ces raids qui en fera leur efficacité, les
guerriers faucons procéderont aussi à des attaques surprises depuis les airs,
quant au reste des hommes, certains iront chercher du renforts dans les autres
communautés, les autres resteront ici pour protéger le village et soulager les
blessés. Nous ne vaincrons que si nous ne nous exposons pas directement à leurs
force, alors restez à couvert, cette bonne Loren est notre meilleure alliée
". Un brouhaha approbatif suivit l'exposé du mage, les hommes commençaient
à s'éparpiller dans la clairière lorsque s'éleva une puissante voix qui fit se
retourner tout le monde, c'était Rakhtu qui, du haut de ses huit mètres,
demandait à prendre la parole. Il relata son entretient avec le capitaine de la
garde puis annonça :
-"En plus de
1300 ans, j'ai par maintes occasions eu à combattre les forces du Chaos et je
peux affirmer que de telles mutations n'ont pu être provoquées uniquement par
l'aura magique qui entoure les démons et les guerriers de Valnir, des changements
si profond dans le comportement d'animaux domestiqués me font supposer qu'un
puissant sorcier les accompagne ou les soutient, et ce n'est pas vraiment une
bonne nouvelle. Les sorciers du Chaos font partie des plus puissants de ce
monde, se mesurer à l'un d'eux est un combat éprouvant, même pour un grand mage
comme Barwandoe. Il va nous falloir combattre cette nouvelle menace par
n'importe quel moyen, car un sorcier peut invoquer des légions de démons si on
lui laisse le temps d'effectuer les rituels adéquats.
Si il est dissimulé
dans leurs rangs , il ne pourra rien faire tant qu'ils seront en marche, d'où
l'intérêt de les harceler sans trêve afin qu'ils soient toujours forcés de se
déplacer, par contre si il opère d'un autre endroit, il est peut être déjà trop
tard. Nous devons dès maintenant envoyer des espions pour savoir où il se
cache. " La déclaration du colosse fit l’effet d’une averse glacée sur
l’assemblée, le bel enthousiasme avait fait place à une clameur inquiète. Le
mage se leva et proclama :
-" Mes amis,
je vais devoir aller combattre ce nouveau péril, car moi seul ici suis de
taille à affronter un de leurs sorciers. J’emmènerai avec moi les meilleurs
hommes de ma garde personnelle pour m’escorter dans ce périple. Durant mon
absence, Nalandor sera chargé du commandement des actions militaires, n’oubliez
pas, vous devez le protéger à tout prix, car lui seul pourra réparer les dégâts
après la guerre, sa vie est une denrée précieuse qui mérite d’être défendue
plus chèrement encore que votre propre vie. Je vous promets que nous
reviendrons, et que les Dieux vous protègent. " Sur ces mots, Barwandoe
prit la direction de sa hutte pour préparer son départ. Le vieil elfe gravit
l’échelle de cordes qui menait à sa demeure ; pendant son ascension, il pensa
en sentant ses muscles se raidir que son corps n’était plus tout jeune. Déjà
700 années s’étaient écoulées depuis le temps où il n’était encore qu’un
apprenti magicien, 700 années où les guerres s’étaient succédées
inlassablement, provoquant toujours les mêmes massacres, son peuple, de nature
pacifique, était devenu par obligation une race de guerriers, et une fois de
plus le sang allait devoir couler, fatalement. Il parvint à la cime du grand
chêne où était perchée sa hutte, et se rendit compte qu’il était essoufflé,
pour lui le combat à venir serait le dernier pensa-t-il, car jamais son
organisme ne survivrait à un duel de magie, il se préparait donc à mourir, mais
surtout à trouver le moyen d’emmener son adversaire avec lui dans l’au-delà. Il
ferma les yeux puis décrivit des signes dans l’espace, ses doigts laissant une
traînée lumineuse sur leur passage, alors apparut une malle flottant devant
lui, soutenue par des filins de lumières. Il prononça une formule entre ses
dents et le lourd couvercle se leva sur un incroyable fatras d’amulettes,
grimoires et autres artefacts collectés au cours de sa longue vie. La malle
donnait l’impression de contenir bien plus d’objets que son volume ne le lui
permettait, sans doute était-ce là un des innombrables tours de passe-passe du
magicien. Il fouilla durant un long moment dans les entrailles du coffre en
grommelant, sélectionnant de temps à autre tel ou tel objet, les rejetant
ensuite, insatisfait ; au bout d’une interminable période d’hésitation il
s’arrêta sur trois articles qui paraissaient lui convenir. Il prit d’abord une
longue épée magnifiquement ouvragée qui semblait taillée dans une seule pièce
de bois vert sombre, le pommeau représentant le visage de Durthu, le seigneur
des homme-arbres.
Son second choix
alla vers une amulette couleur émeraude, la pierre superbe était cerclée par un
anneau d’or, lui-même serti de minuscules pierres bleues dessinant des symboles
ancestraux à la signification oubliée par le commun des mortels. Lorsqu’il se
saisit de l’amulette il la déposa délicatement sur le dos de sa main, lut à
haute voix les symboles inscrits sur le cerclage et l’artefact se fondit sans
difficulté ni douleur apparente dans les chairs du mage, ne laissant dépasser
que le dôme de la pierre au milieu de sa main. Enfin il sortit une chevalière
de bronze portant une seule et unique rune gravée représentant le soleil, puis
il referma la malle, refit quelques mouvements lumineux, elle disparut. Il
embrassa du regard l’intérieur désordonné de sa demeure pensant que c’était
peut-être la dernière fois qu’il voyait ce décor, il remplit un grand sac de
grimoires, se l’attacha sur le dos, puis sortit sans se retourner. Dans la
cour, il héla un fantassin et lui dit d’aller chercher sa garde personnelle,
ils partiraient dans le courant de la nuit afin de profiter au maximum de la
protection de la forêt. Le soldat s’exécuta dans l’instant, et revint peu de
temps après suivi de loin par une trentaine de danseurs de guerre aux uniformes
richement ornés de motifs brodés de fils d’or, ils portaient tous au coté de
longues et fines épées courbées dont le fil était travaillé selon un affûtage
complexe, le rendant tranchant comme un rasoir. Le capitaine de l’unité
s’avança et s’agenouilla devant Barwandoe : " Nous te suivrons, maître, où
que tu ailles, nos lames et nos corps protégeront le tien de la traîtrise de
nos ennemis ". Le mage lui fit signe de se relever et lui répondit, le
regard empli de bonté : " Mon bon Ralhaniel, ta loyauté réchauffe mon
vieux cœur, mais tu dois savoir que ce voyage sera pour moi le dernier, car je
ne pourrai vaincre mon adversaire sans y laisser la vie, mais je compte sur toi
et tes hommes pour colporter l’histoire de notre victoire à travers les
générations, car toi tu reviendras, j’en suis sûr. Nous partons cette nuit,
mais je ne sais encore pour où, j’attends le retour de nos espions qui
devraient au moins savoir si le sorcier se cache dans les troupes de Valnir ou
s’il s’est établi dans un place forte aux abords de la forêt, cela guidera un minimum
nos recherches. Profitez de la journée mes amis, les prochaines seront rudes
". Ce fut l’arrivée d’un homme grièvement blessé qui interrompit la
discussion en cours, c’était un des espions, il avait du mal à parler, mais il
réussit quand même, entre deux douloureux halètement, à donner l’emplacement de
la cache du sorcier, à l’est de la forêt sur les hauts plateaux, puis il mourut
dans un souffle rauque le visage figé sur un rictus horrifié, sa peau commença
à fumer puis il s’enflamma, ne laissant qu’un petit tas de cendres brunes.
D’abord abasourdis par le spectacle qui s’offrait à leurs yeux, les habitant de
Galief ne comprirent qu’après la signification dramatique de l’événement, et un
vent de terreur fit frissonner toute l’assemblée….
IV
C’était sous un
ciel sans nuages que s’élevait en tourbillonnant une épaisse colonne de fumée
noire parcourue çà et là d’éclairs rouges aux teintes changeantes.
La base de ce
vortex était une grotte située à flanc de falaise d’ou émanait la mélopée d’une
psalmodie impie et les cris étranges de créatures que l’on avait presque peur
d’imaginer. C’est à cet endroit précis qu’officiait Gramondhi, un terrible
sorcier du Chaos indivisible ; sur le sol de la grotte, un symbole ressemblant
à un pentacle avait été dessiné à l’aide du sang pur de jeunes enfants
kidnappés dans un village de la région. Le sorcier dansait en lisant sur un
grimoire aux pages de peau humaine une suite de signes cabalistiques ayant
traversé les âges. Autour de lui s’activaient cinq petits êtres difformes qui
régulièrement jetaient une poudre lumineuse au centre du pentacle, alimentant
la colonne de fumée, qui se trouvait en fait être un passage dimensionnel en
gestation menant aux Royaumes du Chaos, véritable porte béante ou
s’engouffreraient par dizaines des démons de toutes tailles attirés par les
paroles rituelles que prononçaient Gramondhi. Dans le fond de la grotte on
pouvait déjà distinguer quelques yeux luisants dans la pénombre et percevoir
les ricanements sordides de ces créatures du néant. Il en appelait aux quatre
sombres Dieux, les yeux révulsés et les mains fumantes, sa voix n’était plus
humaine, elle était un souffle rauque articulant des sons graveleux qui
résonnaient tels des sentences mortuaires annonçant les désastres à venir. Au
bout de plusieurs heures le sorcier perdit connaissance et son corps se mit à
léviter au dessus du pentacle, enveloppé d’une aura rouge sang. Le rituel
prenait fin et les cinq petits êtres se postèrent sur les cinq pointes du
cercle d’invocation, joignant leurs bras surdimensionnés en une ronde maléfique
scellant l’ouverture du passage. Dès lors, tout s’accéléra ; des hordes de
démons descendaient du vortex devenu écarlate, ils se massaient dans la
pénombre de l’antre attendant dans une cacophonie assourdissante que le sorcier
sorte de son état de stase pour leur ordonner de déferler sur le monde….
Lettre de Walter von
Eisenach, Sénéchal de l'Empire de la Province Frontalière Orientale à Victor
Andreas von Kassenberg, Comte Electeur du Solland.
A sa grande et glorieuse seigneurie Victor Andreas,
baron de Kassenberg, grand Comte Electeur du Solland, pair et lumière de
l'Empire.
Salut,
Cette lettre s'inscrit au nombre des rapports
réguliers que mes fonctions m'incitent à vous transmettre. je me dois ainsi de
vous faire part des craintes les plus vives, partagées par les capitaines et
prévôts de nos fiefs et possessions dans les provinces frontalières. Nous
assistons en effet, à la formation d'une armée d'invasion goblinoïde qui
présente une menace potentielle très grave pour nos territoires.
En temps normal, les tribus d'orques et de goblins des
Terres Arides - que nous appelons Badlands- sont trop absorbées par leurs
multiples querelles intestines pour tenter une quelconque action d'envergure envers
nos postes avancés les plus méridionaux. les forces qui y sont habituellement
déployés suffisent à repousser les raids. leur tache est rendue toutefois plus
difficile par la fréquence et le caractère obstiné de ces assauts.
Mais ici, la situation est beaucoup plus grave. Il y a
quelques mois, des prospecteurs nains revenus précipitamment des Terres Arides
nous rapportaient des rumeurs plus qu'inquiétantes. Au cours d'un conflit comme
il en existe tant parmi les tribus qui se partagent la région, une tribu orque,
les Skarag-Haï auraient passé une alliance avec une horde d'orques noirs, les
Baghtrugarth. Après plusieurs victoires, cette armée fut rejointe par d'autres
éléments goblinoïdes qu'il ne nous est pas possible d'identifier. Quoi qu'il en
soit, sa participation aux autres conflits des Terres Arides est prouvée. On
retrouve la trace de cette horde quelques mois plus tard au Nord de la Rivière
Hurlante, aux pieds des Montagnes du Bout du Monde.
Selon toute vraisemblance, elle semble s'être stabilisée
dans cette région. Ses rangs se sont agrandis de nombreux contingents goblins.
La menace que cette horde fait peser sur nos fiefs et possessions est bien
réelle. Déjà, des caravanes ont été pillées, des fermes détruites et des forts
incendiés. Son rayon d'action ne cesse de s'accroître et des éclaireurs ont été
aperçus plus à l'Ouest à l'intérieur même de vos terres; près de Niederhof
notamment. Etant donné la gravité de la situation, je vous prie de prendre
diligemment les mesures que l'urgence impose, pour le salut de l'Empire. Que
Sigmar puisse veiller sur nous. Hommages très fidèles et respectueux.
Walther von
Eisenach
Sénéchal d'Empire de la Province
Frontalière Orientale
- Extrait des Carnets de route de Rungni Askon,
voyageur nain.
".... les eaux sombreuses et huileuses du Golfe
Noir s'étendent désormais derrière moi tandis que je remonte vers l'Est.
J'ai longé et remonté la Rivière hurlante (Note du
traducteur: Nom original nain : le "Chagrin de Grungni".) pendant
trois jours. la progression est lente et difficile à cause des escarpements.
L'insécurité est très grande à cause des peaux vertes qui rôdent.
Arrivé à Khard-Arzen, village minier situé aux
contreforts de notre royaume. le site est fortifié avec des pierres de
maçonnerie. Le mur d'enceinte comporte un chemin de ronde ainsi que des tours
rondes en pierre. Une double rangée de pieux complète le dispositif de défense.
le village regroupe 8 maisons et compte environ 50 barbes. les habitants
élèvent des moutons, cultivent des champignons dans de grandes caves et
exploitent le fer et le sel dans leur mine. j'ai appris dans ce village que de
graves évènements frappaient la région. Il y a déja de nombreuses lunes (Ndt:
Le mois nain compte environ 40 jours.), que des peaux vertes ont traversé la
rivière en amont.
Après quoi, ils se sont enfoncés dans les gorges au
Nord-Est. Dans ce lieu étroit et encaissé, ils subirent de nombreuses
embuscades de ces maudits et abjectes goblins de la nuit. Mais malgré leurs
pertes, les orques poursuivirent leurs agresseurs jusqu'au fond de leur
repaire, Nungâraz, la montagne d'agonie.
Cette montagne sinistre fut, il y a de nombreuses
années de celà une cité riche de notre royaume. les nains qui avaient colonisés
les flancs de la montagne et en avait creusé de profondes galeries, étaient à
l'origine de la prospérité de Khar-Azan la montagne bleue. mais une telle
situation ne manqua pas d'attirer la convoitise malveillante des Schrab (Ndt:
terme nain désignant les goblins de la nuit avec une très forte connotation
péjorative.) de la tribu des Zink-Wankis.
Cette ignoble tribu constituée de milliers de
guerriers aussi laches que vicieux appartient à la maléfique confédération de
la lune maudite. Les Zink-Wankis lancèrent des assaults repétés contre la cité.
Après une résistance acharnée, la ville fut prise et Khar-Azan devint Nungâraz
la maudite. Les orques furent plus heureux que les valeureux martyrs de notre
cité. Ils écrasèrent une première fois les Zink-Wankis dans la passe de
Noirrock avant d'envahir la cité de ces derniers. les Zink-Wankis durent
choisir entre l'extermination ou la soumission.
Leur nature vile et lache les inclina à choisir la
seconde option. Depuis Nungâraz est devenue un oeil noir menaçant, regardant
aussi bien du côté des hommes que du nôtre."
·
Extrait des mémoires conservées du chevalier Robert de Kassenheim, poète
et voyageur, tombé au combat pendant la bataille du vilage de Niederhof.
Je sens cette
nuit comme étant la dernière. Cette idée m'empêche d'ailleur de trouver le sommeil,
la mort rôde comme les peaux-vertes autour du village. Elle m'attend. Depuis
trois jours déjà nous sommes totalement isolés. Les derniers messagers que nous
avons envoyés nous sont revenus entièrement écorchés et jetés par les
lance-rocs orcs.
Leurs cimbales résonnent
autour du village toutes les nuits comme un glas funeste. Malgré notre
situation désespérée, Niederhof s'est préparée pour son dernier combat. c'est
Dieter Halbsbach, le prévôt de Niederhof qui a su grâce à son charisme
remarquable, organiser la défense et insuffler un esprit de résistance
inébranlable. Je me suis, moi et mes hommes placé diligemment, sous son
commandement. Nous disposons de quelques hommes armés de tromblons grâce
auxquels nous comptons décimer les rangs des peaux-vertes. Mais notre plus
grande chance de salut réside dans l'utilisation d'une machine expérimentale
venue d'Altdorf que les hommes ont surnomé "canon du feu de l'enfer".
Maître Angeli semble avoir une confiance inébranlable en son utilisation et il
ne doute pas un seul instant que les peaux-vertes "s'enfuient en hurlant
devant la toute puissance de l'Empire". Pour ma part, je ne partage pas
tout à fait son optimiste car on m'a rapporté que ces machines avaient une
facheuse tendance à exploser à la première salve.Quelques mercenaires ogres
sont venus se joindre à nous mais leur courage n'a d'égal que le pesant d'or
que Dieter leur a promis.
Dieter Halbsbach
justement, dirrige en personne une vingtaine d'hallebardiers du Solland
lourdement armés et fortement déterminés. la situation désespérée de nos
troupes eut un effet inattendu. Quelques jours avant notre encerclement
définitif arrivèrent à Niederhof une bande de fanatiques hirsutes, tous à
moitié fou, prophétisant dans leurs visions extatiques, des combats d'apocalypse.
Des nains du Chêne-Vif vinrent compléter la garnison. Les défenses furent
renforcées par des rangées de pieux fichés en terre pour bloquer les charges de
cavalerie. la massive tour de pierre du vilage reçut des blocs pour le
renforcement de ses fondations.
Mon pégase me permet de faire encore des patrouilles régulières au
dessus de la forêt qui nous entoure. j'y entrevoit d'importants signes
d'activité des peaux-vertes; mais les quelques volées de flèches qui m'ont
frolé, ne m'ont pas incité à en savoir d'avantage. Dans le village, les hommes
achèvent d'épuiser leurs dernières réserves de nourriture mais le désespoir et
la perspective d'une mort héroïque attise leur courage . Notre état d'esprit
peut se résumer à la devise qui orne de nombreuses bannières impériales:
Victory or Death !
Quelques heures avant l'assault, Robert de
Kassenheim confia les carnets contenant ses mémoires à un jeune messager,
chargé de tenter le tout pour le tout. Contre toute attente, ce dernier parvint
à franchir les lignes sans être vu par les peaux-vertes, occupées à la
préparation de l'assault. Le messager parvint jusqu'à Nuln ce qui permit la
sauvegarde de l'oeuvre du défunt chevalier.
Les osselets d'Uran-Kooda font sans aucun
doute, partie des plus insolites objets conçus par les chamans orques. Ils sont
constitués de petits os courts et épais (vertèbres, phalanges) gravés de
pictogrammes minuscules et entrelacés. Ces osselets sont liés entre eux par
groupes d'un nombre variable, avec des cheveux humains.
Seul un mage, un sorcier ou un chaman peut les
utiliser avec efficacité. Une très petite quantité d'énergie magique est en
effet nécessaire pour activer une "chaîne" d'osselets et les faire
parler.
Lorsqu'ils sont disposés sur le sol selon une
figure précise, ces osselets émettent des sons et des mots enregistrés
préalablement par le chaman à la suite d'un rituel. L'inventeur de cet objet
est Uran-Kooda, chaman orque sauvage de clan Orog-Haï et disciple du seigneur
chaman Oktarjedda. Grace à ses osselets, il put fixer durablement dans l'os des
formules magiques et les récits des exploits de sa tribu. Une de ces
"chaînes d'osselets" lui fut un jour dérobée par un voleur humain
intrépide appelé Hansol.
L'objet volé entra par la suite, on ne sait
dans quelles circonstances, en possession d'un mage de l'Empire qui sut tirer
les informations contenus dans les osselets. Il s'agit du récit de la bataille
du village de Niederhof vu du camp (victorieux ?) des orques.
Moi, Uran-Kooda veut
raconter la violente raclée qu'on a donnée aux Zoms d'un village près de la
forêt de Sarlong, appelé Niederhof. Que les vers rongent leur corps et Mork
dévore leur âme ! Notre glorieuse tribu des Orog-Haï a rejoint y a plusieurs
lunes de cela la Horde du Soleil Noir très grande et très puissante. Mork et
Gork nous ont ensuite guidé vers le Nord, à Nûn-Garaz, la ville-roc où on s'est
tous installé avec les gobz. C'est pour étendre l'éclat du Soleil Noir que
notre horde est partie vers l'Ouest conquérir les terres et les villages des
Zoms. Après plusieurs lunes de massacres et des pillages, on est allé attaquer
un de leur village pour y faire pousser des ruines. On les a encerclés et nos
tambours de guerre ont invoqués la faveur de Gork et Mork. Au crépuscule du
sixième jour, tous étaient prêts à donner l'assaut…
Zugarrog, notre chef monté sur son sanglier et entouré de nos meilleurs
guerriers dirigea l'assaut. Sa troupe se déploya face aux Zoms fous qui s'font
du mal pour s'faire du bien ! De l'autre côté du village, une partie de nos
gars attendaient en embuscade dans les bois pour attaquer la tour des Zoms. Les
orques de Skarag-Haï étaient également nombreux. Mais ils devaient faire encore
beaucoup d'efforts pour nous impressionner. Les Kostos se placèrent face à nous
décidés à détruire le canon des Zoms et à réduire les nains en bouillie. Deux
de leurs grands chefs étaient également présents: Xorgûn à la tête de ses
trolls et Morkong chevauchant sa Wyvern et portant la mort du haut des cieux
sur la tête de nos ennemis.
Les gobz qui nous avaient
suivis, se sont mis du côté de la rivière face aux nabots. les fous y
z'allaient s'faire baffer ! Mais y z'avaient emmenés avec eux des gobz fous qui
montent des squigs déments. Ces monstres sont capables de faire des dégâts
impressionnant ! Quand à moi, j'ai pris place avec la troupe du chef pour mieux
participer au carnage.
Soudain, le cor de
Zugarroz retentit d'un son grave et tout le monde se mit en marche d'un seul
orc et sans discussion. Nos troupes encerclaient totalement le village et se
rapprochèrent sans cesse. Nos sangliers galopèrent mais on n'était encore trop
loin pour cogner les Zoms. Ce qu'on voulait surtout c'est que nos machines de
guerre fassent taire définitivement les canons terrib' des Zoms. Le lance-roc
rata sa cible et écrasa quelques Zoms. Nos deux plongeurs de la mort tombèrent
sur le canon d'l'enfer qui réussit à tirer avant d'être détruit. Quand la fumée
disparut, j'ai pas cru mes yeux ! y avait plus de Kostos Skarag-Haï sur le
champ de bataille, même leur chef Nash-garak il était plus là ! il ne restait
plus qu'un gros tas verdâtre et sanguinolent de chairs broyées et d'armes
brisées. Y ont eu que ce qui méritaient ces idiots !
faut être vraiment
aussi bête qu'un troll pour se placer face à un canon d'l'enfer. Suffit pas
d'être gros et vert, faut être un peu malin aussi parfois !
Dans un rugissement
tonitruant et frénétique, on chargea les Zoms fous qui faisaient claquer leurs
chaînes. Le choc fut violent et magnifique. Nos armes déchiraient les chairs,
broyèrent les crânes et tranchèrent les membres. Nos bêtes les éventrèrent et
jetèrent à coups de boutoirs les corps par dessus nos têtes. Eh bien malgré la
raclée qu'on leur a mis, y z'ont pas bougé ! Ils sont restés là devant nous à
attendre la mort, téméraires et imperturbables. Sur le côté gauche du village,
les trolls de Xorgûn se rapprochèrent lentement des premières maisons
constamment dirigés par la voix tonitruante de leur chef.
A leur côté les
Baghtrugarth, les orques noirs se mirent lourdement et silencieusement en marche
au rythme sourd de leur grand tambour. Ils sont forts et puissants. le Zoms
armés de hallebardes se tournèrent vers eux pour les affronter. de l'autre côté
du village, nos gars sortient de leur bois et commencèrent à grimper la colline
du village.
Au même moment, Morkong
sur sa Wyvern survola le village et se trouva face à un chevalier en armure
étincelante monté sur un cheval ailé. Le combat aérien s'engagea et chacun des
deux combattants essaya de toucher son adversaire au milieu des battements d'ailes
de leur monture. Ce fut le chevalier qui blessa en premier. Mais la Wyvern
riposta et ses crocs arrachèrent une des ailes du cheval. Le chevalier parvint
à atterrir. Le combat devait continuer au sol.
Les gobz pendant ce
temps eurent une réaction bizarre: la troupe s'arrêta en cours de marche et la
plupart des gobz furent pliés en deux et vomirent, d'autres se tortillèrent sur
le sol et moururent dans d'atroces convulsions. Il paraît qu'il faut pas
s'inquiéter que c'est dû à l'élixir qu'ils boivent avant d'aller taper. Des
fois ça leur donne de l'énergie, du courage et une force étonnante mais d'autre
ça les tue. Plusieurs fois, j'ai du baisser la tête pour éviter les
chevaucheurs de squig qui sautent par dessus les troupes avant de plonger parmi
nos ennemis. Avec leurs dents monstrueuses, les squigs tranchaient en deux les
chétifs Zoms morts de peur. Urgh ! Urgh !
Les pierres des
lance-rocs et les plongeurs s'écrasèrent dans les rangs des Zoms avec un fracas
retentissant; Notre troupe réussit après un combat acharné à achever le dernier
zom fou qui mourut sans avoir céder un seul pouce de terrain. Je comprends pas
pourquoi ils sont restés devant nous à se faire massacrer, sans vouloir fuir
pour sauver leur peau. faut être complètement fou ! Y pourraient même
chevaucher des squigs ces Zoms ! Après avoir tué tout ce petit monde, on a
ensuite foncé sur le dernier canon des Zoms. Il avait pas encore tiré pendant
la bataille mais on voulait pas que ça arrive ! De leur côté, les Baghtrugarth
firent peur aux ogres ! chargèrent les Zoms aux hallebardes et affrontèrent
leur général. Comme ils sont forts et méchants, les Baghtrugarth frappèrent
fort et tuèrent de nombreux Zoms mais ils subirent également des pertes. Pour
avoir les Zoms par derrière, les trolls commencèrent à contourner les maisons
pour entrer dans le village. Mais sans qu'on sache pourquoi, ils s'arrêtèrent
au milieu du chemin. je souris en voyant au loin Xorgûn vociférer et sauter
autour des trolls pour les forcer à repartir. Enfin, après de longues minutes,
les trolls se remirent en marche. Entre temps y s'était passé beaucoup de
choses sur le champ de bataille.
Morkong s'battait
toujours contre le chevalier mais du renfort arriva rapidement. Nos gars à pied
s'chargèrent du chevalier et de son cheval.
Morkong profita de ce
moment pour taper plus fort et blesser salement le chevalier. Il tomba de sa
monture, s'écroula sur le sol avant d'être écrasé sous les griffes de la
Wyvern. Un WAAAAG H de victoire retentissant s'éleva au dessus du champ de bataille.
Morkong tenant d'une main sa lame sanglante leva de l'autre le heaume
ensanglanté du chevalier décapité. Cette victoire nous redonna à tous encore
plus d'entrain pour prendre le village. Nos gars à pieds coururent vers la tour
tandis que les gobz chargeaient les nains. Leur haine mutuelle attisa la
férocité du combat. Mais ces les nains qui tapèrent le plus fort. le grand chef
gob fut décapité par la hache d'un maudit nain. Y eut beaucoup de mort chez les
gobz mais leur haine des nabots fut plus forte et y tinrent bon cette bande de
foies jaunes ! Assis sur mon sanglier, je regardais autour de moi où en était
la bataille. Les Zoms y avaient perdu beaucoup de monde et y reculaient tous au
centre du village. Kek chose me disait qu'y voulaient pas mourir sans combattre
!
Nos sangliers
écrasèrent sous leurs sabots les Zoms du canon avant qu'y puisse tirer sur nous
laissant derrière eux d'la charpie ensanglantée. Puis on fonça sur les
hallebardiers avec les chevaucheurs de squigs qui sautaient en hurlant autour
de nous. Quand on arriva sur les Zoms, les Baghtrugarth les avaient violemment
massacrés et y étaient moins nombreux maintenant. Nos gars à pieds vinrent
également se joindre à la fête.
La Wyvern de Morkong
reprit son envol pour aller calmer les Zoms dans la tour qui commençaient à
devenir agaçants avec leurs flèches. la Wyvern devait commencer à avoir faim
pour être aussi féroce et Morkong était impatient d'aller vider les tonneaux de
l'auberge. Le combat fut bref et violent et on voyait des bouts de Zoms tomber
du haut de la tour. Les pov' survivants savaient plus où se réfugier !
Y'avait que les nains
qui tenaient encore le terrain. Pourtant, les squigs avaient déjà dévoré pas mal
de nabots mais y avait rien à faire, ces têtes de troll voulaient pas céder !
Et c'est pas les gobz qui allaient les faire changer d'avis. La prochaine fois,
je viendrai leur botter l'train personnellement histoire de leur apprendre à se
battre ! Bande ne nuls !
On était tous au centre
du village en train de taper les Zoms qui se sauvaient dans tous les sens.
Zugarrog voulait la tête du général pour agrandir sa collection, mais on
réussit pas à le trouver dans tout ce désordre. Tout à coup retentirent les
trompettes de guerre des Zoms de l'autre côté de la forêt et on a su qu'y avait
d'autres Zoms très nombreux qui venaient. Comme y voulaient pas tomber dans le
piège, Zugarrog sonna le départ du village. On acheva les derniers Zoms qui
bougeaient encore et on laissa aux nabots le soin de les enterrer.
Perché en haut d'un
grand arbre je regardais au loin, les survivants qui restaient. Je me disais
qu'on avait fait du bon boulot. Les Zoms étaient très affaiblis malgré les
renforts qu'ils avaient reçus. Il suffisait pour nous de continuer à encercler
le village jusqu'à ce qui z'en puisse plus; je sais qu'une chose: c'est qu'on
reviendra et que le Soleil Noir se lèvera à nouveau sur Niederhof !
Episode 1 : Le départ
<< Elëa! Elëa! >> Les cris se
répercutaient dans l'escalier. Un bruit de cavalcade s'ensuivit, tandis que la
jeune assistante courait derrière une ombre.
<< Laisse-moi, Fenelia! Je veux qu'on me
laisse seule!>> la voix n'était qu'un lointain murmure.
<< Mais Elëa! Qu'allons-nous devenir si
vous nous abandonnez?
_Qui te parle d'abandon? Les voûtes de la
grande salle tremblèrent sous le son d'une voix intemporelle.
_Mais... La voix de Fenelia se fit hésitante.
_Je ne resterai pas une minute de plus dans ce
collège de magie alors que Findil est prisonnier de ces infâmes Elfes Noirs!
>>La voix était devenue un grondement.
Dans le hall de marbre blanc, l'ombre que
poursuivait Fenelia se matérialisa peu à peu en une ravissante jeune femme
elfique. Des étoiles scintillaient et tournoyaient autour d'elle tandis qu'une
magnifique chevelure rousse foncée dévalait de frêles épaules. Elëa venait de
retirer son manteau d'ombre et de brumes, et la magnifique apparition qui
s'ensuivit ne manqua pas d'impressionner la jeune assistante pourtant habituée
aux artifices de la haute magie. Un halo de lumière blanche enveloppa
instantanément la jeune sorcière, si fort que Fenelia crut sa maîtresse frappée
par la foudre. N'importe quel sorcier eût reconnu la signature d'un maître mage
d'Ulthuan. Elëa sourit. Jamais elle ne pourrait se lasser de la sensation du
flot de haute magie pénétrant son corps. Jamais elle ne pourrait oublier le
sentiment de puissance et l'ivresse que les vents de magie communiquaient à
ceux qui pouvaient les dompter.
Elle se sentait indestructible. Le monde entier
lui semblait n'être qu'une fleur qu'il suffit de cueillir pour la posséder.
Lentement, elle sortit du halo devenu bleuté
pour de nouveau marcher sur les dalles de marbre de la grande salle du collège.
_<<Mais comment atteindre Naggaroth?
reprit Fenelia
_Ne fais pas l'idiote, lui répondit Elëa, tu
sais comme moi qu'un navire s'apprête à quitter l'île en direction de la Terre
du Grand Froid. Eltharion lui même dirige les opérations. Je me suis déjà
engagée en tant que Maîtresse Mage! Un léger sourire parcourut le visage
d'Elëa.
_Alors je vous suivrai. La voix de Fenelia
était pleine de détermination.
_Ce n'est pas une partie de plaisir, tu sais...
_Je suis moi aussi un mage! Interrompit
Fenelia, qui elle aussi se mit à rayonner d'un halo de lumière, mais beaucoup
moins fort et légèrement orange. Et j'ai l'épée de mon frère! Elle tira alors
d'un fourreau dissimulé dans les plis de sa robe une épée à la lame bleutée.
Elëa reconnut alors l'épée de morsure, une lame qui autrefois avait appartenu à
son fiancé. Je sais que tu éprouves de puissants sentiments envers Findil. Mais
n'oublie pas qu'il est aussi mon frère. Je me dois de le secourir
aussi!>>
Elëa fixa intensément Fenelia, avant d'éclater
de rire.
<< Folles que nous sommes, menées par nos
sentiments envers le même elfe! Tu m'accompagneras donc, jeune présomptueuse,
puisque tu sembles tant le vouloir! Demain, le navire fera voile. Ensemble,
nous ferons route vers Naggaroth!>>
Assise au bord de son lit, Elëa ne trouvait pas
le sommeil. Constamment, elle refaisait l'inventaire de ses bagages: quelques
parchemins de dissipation de sorts, sa longue épée magique, Ulthä, capable de
trouver d'elle-même le cœur de ses ennemis, et son précieux bâton de feu.
Ajouté à cela ses livres de magie, quelques vêtements chauds et du pain de
voyage pour plusieurs jours, et il ne lui restait plus qu'à quitter sa tour!
<<Ma tour! >> pensa-t-elle. La plus
haute du collège, disait-on. Alarielle, la Reine Eternelle d'Ulthuan y avait
même séjourné autrefois. Demain, elle serait bien loin de Saphery. Mais
qu'importe. Sa cause était juste. Deux semaines plus tôt, Findil, seigneur de
Tor Emnry, avait embarqué en direction de Naggaroth, en vue d'une expédition
punitive contre la cité maudite d'Har Garond. Personne ne sait ce qu'il advint
de l'armée de Tor Emnry. Mais Elëa gardait espoir. Elle savait que parfois les
Elfes Noirs font des prisonniers. Findil était peut-être l'un d'eux. Le jour se
leva sans qu'elle n'ait trouvé le repos. Elle rassembla ses affaires, fit
appeler un servant pour les descendre, jeta un dernier coup d'œil sur sa salle
de travail et descendit l'étroit escalier de sa tour à toute vitesse. Devant
l'entrée du collège de magie l'attendait Fenelia. Elle n'avait avec elle que sa
robe de sorcière, les servants du collège ayant pris soin de descendre au port
de Tor Emnry leurs affaires. Elëa rayonnait dans sa robe étincelante de
Maîtresse Mage, si bien que les voyageurs qu'elles croisèrent sur le court
chemin menant au port s'inclinèrent sur son passage, la prenant pour la dame
d'un grand seigneur. Elëa ne semblait pas surprise d'une telle attitude. Après
tout, n'était-elle pas fiancée au Seigneur de ces lieux?
Le port de Tor Emnry grouillait de monde, comme
à son habitude. Mais parmi les marins et les riches marchands, de nombreux
pelotons de soldats citoyens convergeaient vers la jetée où mouillait
l'imposant Vaisseau Dragon "Lumière d'Isha".
Elëa conserva peu de souvenirs de l'embarquement,
sinon que, malgré la rigueur elfique, il se fit dans le plus grand chaos. Et
c'est en sueur qu'elle et Fenelia pénétrèrent dans leur cabine.
A peine eurent-elles le temps de défaire leurs
malles qu'un intendant vint frapper à leur porte: Eltharion le Sinistre,
commandant suprême de "Lumière d'Isha", désirait s'entretenir
seul à seul avec Elëa.
La cabine d'Eltharion se trouvait à l'arrière
du navire, tout près du poste de pilotage. Tout en traversant le pont, Elëa put
admirer l'imposant navire elfique.
Le bâtiment de guerre devait bien mesurer 50
mètres de long, pour 10 mètres de large. Sa coque, de forme conique à l'avant,
lui permettait de glisser sur les océans avec une aisance presque arrogante.
Sur ses immenses voiles étaient dessinées les symboles d'Ulthuan, du royaume de
Saphery et de la Tour d'Hoeth. Sur le pont de nombreux soldats s'activaient.
Certains s'entraînaient, d'autres participaient aux corvées, ou profitaient de
cette radieuse journée pour se divertir. L'intendant fit patienter un instant
Elëa devant la porte, avant de l'introduire dans un magnifique cabinet de
travail. Assis devant une liasse de parchemins, un elfe au visage tourmenté
sortit un instant de ses réflexions pour l'interpeller:
<< Entrez, Maîtresse Mage Elëa, et asseyez-vous.
J'ai des nouvelle de Findil pour vous.>>
Episode 2: La Terre du Grand
Froid
Elëa resta interdite. Mis à part Fenelia,
personne ne connaissait la véritable nature de sa quête. Elle fixa intensément
Eltharion. L'elfe n'y prêta pas particulièrement attention, et s'expliqua d'un
ton très sûr:
<< Il ne m'a pas été très difficile de
comprendre vos motivations; dès que nous avons perdu tout contact avec l'armée
de Tor Emnry, vous vous êtes portée volontaire pour cette expédition.
Troublante coïncidence, n'est-ce pas?
- Mais je suis dans mes droits, seigneur
Eltharion, lui répondit Elëa.
-Je ne remets pas en cause la légitimité de
votre engagement. Bien au contraire; nous manquions cruellement de mages, et
votre présence est un atout inestimable. Mais alors que vous vous apprêtiez à
partir, voilà que la sœur de Findil, devenue récemment mage, décide de vous
accompagner. Fenelia ne m'a pas caché ses projets.
-Elle m'a adressé hier soir une lettre où elle
m'exhortait de l'engager elle aussi afin, je cite, "de rechercher en
Naggaroth toute trace de mon frère". Troublant, n'est-ce pas? Vous pouvez
lire la lettre vous-même, si vous ne me croyez pas...
- Inutile, l'interrompit-elle. Bravo, seigneur,
vous avez percé le mystère. Et qu'allez vous faire, maintenant, nous enchaîner
pour nous empêcher de retrouver Findil? Elëa lui lança un regard de défit.
- Et pour quoi faire? Je me contrefiche de vos
motivations. Seulement voilà. Vous êtes mes seules mages. Et il est hors de
question que vous tiriez au flanc. C'est pourquoi vous allez me promettre,
Elëa, de ne point rompre, vous et Fenelia, vos engagements. Jurez, Elëa!
- Je le jure, si cela peut vous faire
plaisir.>> répondit avec indifférence la jeune mage.
Eltharion la fixa un moment, se leva et regarda
l'océan par le hublot de sa cabine.
<< Vous êtes fière, Elëa. Mais je sais
que je peux compter sur vous. Maintenant asseyez-vous une bonne fois pour
toutes et écoutez-moi. Je vais vous révéler quelque chose.
Elëa prit une chaise et s'assit face au hublot.
Eltharion se retourna et commença son récit.
- Il y a deux mois, l'armée de Tor Emnry
embarqua à bord d'un Vaisseau-Dragon en direction de Naggaroth. L'ost comptait
près de mille elfes et avait pour mission de prendre une ville frontalière Elfe
Noire nommée Har Garond, située à l'entrée de la Mer Traitresse. Cette cité
n'offrait pas un très grand avantage stratégique, mais les raids meurtriers du
seigneur de ces lieux faisaient peser un grand danger sur la sécurité des
villes Hauts Elfes du Nouveau Monde. Findil prit la tête des opérations, et il
fut convenu que mon armée le rejoindrait deux mois plus tard. Mais tout ne se
déroula pas comme prévu. L'armée d'Har Garond était bien plus nombreuse que
nous le pensions, et Findil fut obligé de se replier sur une imposante colline
appelée Mont Décharné. Un grand aigle assura les communications entre son armée
et la mienne pendant cinq semaines. Un matin, l'aigle n'arriva pas. Le dernier
message signalait une importante vague d'assaut à venir. Je donnais
immédiatement l'ordre de commencer l'embarquement, et je fis savoir aux mages
et aux héros du royaume que mon armée recrutait. C'est ainsi que vous vous êtes
portée volontaire, deux jours seulement après la perte du contact.
- Il y a-t-il au moins une chance de retrouver des
survivants de l'armée de Tor Emnry? Demanda Elëa, son cœur battant la chamade à
l'idée que Findil n'avait pas été capturé par les Elfes Noirs.
- Dans quatre jours nous arriverons à l'endroit
où a débarqué Findil. Alors seulement nous serons fixés sur leur sort. La voix
d'Eltharion semblait interdire tout espoir.>>
Elëa rejoignit sa cabine pleine d'espoir.
Findil avait peut-être réussi à repousser les assauts des Elfes Noirs. Elle
imagina alors son fiancé dans son armure, repoussant vaillament l'ennemi à
grands coups d'épée magique. Cette image la réjouit énormément et c'est en
chantonnant un hymne à la gloire d'Ulthuan qu'elle entra dans sa cabine.
Là, assise sur sa couchette, l'attendait
Fenelia.
<< Eh bien? La questionna-t-elle.>>
Elëa lui résuma alors la discussion qu'elle
avait eu avec Eltharion, et à son tour Fenelia fut remplie de joie.
Le voyage continua sans incidents. Plusieurs
fois par jour, Elëa et Fenelia s'entraînaient à l'exercice de leur art ainsi
qu'au maniement des armes. Chaque soir elles se retrouvaient à l'avant du
navire, d'où elle tentaient de distinguer au loin la silhouette d'une côte.
Mais en vain. Tout ce qu'elles observèrent c'est le froid chaque jour plus
mordant qui dominait le climat alors que le navire s'approchait de Naggaroth.
A l'aube du cinquième jour, le navire arriva
enfin en vue de la Terre du Grand Froid. Afin d'éviter d'attirer l'attention
des Elfes Noirs, le vaisseau avait pénétré dans la Mer Traîtresse de nuit,
avant de mettre cap en direction de la côte sud-est de cette mer.
Alors que le jour se levait, la côte livra aux
passagers une vision de désespoir. Derrière le rivage de sable gris se dressait
une imposante forêt de pins morts. Une brume inquiétante slalomait autour des
troncs morts, tandis que des nuages gris s'entassaient dans le ciel. Pas un
bruit, pas un signe de vie ne semblait s'échapper de ce charnier végétal.
Les cordages étaient recouverts de givre, et un
vent glacial soufflait du nord. Une vieille tour en ruine recouverte de végétation
dépassait encore les cimes des pins. L'espace d'un instant, Elëa crut que le
navire venait d'accoster sur le cadavre tourmenté d'un immense royaume.
Le débarquement se fit dans le plus grand
calme. Eltharion avait certes donné l'ordre de faire le moins de bruit
possible, mais le paysage déprimait profondément les Elfes. Un camp fut dressé
sur le rivage, d'où les servants remontaient leurs redoutables balistes à
répétition et où des soldats préparaient les convois en vue d'une expédition à
l'intérieur des terre. Un musicien sonna l'oliphant. Des volontaires bon
cavaliers étaient demandés afin de former un groupe d'exploration. Elëa sauta
sur l'occasion: avec un peu de chance les cavaliers tenteraient de reprendre
contact avec les soldats de Tor Emnry. Fenelia l'accompagna sans hésiter; dix
minutes plus tard, elles chevauchaient de magnifiques coursiers elfiques de
robe blanche, leurs épées magiques soigneusement rangées dans leurs fourreaux
et attachées dans leur dos. Le groupe comprenait dix chevaliers Heaumes
d'Argent, équipés d'une simple cotte de mailles et de leur épée. La discrétion
était de mise. Aussi évitèrent-ils de prendre leur cape blanche, trop voyante.
Un elfe au visage grave regroupa sous ses ordres les cavaliers. Elëa remarqua
son visage sévère entaillé de cicatrices. Sa longue chevelure noire flottait
par moment au vent, accentuant le portrait sinistre du champion. Elëa
frissonna. Ce visage ne lui semblait pas bienveillant. Un simple ordre fut
lancé, et le groupe pénétra à l'intérieur de la forêt.
Voilà deux heures que les cavaliers
progressaient dans la sombre forêt, qui semblait les avoir plongé dans une
éternelle obscurité.
<< Quand sortirons-nous enfin de ces
maudits bois? Pesta Fenelia. Si ça continue comme ça, nous aurons traversé la
moitié du Nouveau Continent sans avoir rencontré autre chose que des troncs
pourris et des mousses noirâtres.
- Patience, Fenelia, répondit Elëa d'une voix
lasse, moi aussi je suis exténuée. Mais je pense que nous ne devons plus être
très loin du Mont Décharné.
- Encore faut-il que l'on y arrive vivants...
- Pourquoi dis-tu cela?
- A cause de cet elfe; son visage me rappelle
celui d'un Elfe Noir... Fenelia mit tout son mépris dans cette phrase,
assurément pour masquer sa peur de ces elfes maudits.
- Je ne pense pas qu'Eltharion ait pu se faire
ainsi berner en engageant comme champion un Elfe Noir. Je parierai plutôt ma
solde que nous avons en vérité affaire à un exilé, ou à un aventurier
solitaire. Mais n'y pensons plus. Cette forêt est maléfique et elle nous
inspire une haine réciproque. Elëa frissonna. C'est comme si toute la cruauté
des Elfes Noirs s'exprimait dans ces troncs tourmentés...>>
Tandis qu'ils discutaient, le petit groupe
sortit enfin des sous bois pour déboucher sur une plaine rocailleuse encore
plus désolée que les forêts de pins. Et devant eux, à seulement un quart
d'heure de marche, se dressait le terrible Mont Décharné...
Episode 3: Le Guerrier du Clan
Le Mont Décharné se dressait maintenant devant
eux. Cette colline solitaire semblait stérile, uniquement peuplée de bois morts
et de rocailles. Il semblait que rien ne puisse pousser sur ces terres
maudites. Au sommet du mont se dressait un monolithe noir grossièrement taillé
; tout aventurier eut reconnu l'œuvre des Hommes Bêtes, qui pendant des années
hantèrent les environs du Mont Décharné, avant de finalement être exterminés
par les guerriers d'Har Garond.
Le campement de l'armée de Tor Emnry se
trouvait sur l'autre face du mont. Un chemin sinueux et recouverts de cadavres
d'elfes menait à l'autre versant.
Une bataille sanglante avait dû avoir lieu ici
même, alors que les Elfes Noirs tentaient de prendre de revers les Hauts Elfes.
Instinctivement, Elëa jeta un coup d'œil inquiet sur les morts ; aucun ne
semblait être Findil ; un soulagement l'envahit.
Le soleil se couchait vers les lointains monts
qui barraient l'horizon quand enfin le groupe arriva au campement Haut Elfe. Le
sol était jonché de cadavres horriblement mutilés. Les restes du campement
brûlaient, laissant échapper une sombre fumée noire qui dévalait ce versant de
la colline. Rien ne semblait subsister de ce qui avait été l'armée la plus
puissante de Saphery. Les bannières du royaume d'Ulthuan étaient brisées. Aux
cadavres d'elfes se mêlaient les carcasses de coursiers elfiques et de sangs
froids. Les nombreuses armes brisées témoignaient de la violence des combats.
Un croassement attira leur regard vers le sommet du mont : une foule de
corbeaux et quelques harpies tournaient déjà autour du charnier, se précipitant
sur les corps mutilés, arrachant les yeux des visages et déchiquetant les
viscères.
Une forte envie de vomir prit Elëa à la gorge.
Pourtant l'odeur n'était pas encore très forte, et par endroit des mares de
sang étaient encore visibles. L'assaut final avait dû avoir lieu dans la
journée. Et pourtant ils n'avaient rien entendu, pas même un bruit d'oliphant
au loin, durant cette sombre journée.
<< Les vents venaient du Nord, ils
soufflaient vers le Mont. C'est pour cela que nous n'avons rien entendu,
expliqua l'Elfe au visage sombre. Ils savaient que nous viendrions, aussi se
sont-ils arrangés pour nous laisser un petit cadeau de bienvenue. Les chiens!
>>Et il cracha sur le cadavre d'un champion elfe noir.
Le soleil agonisait au loin dans un halo de
lumière orangée. Les cavaliers étaient occupés à enterrer les corps de leurs
camarades. Les cadavres d'Elfes Noirs furent entassés et brûlés, comme si ce
châtiment pouvait venger le massacre de la journée. Elëa regardait la scène,
indifférente. Elle venait de passer une heure à cherche le cadavre de Findil.
Fort heureusement en vain. Un cavalier remonta à cheval, échangea quelques mots
avec l'Elfe au visage sombre et galopa en direction de la côte. Fenelia vint
s'asseoir près d'Elëa sur une grosse pierre de basalte.
<< Aucune trace de Findil, déclara-t-elle
avec soulagement.
-Il est vivant, mais il n'est pas prisonnier,
répondit Elëa
- Comment le sais-tu?
- Un général elfique ne se rend jamais, tu le
sais bien, surtout face à des Elfes Noirs. Nous n'avons pas retrouvé son cadavre,
c'est donc qu'il a réussi à s'enfuir.
- Oui, mais où? Les seuls témoins sont raides
morts et les vents de magie sont trop fort ce soir pour localiser son arme
magique, rétorqua Fenelia. Peut-être est-il parti vers l'ouest, ou essaye-t-il
de rejoindre les colonies du Sud, comment le savoir?
- Il y a bien un moyen, répondit derrière elles
une voix. Fenelia tressaillit. Lentement, elles se retournèrent et virent que
l'Elfe au visage sombre se tenait devant elles.
- Et comment? Questionna arrogamment Elëa.
- Les cadavres sont assez frais, expliqua
l'elfe tout en gardant un ton grave. J'ai vu une fois un mage Haut Elfe
pratiquer la nécromancie. Non point celle qu'inventa le sombre seigneur des
Morts, mais une forme beaucoup plus noble, issue de la Haute Magie.
- L'Apothéose! S'exclama Elëa. Mais c'est bien
sûr! Nous pourrions rappeler grâce à ce sort l'âme d'un des soldats haut Elfe
et le questionner! Mais... Sa voix hésita. Invoquer un esprit demande beaucoup
de force et je crains que nous ne soyons en état...
- Je le ferai, déclara Fenelia.
- Tu es sûre de toi? Demanda Elëa.
- Ne t'en fais pas pour moi! Laisse moi juste
une heure pour me préparer.>> Puis Fenelia se leva et commença à tracer à
quelques pas de là un cercle d'invocation.
Elëa et l'elfe étaient resté seuls, fixant au
loin les derniers rayons de soleil. Brisant le silence, la maîtresse sorcière
demanda, de sa voix la plus sévère:
<<Qui êtes-vous?
- Il est vrai que nous n'avons pas eu le temps
de nous présenter, répondit en souriant l'Elfe. Mon nom n'évoque plus grand
chose pour moi.>> Il soupira .
- << Autrefois je me nommais Londolin.
Mes amis continuent à m'appeler de la sorte. Je suis un aventurier, un
marginal. Eltharion m'a recruté pour guider son armée à travers Naggaroth. Je
ne suis pas un Elfe Noir, comme vous vouliez bien le croire dans les
bois.>> Il eut un autre sourire. Elëa blêmit, confuse. <<Je ne vous
en veux pas. C'est une méprise qui arrive hélas fort souvent.
- Je suis Elëa, Maîtresse Mage d' Ulthuan et
je...
- Je sais déjà qui vous êtes, Elëa. Eltharion
m'a chargé de veiller sur vous.
- Comment a-t-il osé? Elëa était furieuse. Je
n'ai besoin de personne!
- Sauf devant une dizaine de guerriers Elfes
Noirs. Et là, croyez-moi, je ne serai pas de trop.
- Bien. Quels sont vos plans? Demanda-t-elle
d'un ton sec.
- Rien. On attend le combat.
- Quel combat? Qui voulez-vous affronter, les
Elfes Noirs sont partis!
- Le croyez-vous vraiment?>> Elëa ne sut
que répondre. <<Regardez cet arbre mort en bas de la colline, le premier
devant nous avant la forêt. Ne voyez-vous rien bouger? Un éclaireur nous
observe. Il attend.>> Au loin, un loup hurla, tandis que la Lune se
levait. Le hurlement fut aussitôt repris par un hululement. << Voilà. Le
message est passé, reprit Londolin. Maintenant ils savent que le cavalier a
rejoint la côte, et que d'ici trois heures Eltharion sera ici. Regardez encore
un peu! Cette ombre qui se glisse jusqu'à la forêt : l'éclaireur nous quitte:
il en a assez vu. Il va maintenant prévenir le Sombre Seigneur d'Har Garond.
D'ici demain après-midi, nous serons de nouveau encerclés.>>
Elëa tressaillit. Malgré l'obscurité, elle crut
distinguer au loin de petits feux de camps entourant la colline. Le piège
semblait s'être de nouveau refermé sur les Hauts Elfes.
Fenelia les appela. Elle était prête pour
l'invocation. Le groupe de cavaliers, intrigué par les figures tracées sur le
sol à l'aide d'une longue corde par la jeune mage, forma un petit cercle
discret autour d'elle.
<< Méfie-toi des esprits, lui conseilla
Elëa ; ils sont terriblement jaloux des êtres vivants et ils feront tout pour
t'attirer dans leur monde.
- Je sais ce que je fais,
répondit-elle.>>
L'invocation commença. Assise en tailleur au
centre d'une étoile à sept branches, Fenelia récitait une formule magique
complexe qui lui demandait une grande concentration. Des cernes marquaient son
front alors qu'elle continuait son récit. Soudain, un fantôme apparut devant
elle. D'abord translucide, il se matérialisa peu à peu en un elfe de grande
taille vêtu de l'uniforme des citoyens-soldats. Elëa reconnut à son apparat
qu'il avait été un champion lancier. L'apparition fixa intensément Fenelia. Un
sourire perfide se dessina sur son visage. Elëa blêmit. Malgré toutes ses
années de pratique, l'invocation restait pour quiconque une épreuve
terrifiante.
<< Qui donc a osé profaner la Maison des
Morts? Interrogea une voie caverneuse
- Obéis-moi, Spectre, car je te tiens en mon
pouvoir. Répondit du ton le plus ferme possible Fenelia>>
Le fantôme recula, effrayé, avant de s'avancer
vers la mage, affichant le même sourire pervers.
<< Parle et je t'obéirai. Reprit le
spectre.
- Sais-tu si le seigneur Findil a rejoint la
Maison des Morts?
Le spectre émit un hurlement effrayant,
semblant venir d'un autre monde. Son image pâlit un instant avant de
réapparaître, brillant encore plus fort.
- Nombreux furent les Morts aujourd'hui, mais
Findil ne les suivit pas.>>
Un soulagement envahit Elëa. Regardant avec
joie Fenelia, elle se rendit compte que, victime de ses émotions, cette
dernière avait relâché sa protection magique. Le Spectre, dans un cri inhumain,
se rua sur la jeune mage. Elëa eut juste le temps d'invoquer un bannissement
sur la créature, qui coupée dans son élan, s'évanouit dans un râle de
frustration.
<<Excellent réflexe, Elëa. Commenta
Londolin.
- Oh vous, taisez-vous! Lui répondit-elle. Avec
vos idées, vous nous avez tous mis en danger!>>
Furieuse, elle se précipita vers Fenelia, qui
gisait sur le sol, assommée par le contact du Spectre.
Episode 4: Nimin Azagoth
Fenelia se remit très rapidement de son
invocation, et après une bonne nuit de sommeil elle fut de nouveau sur pieds.
L'armée d'Eltharion arriva au Mont Décharné à
l'aube. A la grande surprise d'Elëa, l'ost contourna la montagne et se dirigea
vers le sud, en direction des Collines de Granit. Londolin lui expliqua que ses
cavaliers avaient repéré dans la nuit une route menant directement à Har
Garond. Eltharion se préparait à assiéger au plus vite la cité. Le héros avait
su utiliser au mieux les précieux renseignements fournis par ses patrouilleurs
ellyriens, tirant ainsi son armée du piège tissé par les Elfes Noirs. Les
furtifs éclaireurs ennemis semblèrent déconcertés par cette manœuvre
impromptue, et la matinée fut ponctuée de curieux bruits d'animaux se répondant
à intervalles réguliers.
Le petit groupe de cavaliers rejoignit le gros
des troupes dans la matinée. La route s'engagea sur un large plateau stérile,
ponctué ça et là de grosses roches basaltiques. Une heure plus tard, deux
éclaireurs rejoignirent au galop la troupe.
Une importante armée d'Elfes Noirs se préparait
à les intercepter à la sortie du plateau, sur une plaine connue sous le nom de
Nimin Azagoth. L'ost ennemie ne se trouvait qu'à deux heures de marches. La
confrontation était imminente.
L'annonce d'une bataille sembla soulager les
elfes. Enfin, ils pourraient venger dans un glorieux combat leurs frères tombés
sur le Mont Décharné.
Après une chevauchée qui lui sembla
interminable, Elëa distingua une immense plaine, ponctuée d'anciens charniers
et de tumulus.
<< Nimin Azagoth...murmura-t-elle. La
Plaine du Massacre...>> Un frisson l'envahit lorsque, se détachant de
l'horizon, elle aperçut les premiers régiments d'Elfes Noirs.
Très vite, l'armée se déploya. Eltharion,
chevauchant son griffon, volait d'un régiment à un autre afin de mieux
coordonner les mouvements. Les balistes furent placées sur les dernières pentes
du plateau, afin de disposer d'une excellent angle de tir. Un petit régiment
d'archers fut laissé à leurs côtés, afin de répondre à toute attaque de revers.
Le reste des troupes se déploya dans la plaine. Les maîtres des épées, les
lanciers et les Gardes Phénix formèrent le flanc droit. Deux importantes
compagnies d'archers tinrent le centre, appuyées par un régiment de célèbres Gardes
Maritimes. Le flanc gauche fut constitué essentiellement de cavalerie: aux
côtés des Heaumes d'Argent se tenaient deux magnifiques Chars de Tiranoc. Loin
à l'avant les patrouilleurs ellyriens de Londolin se préparaient à infiltrer
les lignes ennemies. Elëa revêtit son manteau d'Ombres et de Brumes, prit sa
longue épée magique, Ulthä, et brandit son bâton de feu. Séparée du Monde réel
par son manteau, son épée ne lui serait pas d'une grande utilité. Mais quelque
chose lui disait qu'il fallait mieux qu'elle la garde auprès d'elle. Une
curieuse intuition. Mais Elëa suivait toujours ses intuitions. Fenelia fut
affectée au régiment de maîtres des épées. Elle s'équipa d'un unique parchemin
de dissipation, son faible niveau de magie l'empêchant d'utiliser plusieurs
objets magiques à la fois. Influencée par Elëa, elle portait elle aussi son
épée magique accrochée dans son fourreau à sa ceinture.
Les deux mages, vêtues de la traditionnelle
longue robe blanche elfique, ressemblaient à d'élégants fantômes. Après d'ultimes
recommandations, elles se séparèrent, Elëa ayant reçu le commandement du centre
de l'armée, et Fenelia rejoignant les maîtres des épées.
Un silence de mort s'établit, alors que l'armée
attendait l'avance des Elfes Noirs.
Elëa reconnut dans les rangs ennemis de
nombreux guerriers, des chevaucheurs de sangs froids et des furies sur sa
droite, des corsaires et des cavaliers noirs sur sa gauche, quelques harpies et
, horreur, un régiment de ces maudits Exécuteurs, épaulés de gardes noirs face
à elle. Un hurlement dément lui fit lever la tête: un groupe de harpies
décrivait de larges cercles autour des Hauts Elfes. Dissimulés entre des
rocailles, les éclaireurs Elfes Noirs attendaient de lancer une attaque de
flanc sur les chars. Elëa frémit. Alors que l'armée ennemie s'approchait, un
sifflement perça le silence: les balistes à répétition venaient de tirer une
salve mortelle sur les troupes Elfes Noirs. Quelques guerriers et un chevalier
sur sang froid s'effondrèrent. Elëa banda son énergie et s'apprêta à lancer son
premier sort, lorsqu'une puissante dissipation l'interrompit dans son
invocation. Tournant son regard vers la source de cette puissance magique, elle
aperçu au sein des corsaires une puissante Seigneur Sorcière Elfe Noire. La
sorcière lui lança un rictus sadique de défi.
Les Elfes Noirs se ruèrent sur leurs ennemis
héréditaires, couverts par une pluie de traits de balistes et d'arbalètes. Dans
un regard de mépris, la sorcière maléfique lança sur les lanciers un vent de
mort si puissant qu'Elëa ne put le dissiper. Les malheureux lanciers placés sur
la trajectoire du vent magique furent aspiré dans une tornade démoniaque.
D'un geste de la main, Elëa donna l'ordre de
tirer à ses archers. Une pluie de flèches s'abattit sur le centre ennemi,
transperçant la moitié des arbalétriers et le quart des Exécuteurs. Les
balistes à répétition fauchèrent de nouveau quelques guerriers, et parvinrent à
éventrer les servants d'une baliste ennemie.
Jetant un regard de mépris sur les Eclaireurs,
Elëa lança un Assaut de Pierres sur les rocailles. La sorcière, surprise, ne
put réagir à temps, et les elfes noirs furent tous broyés par la masse de
roches rendue mobile.
Fenelia lança son premier sort sur les
corsaires, tuant net deux d'entre eux dans une tempête magique. Folle de rage,
la sorcière dissipa d'un geste dédaigneux le sortilège, avant de
contre-attaquer avec une tempête de lames. Trois maîtres des épées furent
foudroyés sur place, ainsi que Fenelia. Elëa assista à la scène impuissante.
Elle poussa un hurlement de désespoir, que tous les elfes, tel un cri de
guerre, reprirent. Dans un grondement de sabots, les Heaumes d'Argent et les
chars rentrèrent de plein fouet dans les corsaires et les cavaliers noirs. La
sorcière eut la bienveillance de quitter le régiment à temps, tandis que les
rares survivants étaient piétinés par les coursiers elfiques. Les Maîtres des
épées engagèrent un combat désespéré contre les chevaliers et le seigneur elfe
noir, tandis que les Gardes Phénix, dans un silence implacable, chargeaient les
frénétiques furies.
Une mêlée incertaine s'engagea. Les exécuteurs
et les gardes Noirs, malgré les tirs, rentrèrent de plein fouet dans les
archers. Les harpies, décrivant un élégant arc de cercle, s'abattirent sur les
balistes, avant de s'en prendre aux archers de l'arrière garde. Eltharion se
rua sur le Seigneur Elfe Noir, défiant le sombre monarque. Un combat titanesque
s'engagea alors. Traversant à toute allure le champs de bataille, une horreur
Noire d'Arnizipel anéantit les derniers lanciers. Elëa se battait furieusement,
lançant de puissants jets de flammes de son bâton de feu. Peu à peu, elle se
rapprocha de la sorcière. Un terrifiant combat magique s'engagea alors. La
maléfique sorcière invoqua autour des deux combattantes un impressionnant mur
de feu. A côté d'eux, les elfes se battaient furieusement. La sorcière, sans un
mot, lança un puissant vent de lames. Elëa dissipa le sort et contre-attaqua de
son bâton de feu. Le combat se poursuivit. Invoquant un pilier magique, Elëa
s'éleva au-dessus des flammes. La sorcière la rejoignit bientôt un utilisant un
vol magique. L'affrontement prenait des proportions terrifiantes.
Eltharion et le seigneur noir au sol, les
guerriers emmêlés dans une sanglante mêlée, et les deux sorcières engagées dans
les airs dans un combat magique. Soudain, Elëa concentra toute son énergie pour
engager son adversaire dans un duel mental. Le choc de leurs deux consciences
fut encore plus terrifiant que la précédente débauche de magie. La sorcière
semblait dominer le combat, et peu à peu l'esprit d'Elëa se disloquait. Alors
que tout semblait perdu, un souvenir parvint à l'esprit d'Elëa.
L'image était vague, mais bientôt apparut
devant elle la déesse Isha. Cette vision donna une puissance magique formidable
à la mage, et en un instant, l'esprit de la sorcière fut repoussé. Usant de
toute sa puissance magique, elle lança un terrifiant sort de destruction sur la
sorcière. Elëa utilisa tous les vents de magie disponibles pour lancer un
redoutable bannissement sur son ennemie. A la grande surprise de son
adversaire, ce sort habituellement destiné à terrasser des démons ravagea le
corps de la maléfique sorcière, brûla son esprit et se termina par l'explosion
de l'Elfe Noire. Un formidable flot de magie submergea Elëa, qui fut renvoyée
au sol. Le choc fut tel que la jeune mage s'évanouit, quittant le flot de
lumières et de formes pour sombrer dans un immense abîme noir.
Episode 5: Le réveil
Dans l'obscurité de son songe, une voix
l'appela. Progressivement, un rayon de lumière blanche apparut devant elle. Un
éclair bleuté illumina les ténèbres, et Isha en personne se dressait devant
elle. Vêtue d'une robe étincelante aux milles couleurs, elle s'approche en
souriant d'Elëa. Son visage etait radieux et bienveillant. Une longue chevelure
dorée flottait derrière elle.
<< Bienvenue, Elëa, dans le Royaume des
Dieux. La voix de la déesse ressemblait aux vibrations d'une harpe. C'est moi
qui t'ai aidé à triompher de ton adversaire. Je t'ai insufflé pendant un court
moment une partie de mes pouvoirs magiques. Tu as su utiliser cette puissance à
merveille. Je n'ai pas voulu que tu meures ainsi, d'une simple chute. Je t'ai
donc ressuscité.>>
- Pourquoi moi? Elëa resta perplexe: ses
paroles avaient devancé sa pensée.
- Ta bravoure, ta volonté et ta puissance
magique m'ont séduits. Tu as devant toi un immense avenir...>>
Levant son bras droit, la déesse fit apparaître
une vision: Elëa se reconnut, escortée par trois autres elfes, bravant des dangers,
escaladant un col, pénétrant dans une sorte de demeure... La vision s'arrêta.
<< Ton destin ne doit pas t'être révélé
entièrement. Maintenant, suis ta voie, Elëa Seigneure Mage. Je te guiderai et
te protégerai. Laisse ton instinct te guider...>>
L'apparition s'évanouit peu à peu. Mais la
lumière persista. Elle devint aveuglante, avant de prendre progressivement la
forme d'un ciel nuageux. Un visage sombre la surveillait. Elëa se raidit, avant
de reconnaître Londolin. L'Elfe était occupé à réparer un arc long.
<< Bien dormi? Lui demanda-t-il en
esquissant un sourire.
- Mal à la tête... Grommela-t-elle. Que s'est
il passé?
- Eltharion a préféré abandonner le combat. Les
elfes Noirs semblaient résolus à se battre jusqu'au dernier, quitte à tous y
passer. Mais qui sait combien de nos soldats auraient survécu à cette mêlée?
Sans parler qu'une autre armée d'Elfes Noirs s'approchait du champs de
bataille.
- Quelle autre armée? Mais où est Eltharion?
-Calmez-vous, Elëa. L'armée d'Eltharion a perdu
la moitié de ses effectifs. Elle est en train de quitter Naggaroth en direction
des colonies. De graves nouvelles nous sont parvenues peu de temps après la fin
du combat.
-Une imposante armée commandée par Malekith, le
Roi Sorcier lui-même, s'apprête à marcher sur Arnheim. L'heure est grave, Elëa.
Les raids des Elfes Noirs d'Har Garond n'étaient qu'un piège pour détourner
notre intention.
- Mais ils nous ont abandonné!
- On ne ramène jamais les morts, Elëa.
- Comment ça?
- Eltharion vous croit mortes, vous et Fenelia.
Je ne pourrai vous dire pourquoi, mais quelque chose m'a poussé à retourner sur
le champs de bataille et à attendre votre réveil.
- J'y ai trouvé Fenelia, en parfaite santé,
tentant désespérément de vous ranimer. Vous avez dormi près de deux jours.
- Fenelia? Mais où est-elle?
- Elëa! Une jeune elfe courait en sa direction.
- Mais je t'ai vu... La voix de la seigneure
mage se crispa au souvenir de la bataille.
- Un coup de chance! Fenelia sourit. Alors que
ma vie quittait mon corps, je suis parvenu à m'évader par les vents de magie,
avant de me rematérialiser plus loin.
- Un vrai coup de maître... Lui sourit
Elëa.>>
Puis la mage elfe leur raconta son duel,
comment elle parvint à triompher de la sorcière, et comment Isha en personne la
ressuscita.
<< Prodigieux... Marmonna Londolin.
Absolument prodigieux. Ce genre d'action divine est extrêmement rare. Vous
pouvez vous vanter d'attirer la faveur des Dieux, Elëa!
- N'est-ce pas? Elle lui lança un regard
hautain. En tout cas, mieux vaut ne pas traîner dans les parages. Je suis
maintenant sûre que Findil est en vie, et qu'il doit sûrement tenter de rallier
les colonies au sud de Naggaroth. Que pensez-vous de rejoindre Arnheim tant
qu'il en est encore temps, Londolin?
- Pourquoi pas? Après tout, Isha vous a conseillé
de suivre votre instinct.>>
Rien n'est plus facile que de s'équiper pour un
long voyage au milieu d'un champs de bataille déserté. En quelques minutes,
Elëa et Fenelia trouvèrent assez de pain de voyage pour trois mois et deux
superbes coursiers elfiques blanc crème.
Londolin s'équipa de deux carquois remplis de
flèches, d'une longue épée à deux mains, et chevauchait un imposant coursier
elfique bais. Sans plus attendre, le petit groupe quitta la plaine pour
s'engager à travers bois vers le sud.
Depuis près de trois heures, les cavaliers
étaient de nouveau rentrés dans la pénombre inquiétante des forêts de
Naggaroth. Pas un bruit ne s'échappait de ces bois de troncs pourris. Une odeur
suave de champignons et de pourriture embaumait l'air. Londolin marchait en
tête. Ses qualités de pisteur évitaient au petit groupe de se perdre dans ces
bois interminables.
Une ombre passa furtivement à côté d'Elëa,
derrière les premiers tronc.
<< Londolin... Commença-t-elle.
- Je sais. Répondit-il; Surtout pas un
bruit.>>
Il quitta la piste pour s'engager entre les
arbres. Quelques instants plus tard, un cri inhumain se fit entendre. Londolin
revint, sa longue épée tâchée de sang verdâtre.
<< Un Orque. Expliqua-t-il. Nous sommes
sur leur territoire.
- Cela signifie-t-il que nous avons quitté
Naggaroth? Demanda Fenelia
- Non, pas encore. Mais nous venons de quitter
le royaume d'Har Garond. Les guerriers de cette cité ont depuis longtemps
exterminé la présence orque de leur terre.>>
La nouvelle ne rassura pas totalement Elëa.
Affronter des Elfes Noirs est une chose, mais lutter contre des orques en est
une autre. Le groupe continua sa marche jusqu'à ce que l'obscurité noie
totalement le sous-bois. Le camp fut levé; un pâle feu permit de réchauffer
leurs membres fatigués. Fenelia s'endormit tout de suite. Elëa et Londolin
restèrent discuter un court moment.
<< Que ferons-nous si nous tombons sur
des Orques?
- Nous nous battrons, comme tout voyageur
tenant à sa vie. Répondit Londolin.
- Pourquoi semblez-vous toujours détaché de la
réalité, Londolin? Qu'avez-vous donc à cacher?>>
L'elfe sourit. Il prit une branche et la jeta
dans le feu.
<<Mon passé n'importe peu, Elëa. Sachez
juste que guerrier je fus, guerrier je suis et déchu je resterai à jamais.
- Quelles curieuses paroles...
- Je sais.>>
La nuit se déroula sans incidents. A tour de
rôle, Elëa et Londolin montèrent la garde. Dès que la lumière fut suffisamment
forte pour suivre la piste, ils levèrent le camps.
Le voyage continua ainsi durant une semaine. Le
jour, Londolin profitait d'une halte pour chasser. Ainsi le groupe put ajouter
à leur pain de voyage quelques lapins grillés.
Un matin, alors qu'ils chevauchaient depuis
près d'une heure, ils débouchèrent sur une clairière. Les troncs calcinés
indiquaient un déboisement violent. A l'autre bout de cette trouée de cendres
se dressait une énorme pierre, gravée de glyphes grossières et de symboles
primitifs. Au pied du monument gisaient tout un tas de crânes d'orques et
d'humains.
Londolin s'arrêta, descendit de cheval et
inspecta le monolithe. Puis, se retournant face aux deux mages, il déclara:
<< Et bien voilà, Elëa, nous entrons
désormais en pays Orque.>>
Episode 6: Retrouvailles
L'Orque hurla à mort lorsque Fenelia le
transperça de sa lourde épée.
<< Quand sortirons-nous de ces maudits
bois? demanda-t-elle.
- Patiente, Fenelia, patiente! Répondit Elëa
tout en abattant deux Gobelins d'un revers d'épée.
- Taisez-vous, en voilà d'autres! >> Les
interrompit Londolin.
La lutte continua de plus belle. Cette fois,
une douzaine de Gobelins guidés par un Orque Noir se lançaient à l'assaut.
Hurlant le cri de guerre de Saphery, Elëa et Fenelia décapitèrent six des
chétives créatures, tandis que Londolin tranchait en deux de sa lourde épée à
deux mains l'Orque Noir. Les autres gobelins, impressionnés, abandonnèrent le
combat. Londolin se précipita pour tirer son arc long et parvint à en abattre
deux.
<< Encore une embuscade! Pesta Fenelia.
Encore et toujours une embuscade. Cela fait cinq jours que nous subissons des
embuscades. Et nous sommes toujours dans ces bois!
- Que veux-tu, ils ne font que défendre leur
domaine. Répondit Elëa.>>
Nettoyant la lame de leurs épées, elles
cherchèrent leurs montures et se remirent en selle.
<< Et bien, Londolin, vous venez? Lança Elëa.
- Venez voir! Appela-t-il.>>
Les deux mages s'approchèrent.
<< J'ai du nouveau. Nous ne sommes plus
seuls contre ces Peaux-Vertes. Regardez, près de cet arbre! Deux autres
cadavres. Et percés de flèches elfiques!
- Un chasseur des colonies? Demanda Fenelia
- Je ne crois pas... Les colonies sont encore
bien loin au Sud. Restons sur nos gardes. Ceci ne me dit rien qui
vaille.>>
Abandonnant les corps mutilés de leurs
adversaires, les trois cavaliers s'engagèrent sur une piste apparemment très
fréquentée. Au bout de dix minutes, leurs montures semblèrent renifler l'air
frais. Elles se mirent instinctivement au trot, puis au galop, avant de
déboucher sur une immense plaine.
<< Enfin! S'exclama Fenelia.
- Bon. Eh bien c'en est fini des bois et de
leurs Peaux Vertes. Où sommes-nous, Londolin? demanda Elëa.
- Au Sud de Naggaroth, sur une plaine peu
fertile appelée la Plaine des Souffrances. Méfions-nous. Cette terre est
maudite et l'on dit qu'un nécromancien y règne en maître absolu.
- Nécromancien, hein? Elëa afficha un sourire.
Il faut croire que mon destin m'appelle à combattre tous les sorcier
maléfiques.
- Hors de question de mener bataille, Elëa.
L'interrompit Londolin. Nous devons rejoindre Arnheim au plus vite. Voyez-vous
ces brumes loin devant nous? C'est le Marais du Destin. Infranchissable pour
une armée mais abordable pour un petit groupe.
- Hantés par des zombies, je suppose? Demanda
arrogamment Elëa.
- Désolé de vous décevoir, mais seuls les
Hobgobelins vivent dans cet endroit putride.
- Encore des Peaux Vertes! >>Fenelia
semblait dégoûtée.
La journée se déroula sans incidents. La plaine
portait bien son nom. Terre stérile balayée par des vents glacés, elle
n'offrait qu'une lande brûlée par le givre. Seul réconfort dans cet univers
hostile: le soleil qui réchauffait un peu plus le sol de ses rayons au fur et à
mesure qu'ils se rapprochaient du Sud du continent.
La nuit tomba rapidement sur la lande. Le sol
de tourbe offrit un combustible peu agréable mais efficace. Londolin parvint à
abattre un maigre lièvre. Le gibier semblait rare sur ces terres désolées.
Heureusement, il leur restait suffisamment de pain.
<< Nous manquerons rapidement d'eau, si
nous ne trouvons pas une source au plus vite.
- C'est vrai, malgré ses arbres pourris, la
forêt regorgeait de petits ruisseaux d'eau pure. Mais ici, les rares flaques
d'eau sont saumâtres. Remarqua Elëa.>>
Un hurlement de loup retentit, glaçant le sang
des trois elfes.
<< Par Kurnous! Jura Londolin. Des loups
géants!
- Dans cette plaine? Fenelia semblait
incrédule.
- La nécromancie les attire aussi.>> Le
hurlement reprit.
<<Ils ont faim; Ils chassent. Commenta
Londolin.
- Et ils seront bientôt sur vous...>>
La voix venait de derrière. Les trois elfes se
regardèrent, déconcertés, avant de se retourner lentement. Devant eux se tenait
un elfe, l'arc bandé, le regard menaçant.
Elëa frémit en apercevant le visage de
l'inconnu. Puis, dans un murmure, elle répondit:
<< Findil!>>
Londolin était déconcerté. Fenelia stupéfaite.
Devant eux se tenait Findil, son armure à peine souillée de sang et ses
vêtements intacts.
<< Elëa! Londolin! Fenelia!
S'exclama-t-il en débandant son arc. Mais comment est-ce possible?>>
Elëa se précipita dans ses bras, folle de joie.
Fenelia restait assise, complètement déconcertée par cette arrivée inattendue.
Les retrouvailles durèrent un quart d'heure. Elëa lui raconta leur périple.
Findil s'intéressa beaucoup au récit du combat et félicita sa fiancée pour son
accession au quatrième et dernier niveau de magie. Il salua également Londolin.
Elëa parut étonnée.
<< Londolin et moi sommes de vieux amis.
Expliqua-t-il. Nous nous connaissons depuis si longtemps...
- Raconte-moi, Findil, que t'est il arrivé?
Supplia Elëa.
- Lors de l'assaut final sur le Mont Décharné,
les Elfes Noirs nous ont submergé. Alors que je me battais au pied du mont, un
violent coup à la tête m'a assommé. Quand je me suis réveillé, je n'ai trouvé
autour de moi que mort et désolation. De peur que les Elfes Noirs reviennent,
je me suis dirigé vers le Sud, en direction d'Arnheim. J'ai traversé ces bois
maudits, essuyant quelques attaques de gobelins, avant de me retrouvé sur cette
plaine, assailli par une bande de loups géants. Je suis parvenu à tous les
exterminer, mais d'autres arrivaient. C'est alors que j'ai aperçu votre feu. Je
me décidais alors à chercher de l'aide auprès de ces voyageurs inattendus, même
si je craignais de quitter les loups pour tomber sur un campement Orque.
- Un long parcours. commenta Londolin.
- Assurément. Vous avez du vin?
- Non, mon amour. Tu sais très bien que tu
supportes très mal l'alcool. L'interrompit Elëa
- On dirait que les vacances sont terminées,
Findil... Reprit Londolin.
- Je le crains aussi...>>
Se retournant, Findil siffla. Un magnifique
coursier elfique blanc apparut.
<< Ma monture. Expliqua-t-il. Méfiez-vous
d'elle. La bête est vicieuse et se plaît à mordre les cuisses.>>
Le soir se prolongea en une joyeuse
conversation; les Loups, apeurés par le feu, gardèrent une distance raisonnable
entre eux et le campement.
<< Et maintenant, que faisons-nous?
Demanda Fenelia.
- Ma quête n'est pas achevée. Commença Elëa.
Durant mon songe, Isha me dévoila une partie de mon destin. Je me suis vue,
escaladant un grand escalier de style elfique. Tout laisse à supposer que je
dois rejoindre Arnheim...
- Et par où comptez-vous passer? Demanda Findil
- Par les Marais. Expliqua Londolin
- Vous êtes fous! Ils sont infestés de zombies!
- Ha vraiment? Elëa fixa Londolin. L'elfe
sembla rougir.
- Non, le mieux à faire, c'est de passer plus à
l'ouest par les montagnes. Mais dépêchons-nous. Les Elfes Noirs sont en guerre
et la plupart des cols regorgent de soldats de Malekith. Demain, nous partirons
dès la première heure.>>
Episode 7: Le Col de Feu
Après trois jours de chevauchée, les cavaliers
atteignirent l'Echine Noire, l'immense chaîne de montagne qui déchire le
Nouveau Continent sur toute sa longueur. Ces derniers jours avaient été
relativement calmes, malgré les meutes de loups rôdant la nuit autour de leur
campement. Le nécromancien avait sans doute flairé la présence des deux
sorcières, mais quelque chose semblait le dissuader d'attaquer le petit groupe.
Alors qu'ils se rapprochaient des premiers monts, les loups disparurent
subitement, un panache de fumée s'échappant d'une tour en flamme. A la vue de
fines silhouettes elfiques drapées de vêtements sombres, ils comprirent qu'un
détachement d'Elfes Noirs venait de mettre fin à la domination du nécromancien
sur la plaine.
<< La Grande Armée du Roi Sorcier semble
plus proche que je ne le pensais... Marmonna Londolin.
- N'est-ce pas? Répondit Findil. Là où passe
Malekith, rien ne subsiste. Et ceci s'applique aussi bien aux Hauts Elfes
qu'aux autres races.
- Restons sur nos gardes, le secteur doit fourmiller
d'éclaireurs. Conclut Londolin.>>
Le petit groupe commença l'ascension des monts
par une petite route sinueuse. Le paysage, comme à son habitude, était morose.
Seuls les cris de quelques rapaces déchiraient la monotonie de cette journée nuageuse.
Le chemin serpenta un moment à travers d'étroites vallées, avant d'entamer
l'ascension d'une imposante chaîne de montagnes aux cimes enneigées. <<Le
Col de Feu, présenta Londolin.
- Quel nom étrange... Répondit Fenelia.
- A l'époque des Anciens, un volcan se dressait
tout près d'ici. On dit qu'un jour, une éruption détruisit le cône, ouvrant une
large brèche dans l'Echine Noire. Expliqua Londolin.>>
Le col serpentait le long des flancs abrupts de
la montagne, avant de déboucher sur une grande vallée. Un vent glacial
soufflait dans les rares sapins. Tout d'un coup, Londolin leur fit signe de
s'arrêter. D'un hochement, Findil et le guerrier prirent leurs arcs et
s'engagèrent dans la forêt clairsemée.
<<Mais que se passe-t-il? Demanda
Elëa.>>
Deux hurlements atroces lui répondirent, suivis
d'un bref cliquetis d'armes. Londolin revint, leur indiquant de le suivre. Un
peu plus loin gisaient les cadavres de quatre cavaliers Elfes Noirs. Londolin
avait rassemblé leurs montures, tandis que Findil déshabillait méticuleusement
les cadavres.
<<Mais que faites... Commença Elëa.
- Chut! Pas un bruit! L'interrompit Londolin.
Tenez, mettez ces vêtements! Il leur tendait des habits noirs comme la nuit.
- Mais pour quoi faire? Demanda Fenelia.
- A partir de maintenant, vous êtes deux
Cavaliers Noirs. Descendez de cheval et pliez vos affaires. Il nous faut
traverser le plus discrètement possible ce col infesté d'Elfes Noirs. Nous
allons aussi abandonner nos montures et prendre ces coursiers au pelage
noir.>>
Décrire les coursiers elfiques des Elfes Noirs
comme des créatures vicieuse eût été un euphémisme, tant il se dégageait de ces
montures une cruauté sans égale. Revêtus d'habits de cavaliers noirs, équipés
comme ces hérauts de Naggaroth, le petit groupe ne ressemblait plus du tout aux
fiers Hauts Elfes qu'ils étaient mais à de cruels éclaireurs Elfes Noirs.
<<Maintenant écoutez, continua Londolin.
Nous allons traverser une région infestée de guerriers du Roi Sorcier. Mieux
vaut donc passer incognito. Gardez dans vos fontes vos autres vêtements; une
fois ce col passé, nous serons sur le domaine d'Arnheim. Alors seulement nous
pourrons abandonner ces horribles déguisements.>>
Elëa ne put s'empêcher de sourire: Londolin
venait de débiter son plus long discours depuis qu'elle l'avait rencontré.
L'Elfe au visage Sombre semblait encore plus
mystérieux vêtu comme un Elfe Noir. Cette impression la rassura: au moins
contribuait-il à la crédibilité de leur déguisement.
Le petit groupe reprit sa route. Le col
grimpait de plus en plus haut, et bientôt le chemin fut bordé de plaques de
neige. Un hululement se fit entendre malgré le cri déchirant du vent glacé.
Elëa tressaillit.
<<Qu'est-ce que c'était? Hasarda-t-elle.
- Wyvern. Répondit Londolin. Certains couples
vivent à cette hauteur.
- Oh? Vraiment?
- Bah, ce n'est qu'une grosse bête, haussa
Findil.
- Juste un dragon sans bras. Précisa
Londolin.>>
Cette précision glaça le sang des deux mages.
Fenelia lançait des regards inquiets en direction des hauteurs, tandis qu'Elëa
préférait se concentrer sur tout autre chose.
Le chemin redescendit, assez brutalement, dans
une large vallée bordée de sombres murailles rocheuses. Elëa respira. Ici,
pensait-elle, le couvert des arbres leur donnait un abri relatif face aux
attaques d'un monstre volant.
Les cavaliers s'engouffrèrent dans une profonde
forêt. Quelque chose marqua Elëa: les sapins n'étaient plus morts comme dans
les sous bois de Naggaroth, mais bien vivants et recouverts d'épines vertes. La
vie semblait reprendre ses droits sur le paysage alors qu'ils se rapprochaient
d'Arnheim.
La nuit tomba sur la vallée. Le petit groupe
dressa son camp dans les sous bois, à quelques mètres du col. Londolin leur
permit de faire du feu. Seuls les Elfes Noirs présentaient une menace, mais
leurs déguisements écartaient efficacement ce danger. Les deux guerriers
montèrent tout de même la garde autour du campement.
Le lever du jour fut salué par le chant d'un
coq sauvage. Les cavaliers se remirent rapidement en selle, et continuèrent la
traversée du bois. Ils quittèrent le couvert des grands sapins quelques heures
plus tard. Le soleil, pour la première fois depuis son départ, réchauffait la
chevelure d'Elëa. Au détours du chemin, ils croisèrent un groupe de chevaliers
noirs. Leur chef, un grand elfe noir au regard sadique, leur indiqua de
s'arrêter.
<<Qu'est-ce que vous foutiez? Ca fait
deux jours que l'on vous attend! Gronda l'Elfe Noir.
- Une fichue embuscade de Gobelins, Seigneur,
répondit Londolin d'un ton irrité.
- Ce n'est pas une excuse! Hurla l'Elfe Noir.
Elëa remarqua que sous sa cape, il portait une armure finement ouvragée, ainsi
qu'une imposante épée magique. Les as-tu trouvé?
- Oui, Seigneur Malenor.
- Eh bien? Son voit frisait la démence.
- Ils sont morts.
- Morts? Morts? MORTS! Malenor explosa. Deux
jours pour retrouver des cadavres! Mais tu te fous de moi! Il tira sa grande
épée. Qui est-ce, ces trois-là?
- Mes cavaliers, Seigneur Malenor. Londolin
conservait le même ton acide.
- Ah oui, vraiment? Malenor éclata d'un rire
dément. Il s'approcha d'Elëa. Fais voir ton visage!>>
Elëa obéit, rabaissant sa cape sur ses épaules.
L'Elfe Noir afficha un sourire pervers. D'un coup d'épée, il ouvrit une des
fontes de la selle. La robe de mage apparut, éblouissante.
Malenor n'eut pas le temps de regarder plus
attentivement qu'Elëa lui décrocha un violent coup de pied. Puis dégainant son
épée magique, elle chargea le groupe de chevaliers restés en arrière.
<< Au galop! Hurla-t-elle.>> Les
autres se précipitèrent derrière elle, repoussant de quelques revers d'épée les
Elfes Noirs déconcertés. Lancés au triple galop, leurs montures projetaient des
mottes de terre derrière elles, tandis que les chevaliers se lançaient à leur
poursuite. Prise d'une panique incontrôlable, Elëa éperonnait frénétiquement
son coursier. La vitesse la grisait. Devant elle, la vallée s'acheva,
présentant le magnifique panorama d'une plaine verdoyante. Tout son esprit se
focalisa sur cette verdure, tandis qu'une seule pensée dominait son esprit: fuir,
de tous les moyens possibles. Fuir, au nom de sa vie, de Sapherie, et de la
Destinée du peuple Elfe. Fuir. Quelle qu'en soit l'issue. Fuir.
Episode 8: Les Prairies
Elëa se réveilla sous une tente, allongée sur
un lit de camp. Devant elle se dressait un grand elfe au regard préoccupé.
<<Eltharion? S'étonna-t-elle.
- Bonjour, Elëa. Répondit-il. Je vois avec
plaisir que vous et Fenelia avez survécu à la bataille de Nimin-Azagoth.
- Mais où suis-je? Demanda-t-elle.
- A Tor Venera, petite bourgade elfique aux
pieds de l'Echine Noire. Vous nous avez fait peur, vous savez. Nous vous avons
retrouvés, vous et vos amis, poursuivis par un groupe de chevaliers elfes
noirs. Une chance que mes Heaumes d'Argent patrouillaient dans le secteur.
Seulement après vous avoir secouru, vous vous êtes évanouies. Vous avez dormi
pendant près de huit jours. Vous ne vous souvenez de rien?>>
Elëa réfléchit un instant. Elle se revit,
échappant aux griffes de Malenor, puis galopant à bride abattue, vêtue des
uniformes des cavaliers noirs.
<<Mais comment avez-vous fait pour nous
reconnaître?
- Eh bien, au début, mes chevaliers vous ont
pris pour de vulgaires elfes noirs. Mais progressivement, ils ont été étonnés
par votre course éperdue. La vérité leur est apparue lorsqu'ils ont reconnu
Londolin et le seigneur Findil user de leurs arcs pour abattre deux chevaliers
sur sang froid.
- Findil! Fenelia! Où sont-ils, Demanda-t-elle.
- Calmez-vous, Elëa, et reposez-vous. Ils sont
en sécurité.>>
Elëa était encore bien faible, et une bonne nuit
de sommeil lui fut nécessaire avant de pouvoir à nouveau tenir sur ses jambes.
Le lendemain, elle fut escortée jusqu'à la
tente de ses compagnons. Les retrouvailles furent brèves, mais émouvantes. Peu
de temps après apparut Eltharion, le visage songeur.
<< Eh bien, quelles sont les nouvelles?
Demanda Findil.
- Mauvaises, Seigneur. Elëa parut surprise de
cette formule, mais se rappela qu'Eltharion restait malgré tout un héros, et
donc de rang inférieur par rapport à un seigneur. Les troupes de Malekith ont
franchi l'Echine Noire, et se déversent maintenant dans la plaine. Moi et mon
armée sommes restés les retenir le plus longtemps possible, pendant qu'Arnheim
se prépare à subir un long siège.
- Pas de renforts? Demanda Londolin.
- Tiranoc et Chrace ont répondu à notre appel.
Ces deux royaumes devraient envoyer des troupes dans les semaines à venir.
- Bien, très bien! D'épiques combats en
perspective! Renchérit Findil, tout en se servant un verre de vin. Elëa le
regarda alors fixement, et l'elfe préféra abandonner sa coupe, un sourire gêné,
en faveur d'Eltharion.
- Puissent les Dieux vous entendre, Seigneur,
répondit le héros. En attendant, je vous renvoie en sûreté derrière les
remparts d'Arnheim. Inutile de protester, continua-t-il en lançant un regard
sévère à Elëa qui s'apprêtait à l'interrompre. Je tiens cet ordre du Seigneur
d'Arnheim en personne. Maintenant, dépêchez-vous. Vos montures et votre escorte
sont prêtes. Mais méfiez-vous: la région commence à grouiller d'Elfes Noirs.
- Bien, je pense que vous avez raison,
Eltharion. Répondit Elëa, avec une certaine pointe d'ironie.
- Pardon? Vous ne protestez pas? L'elfe lui
lança un regard méfiant. Elëa éclata de rire.
- Suis-je donc tyrannique à ce point?>>
Les autres elfes évitèrent son regard, tout en
toussotant d'un air entendu. Elëa leur lança un regard noir.
<< Eh bien, reprit Eltharion, il ne me
reste plus qu'à vous souhaiter un bon voyage...>> Puis il quitta la
tente.
Le petit groupe avait troqué ses habits d'Elfes
Noirs contre de superbes uniformes de l'armée de Saphery. Même les deux mages
avaient reçu les robes correspondant à leur niveau respectif. Elëa et ses
compagnons, resplendissants, chevauchaient de magnifiques coursiers blanc crème
caparaçonnés. Escortés de six Heaumes d'Argents, le petit groupe s'engagea dans
l'immense prairie verdoyante en direction d'Arnheim.
Le trajet leur parut de courte durée, tant la
beauté du paysage paraissait irréelle. Après deux mois passés au milieu de
régions désolées, la moindre brindille d'herbe rayonnant au soleil leur
semblait étincelante. De temps en temps, des chiens de prairie, intrigués, les
saluaient du regard. Loin dans le ciel, un immense grand aigle planait
au-dessus d'eux. Trois heures s'écoulèrent ainsi, lorsque soudain un roulement
de tonnerre se fit entendre à travers la prairie: une immense armée les
rattrapait dans une galopade éperdue. Le petit groupe reconnut aux uniformes
les soldats d'Eltharion. De rapides coursiers les dépassèrent, suivis de près
par quelques chars. Un immense griffon vint à leur rencontre. Les coursiers se
cabrèrent, impressionnés par l'énorme monstre. Elëa reconnut Eltharion
chevauchant son griffon, et parvint à calmer sa monture.
<< Dépêchez-vous! Leur cria-t-il. Nos
lignes de défense ont cédé et les Elfes Noirs sont à nos trousses!>>
Une fois de plus, le petit groupe entama une
folle chevauchée en direction d'Arnheim. Après une demi-heure de galopade à
bride abattue, une magnifique cité se dressa devant eux.
Elëa ne put s'empêcher de s'extasier devant ce
chef-d'œuvre d'architecture elfique. Trois rangées de remparts protégeaient la
Vieille Ville et la Citadelle. Les murs, taillés dans le marbre le plus blanc,
incrustés d'immenses pierres précieuses, étincelaient. Du haut des immenses
tours elfiques flottaient les bannière d'Ulthuan et d'Arnheim.
Même les sombres meurtrières semblaient dégager
une beauté sans égale. Les immenses doubles portes de chêne cerclées de Mithril
de la Porte de l'Ouest s'ouvrir lourdement pour engloutir les survivants de
l'armée d'Eltharion, avant de se refermer derrière Elëa dans un bruit de
foudre.
Les Bas Quartiers du Premier Rempart avaient
l'allure de riches palais humains. Mais Elëa ne s'attarda pas devant les
magnifiques bas-reliefs et vitraux du Temple d'Assuryan. Un groupe de lanciers
venait aider les survivants à décharger leur équipement. L'arrivée d'Eltharion
avait provoqué un grand émois dans la cité, et de nombreux citoyens s'étaient
rassemblés autour de la place de la Porte de l'Ouest. Un soldat s'approcha
d'Elëa.
<<Vous êtes bien le groupe de survivants
que le Seigneur Eltharion a sauvé? Demanda-t-il.
- En personne ; à qui ai-je l'honneur? Répondit
Findil
- Pardonnez-moi, seigneur. Tilmïn, héros garde
phénix, pour vous servir. Il leur tira une rapide révérence. Le seigneur
Almaris d'Arnheim demande à vous voir...
- Nous vous suivons. Conclut Elëa.>>
Findil, Londolin, Fenelia et Elëa, escortés par
les gardes phénix du Héros Tilmïn, traversèrent la ville jusqu'à la citadelle,
lorsqu'une clameur se fit entendre.
<< Les Elfes Noirs viennent d'arriver.
leur informa le héros garde phénix.
- Oh? Répondit Elëa.
- Les citoyens ont été mobilisés? Demanda
Findil.
- Ce matin même, Seigneur.>>
Le petit groupe pénétra dans la citadelle,
escorté uniquement par le Héros. ils pénétrèrent dans un superbe palais. Là, un
serviteur les introduit dans un magnifique bureau de travail aux murs de marbre
et d'or étincelants. Au milieu de cette pièce se trouvait une immense table de
réunion. Plusieurs elfes siégeaient autour du Seigneur d'Arnheim. Elëa reconnut
à sa droite Eltharion.
<<Bienvenue à vous, Elëa, Londolin,
Fenelia et Findil! Leur adressa Almaris. Prenez donc une chaise et
asseyez-vous! je crois que votre venue va nous être très utile...>>
Sans un mot, le petit groupe s'assit.
<<Bien ,commençons. Reprit-il. Comme vous
le savez, Malekith assiège la cité. la situation est grave, très grave. Si
aucun secours ne vient avant deux semaines, notre sort sera scellé.>>
Une estafette interrompit le discours en
présentant un petit billet au Seigneur Almaris.
<<La situation empire. Annonça-t-il. Les
Elfes Noirs ont commencé l'assaut des premiers Remparts.>>
Un silence de mort accueillit la nouvelle. Au
loin, Elëa crut entendre sonner l'olifant, ainsi que d'inquiétants coups de
tonnerre.
Episode 9: la Tour de l'Ouest
La réunion se termina dans l'anxiété. Almaris
leur avait donné différents postes en fonction de leurs compétences. Ainsi Londolin
se vit remettre le commandement de la Porte Ouest; Findil et Eltharion eurent
la responsabilité de préparer la Seconde Muraille à un éventuel siège. Fenelia
et Elëa se retrouvèrent affectées à la défense de la Citadelle.
<< Ils veulent nous écarter. Déclara
notre héroïne à Fenelia, en sortant du bureau.
- Tu l'as aussi remarqué?
- Ecoute-moi: nous allons discrètement sortir
du palais et récupérer nos affaires sur nos montures.
- Mais comment leur fausser compagnie?
- Suis-moi! >>
Elëa et Fenelia prétextèrent un problème de
robe, et en profitèrent pour s'engager dans un autre couloir.
Après avoir déambulé dans les nombreuses salles
du palais, elles atteignirent la cour où leurs montures les attendaient. Elles
éclatèrent de rire: telles des apprenties fuyant de nuit le collège de Magie
pour fréquenter les tavernes de la ville, les deux mages venaient de quitter le
palais.
<< Bon, reprit Elëa. Prenons nos affaires
et dirigeons-nous vers la Porte de l'Ouest! Apparemment, c'est là que se
déroulent les combats.>>
Sans un mot, Fenelia prit sa longue épée
magique. Elëa revêtit son manteau d'Ombres et de Brumes, prit son épée et son
bâton de feu, et mena Fenelia à travers les rues de la Cité vers la Première
Muraille.
Au fur et à mesure qu'elles déambulaient à
travers les rues, de petits groupes de lanciers et d'archers se dirigeaient
vers la Porte de l'Ouest. Le flot de soldats ne s'interrompit pas et bientôt
des milliers d'Elfes prenaient position au sommet des murailles de marbre.
<<La Tour de L'Ouest! proposa Fenelia.
Elle culmine très haut et bénéficie d'une terrasse fortifiée en son sommet. Ne
serait-elle pas parfaite pour lancer des sorts?
- Assurément, lui répondit Elëa. Viens,
allons-y tant que nous pouvons y pénétrer!>>
Un immense escalier permettait d'atteindre le
sommet de la tour. Dans leur impatience, elles gravirent les marches de grès en
courant. Une brève vision apparût dans l'esprit d'Elëa: cet escalier
ressemblait comme deux gouttes d'eau à celui qu'Isha lui avait fait entrevoir,
lors de son songe... Une brève sensation de satisfaction envahit la mage,
tandis que l'escalier débouchait sur le sommet de la tour.
Protégées derrière les créneaux, les deux mages
regardèrent avec un sentiment d'horreur les flots d'Elfes noirs que la prairie
semblait vomir. Une marée maléfique sans fin, qui semblait sceller d'un trait
sanglant le destin d'Arnheim. Devant les murs les premiers régiments d'Elfes
Noirs, protégés par des mantelets ou poussant de redoutables béliers,
progressaient avec peine, ralentis par une véritable pluie de flèches. De temps
à autre, les balistes à répétition lâchaient des deux côtés leurs salves
mortelles. Les premiers régiments ennemis atteignirent les murailles, qui pour
le malheur des assiégés n'étaient pas protégées par des douves. A l'aide
d'échelles, de tours de siège et même parfois de grappins, ils se jetaient à
l'assaut des remparts, tels les vagues inlassables d'une gigantesque marée
noire. Du haut des rempart, les Hauts Elfes se battaient férocement, mais avec
l'énergie du désespoir. Jetant des pierres et des chaudrons d'huile bouillante
sur l'ennemi, les valeureux soldats tenaient coûte que coûte leurs positions,
et les cadavres commençaient à s'empiler aux pieds des murailles de marbre. De
sourds mais inquiétants craquements se firent entendre, lorsqu'un immense
bélier se mit à marteler la grande porte de l'Ouest.
Bandant son énergie, Elëa s'apprêta à lancer
son premier sort. Dans un geste théâtral, elle déclencha un assaut de pierres.
La colline sur laquelle un régiment d'arbalétriers s'étaient fixés se mit
subitement à trembler, alors que le sol engloutissait un régiment de furies.
Alors qu'elle s'apprêtait à lancer un nouveau
sort, un immense pouvoir la déstabilisa: regardant devant elle, elle vit au
loin s'approcher un sombre char tiré par deux énormes Sangs Froids. Jamais Elëa
n'oublierait cette vision du Roi Sorcier. Malekith, le Seigneur des Elfes
Noirs, dissipa d'un geste hautain le dérisoire sortilège que lui opposait Elëa.
Malgré la distance, la mage put entrevoir son visage brûlé et tourmenté, son
armure maléfique aveuglante, et sa terrible épée magique, qui émettait un
hurlement magique démoniaque, que seuls les mages pouvaient entendre, pour leur
plus grand malheur. le Sombre monarque scruta l'horizon, avant de fixer son
regard sur la tour de l'Ouest. puis, dans un rire démoniaque, il s'apprêta à
commencer un formidable duel magique.
Depuis les créneaux de la Première muraille,
les défenseurs d'Arnheim tentaient de repousser les vagues d'assaut Elfes
Noirs. Londolin, dirigeant ses elfes, se battait vaillamment. Mais malgré tous
leurs efforts, les défenses furent rapidement submergées. Dans un craquement
sec, la porte de l'Ouest fut enfoncée par un énorme bélier. Devant la bretèche,
un régiment de gardes phénix, commandés par Tilmïn, attendaient dans un silence
de mort.
Escaladant les énormes battants défoncés, les
guerriers elfes noirs s'engouffraient en hurlant dans la cité. D'un seul
mouvement, les gardes levèrent leurs hallebardes serties de saphirs,
s'apprêtant à recevoir de plein fouet la charge des guerriers.
<<Elëa! Attention! hurla Fenelia.>>
Les deux sorcières eurent juste le temps de se baisser pour échapper à une
salve mortelle de traits d'arbalètes.
<<Cesse de me perturber! la réprimanda
Elëa. Tu sais très bien que le manteau d'ombres et de brumes m'immunise à ce
genres de petits désagréments.
- Mais...
- Ecoute Fenelia, il me faut lutter seule
contre un véritable déluge de magie. Pourquoi n'irais-tu pas en bas soutenir
les défenseurs?>>
Dans son arrogance, Elëa avait oublié que
Fenelia elle aussi était mage. Mais seul un seigneur mage pouvait espérer
contenir le Roi Sorcier. Aussi Fenelia, consciente de son inutilité, mais
toutefois vexée dans son amour-propre, descendit en pestant les marches de la
tour. Le spectacle qui l'attendait en bas était peu réjouissant: un flot
d'elfes noirs s'engouffrait par les décombres de la porte. N'écoutant que son
courage, la jeune mage leva son bras pour invoquer sur l'ennemi de puissantes
flammes ardentes.
<< A nous deux... >>Murmura Elëa du
haut de sa tour, fixant intensément le Roi Sorcier. Concentrant son pouvoir
magique, elle invoqua un assaut de pierres sur la colline où un régiment de
gardes noirs avait eu le malheur de s'établir.
Mais le Roi Sorcier n'entendait pas se faire
dominer de la sorte. Dans un grand geste théâtral, il dissipa le sort, avant
d'invoquer sur les défenseurs un horrible vent de lames.
Malgré tous les efforts des défenseurs, les Elfes
Noirs ne cessaient de monter à l'assaut des murailles de marbre. Bientôt, les
derniers assiégés furent contraints d'abandonner les créneaux pour se réfugier
derrière les remparts de la Moyenne Ville. Les gardes phénix, submergés, se
replièrent autour de la Tour de l'Ouest, résolus à y former une résistance
acharnée.
<<Il faut tenir cette tour, coûte que
coûte! >>Tilmïn resta perplexe. non seulement il venait de prononcer ces
paroles la bouche fermée, mais en plus la voix n'était pas la sienne. un doux
contact l'envahit alors, comme si un être divin le rassurait. Louant Assuryan
pour sa protection, le héros rengagea de plus belle dans le combat.
Depuis les créneaux, Elëa ne se rendait
absolument pas compte de la gravité de la situation. Totalement absorbée dans
un duel magique, son attention ne cessait de se fixer sur son redoutable
adversaire. Les échanges de sorts se soldaient pour l'instant par des échecs,
et toute cette débauche de magie dont les deux protagonistes usaient semblait
donner un résultat stérile. Et pourtant, peu à peu, le Roi Sorcier était
parvenu à violer les protections magiques qu'Elëa avait tendu tout autour de la
tour. Privée de ces défenses, la jeune mage était à sa merci. Malekith lui
lança un sourire de carnassier, avant de lancer sur la frêle mage une
Malédiction de Nagash d'une telle puissance qu'elle ne put la dissiper à temps.
Dans un hurlement de stupeur, un tourbillon de magie noire l'immobilisa, tandis
que des flammes violettes léchaient sa robe. La situation semblait désespérée.
Si Elëa ne se dégageait pas à temps, les flammes maléfiques la brûleraient
vive. L'angoisse accélérait les battements de son cœur. Sa respiration était
haletante. Les flammes consumèrent sa robe sans qu'elle ne puisse faire le
moindre geste pour se dégager. Lorsqu'elles léchèrent la peau de ses cuisses,
Elëa poussa un cri perçant de douleur.
<<Concentre-toi. Murmura une voix dans
son cerveau.>> Soudain, à travers la tornade de magie noire apparût la
silhouette d'une grande jeune femme elfe. Elëa reconnut la déesse Isha. une
vague de sérénité l'envahit, malgré la douleur des flammes.
<<Je ne puis! hurla-t-elle.
-Concentre-toi.>> Ordonna la voix d'un
ton si sévère qu'Elëa n'eut préféré pour rien au monde désobéir à la déesse.
Bandant son énergie, elle parvint à libérer de
l'étreinte d'acier son bras droit. Puis, se concentrant intensément, elle
commença à invoquer un puissant Bannissement sur le sort de magie noire.
<<Vas-y, l'encourageait la déesse. Tu
peux y arriver!>>
Malekith résistait de toutes ses forces contre
la puissance du sortilège. L'afflux de magie fit crépiter des flammes blanches
les doigts de la main droite de la mage, alors qu'elle terminait d'invoquer le
sortilège. Puis, d'un seul mot, elle libéra toute la puissance magique. Une vague
d'énergie mystique envahit la cité, souffla sur les toits argentés, balaya les
sorts de magie noire activés par les sombres sorciers, avant de sortir
triomphalement des portes de la ville en un gigantesque souffle. Le tourbillon
de magie noire explosa sous la force du vent magique. Libérée, morte de
fatigue, Elëa tomba au sol. Une vague d'énergie l'empêcha de sombrer dans le
comas. fortifiée par cet apport d'énergie magique, elle se releva et scruta la
plaine: dissipant la tempête magique lorsqu'elle arriva à sa hauteur, Malekith,
le terrible roi Sorcier, s'apprêta à rengager le terrible duel magique, tandis
que ses soldats, ivres de vengeance, pénétraient dans la Basse Ville.
Episode 10: Le Destin d'Elëa
Une fumée noire s'éleva des quartiers de la
Basse Ville alors que les Elfes Noirs y mettaient le feu. Sur les rues gisaient
les cadavres d'elfes affreusement mutilés.
Les rares maisons encore intactes étaient
minutieusement pillées avant d'être brûlées. Lorsque la nuit tomba, la Seconde
Muraille se retrouva entourée d'un anneau ardent. Au bord de cette désolation,
à l'endroit où autrefois se dressait la Porte de l'Ouest, une bande de Gardes
Phénix menaient dans le plus grand silence la défense acharnée de la Tour de
l'Ouest. Parmi eux, des survivants du premier assaut se battaient avec le plus
grand sang-froid. Résolus à combattre jusqu'au dernier, ces hauts elfes
abattaient leur ennemis sans un seul bruit. leurs yeux embrasés brillaient dans
le noir telles de petites lucioles.
Au sommet de la tour, indifférente au pillage
de la ville, en hâge, se dressait Elëa. Depuis de nombreuses heures, elle
n'avait cessé de fixer son adversaire, Malekith, le terrible Roi Sorcier. Les
deux protagonistes avaient échangé en vain un véritable déluge de magie. Mais
Elëa ne fléchit pas. Du fond de son âme, un esprit divin la guidait. Elle
savait que devant elle se dressait sa destinée. Elle savait que de ce combat
dépendait l'avenir du peuple elfique. D'un grand geste du bras, elle réengagea
le combat en lançant sur le Roi Sorcier un labyrinthe de Téclis. Le sort
surprit le monarque qui rata sa dissipation.
<<A mon tour de m'amuser, messire...
Murmura-t-elle ironiquement.>>
Le Roi Sorcier assista impuissant au
déplacement dans l'espace de son char, qui rentra de plein fouet dans sa garde
noire. les corps des elfes noirs volaient tout autour de la machine de guerre
alors que Malekith, fou de rage, sauta de ce symbole de son pouvoir rendu
incontrôlable. Invoquant un sort connu de lui seul, il s'enveloppa d'un manteau
de flammes jaunes. Un vent magique violet tourbillonna autour de lui. Peu à
peu, de ce sort illusoire se dégagea une abomination sans nom, semblable à un
grand nuage de pourriture noirâtre. Elëa retint son souffle devant l'apparition
de l'Horreur Noire d'Arnizipal. Dissimulé derrière son écran magique, Malekith
avait eu le temps d'invoquer ce sort, à l'abri des regards de son ennemie.
L'Horreur Noire se rapprochait à grande vitesse
de la tour. Aucun sort de contre-magie n'en venant à bout, Elëa crut sa fin
proche. Mais elle ne pouvait finir ainsi, se dit-elle au plus profond de son
âme, du moins se persuada-t-elle, tant cette pensée qui lui semblait étrangère
à sa conscience la déstabilisait au plus haut point. Concentrant sa volonté
magie, elle capta les vents de magie. Un puissant halo de lumière argenté
éclaira soudain la tour.
Dans les rues enflammées et autour de la ville,
les elfes noirs furent aveuglés. les défenseurs hauts elfes, à la vue de ce
phare argenté, reprirent confiance. Hurlant le cri de guerre d'Ulthuan,
Eltharion, le seigneur d'Yvresse, ordonna l'ouverture des portes de la Seconde
Muraille. Dans un hurlement de défi, les guerriers hauts elfes se ruèrent sur
l'ennemi. Traversant les Bas Quartiers réduits en braises rougies, menés par le
seigneur Eltharion du haut de son griffon, ils massacrèrent les derniers
pillards. Le griffon, dont les ailes reflétaient la couleur rouge vif des
flammes mourantes, ressemblait à un phénix renaissant dans le creux d'un
immense fourneau. Cette vision devait être fatale aux assiégeants, qui furent
balayés tels de vulgaires fétus de paille. Les assiégés, dont l'avant garde se
composait de heaumes d'argent et de princes dragons, enfoncèrent profondément
les lignes ennemies, et parvinrent à massacrer un grand nombre d'elfes noirs.
Mais alors que triomphants, ils regardèrent
l'aube se lever sur la plaine, les nobles défenseurs aperçurent la masse
compacte de guerriers maléfiques se dressant devant eux.
Un silence de mort régnait. les deux camps
s'observaient. Eltharion soupira: dans leur charge, les assiégés avaient
massacré bon nombre d'arbalétriers et de servants de balistes. Au moins leur
nombre ne diminuerait pas sous une pluie de traits empoisonnés. Ailes d'Orage,
son griffon, piaffait d'impatience. Derrière eux, les derniers foyers
d'incendie s'éteignaient. De chaque côté, la tension montait; Soudain, dans une
gerbe d'étincelles, le halos de lumière argentée explosa, libérant une
formidable tempête magique. Ce fut le signal. Dans un tonnerre de sabots, les
hauts elfes chargèrent leurs ennemis héréditaires.
Alors que son griffon s'approchait des lignes
de combattants elfes noirs, Eltharion fut envahit par une grande confiance; il
avait foi en ses elfes; Il savait, qu'au nom d'Ulthuan, il allait remporter une
grande victoire.
Dans un hurlement de défi, Elëa venait de
lancer une terrible tempête magique sur l'horreur noire. Le sort maléfique se
dissipa en une énorme explosion violette; profitant de cette victoire, Elëa
lança une terrible malédiction. Le Roi Sorcier, impuissant face à cette
débauche de magie, fut frappé de plein fouet par les deux sortilèges. Alors que
son corps mutilé commençait à perdre son essence vitale, il s'évada dans un
hurlement de frustration par les courants magiques. Elëa regarda son ennemi
capituler, hébétée par l'âpreté de la bataille. Autour d'elle, les assiégeants
chargeaient les Elfes Noirs, se taillant dans les lignes ennemies un chemin
sanglant. Bientôt, la surprise de la fuite de Malekith inspira aux elfes noirs
une haine encore plus grande, et se ruèrent d'un seul elfe dans la mêlée. Mais
rien ne pouvait arrêter les hauts elfes. En ce jour de gloire, ils taillèrent
en morceaux la terrible armée du Roi Sorcier. Quand, à la fin de la bataille,
le soleil éclaira de ses rayons la prairie, Elëa puis voir le sol jonché de
cadavres. Loin derrière les murailles, les derniers assiégeants tombèrent. Dans
un hurlement de joie, les Elfes célébrèrent leur triomphe. Les murs de la cité
raisonnèrent d'hymnes à la gloire d'Ulthuan. Dans les quartiers, les habitants
sortirent de leur demeure, et rejoignirent la foule en liesse qui s'était
rassemblée autour de la Citadelle, avant de sortir rejoindre les guerriers
victorieux.
<<je suis fière de Toi, Elëa, prononça au
plus profond de son cerveau une voix. Tu as accompli ta destiné. Tu as sauvé la
cité d'Arnheim. Ne crois pas que ton combat fut ignoré, vois les foules de
guerriers et de citoyens se regroupant autour de la tour. Tu as réalisé ce que
peu d'elfes avaient réussi auparavant.>> Alors que les elfes, jubilant,
acclamaient celle qui par son courage avait contenu les puissances maléfiques,
la voix d'une déesse emplit l'air. Tous les elfes écoutèrent, religieusement,
la déesse Isha:
<< Qu'en ce jour de Gloire soient loués
tous les héros; Eltharion le Sinistre, Tilmïn le Mystique, et Elëa la Seigneur
Mage, La Némésis de Naggaroth. Loué soit leur courage, et que ceux qui en ce
jour luttèrent pour la sauvegarde d'Arnheim n'oublient jamais leurs actes.
Et lorsque le temps des combats reviendra,
lorsque de nouveau les Arche Noires déverseront leur lot de guerriers
corrompus, lorsqu'une fois de plus le Chaos menacera la belle Ulthuan, que tous
les elfes se rappellent de ces jours où, n'écoutant que leur courage, les Héros
prirent les armes contre la Menace. Que ces visions de victoire vous donne
toujours l'espoir, fils d'Astarielle, d'un retour de l'âge d'or. Allez, enfants
d'Assuryan, qu'en ce jour de bonheur Ulthuan soit bénie!>>
Et devant les acclamations de la foule, Elëa
émergea des escaliers de la Tour de l'Ouest, rejointe bientôt par ses amis,
tandis que les elfes, ivres de joie, entonnèrent l'Hymne d'Ulthuan.
Epilogue
Le vent soufflait sur les cordages du
vaisseau-dragon. L'immense navire, voguant sur les flots limpides, semblait
caresser la mer.
Accoudée au garde fou, Elëa regardait
s'éloigner le Nouveau Continent, nostalgique. Se remémorant sa longue quête,
elle pensa aux heures interminables de chevauchée à travers les bois de pins
pourris de Naggaroth, à l'angoisse qu'ils éprouvèrent en traversant des
contrées sauvages, à la terrible vision de l'armée du Roi Sorcier écrasant
impitoyablement les défenses elfiques. Une grande satisfaction l'envahit
lorsqu'elle se rappela le discours de la déesse Isha. Elle venait d'accomplir
son destin, et pendant des millénaires les bardes d'Ulthuan chanteraient ses
exploits.
Findil vint la rejoindre.
<< Le vent s'est levé. informa-t-il d'un
air dégagé, afin d'engager la conversation.
- Findil? demanda Elëa.
- Oui, mon amour?
- Pourquoi Londolin a-t-il refusé notre
invitation? j'aurais tant aimé qu'il reste quelques jours chez nous.>>
Findil se tut, gêné, avant de lui répondre à
voix basse.
<< je crains qu'il ne faille te dévoiler
son secret... Commença-t-il.
- Quel secret? Demanda Elëa, intriguée.
- Londolin est l'héritier de la dernière maison
de Naggarythe.>> Il eut un moment d'hésitation. <<Il est le Roi
Fantôme.>>
La nouvelle abasourdit Elëa. Ainsi Londolin
était le seigneur des célèbres guerriers fantômes. Le dernier des princes de
Naggarythe. L'image qu'elle avait conservé du grand elfe concorda avec cette
information, tant il était connu que les guerriers fantômes ressemblaient aux
elfes noirs, leurs lointains frères. Elle comprit pourquoi le guerrier avait
refusé de les suivre. Lui et les siens menaient une lutte éternelle contre le
Roi Sorcier, le responsable de la chute de leur ancien royaume. Elëa ne put
retenir une larme. Depuis près de 5000 ans, l'horrible guerre fratricide qui
opposait les hauts elfes aux elfes noirs avait causé tant de haine, tant de massacres,
tant de rancunes. Quand est-ce que le peuple elfe retrouverait l'union et la
paix? Très haut, dans le ciel, un Grand Aigle décrivait d'élégants cercles.
L'animal, d'un cri perçant, salua le navire. Elëa lui répondit d'un hochement
de tête. Qu'importe si la déchirure devait durer éternellement. L'espoir ne
vient pas de la guerre, mais de l'harmonie de la nature.
Alors qu'elle admirait, mélancolique, le navire
filer avec grâce sur la mer d'huile, le vaisseau-dragon se rapprochait
d'Ulthuan.
Ainsi se termine la Quête d'Elëa.
Emerveillez-vous, jeunes elfes, devant le destin de ces héros, et souvenez-vous
de leurs actes. Mais rappelez-vous de ceci: même si les ténèbres obscurcissent
les cieux, la lumière parvint toujours à les déchirer.
Au nom d'Elëa et du plaisir que j'ai eu à
rédiger cette nouvelle, je tenais à remercier tous ceux qui chaque semaine
scrutèrent impatiemment la parution du dernier épisode.
GORK ET MORK
- "K'ess k'y a? cria Gork à Snoki son
snotling.
- Y'a, ke Mork y veu t'voir dan ssa ute.
-E pour koi fèr? demanda Gork
-Y di, k'l'a in ssupèr plan d'atak pour
r'prendre ton chato k'a été pri par lé nabo!
Le vieux chef se leva lentement de son trône,
alla à la porte de sa hutte et appela Snoki
qui était en train de jouer à arracher les patte
d'une araignée.
-E, Snoki, ssi y'a kelk'in ki frape a la ute,
tu l'ranvoi baladé é tu m'apèle. OK?
-Kompri chef!
Dehors, il pleuvait, mais cela n'arrêta pas
Gork, il marchait contre le vent tout en jurant:
"Ssalté d'ten, y pleu tou l'ten et biento y
va faloir chanjé d'kan ssinon on è inondé!"
Il s'arrêta devant la hutte de Mork et frappa.
De dernière, une petite voix répondit:
-Ssé ki k'é pa la?
Un autre voix répondit à la petite:
-Ta gueule Kara, j't'è d'j'a di d'pa répond
komme ssa!
Gork entra dans la hutte et se dirigea vers le
chamane.
-Y'a mon snot ki m'a di k'tu voulai m'dir in
truk à propo d'in plan d'batail...
-Ouè, j'è u une idé, pour r'prendre ton chato!
-E ss'é koi? répondi Gork.
-SS'é k'tu va envoyé té boyz, té gobz é té snot
devan ton chato, pour fère senblen k'tu lé atak par deven, mè par dèrièr, té
z'ork noir, y creus'ron in passaje soutèrin é y z'atakeron.
-Pa mal l'idé, é toa tu s'ra ou? demanda Gork
-J's'rè avèk toa! répondit Mork
-E ss'é ou avek moa?
-C'é avèk lé ork noir!
-A, ok!!
Gork et Mork discutèrent encore un moment et
décidèrent qu'ils allaient convoquer toute l'armée pour leur annoncer le plan
de bataille. Quand cela fut fait, tout l'armée s'en alla vers le château. Gork
et Mork étaient avec leur snotling dans un char assez grand pour contenir 10
gobs. Snoki se tourna vers Gork et lui demanda:
-Chèf, ou k'il è le chato?
-Tu vera, mè mint'nan lèsse moa avek Mork.
Répondit Gork
-Pourkoi?
-Passke, c'é kome ssa é pa otremen. Va joué
avek kara!
-Ok, chèf.
Le snotling exécuta rapidement les ordres de
son maître sans discuter.
Quand les peaux-vertes arrivèrent vers le champ
de bataille, ils se mirent bien en place et commencèrent à attaquer.
Dans la bataille, on voyait les gobs arriver,
et repartir aussitôt avec des nains derrière eux! Des orques se tapaient entre
eux, d'autre livraient une grosse charge sur les nains, les orques noirs, eux
creusaient le sol...Quand ils eurent fini, ils commencèrent à attaquer dans la
forteresse!! Gork, à la tête des orques noirs, massacrait les nains sans trop
de difficultés. Mork, quant à lui lançait des sorts sur les nains, en ricanant.
La bataille était presque gagnée, quand Mork
s'avança vers Gork et lui dit:
-J'sè pa j'ke j'è, mè j'arive plu a lancé dé
sor!
-SS'é parsseke t'a plu d'énèrji, done moa la
min, é enprinte mon érèji. répondit Gork
-Keske t'en sè k'y fo d'l'énèrji.
-J'le sè, passeke ss'é mon mètre ki m'la di, y
di kel ss'apèle la Waaagh!
-A bon, bin j'le savè pa alor.
Les deux gros orques se tinrent la main et, un flot
vert de Waaagh se forma autour d'eux, ils commencèrent à grandir, grandir,
grandir, grandir, grandir, jusqu'à arriver dans les nuages. Puis, ils
disparurent à tout jamais.
La bataille fut gagnée, mais les peaux-vertes
gardèrent en mémoire ce moment inoubliable.
Maintenant, chaque solstice d'été, les orques
et les gobelins font de grandes et mystérieuses cérémonies pour Gork et Mork,
devenus maintenant leurs dieux.
Gork et Mork existent encore, mais ils sont
dans le ciel. Les peaux-vertes peuvent toujours les invoquer, la preuve: Ils
savent lancer "Au sc'ours Mork" et d'autres sorts qui les invoquent!
KRUNCH!
_"Kess'ke t'a Zorg? Sa fait kom d'la fumée
ki te sort des narines depui toutaleur.
_Bleug a rézon maime ke tes zyeu y son devnu
rouge a forsse k'y a du feu ki brulle dedan."
Le petit gobelin était en effet dans un drôle
d'état. Il bavait au moins trois fois plus que d'habitude et puait tellement
qu'il arrivait à couvrir l'odeur de ses parents.
C'était bien sûr inadmissible mais les
nombreuses baffes de son père ne changeaient rien et semblaient même aggraver
les choses. A court de remèdes Bleug et Grozna se décidèrent à employer les
grands moyens et finirent par se débarrasser de leur fils en le fourrant dans
un sac et en le jetant à la décharge (c'est à dire à l'endroit où s'élevait le
plus haut tas d'immondices aux alentours.) Ayant rempli leur rôle éducatif de
parents responsables, ils retournèrent à leurs occupations.
Zorg se trouvait bien un peu à l'étroit dans
son sac mais au moins il y faisait chaud et personne ne lui donnait de
calottes. Il venait donc de décider de s'y établir définitivement lorsqu'il fut
dérangé en plein repas (il restait quelques blattes au fond de son nouvel
appartement) par une main arrivant à l'improviste. L'ayant prise tout d'abord
pour une blatte un peu plus grosse et un peu plus verte que les autres, il fut
surpris de constater en croquant dedans qu'elle contenait un os et qu'elle
n'entendait pas se laisser bouffer comme ça. Après l'avoir étranglé un court
instant, elle le tira hors de chez lui; Zorg put alors constater que la Main
était prolongée par une sorte de gros truc verdâtre avec des yeux et tout un
tas de dents aiguës et baveuses. Le tout ressemblait à une sculpture d'art
primitif Gobelin en étron véritable telles que Zorg avait pu en voir dans la
hutte du chef du village qui aimait que rien ne se perde dans sa horde. Le
gigantesque Machin qui prolongeait la Main (et qui se révélait être un Troll)
se gratta la tête avec sa main libre, rota, lâcha un pet sonore, bailla et
faillit s'endormir après tous ces efforts mais se décida finalement à mettre
Zorg sous son bras et à s'en aller d'un pas très rapide en direction de la
forêt.
Au bout de quelque heures de marche, le Troll
arriva enfin à destination. Il s'était arrêté douze fois pour se demander où il
était et pourquoi il y était, mais il avait pu à chaque fois se souvenir de
tout ou presque et était finalement parvenu jusque chez lui. "C'est un
Troll vachement intellijen" pensa Zorg. "il arriv maime a monté les
zeskalier tou seul san tonbé. " Le troll s'appliquait en effet à monter le
plus doucement possible chaque marche de l'escalier qui montait à la cabane
vers laquelle il se dirigeait, en tirant la langue, comme un élève qui essaye
d'écrire le plus droit possible sur son cahier. Il parvint enfin tout en haut
et s'écroula de fatigue sur un tas de fumier qui lui servait de lit, terrassé
par cet intense effort intellectuel. Une voix perçante s'éleva alors dans la
cabane.
_"Keske tu m'ramène encore sale bestiolle?
T'as pa assez a boufé dehors, y fau enkor ke tu ramène les resstes dedan ché
moi! Alé, vire moi ton sale peti gob d'ici et plu vite kessa!" Le Gobelin
qui venait de crier cela surgit alors du fond de la cabane un fouet à la main
et se mit à rouer de coups le Troll, qui n'avait pas l'air de beaucoup souffrir
pour autant: au contraire chaque coup de fouet semblait le chatouiller et ses
blessures se refermaient au fur et à mesure que le gobelin les infligeait. Ce
dernier se décida à passer à une punition plus efficace et s'empara d'une
vieille épée. Il allait couper la tête du troll "pour lui aprendre a
vivre" lorsqu'il s'aperçut que Zorg était encore bien vivant.
_"Tiens y t'a pa encore zigouillé? Y
voulait pt'être bien t'konserver au frai pour t'boufé plutar. Y a pa a dirre,
il est drolleman intélligen pour un Troll. Mai didons, kesky t'arive?" De
la fumée noire s'échappait en effet de la bouche et des oreilles du gobelin.
"Tu s'rais donc un Elu com'moi?" Le gobelin chez qui Zorg était arrivé
était en effet un chamane réfugié dans la forêt, qui s'était établi là depuis
de longues années et avait réussi à capturer et dresser un Troll pour en faire
un serviteur.
Les Chamanes (c'était ainsi qu'on appelait les
sorciers des Orques et des Gobelins) étaient repérés dès leur plus jeune âge
dans leur tribu : lorsqu'ils assistaient à une bagarre ou à une scène de
violence (ce qui arrivait à chaque instant) ils devenaient incontrôlables, de
la fumée leur sortait par tous les orifices et leurs yeux lançaient des éclairs.
C'étaient là les signes d'un choix divin : les
dieux orques Gork et Mork manifestaient leur puissance à travers l'individu
qu'ils avaient désigné comme leur élu.
Cet honneur était en général récompensé par une
mise à l'écart immédiate car si les chamanes accumulaient trop d'énergie
magique (la waagh!) leur tête et celle de tous ceux qui se trouvaient près
d'eux pouvait exploser. Les gobelins n'étant pas complètement stupides (mais
si!) ils se protégeaient de cette éventualité en invitant l'apprenti chamane à
quitter le village à grands coups de pieds dans le derrière (et ailleurs
aussi.). Zorg présentait donc tous les signes auxquels on reconnaissait un
futur chamane.
Glonkk, celui chez qui avait atterri Zorg,
était lui-même chamane et avait connu lui aussi ce difficile parcours. Il ne
fut pas pris de pitié pour le petit gobelin (ce sentiment n'existe pas chez les
Peaux-Vertes) mais décida tout de même de le garder avec lui pour assurer sa
formation. Après en avoir fait un bon chamane il pourrait le vendre à une armée
Orque qui partait en guerre et faire ainsi un large bénéfice : les généraux
Orques payaient cher les chamanes car ils en avaient besoin pour combattre
efficacement.
Pendant trois ans Zorg fut donc apprenti chez
Glonkk. Il apprenait comment lancer des éclairs avec les yeux, ou comment
donner un coup de boule à distance. De nombreuses fois il crut que sa tête
allait exploser, mais il parvenait toujours à se maîtriser et se contentait de
libérer un flot d'énergie Waagh! qui envoyait souvent Gloub le Troll valser
dans les airs après avoir été éjecté de la cabane. Parfois Glonkk ramenait à la
maison un Humain du village qui se trouvait à l'orée de la forêt et Zorg
s'exerçait alors à lui donner des baffes magiques. Cela lui faisait travailler
sa Waagh! et améliorait l'ordinaire du repas du soir après les exercices. Il
atteignit bientôt un niveau de magie suffisant pour l'utiliser pendant une
bataille et Glonkk se décida à le vendre au chef Orque Grotsnak qui partait
donner une rouste au baron Tristan de Malaterre en Bretonnie.
Zorg suivit la horde de Grotsnak pendant deux
jours. Il devait courir sans cesse car les Orques marchaient beaucoup trop vite
pour lui, et bien souvent on lui faisait des croche-pieds et il allait s'étaler
dans la boue au milieu des rires (ou plutôt des grognements de porcs) des
Orques. Enfin à l'aube du troisième jour l'armée atteignit les terres du Baron
et commença à piller et massacrer tout ce qui se trouvait sur son passage. Le
Baron, aussitôt averti de cette invasion, partit avec ses chevaliers arrêter la
horde et les deux armées se retrouvèrent un jour face à face au milieu d'une
plaine. Zorg qui avait été laissé de côté lors des pillages fut immédiatement
mis à contribution et fut monté sur une gigantesque araignée de combat et placé
au sommet d'une colline qui se trouvait sur les flancs de la horde.
Heureusement il connaissait bien ce genre de monture et en avait parfois
chevauché dans la forêt, et bien que l'animal soit un peu excité par le bruit
et la lumière du champ de bataille Zorg parvint à en garder le contrôle. Il
préférait de toute façon monter une araignée géante plutôt que ces énormes
sangliers que chevauchaient tant bien que mal Grotsnak et sa garde d'élite.
Le combat commença. Les lance-rocs faisaient
beaucoup de dégâts parmi les archers Bretonniens tandis que la Garde de
Grotsnak se jetait avec frénésie sur la formation en fer de lance des
chevaliers du royaume. Les têtes encore couvertes de leurs heaumes volaient
sous la hache de guerre de Grotsnak alors que le régiment de gobelins de la
Nuit lâchait ses fanatiques sur l'ennemi. Tout démarrait bien dans cette
bataille et Zorg se mit à sentir l'énergie Waagh affluer en lui. Il voulait
aussi prendre part au succès des Orques et décida de jeter quelques sorts. Son premier
visa le chef des archers qui se trouvaient en face de lui: il lui envoya un
magnifique coup de boule dont il avait le secret ; la tête du bretonnien fut
éparpillée par le choc et éclaboussa les hommes qui étaient autour de lui.
Grisé par ce succès, Zorg essaya un nouveau
sort : invoquant Mork il fit apparaître dans les airs une main immense qui
souleva le Comte de Belazur dans les airs et le garda au-dessus du champ de
bataille. Le malheureux réussit cependant à se dégager pour retomber vingt mètres
plus bas sur son cheval, qui eut les reins brisés sous le choc. Pendant ce
temps, le sorcier ennemi dont Zorg sentait la présence et qui le gênait pour
lancer ses sorts fut coupé en deux par Frok , un grand orque Noir qui venait de
boire une Potion de Force.
Dès lors Zorg put s'en donner à cœur joie; il
lançait ses sorts l'un après l'autre et faisait exploser de nombreuses têtes
dans les rangs ennemis.
Les heures passèrent et la bataille était quasiment
gagnée : il ne restait plus que la garde personnelle du Baron de Malaterre sur
le terrain et les Orques la harcelaient de toutes parts. Grotsnak menait une
charge qui devait être décisive contre les derniers bretonniens, en les prenant
à revers, quand il lui sembla que le ciel s'obscurcissait au-dessus de sa tête.
Il n'eut pas le temps de réaliser ce qui se passait, et fut écrabouillé comme
une fleur par un énorme pied vert qui s'abattit sur lui et ses hommes. C'était
Zorg qui venait d'essayer de lancer pour la première fois le meilleur sort
qu'il connaissait pour épater la galerie, et qui venait de réussir, avec
toutefois une légère erreur d'estimation de la distance. Le pied de Gork avait
raté de peu sa véritable cible et les Bretonniens étonnés virent le chef orque
réduit à l'état de galette à leur place.
Aussitôt un silence pesant s'abattit sur les
rangs orques. On entendit tout juste un "oups" provenant d'un gobelin
monté sur une araignée, là bas, loin du centre des combats, et qui filait à toute
vitesse. Ce fut le signal de la panique générale. Les gobelins s'enfuirent en
couinant, suivis de près par tous les Peaux Vertes, et bientôt ce fut la
débandade générale. Poursuivis par les chevaliers qui les exterminaient
impitoyablement, les Orques tentèrent de se réfugier dans la forêt avoisinante
et seuls quelques-uns y arrivèrent. La victoire venait de se transformer en
défaite écrasante.
Zorg, bien à l'abri dans les branches d'un
marronnier auquel il avait grimpé grâce à son araignée attendit la nuit pour
redescendre puis il prit silencieusement le chemin de sa chère forêt. Toute sa
vie le Baron Tristan de Malaterre se demanda quel grain de sable avait bien pu
s'introduire dans la mécanique Orque et lui sauver ainsi la vie. Il ignorait,
et cela valait mieux pour son honneur, qu'il devait cette grâce à un gobelin.
La
bataille de Louvoisin
Seigneur Mazdevain contemplait du haut de la
colline la bataille qui allait s'amorcer en contrebas avec un sourire plus que
radieux sur les lèvres. En ce 24 août de l'an de grâce 1250, il était à la tête
de la plus grande force Bretonnienne qu'il ait jamais eu a commander, et avait
reçu comme ordre du roi en personne de bouter une bonne fois pour toute ces
hordes de vermines Skavens des terres sacréés qu'elles avaient osé profaner.
Aujourd'hui enfin était venue l'heure de la délivrance. En effet les deux
armées avaient regroupé leurs dernières troupes pour une bataille qui
s'annoncait plus que prometteuse pour les Bretonniens, au vu de la pauvreté des
troupes que dévoilaient a ses yeux les Skavens. " Des efforts constants
auront finalement payé, pensa le duc, et nos braves combattants n'auront pas
souffert pour rien." Il est vrai que depuis des mois, cette race
abominable avait semé le carnage et la maladie dans tout l'est de la bretonnie,
et l'aide mineures des elfes sylvains n'avait pas débloqué la situation.
Beaucoup des siens étaient morts dans des circonstances affreuses, et il
combattrait aujourd'hui en leur mémoire.
D'ailleurs, la victoire était presque sienne,
car le flanc gauche adverse venait déja d'être réduit en bouillie par les tirs
continus des archers de Bergerac et la charge des Paladins. Décidant
d'accompagner ses troupes dans la victoire, Mazdevain dévala la pente a la tête
de la charge fougueuse de ses chevaliers, et emporté par l'élan, écrasa
littéralement le plus gros des régiments adverses. Son épée tournoyait,
tranchant têtes et queues, tandis que ses camarades embrochaient un a un les
pauvres rats, qui malgré les injonctions hystériques des gradés, prirent la
fuite en couinant. Empli de joie a la vue de cette débandade, son sang se glaca
aussitôt lorsqu'il entendit drrière lui un grondement sourd accompagné du bruit
épouvantable d'une cloche.
Il se retourna et contempla avec horreur, au
sommet de la colline qu'il venait de quitter, une immense cloche, accompagnée
d'une armada telle qu'il n'en avait jamais vu auparavant. Nimbée d'une aura
d'éclairs, elle avait à sa tête un grand skaven à la fourrure grise, au visage
cauchemardesque à demi dissimulé par un grand capuchon rouge en lambeaux et par
des vapeurs vertes. " Comment il pu? c'est impossible!! nous les aurions
vu arriver depuis ces hauteurs" Les pensées se bousculaient dans l'esprit
du duc. Puis il comprit l'immensité de son erreur. " Les souterrains! Ces
créatures se déplacent sous terre!!" Mais avant même que les Bretonniens
aient eu le temps de réagir, les Skavens étaient déjà sur eux et les prirent en
étau. Fermement décidé à tenter le tout pour le tout, Mazdevain lanca une
charge impétueuse vers cette monstruosité, priant secrètement la dame du Lac
pour que la destruction du sorcier fanatique fasse fuir le gros des troupes. Il
se rapprochait de plus en plus du corps a corps, lorsqu'il vit sortir des rangs
deux Skavens plus massifs et protégés que les autres, bardés de tonneaux et
brandissant dans sa direction un engin étrange, dont la bouche fumait et
sifflait. Lorsque le rat appuya sur la gachette, il en sortit un tourbillon de
flammes vertes qui l'engloutirent, lui et ses camarades. Il serra
convulsivement son amulette de protection et entendit les hurlements de ses
conjoints moins chanceux, puis il rouvrit les yeux et se retourna. Beaucoup de
carcasses fumantes jonchaient le sol derriere lui, et une larme coula sur sa
joue quand il réalisa que ce tas de cendres avait été autrefois de nobles
chevaliers. Criant aux derniers survivants de le suivre, il s'élancait vers la
masse grouillante qui se rapprochait lorsqu'il apercut deux ombres noires
surgir des rangs et quitter son champ de vision. Il sentit quelquechose taper
sur son casque et ressentit une vive brûlure a la gorge. Il ouvrit sa visière
et contempla la réalité teintée de rouge... Puis il ne vit plus rien. Le
prophète gris éclata d'un rire méphistophélique pendant que l'assassin essuyait
sa lame du revers de sa cape. "Pauvres
humains-humains!! Vous ne comprenez donc pas que vous vous laissez
guider-guider par des sentiments inutiles-inutiles!! Vous ne pouvez rien
faire-faire!!!"
LA CONFRERIE DU NOUVEL ORDRE
Chapitre premier
La porte de la taverne s’ouvrit avec fracas
avant que n’entre le petit groupe d’aventuriers sous le regard abasourdi des
habitués des lieux. La plupart de ces derniers travaillaient dans les
nombreuses scieries alentours, passant leurs soirées dans la brasserie du Nain
Ivre afin d’oublier leurs dures journées de labeur. En vérité, aucun
d’entre eux n’aurait cru voir un jour un groupe d’étrangers aussi hétéroclite.
Celui qui marchait en tête était à n’en pas douter un mage, comme en attestait
le bourdon de bois finement sculpté qui irradiait littéralement de puissance,
et la longue robe qui avait dû, avant que les intempéries d’un long voyage ne
fassent leur oeuvre, être somptueuse. L’épaisse barbe brune qui couvrait en
partie le visage du voyageur lui conférait un aspect pour le moins inquiétant,
de même que son regard pénétrant. Derrière lui se tenait un guerrier dont le
port rappelait immédiatement celui des militaires. Les peaux de bêtes qu’il
portait par dessus une lourde cotte de maille l’identifiaient au même titre que
sa barbe blonde et son impressionnante carrure comme un natif du Middenland. Sa
longue chevelure ébouriffée renforçait encore son aspect sauvage, bien que
personne n’aurait songé à le traiter de barbare, ne serait-ce que pour des raisons
de sécurité. Enfin, deux nains qui auraient marché côte à côte si l’entrée
avait été assez large apparurent. Le premier correspondait tout à fait à
l’image que la plupart des habitants de l’empire de Sigmar se font des
guerriers nains: une épaisse armure de plates lui recouvrant quasiment la
totalité du corps, une hache à son côté et un casque muni de cornes en ivoire,
alors que son bouclier était attaché à son dos. Malgré sa barbe blanche, il
semblait bien plus jeune que la plupart des rares nains de la ville, encore que
le mot " jeune " s ’applique difficilement à cette race.
Pourtant, en dépit de sa cape d’un rouge
profond et de son superbe équipement, il n’avait rien d’un fils d’une famille
noble venant s’amuser à jouer les aventuriers. Quelque chose dans son regard
indiquait à quiconque le fixait qu’il avait vécu son compte de drames et de
combats avant d’en arriver là. Pourtant, c’est surtout sur le second nain que
les regards se portèrent. L’énorme crête de cheveux oranges qu’il arborait n’en
était pas tant la raison que l’énorme hache qui pendait nonchalamment dans son
dos. Un homme normal aurait eu des difficultés ne serait-ce que pour la
soulever, mais quelque chose dans l’attitude du tueur de trolls faisait
comprendre sans l’ombre d’un doute qu’il savait parfaitement la manier, et
qu’il n’hésiterait pas si l’occasion se présentait. Le nain était couturé de
cicatrices s’enchevêtrant avec une multitude de tatouages couvrant ses bras. Sa
tenue vestimentaire, composée d’une tunique de fourrures et d’un pantalon en
cuir, semblait assez banale au premier abord, même si un observateur attentif
aurait sans doute relevé que ses bottes étaient faites de peaux de trolls
tannées. S’il était venu à quelqu’un l’idée saugrenue de fixer le tueur, il
aurait pu s’apercevoir du bandeau recouvrant l'œil droit de ce dernier; mais
les clients tachaient à ce moment là de se faire le plus discret possible, et
ne reprirent leur contenance que lorsque les étrangers prirent place à une
table dans un coin de la vaste salle. Ces derniers se mirent à discuter à voix
basse, veillant à ne pas être écoutés, même si en réalité personne n’osait même
se retourner dans leur direction.
-Nous devrions poser quelques questions à
l’aubergiste, commença le sorcier. Il ne refusera sûrement pas de renseigner
des clients.
-Tu crois? coupa le tueur de trolls. Regarde
ces gens, Magnus. Ils sont terrifiés. Tu as vu leurs têtes à notre entrée? Je
pense plutôt qu’on devrait d’abord essayer de gagner leur confiance. Discutons
un peu, offrons une tournée de bière aux habitués, ça détendra l’atmosphère.
Après, nous essayerons de glaner quelques renseignements.
-Je serais d’accord avec toi dans tout autre
cas, reprit le sorcier, mais la situation est trop urgente pour que nous
puissions nous permettre de perdre d’avantage de temps.
Coupant court à toute discussion, Ulric, le
guerrier humain, se leva tranquillement, sans prêter attention aux regards en
coins de quelques clients affolés. Lentement, il se dirigea vers le comptoir,
où il fit signe au tenancier d’approcher. Ce dernier, un homme d’âge moyen à la
carrure d’un tonneau, accourut, et, toujours essoufflé, demanda d’une voix qui
se voulait accueillante:
-Que puis-je pour vous?
-J’aimerais une de vos meilleures
bières...Commença le middenheimer.
-Très bien, fit l’aubergiste, apparemment
soulagé. Je vous l’apporte tout de suite, ajouta-t-il, toujours gêné par la
présence de son interlocuteur.
-Un instant, fit ce dernier, donnant à ses
paroles assez de force pour que l’aubergiste ne pense même pas à ne pas
s’arrêter alors qu’il partait s’occuper de la commande. " J’aimerais avoir
quelques renseignements sur la région, continua-t-il. On m’a dit que des choses
louches se tramaient par ici, et j’aimerais en savoir plus. "
L’aubergiste semblait avoir perdu tout contrôle
de lui-même, comme un enfant terrifié à l’idée de rester dans l’obscurité.
-Je...Je n’ai pas entendu parler de tels
événements, parvint-il à bégayer avec difficulté. Je dois vous laisser,
maintenant. D’autres clients me demandent. Je reviens dans un instant avec
votre bière, ajouta-t-il, trop heureux de pouvoir mettre fin à cette
conversation.
Sans bouger de sa place, Ulric fit un signe de
la tête à ses compagnons, qui ne parurent guère surpris de la réaction du
tenancier. Lorsque celui-ci revint, pourtant, plus sûr de lui, il glissa dans
la main d’Ulric un bout de papier plié avec application. Surpris par ce geste,
le barbare resta sans réaction quelques instants, avant de revenir vers sa
table, sans chercher à comprendre ce qui venait de se passer.
-Tu aurais pu nous offrir à boire, commença le
plus jeune des deux nains. Cette fichue mission ne doit pas nous empêcher de
vivre, non?
Lui intimant le silence d’un geste autoritaire,
Ulric sorti de sa poche le papier que lui avait donné l’aubergiste.
L’expression surprise de ses compagnons indiquaient qu’ils ne s’étaient pas
doutés une seconde de cet échange.
-Comme quoi, cette visite n’aura pas été
inutile, commenta-t-il après sa lecture.
-On pourrait peut-être savoir ce qu’il y a
écrit, déclara Skaggy, le tueur de trolls, à qui l’attitude mystérieuse de son
ami ne plaisait pas du tout.
Le Middenheimer tendit alors le papier à ses
compagnons. Sur celui-ci était griffonné, d’une main tremblante: " Venez
après la fermeture, derrière le bâtiment. Je vous dirai ce que vous voulez
savoir ". Pourtant, Skaggy ne semblait guère convaincu:
-Au mieux, il va nous raconter les légendes
locales, dit-il. Vous croyez sincèrement qu’il va nous apprendre quelque chose
de sérieux? A mon avis, on ne fait que perdre notre temps. On ferait mieux
d’aller voir les autorités locales: s’il y a réellement un problème, le
bourgmestre ne sera que trop content de se décharger de ses responsabilités sur
nous.
-Ou bien il tentera d’étouffer l’affaire, en
mettant ces rumeurs sur le compte de villageois superstitieux, coupa Iggy, le
plus jeune nain. En discutant avec Ulric, l’aubergiste n’avait pas l’air
tranquille. Il doit avoir vu quelque chose.
-Il faut l’espérer, conclut Magnus. De toute
façon, il faudra attendre au moins deux bonnes heures avant la fermeture de la
taverne. Je suggère que nous visitions la ville pendant ce répit.
Voyant qu’aucun de ses amis n’avait
d’objections à faire, il se leva lentement avant de sortir de la taverne, ses
compagnons lui emboîtant le pas au grand soulagement des autres clients.
Chapitre
deux
Laarsburg n’était pas un endroit très vivant,
et les quatre aventuriers n’aimaient guère le fait de s’y trouver. Situé au sud
des monts du milieu, le village était fréquemment la cible de pillards vivants
dans la forêt. La seule activité économique locale étant les nombreuses
scieries à l’orée des bois, la vie des habitants avait un penchant très net
pour la monotonie. La région elle-même n’avait rien d’engageante, malgré la
proximité de la belle cité de Talabheim. L’hiver venu, la ville devenait même
lugubre, les habitants ne sortant de leurs demeures que dans des situations
d’urgence. Quant à ces derniers, les difficultés de leur existence leur ôtaient
toute fantaisie. Même physiquement, ils semblaient tous identiques: trapus,
très athlétiques, et généralement bruns, ils n’avaient pour tout dire pas grand
chose en commun avec leurs voisins du Middenland, si ce n’est leur musculature.
Mais Markus le rouge, un des plus puissants
sorciers de l’Empire, et le chef de l’ordre flamboyant, avait convaincu Skaggy
et ses amis de se rendre dans ce hameau perdu au beau milieu de l’Empire, que
des rumeurs persistantes tenaient pour centre d’une puissante activité
démoniaque. Les quatre aventuriers n’avaient pas parus très convaincus par ces
allégations, jusqu’à ce que Markus ne leur fasse jurer sur leur vie de garder
le secret quant à cette mission. De toute façon, même s’il semblait peu
probable qu’un adepte du chaos ait pu passer si longtemps inaperçu, moins d’un
siècle après la grande guerre contre les forces du mal, la récompense offerte
par le mage valait à elle seule la peine de se rendre sur les lieux. Mais
l’expression de Magnus quand le maître de l’ordre flamboyant avait fait
allusion à certaines puissances occultes laissait bien entendre que les rumeurs
risquaient bien de se révéler vraies. A ce moment-là, il y aurait du grabuge,
ce qui n’était pas pour déplaire à Skaggy, qui s’était vite lassé de ces
investigations. Iggy, appelé en renfort par ses amis, avait même consenti à
abandonner pour un temps sa place de chef de clan pour prêter main forte à ses
camarades.
Pour l’heure, le petit groupe revenait vers la
taverne, à présent plongée dans l’obscurité la plus totale. Derrière le
bâtiment se trouvait une petite cour ou régnaient les mauvaises herbes.
Quelques tonneaux s’entassaient dans un coin, où les attendait l’aubergiste. Il
avait l’air plus serein que la dernière fois qu’ils l’avaient vu, même s’il
semblait toujours méfiant, jetant des coups d'œil à droite et à gauche tout en
leur parlant. Une lanterne à la main, il ne prêtait aucune attention au froid
de la nuit.
- Pardonnez-moi de ne pas vous avoir proposé de
passer la nuit dans mon établissement, commença-t-il. Je ne crois pas que les
autres auraient apprécié... Je vous indiquerai une grotte à proximité du
village, où vous pourrez passer la nuit à l’abri. Mieux vaut rester dehors. Ma
famille ne doit rien savoir...
-Merci de votre aide, le coupa Magnus, masquant
difficilement son irritation. L’attente avait été assez longue. " Mais
nous tenions à vous rencontrer dans le but d’en apprendre plus sur les
événements récents, et notre temps est compté... "
-Désolé, déclara l’aubergiste, toujours sur la
défensive. Tout à commencé il y a un peu moins d’un an maintenant. Au début, ça
n’arrivait que la nuit. Chaque soir, après le crépuscule, des hurlements
venaient de la forêt. Au début, nous avons pensé à des bêtes sauvages... Nous
avons mené une battue dans la forêt. C’est le prêtre, Jebediah, qui nous y
incita. Ce fut un vrai massacre. Tout ceux qui virent quelque chose furent
tués, si bien que personne ne sait réellement ce à quoi nous avons à faire. La
plupart d’entre nous ne revint pas, surtout les jeunes, comme si ces maudites
créatures n’avaient cherché qu’à nous priver de tous moyens de nous
défendre...aujourd’hui, il ne reste que quelques hommes au village, et presque
tous tentent de noyer leur terreur dans l’alcool...
Depuis, ça n’a plus cessé. Parfois, ce sont des
enfants qui ont disparu au petit matin, et le prêtre prétend qu’ils se sont
enfuis, jusqu’à ce que l’on retrouve leurs corps mutilés quelque temps plus
tard. Personne ne se fait d’illusions. D’autres fois, ce sont des imprudents
qui sont retrouvés, morts à même les rues du village.
Et Jebediah, qui prétend que seule notre foi
peut nous sauver...Il a même fondé sa milice: mais au lieu de combattre les
créatures, elle chasse les " mécréants ". Vous devez nous aider, je
vous en supplie...
L’aubergiste paraissait maintenant plongé dans
le plus profond désespoir, ne songeant plus guère à sa propre sécurité.
-Où pourraient se cacher ces créatures, selon
vous? S’enquit Iggy, touché par la détresse apparente de son interlocuteur.
-A mon avis, elles ne peuvent venir que des
souterrains abandonnés par les nains il y a quelques siècles de ça. C’est au
nord, à une dizaine de lieues...il paraît qu’il y a un gigantesque réseau de
tunnels, là-dessous. Maintenant, je dois partir. Si d’autres me voient là, je
risque beaucoup. J’espère que vous réussirez de tout mon cœur. Tenez, voici une
carte où est marqué l’emplacement de la grotte où vous pourrez prendre du
repos. Je ne crois pas que les créatures n’en connaissent l’existence.
- Si Sigmar est avec nous, la prochaine fois
que vous nous verrez, vos problèmes appartiendront au passé, déclara Ulric
prenant un air aussi assuré que possible afin de calmer le pauvre homme. Et
nous réglerons vos différents avec le prêtre...
Sur ces mots, les quatre aventuriers s’éloignèrent,
disparaissant rapidement dans la nuit. L’aubergiste jeta un dernier regard aux
alentours avant de rentrer chez lui rapidement, toujours inquiet de ce qui lui
réservait le futur.
A suivre
La Quête
d’Aclis
Prologue
Après la bataille de Finuval,
les elfes d’Ulthuan étaient affaiblis. Tyrion et Teclis, grands vainqueurs de
cette bataille avaient tous les deux trouvé leur place dans Ulthuan. Tyrion
était devenu le champion de la Reine Eternelle et Téclis Grand Maître de la
tour de Hoeth. Certes Tyrion menait toujours les armées au combat et Téclis
voyageait toujours à la recherche de nouvelles connaissances mais les raids des
elfes noirs se faisaient plus rares.
C’est au cours d’un de ces raids que Tyrion
rencontra Irène Reine de Tor Kazaar, cité perdue entre la forêt d’Avelorn et
Ellyrion. Irène et son ost étaient tombés en embuscade. Des elfes noirs les
avaient surpris à la sortie de la forêt d’Avelorn. Tyrion en excursion avec son
armée se rendait à Chrace. Il avait été chargé d’escorter Korhil Capitaine des
Lions Blancs jusqu’à la cour de la Reine Eternelle. C’est en chemin que l’armée
de Tyrion rencontra Irène. Son ost était en difficulté. Les elfes chargèrent
les elfes noirs pour venir en aide à Irène. Ce fut un carnage épouvantable qui s’en
suivit, l’épée de Tyrion, "Croc du Soleil" tranchait les enfants de
Nagaroth par dizaines. Bientôt les elfes noirs furent submergés par le nombre
et anéantis. Tyrion raccompagna Irène à Tor Kazaar et tomba sous son charme,
ils se marièrent et naquit de leur union Aclis.
Des années passèrent et
Aclis était maintenant adulte. Respecté de tous Aclis avait les talents de son
père au combat et le don de la magie lui venant de sa mère. C’est alors
qu’Aclis se mit en route pour une grande quête de plusieurs années...
Episode 1 : Griffes
d’or, épée sacrée d’Ulthuan
La Quête d’Aclis commença à
Saphery plus précisément à la tour de Hoeth où il rencontra Teclis son oncle.
Il séjourna à Hoeth deux ans, où il apprit à se servir de la magie comme jamais
personne ne l’avait su le faire auparavant à par Teclis. Teclis sentait en
Aclis des pouvoirs surhumains qui dépassaient complètement son imagination.
Après avoir fini son séjour à la Tour, il alla rejoindre les maîtres des épées.
Pendant un an il apprit à manier la lourde épée elfique à double tranchant. A
la fin de son apprentissage il savait manipuler l'arme à deux mains mieux que
quiconque. Il avait été entraîné personnellement par Hallar le capitaine des
Maîtres des épées qui lui avait d’ailleurs proposé de faire partie de la garde
d’élite des maîtres des épées. Aclis lui répondit que c’était un honneur mais
qu’il devait finir sa quête. Aclis refusa donc et repartit pour se diriger vers
Yvresse.
En chemin pour Yvresse lors de la traversée
d’un col, Aclis put voir une petite ouverture dans la montagne, il s’en
approcha, quand soudain une force mystérieuse le repoussa de l’entrée de la
grotte. Aclis vit alors apparaître son double. Le fantôme prononça ces mots :
"Es-tu digne de la lame sacrée ?". Aclis n’eut pas le temps de
répondre, son double courait dans sa direction l'arme à la main. Aclis sortit à
son tour sa lame et eut juste le temps de parer le coup mortel que son
adversaire voulait lui assigner. Dans un fracas énorme les deux épées
s’entrechoquèrent. Le combat commença. Pendant un long moment il semblait
qu’aucun des deux combattant ne prenait le dessus, une fois, Aclis parait une
autre fois, c’était son double, les coups étaient portés avec une vitesse
hallucinante. C’est alors qu’en reculant Aclis tomba en trébuchant sur une
pierre, son double brandit son épée pour lui asséner le coup fatal, mais Aclis
exécuta une botte rapide que lui avait enseigné Hallar et réussit à percer le
cœur de son double. Aclis en profita pour se relever et d’un coup puissant trancha
la tête de son adversaire. Le fantôme dans un cri de douleur se transforma en
fumée et s’évapora.
Aclis rangea son épée et s’avança de nouveau
vers l’ouverture, il enleva quelque pierres qui barraient le passage et entra.
A l’intérieur il avait un long tunnel qui descendait sous terre.
Aclis le traversa et arriva dans une grande
salle remplie de lumière. Il se demanda d’où venait cette lumière, puisque la
salle dans laquelle il se trouvait se situait à dix mètres sous terre. C’est
alors qu’Aclis aperçut l’épée sacrée, elle resplendissait de runes sacrées et
magiques. Cette lame avait été forgée sur l’enclume de Vaul il y a des années,
c’était un héritage des hauts elfes, elle était faite d’or et était d’une
puissance incomparable, un simple mortel n’aurait pas pu supporter sa puissance
mais Aclis avait la bénédiction d’Asuryan avec lui. Aclis s’en approcha et
repensa à ce que son double lui avait dit "Es-tu digne de la lame
sacrée?", Aclis attendit un moment et enleva de la pierre l’épée sacrée.
Il sentit soudain monter en lui une puissance immense, une lumière blanche se
mit à tourner autour de lui et l’épée s’illumina. Aclis resta une nuit entière
dans la grotte jusqu’à ce que le pouvoir de la lame fusionne avec lui, après
quoi il en sortit. Une fois dehors Aclis sentit passer sur sa peau l’air froid
des montagnes, les vents lui murmuraient beaucoup de choses, ils disaient qu’il
était l’élu qu’il sauverait Ulthuan des raids ennemies ... Aclis avait acquit
des pouvoirs qui dépassaient totalement l’imagination les elfes, tout le monde
pensait que l’histoire de l’épée sacrée était une légende mais Aclis venait
d’en prouver le contraire. Aclis reprit finalement le chemin pour Yvresse avec griffes
d’or, l’épée sacrée d’Ulthuan...
La Quête d’Aclis
épisode 2 : De Eataine à Caledor
Aclis se dirigeait
maintenant vers Eataine. Sur le chemin, il se posait beaucoup de questions à
propos de l’épée mystérieuse ,"D’où venait le pouvoir surnaturel que
dégageait griffes d’or?", "Comment se faisait-il que personne n’ait encore
trouvé cette lame si puissante ?". Aclis était tellement préoccupé par ces
questions qu’il ne vit pas les assassins elfes noirs arriver sur lui, c’est un
bruit de craquement de branche derrière lui qui le fit réagir. Aclis se
retourna, sortit son épée de son fourreau et trancha net trois des assassins.
Sept autres se précipitèrent vers lui arme empoisonnée à la main. Des gardes
maritimes de Lothern voyant la scène de loin se dépêchèrent de venir en aide au
valeureux elfe. Lorsqu’ils arrivèrent il était déjà trop tard les dix assassins
elfes noirs gisait sur le sol décapités. Les gardes maritimes furent étonnés de
voir que le jeune guerriers s’en était sortit à dix contre un sans séquelles.
Ils lui proposèrent de l’accompagner jusqu’à Eataine et se mirent en marche.
Une fois là-bas Aclis se rendit à la cour du Roi Phénix et rencontra le Roi
Phénix en personne. Avant de partir pour Caledor, Aclis se vit remettre par le
Roi Phénix une dague en argent incrustée de pierres précieuses et il chargea un
des ses hommes de le conduire en char jusqu’à Caledor.
Après un long jour de route Aclis arriva enfin
à Caledor, il se rendit à l’Echine du dragon et ce qu’il peu en voir le laissa
sans voix. La terre des dragons brûlait d’un feu effrayant, les terres et les
forêts avaient été ravagés par les incendies, mais qu’est-ce qui avait provoqué
ce feu meurtrier. Aclis marcha un peu. Sur le chemin une multitude de corps
calcinés gisaient sur le sol. Aclis arriva enfin à un village, il semblait
désert, cependant une jeune femme s’avança vers lui surgit de l’ombre. Elle lui
dit de partir, que la ville était maudite par les dieux... Aclis ne comprit pas
et demanda à la femme qu’est-ce qui était à l’origine des incendies. La femme
lui répondit que c’était le dragon qui avait tout ravagé et que si il voulait
rester en vie il devait partir très vite. Avant de partir elle lui dit que le
dragon était plus au Sud, puis sans un bruit elle disparut.
Aclis comprit que ce dragon semait la terreur
là où il passait et que personne ne pouvait l’arrêter, les princes dragons
étaient partis stopper un raid à la Porte du Griffon et ne seraient pas là
avant deux jours. Aclis prit donc la décision d’arrêter ce fléau qui hantait
tant les habitants de Caledor et partit donc à la recherche du dragon.
Le premier jour il ne trouva rien à part
quelques corps mutilés. Il s’endormit le soir dans une clairière à la lumière
de la Lune. A son réveil Aclis se dirigea vers le Sud comme lui avait averti la
femme, c’est alors que la chance tourna.
Sur le sol des empreintes fraîchement faites
laissaient voir que le dragon était passé par là il y avait peu de temps. Aclis
suivit les traces laissées par la bête et finit par arriver dans une grande
plaine. Il scruta le ciel mais n’aperçut pas le dragon, ni dans les airs, ni
sur la terre. Aclis, épuisé, s’adossa un moment contre un arbre pour se
reposer, c’est alors que la plaine devînt en un instant sombre comme si une
éclipse se produisait. Aclis se releva et vit le dragon : il était immense, il
devait mesurer vingt-cinq mètres de long et crachait un feu d’une chaleur
épouvantable. Le dragon aperçut Aclis et fondit sur lui comme un aigle fondant
sur sa proie. De son souffle enflammé le dragon incendia Aclis qui sentit
monter en lui une douleur telle qu’il poussa un cri d’horreur que l’on entendit
jusqu’à Tiranoc. Aclis était calciné et sentait son sang bouillir en lui, quand
soudain une lumière blanche comme celle de la caverne où il avait déterré
l’épée sacrée l’entoura. Ces blessures et ses brûlures disparurent et sa peau
jeune et éclatante se reforma. Aclis avait reçu la bénédiction d’Asuryan et le
feu même le plus chaud ne pouvait l’affecter. Il sortit son épée de son
fourreau et fit jaillir de griffes d’or une boule de feu crépitante qui frappa
avec une force inouï le dragon en plein visage. Le dragon sous la force du coup
tomba à terre et s’écroula. Dans un dernier effort il tenta d’envoyer un
souffle sur Aclis mais le jeune héros ne sentit strictement rien, il brandit
son épée et la planta dans le front du dragon qui succomba au coup. Le dragon
s’éteignit dans la plaine faisant le festin des charognards.
Aclis prit la route de la forteresse de Caledor
où il trouva les princes dragons rentrés de leur bataille, ils avaient été
victorieux. Les princes dragons avaient été mis au courant du geste héroïque
d’Aclis et lui offrirent avant son départ le dernier dragon de la lignée de
Dirigarn, le plus puissant des dragons. Aclis partit en direction de Tiranoc
pour un nouvel apprentissage...
Le destin
de Galadel
Galadel monta les marches qui menaient a la
tour du roi sorcier Malekith. Il se demandait pourquoi son roi voulait le voir.
Arrivé en haut des marches il vit Kouran, le chef de son ordre. Peu après il
fut introduit auprès de Malekith ; juché sur son immense trône son roi le toisa
et dit :
-"Comme tu dois le savoir Kouran est ton
supérieur hiérarchique. C’est le chef des gardes noirs, qui sont mes gardes du
corps pendant la bataille. Tu as formulé le souhait de devenir garde noir
n’est-ce pas ?
- Oui, mon roi.
- Alors tu vas être content, tu seras parmi les
gardes noirs qui m’accompagneront dans ma campagne pour faire " partir
" les Hauts Elfes de nos terres. Acceptes-tu ?
- Ce serait un honneur pour moi, Ô mon roi.
- Bien, alors prépare toi nous partons demain matin.
Kouran, veille à ce qu’il reçoive son équipement.
Pendant que Kouran et Galadel redescendirent
les marches Galadel ne put s’empêcher de poser une question :
- Mais au fait je n’ai pas reçu ma formation je
ne sais pas bien me battre. Je vais rapidement mourir dans la bataille moi !
Kouran éclata de rire et lui répondit :
- Tu apprendras vite ; plus vite que tu ne le
pense.
Le lendemain l’armée du Roi Sorcier quitta
Naggarond la capitale de Naggaroth. Galadel se sentait heureux. Deux semaines
plus tard l’armée Hauts Elfes et l’armée Elfe noir se retrouvèrent face-à-face.
L’armée Haut Elfe était imposante toute bariolées de blanc et de couleurs
vives, tandis que l’armée Elfe Noire formait une masse sombre.
Les Elfes Noirs se déployèrent selon les
instructions de Malekith. L’armée Haut Elfe quand à elle dirigée par le cousin
du roi Phénix qui n’était autre que Galadriel.
Malekith possédait cinq régiments
d’arbalétriers équipés de la fameuse arbalète à répétition, d’une centaine
d’hommes chacun, d’un régiments d’exécuteurs D’Har Ganeth composé d’une
cinquantaine de ces barbares, de trois régiments de cavaliers elfes noirs
montés sur sang-froid d’une quarantaine de cavaliers chacun, d’un régiments de
furies qui étaient en train de boire leur potion qui les rendaient frénétiques,
et de la garde noire du roi composée de vingt-cinq hommes dont Galadel et
Kouran. Sans compter les monstres et les balistes à répétition, ainsi que les
sorciers maléfiques.Au début de la bataille un dragon Haut Elfe fonça vers
Malekith ; les gardes noirs se massèrent à côté de leur roi pour essayer de le
protéger mais, leur roi d’un geste de la main foudroya le dragon qui s’écrasa
sur le cavaliers de son camp. Galadel fut estomaqué par cette démonstration de
puissance de le part de leur roi. Malekith fonça sur son char tiré par deux
sang-froid sur les guerriers Hauts Elfes. L’armée Elfe noire suivit son chef
et, galvanisée par leur roi chargea l’armée ennemie. Galadel donnait des coups
dans tout ce qui était blanc et essayait de ne pas toucher tout ce qui était
noir. Le général ennemi chargea Malekith qui blessé par une lance se tordait de
douleur. Galadel vit qu’il était le seul a pouvoir défendre son roi. Il planta
sa lance dans le flanc du cheval de Galadriel qui mourut sur le coup (le
cheval, hein pas Galadriel). Galadriel, fou de rage car ce cheval lui avait
était donné par son père avant sa mort, se rua sur Galadel et cassa la
hallebarde du garde noir en moins de deux. Le pauvre Galadel sans arme tenta
d’étrangler Galadriel mais une furie voyant du blanc fonça et se mit à frapper
sans regarder où. Galadel ressentit une vive douleur, puis s’évanouit.
Galadriel tua la furie mais, Malekith qui avait repris ses esprits pulvérisa
d’un éclair de magie noire Galadriel qui mourut sur le coup. Voyant cela
l’armée Haut Elfe prise de panique se rendit.
Alors, Malekith voyant que Galadel allait
mourir, prit le général ennemi, mit la main sur sa figure carbonisée et
prononça :
-" En ta mémoire Galadel toi qui m’a sauvé
la vie pour y laisser la tienne je damne l’âme de cet Haut Elfe. Que mille
tourments lui soit infligé pour l’éternité et que toi Galadel puisse trouver le
repos en sachant que je t’ai vengé."Ce furent les derniers mots
qu‘entendit Galadel avant de rejoindre Khaine, son dieu.
Le Drakkar
Maudit
<< 7ème jour de la Nouvelle
Lune, an de grâce 876 du Calendrier Impérial .
Voilà trois jours que nous avons quitté le port
de Marienburg, et le temps ne s'est pas arrangé depuis notre départ. La mer est
démontée et c'est avec beaucoup de mal que nous parvenons à garder notre cap.
La nuit dernière, un homme est tombé à l'eau et s'est noyé, et la tempête a
déchiré presque entièrement notre grande voile. Je commence à croire comme mon
équipage que le sort s'acharne sur nous. Transporter un cadavre sur un bateau
porte malheur, c'est bien connu ; mais quand cet étranger m'a proposé une
pleine bourse de pièces d'or pour effectuer ce voyage, je n'ai pas su résister.
A présent les Dieux de la mer se déchaînent sur mon navire et je redoute une
mutinerie ; l'étranger quant à lui ne parle à personne et reste enfermé tout le
jour dans sa cabine. Il ne sort que le soir, pour prendre le frais sur le pont,
mais il demeure silencieux et son visage est réellement inquiétant. Hier il a
demandé à descendre dans la cale pour voir si le cercueil était toujours bien
arrimé ;
aucun homme n'a voulu l'accompagner pour
l'éclairer. Je ne sais combien de temps durera ce voyage, mais je suis certain
qu'il sera le pire de tous ceux que j'ai jamais faits.>>
Le capitaine posa sa plume sur la table et
referma le journal de bord. La tempête soufflait au-dehors avec une force
accrue, et il semblait à chaque instant que le navire allait être fracassé par
la puissance des vagues. Le soir tombait, et il sortit de sa cabine pour donner
ses derniers ordres pour la nuit.
Sur le pont balayé par les trombes d'eau,
accroché au bastingage, le mystérieux passager semblait ignorer la tempête et
regardait fixement l'horizon. Le capitaine lui jeta un regard noir que
l'étranger ne parut pas remarquer, puis s'éloigna d'un pas vif.
_ " Holà matelot! cria-t-il à un de ses
hommes d'équipage. Que fais-tu là? Tu devrais être dans le nid-de-pie depuis
une heure!
_ Par ce temps? Sauf vot' respect, capitaine,
je tiens pas à suivre le pauvre Heindrich au fond de l'océan. De toute façon,
on y voit pas à dix mètres et ça servirait à rien.
_ Tu refuses d'obéir aux ordres?" Sa voix
était montée d'un ton et se faisait menaçante. Le matelot savait que sa
rébellion pouvait lui coûter cher, mais sa résolution était ferme et
définitive. D'autres marins s'approchèrent, et commencèrent à entourer leur
capitaine. "Qu'avez-vous tous? Vous osez vous mutiner?
_Que non, capitaine, répondit le marin qui
avait refusé de monter dans la voilure. Mais nous ne voulons plus continuer
avec ce macchabée dans les cales du navire. Il faut le balancer à la mer sans
quoi..."
L'homme n'eut pas le temps de finir sa phrase.
Comme si la malédiction prenait tout à coup réalité, un grand choc ébranla le
voilier et tout l'équipage fut projeté sur le pont. Avant que quiconque ne
comprenne ce qui était arrivé, une horde hurlante de guerriers surgirent de la
brume, arme au poing. C'étaient des pirates Nordiques qui avaient profité du
mauvais temps et de l'absence de vigie pour surprendre leurs victimes et dont
le Drakkar avait éperonné violemment le navire des hommes de l'empire. Le
combat fut aussi bref que sanglant, et en quelques minutes le capitaine et les
vingt membres d'équipage furent impitoyablement massacrés. Le passager
n'échappa pas à la tuerie, et fut jeté par dessus bord avec les cadavres des
marins.
_ "Beau travail, mes gars! cria Olaf, le
chef Nordique. Je sens que ce navire doit transporter une belle cargaison!
Arrimez solidement le drakkar, vous autres, pendant que je descends dans les
cales. Vous quatre, venez avec moi", ordonna-t-il.
Pendant que leurs compagnons s'affairaient à
attacher les deux bateaux ensemble, Olaf et ses marins descendirent l'escalier
de bois qui menait dans la soute. Bientôt, ils découvrirent une porte solidement
cadenassée et firent sauter le verrou à coups de hache.
Au centre de la petite salle qu'ils venaient
d'ouvrir était posé un grand cercueil de bois noir, richement décoré, dont les
poignées d'or scintillaient sous la lumière vacillante des flammes de leurs
torches.
_ " Par Odin, lança un des pirates,
j'ignorais que les hommes du Sud transportaient leurs morts par bateau!
_ Ce devait être quelqu'un d'important, fit un
autre.
_ L'important, Gustav, ce n'est pas la carcasse
qui repose là dedans mais les trésors qui l'accompagnent! Aidez-moi à l'ouvrir,
il doit y avoir pas mal de bijoux à l'intérieur!"
Les cinq hommes tentèrent de soulever le
couvercle qui fermait le cercueil mais malgré tous leurs efforts ils ne purent
y arriver. Olaf, fasciné par les magnifiques ornementations dont était paré le
cercueil ordonna à ses hommes de le transporter dans le drakkar pour l'ouvrir
et le dépouiller de ses trésors plus tard. Le reste de la fouille des cales ne
donna rien, et les pirates ne trouvèrent que quelques pièces d'or dans la
cabine du capitaine ; ce n'était qu'un petit vaisseau de commerce et le butin
n'était guère important.
Les hommes du Nord regagnèrent leur embarcation
après avoir mis le feu au navire impérial et bientôt ce dernier ne fut plus
qu'un petit point lumineux s'éloignant à l'horizon, emporté par les courants.
Les pirates ne festoyèrent pas ce soir là comme
ils avaient l'habitude de le faire après un pillage. La maigre prise qu'ils
avaient faite ne les avait pas mis de bonne humeur, d'autant qu'à l'ordinaire
les navires commerciaux contenaient toujours un ou deux tonneaux de vin, ce qui
n'était pas le cas ce jour-là. Le mystérieux cercueil fut confié à Erik, le
charpentier du bord, après quoi les hommes de quart se mirent à leurs postes tandis
que leurs compagnons allaient se coucher dans la chambre commune.
Olaf dormit mal cette nuit-là. Il fit quelques
cauchemars - ce qui ne lui arrivait jamais - et rêva que quelqu'un pénétrait
dans sa chambre, s'approchait de son lit et se penchait sur lui pendant son
sommeil. Plusieurs fois il se réveilla en sursaut, baigné de sueur, en proie à
une terreur inexplicable. Lui qui n'avait jamais reculé devant les pires
ennemis qu'il avait affrontés ressentit profondément la peur, seul dans sa
cabine.
Le lendemain la mer s'était enfin calmée, mais
un épais brouillard entourait désormais le bateau. Il fallut un certain temps
avant que l'on s'aperçoive qu'Erik le charpentier manquait à l'appel. Tous ses
compagnons le recherchèrent, persuadés qu'il s'était endormi quelque part, ivre
comme à son habitude, mais il resta introuvable. L'équipage en conclut qu'il
devait être tombé à l'eau pendant la nuit et abandonna tout espoir de le revoir
vivant. Le reste du jour se passa normalement, et pourtant Olaf sentit un malaise
s'installer parmi ses hommes. Les marins étaient nerveux, et plusieurs bagarres
éclatèrent dans la journée; le chef Nordique fit enchaîner les perturbateurs à
fond de cale et le reste des hommes se calma.
La nuit suivante, plusieurs pirates furent
éveillés par des hurlements qui semblaient provenir de l'intérieur du drakkar.
Personne n'osa cependant se lever et les cris cessèrent en quelques secondes.
Quand l'aube reparut, Olaf envoya Thorvald, son second, donner à manger et à
boire aux hommes qui étaient enchaînés et qu'il avait décidé de laisser
emprisonnés trois jours. L'homme revint presque aussitôt, l'air inquiet.
_ "Je leur ai donné de quoi se nourrir
mais ils ont un drôle d'air. Ils ne m'ont pas dit un mot et leur regard était
assez bizarre.
_ Ils ont dû mal dormir avec tous les rats que
nous transportons dans le navire, répondit Olaf. Bah, ils n'en seront que plus
obéissants en sortant de là!"
La persistance du brouillard empêchait tout
calcul de navigation et le drakkar dérivait au gré des vents, ce qui avait le
don d'exaspérer Olaf qui n'aimait rien moins que de perdre son temps. Les
pirates désœuvrés jouaient aux dés ou dormaient. Quand vint le soir, le
capitaine nordique sortit de sa cabine et alla s'asseoir non loin de ses hommes
qui avaient entonné une chanson.
Il n'avait pas pour habitude de se mêler ainsi
le soir à son équipage mais ses cauchemars des nuits précédentes l'empêchaient
de trouver le sommeil ; pendant la journée, pour s'occuper, il avait tenté
d'ouvrir le cercueil avec les outils d'Erik mais malgré tous ses efforts il
n'était même pas arrivé à entamer le bois du couvercle. Quelque chose d'anormal
était lié à ce cercueil, et Olaf s'en serait bien débarrassé si sa cupidité ne
l'avait poussé à le conserver pour l'ouvrir une fois à terre et le vider de ses
hypothétiques trésors.
La nuit vint, et alors que tous s'apprêtaient à
aller se coucher on entendit un grand cri à l'arrière du bateau. Quelques
hommes accoururent et trouvèrent Thorvald étendu sur le pont, inconscient.
Lorsqu'il ouvrit les yeux il fut dans un premier temps incapable de répondre
aux questions de ses compagnons, tant il était paniqué ; puis, peu à peu, il
revint à la raison et fut en état de dire ce qu'il lui était arrivé :
_ " J'ai été attaqué par quelque chose,
une ombre immense.
_ Nous étions tous à l'avant et personne ne
s'est éloigné, fit Olaf, énervé.
_ Je n'ai pas dit quelqu'un, j'ai dit quelque
chose! Quelque chose qui n'était pas humain !"
Le silence se fit autour du blessé. La première
réaction fut de penser que Thorvald était encore sous le choc d'un quelconque
malaise, et cependant tous ne purent s'empêcher de laisser un moment leur
imagination vagabonder. Les légendes qui circulaient sur les monstres marins et
les créatures maléfiques étaient nombreuses dans le peuple nordique, et tous y
croyaient plus ou moins, sans pour autant qu'elles eussent une importance
démesurée dans leur vie quotidienne. Thorvald fut momentanément mis à l'écart
et ses compagnons ne s'occupèrent plus de lui de toute la soirée.
Olaf avait regagné sa cabine et s'apprêtait à
aller se coucher quand quelqu'un frappa à sa porte. C'était Heimdall, le marin
qu'il avait chargé à la place de Thorvald d'apporter le repas du soir aux
hommes qui étaient à fond de cale. L'homme était très pâle et la peur se lisait
sur son visage.
_ " Capitaine..., commença-t-il, ils ont
disparu...tous.
_ Qui ça?
_ Les hommes qui étaient aux fers. J'étais allé
leur porter leur repas et je n'ai trouvé que leurs chaînes sur le sol.
Regardez, elles ont été forcées." Il lui tendit une chaîne crasseuse au
bout de laquelle pendait une entrave tordue.
_ " Qui a pu faire ça? Il n'y a pas
d'outil assez solide pour cela sur ce drakkar." Le chef Nordique se
parlait à présent à lui-même. De vielles légendes lui revinrent soudainement à
l'esprit, des histoires que lui racontaient les vieux de son village sur des
êtres doués d'une force prodigieuse, qui habitaient loin dans le sud et qui
continuaient à vivre après leur mort, s'attaquant aux Vivants et les éliminant
impitoyablement. Un détail lui revint subitement en mémoire, un détail d'une
importance capitale : ces êtres sortaient la nuit et passaient la journée
couchés dans...
_ " Le cercueil ! s'écria-t-il. Nous
sommes perdus!"
Il était trop tard. Les hurlements des hommes
attaqués pendant leur sommeil retentirent à l'extérieur de la cabine. Sous le
regard perplexe de Heimdall qui n'y comprenait rien, Olaf se rua sur la porte
qu'il ferma à double tour, puis il s'empara d'une chaise et la fracassa sur une
table. Ramassant un des pieds du siège démoli, il entreprit nerveusement d'en
tailler l'extrémité en pointe à l'aide de son coutelas.
_ " Fais comme moi, imbécile, c'est notre
dernière chance!"
A l'extérieur on entendait des grattements et
des coups contre la porte, ainsi que d'effrayants sifflements. Serrant de
toutes ses forces son épieu entre ses doigts, Olaf attendait l'ultime assaut.
Bientôt les coups se firent plus appuyés, ébranlant tout le navire, et soudain
les deux derniers pirates survivants virent avec horreur la porte voler en
éclats. Les visages grimaçants de leurs anciens compagnons apparurent dans
l'ouverture, mais aucun d'eux ne s'aventura à l'intérieur de la cabine. Puis
les rangs des assaillants s'ouvrirent, laissant passer un personnage de haute
stature, vêtu entièrement de noir et portant une longue cape doublée de
vermeil.
Son sourire maléfique laissait apparaître deux
crocs acérés couverts de sang, et son teint livide faisait ressortir ses yeux d'un
rouge de braise. Olaf se sentit subjugué par le regard étrange de la créature,
et peu à peu sa volonté l'abandonna. Doucement, ses doigts s'entrouvrirent,
laissant glisser l'épieu de bois qu'il avait en main. Sa dernière vision de
mortel fut celle du vampire se penchant sur lui pour boire son sang.
Luther Harkon rendit la longue-vue à l'un de
ses serviteurs. La côte qui venait d'apparaître à l'horizon semblait recouverte
d'une végétation luxuriante que le vampire n'avait jamais vue au cours de sa
longue existence.
C'était un continent nouveau, plein de
promesses de richesses et de conquêtes, vers lequel le Drakkar avait dérivé
pendant de longues semaines. Un empire de morts-vivants allait pouvoir naître
sur ces terres inconnues.
Le Jour
de Grimnir
Chapitre 1
Dans sa salle de travail, Lorindil ne cessait
de relire un long parchemin. Le message portait encore le sceau du Roi Phénix.
Finubar avait donc jugé utile de l'informer de la nouvelle: plusieurs
forteresses naines, dont Karaz A Karak, la capitale naine, s'étaient regroupé
sous la bannière d'une confédération. Poussés par leur rancœur envers bon
nombre de leurs ennemis, souhaitant faire renaître leur vieil empire, les
naugrims menaient des expéditions punitives contre les Peaux Vertes, les Skavens,
et toutes autre armée maléfique qui avait le malheur de croiser leur chemin.
Rien de bien inquiétant, à priori. Seulement voilà: plusieurs bandes s'en
étaient pris aux Bretonniens. Suivant aveuglément leur rancune, ils pillaient
les avant-postes humains, décapitaient les taverniers accusés de vol de Bugman,
lynchaient tous les brigands.
Le Roi Louen Cœur de Lion parvenait avec peine
à raisonner ces vandales. Cependant leur soif de vengeance ne s'était pas
calmée pour autant. Les bandes s'étaient réunies près de Parravon et marchaient
sur Athel Loren, le royaume forestier des Elfes Sylvains.
Comment ne pas ignorer cet avertissement? Pensa
Lorindil. Le maître mage connaissait bien les nains pour avoir voyagé autrefois
dans le vieux monde. Il avait visité le royaume secret des Elfes Sylvains, vu
leurs clairières sacrés, guidé les plus hauts mages sur l'utilisation de la
Haute Magie, mais aussi assisté à plusieurs affrontements contre des pillards.
<< Les Elfes de Loren résisteront,
commenta-t-il à voix haute, brisant le silence de sa tour.>>
Le Roi Phénix jugeait cependant l'affaire de la
plus haute importance. D'après ce dernier, les royaumes orientaux d'Ulthuan,
particulièrement exposés aux flottes ennemies venant du Vieux Monde, pouvaient
à tout moment être pris pour cible par ces fanatiques.
Lorindil se remémora ce qu'il avait appris sur
la longue et cruelle guerre de la Barbe. Une terrible histoire de vengeance et
de haine inspirée à l'origine par une ruse des Elfes Noirs. D'après les
chroniques d'Ulthuan, les Nains estimèrent avoir gagné la Guerre avec la mort
du Roi Phénix Caledor. La couronne des Rois Phénix trônait désormais bien en
évidence dans la salle du trésor de Karaz A Karak. Théoriquement, les Nains
n'avaient plus aucune rancune contre les Elfes. Mais comment faire confiance à
cette bande de pillards? Le Grand Livre des rancunes comporte de nombreuses
petites rancœurs personnelles. Ces petits serments justifiaient à eux seuls la
préoccupation de Finubar.
Aussi avait-il décider d'affecter son meilleur
ambassadeur auprès des Confédérés Nains. Lorindil, Grand Maître de la
bibliothèque de Tor Yvresse, reçut donc l'ordre de se rendre au plus vite
auprès du seigneur Kundïn, chef officiel de la Confédération des Nains.
Toute contestation d'un ordre royal étant
inconcevable, Lorindil décida de stopper toute affaire en cours afin de se
rendre au plus vite dans le Vieux Monde.
Accoudé au garde-fou du Vaisseau-Dragon,
Lorindil regardait rêveusement la mer d'huile que l'immense navire tranchait
lascivement. L'embarquement avait eu lieu deux semaines plus tôt. Profitant du
départ d'un contingent Haut Elfe en direction de Brionne, Lorindil et son
escorte de Maîtres des épées avaient pris la mer pour la traversée de la Mer du
Chaos. En cette belle journée d'été, lui et le champion de sa minuscule garde
prétorienne attendaient passivement que sonne l'heure du déjeuner.
<<Messire, demanda le champion,
devrons-nous mener un long voyage à travers le Vieux Monde?
- Je le crains, Gaëlen, répondit le mage. Nous
devrons traverser entièrement la Bretonnie et l'empire avant de rejoindre les
principales forteresses confédérées naines.
- L'idée d'un conflit ne nous réjouit guère,
nous autres, se hasarda le champion.
- Je sais, Gaëlen, moi non plus. Personne en
Ulthuan ne voudrait d'une seconde Guerre de la Barbe.>>
Une immense gerbe de vapeur émergeant de l'eau
interrompit leur discussion. Dans un roulement de tonnerre, une immense
créature émergea de l'océan, s'éleva au-dessus des eaux, avant de replonger
dans les profondeurs. Le monstre marin, semblable à une immense baleine dotée
de nageoires de raies, laissa derrière elle un immense remous. Le navire, telle
une coquille de noix, fut fortement ébranlé, avant de finalement se stabiliser
au grand soulagement de ses passagers.
<<Par Isha! jura Lorindil. Qu'est-ce
que...
- Un mégalodon, monseigneur, l'informa un
contremaître au fort accent Cothique. Ils sont en pleine période de
reproduction, c'est pour ça qu'ils jaillissent ainsi hors de l'eau.
- J'espère que cette chose ne nous a pas pris
pour un compagnon... Ironisa Gaëlen.
- Pour ça non, pas de risques! les rassura le
marin. Ils ont trop peur des harpons... Puis, se retournant, il leur montra du
doigt l'énorme baliste installée à l'avant du navire.>>
Naviguer dans une mer infestée de Mégalodons ne
relève pas d'un voyage d'agréments, aussi de nombreux mariniers se relayèrent
jour et nuit pour prévenir toute collision.
Lorsque quelques jours plus tard, la côte de
Bretonnie apparût enfin, Lorindil ne put s'empêcher de souffler de soulagement.
L'arrivée d'un navire elfique reste dans les
ports humains un spectacle rare et fascinant. Une foule de curieux se
rassemblèrent ainsi sur le quai alors que le bateau manœuvrait son amarrage. Un
groupe de chevaliers se firent même un point d'honneur d'accueillir les elfes
d'Ulthuan. Malgré la cohue de débarquement, Lorindil et sa douzaine de Maîtres
des Epées parvinrent à sortir du port, sous la garde respectueuse de cinq
grands chevaliers paladins.
<<C'est un honneur, Ô noble seigneur d'Ulthuan,
de vous recevoir en notre Royaume de Bretonnie... Salua leur chef dans un
langage ampoulé. Mais auriez-vous la bonté, noble mage, de daigner rencontrer
le maître de ces lieux?>>
Lorindil accepta. Son rôle d'ambassadeur
nécessitait assurément cette entrevue. Le petit groupe de chevaliers conduisit
les elfes vers une imposante forteresse, au centre de la cité. Sur leur
passage, les foules se pressaient, et des milliers d'humains au regard étonné
suivaient avec le plus vif intérêt cette petite procession.
Arrivé dans le palais, les Maîtres des Epées
reçurent l'ordre de rester à l'entrée. Accompagné de deux paladins, Lorindil
traversa des salles décorées de simples fresques et tapisseries médiévales
avant d'entrer dans une sombre pièce, éclairée par des chandelles.
<< Seigneur Lorindil! S'exclama une voix
faible et chevrotante. Un vieil homme aux cheveux blancs et au dos voûté se
leva difficilement de son siège.
- Mandorallion! S'exclama Lorindil. Le souvenir
de ce vieil ami lui revint soudain. Mais, comme tu as...
- Vieilli, l'interrompit-il. Hélas, je reste un
mortel. Mais dis-moi, que deviens-tu depuis notre dernière rencontre, il y a
près de cinquante ans, n'est-ce pas?
- Eh bien, la routine. j'ai combattu les armées
de Grom la Panse avant d'étudier les arcanes de la magie pendant quarante
courtes années.
- Quarante courtes années... Médita, d'un air
envieux, le vieil homme. Mais dis-moi, que fais-tu ici? Toujours à la recherche
d'Elfes Noirs à combattre?
- Non! Lorindil s'esclaffa au souvenir de ses
premiers voyages dans le Vieux Monde. Le temps où moi et Eltharion traquions
ces vermines est révolu...
- Tant mieux! Car vois-tu, le preux chevalier
du Graal qui te guida dans ta tâche il y a cinquante ans est devenu bien trop
vieux pour courir de nouveau le monde...
- Mandorallion, le Roi Phénix m'envoie comme
ambassadeur auprès des Nains.
- Ho! Ceux-là! Pesta le vieil homme, tout en se
rasseyant.
- Que se passe-t-il vraiment?
-C'est ce Kundïn! s'exclama-t-il. un fanatique
avide de sang, un vrai avatar pour les Peaux-Vertes. Il y a quelques mois, il a
décidé de venger sa race et de reconstituer le vieil empire nain.
-Depuis, les Montagnes du Bord du Monde sont en
guerre perpétuelle contre tout ce qui dépasse les un mètre vingt. Certains de
ses nains en ont même profité pour attaquer les châteaux situés à l'est du
royaume.
- La situation semble préoccupante...
- Pour l'instant, Louen Cœur de Lion ferme les
yeux, une guerre ne ferait qu'affaiblir nos deux royaumes et favoriser
l'émergence des serviteurs des Dieux Noirs, mais il faut impérativement que
cela cesse au plus vite!
- Ne t'en fais pas, je suis sûr que j'arriverai
à calmer le jeu! Ce Kundïn ne m'a pas l'air d'un vieux tueur de trolls borné!
- Je te le souhaite, Lorindil, je te le
souhaite...>>
L'entrevue se termina dans la plus profonde
incertitude. Mandorallion remit à son vieil ami une précieuse carte du Vieux
Monde, avant de lui faire ses adieux.
Sitôt sorti du palais, Lorindil ordonna de se
mettre en route. Montés sur de splendides coursiers elfiques, les elfes
quittèrent la ville, en direction de l'est.
Après trois jours de chevauchée, les elfes
atteignirent enfin le centre de la Bretonnie. L'été rayonnait en cette chaude
journée. Dans les champs, les paysans se dépêchaient de terminer la moisson.
Traversant pendant des jours entiers de maigres
villages espacés d'immenses plaines fertiles, les elfes furent satisfait de
voir enfin apparaître à l'horizon les cimes enneigées des montagnes grises.
Entamant l'ascension du massif par la principale voie commerciale, ils
aperçurent de nombreuses traces de combats. Parmi les lances brisées, Lorindil
reconnût quelques haches naines et des pennons de flèches. Tout semblait
indiquer que les Nains empruntaient régulièrement cette route.
Soudain, le ciel s'obscurcit. Un formidable
coup de tonnerre déchira la quiétude de cette douce journée d'été pour
instaurer un climat électrique et tourmenté.
La pluie se mit à tomber. De grosse goutte,
d'abord, avant de s'écouler violemment, tel un déluge.
<<Vite! Au galop! leur cria Lorindil.
L'orage sera bientôt sur nous!>>
Escaladant à toute allure le col, le petit
groupe se mit en quête d'un abri. les éclairs zébraient le ciel d'encre. Le
roulement de tonnerre se rapprochait dangereusement.
Soudain, la lumière d'une auberge leur apparut
au détours du chemin. Les montures redoublèrent d'effort pour atteindre ce but.
Alors qu'il s'approchèrent d'un minuscule village de montagne, la grêle se mit
à tomber.
S'arrêtant pile devant les écuries, Lorindil
donna l'ordre à ses elfes de mettre les coursiers à l'abri. Cette tâche
accomplie, la moitié des elfes restèrent monter la garde à l'intérieur de
l'écurie tandis que Lorindil et les autres se précipitèrent à l'intérieur de
l'auberge.
Leur entrée inattendue marqua un moment de surprise
et de tension entre les clients et les nouveaux arrivants. Lorindil eut le
temps de juger de la fréquentation de la taverne. Un groupe de paysans
discutaient à une table; devant lui, un groupe de nains en cottes de mailles
vidaient quelques chopes. Surpris par ce coup de théâtre, ils s'étaient levés,
brandissant nerveusement leurs haches.
Debout derrière son comptoir, l'aubergiste, un
vieux nain bourru, parvint à calmer le jeu à temps.
<<Kundïn! dis à tes gars de poser leurs
armes. Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas d'histoires ici!>>
Puis, se tournant vers les nouveaux venus, il
leur demanda:
<<Qu'est-ce que je vous sers,
étrangers?>>
Le Jour de Grimnir
Chapitre 2
Kundïn s'inclina profondément devant
le Haut Roi des Nains, Thorgrim le rancunier, balayant au passage de sa longue
barbe le sol carrelé de la salle du Trône. Le vieux souverain, posant sa main
couturée de cicatrices sur le Grand Livre des Rancunes qui ne le quittait
jamais, sourit et commença d'une voix forte et grave :
_" Bienvenue à Karaz-A-Karak, maître
Kundïn! J'ai entendu parler de vous depuis fort longtemps, mais il semble que
vous soyez parvenu au summum de votre popularité! Cela fait deux jours que mon
peuple annonce votre arrivée, et à en juger par la liesse populaire et par la
foule qui emplit les couloirs, vous avez de bonnes nouvelles à m'annoncer,
n'est ce pas?"
Kundïn, qui commençait à avoir mal au dos à
force de rester courbé, jugea qu'il pouvait décemment se redresser et releva
lentement la tête avant de répondre :
_" Effectivement, ô roi. La Confédération
est en marche. Le jour de Grimnir est proche.
_ Vraiment? Je vous trouve bien sûr de vous!
Ainsi, le moment serait venu de reconstituer le Grand Empire Nain?
_ J'en ai l'intime conviction.
_ Ecoutez mon ami, vous êtes un Tueur de Démons
valeureux et habile, vous avez vous-même de grands motifs de rancœur à l'égard
de bon nombre de nos ennemis, et vous êtes craint et respecté autant qu'un
honnête Nain peut l'être. A quoi voulez-vous arriver avec cette Confédération que
vous avez mise sur pieds? Ne croyez-vous pas que chaque Nain, du plus petit
marchand jusqu'au Roi de forteresse, ne veuille pas non plus voir renaître
notre vieil empire? Nous espérons tous que ce jour arrivera et nous faisons
tout notre possible pour qu'il arrive tôt! La Confédération ne fait qu'affoler
les peuples du Vieux Monde. Regardez ce message d'avertissement que nous
envoient les Hauts Elfes."
Il lui tendit un parchemin richement décoré que
le Tueur s'empressa de lire. Il provenait du Roi des Hauts Elfes en personne,
et mettait en garde les Nains contre leurs velléités guerrières révélées par la
Confédération. Le ton était sec, hautain, tout juste poli ; "à la manière
des Hauts Elfes", pensa Kundïn.
" Et ce n'est pas tout! reprit Thorgrim.
Je sais que vous n'y êtes pour rien, mais certains membres de votre
Confédération en profitent pour venger leurs rancunes personnelles, en
particulier contre des Bretonniens, m'a-t-on dit. Notre peuple a des motifs de
rancune contre tous les autres peuples du monde, vous le savez. Certaines
rancœurs sont presque insignifiantes à l'échelle d'un royaume, et jusqu'ici
elles n'entachaient pas nos relations avec les autres forces du Bien. L'Empire,
par exemple, est un puissant allié, même si quelques rancunes non vengées sont
encore répertoriées dans ce Livre, fit-il en tapotant des doigts le Grand Livre
des Rancunes. Nous ne pouvons pas lutter contre la terre entière...Je sais que
votre but est noble, et qu'il nous faut combattre les Gobelins et les Skavens
sans pitié, mais il faut aussi essayer d'éviter les querelles inutiles. Une
nouvelle Guerre de la Barbe ruinerait à jamais nos espoirs de reconquête de
notre empire, et les forces du Mal en profiteraient pour étendre leur
domination au Vieux Monde. Nous ne pouvons pas accepter cela."
Kundïn savait que le vieux Roi parlait avec
sagesse, et que jusqu'ici la Confédération avait collectionné les succès, en
particulier contre les Orques ou contre les Morts-Vivants, mais s'était heurtée
également aux Bretonniens et aux Elfes Sylvains, ce qui avait des conséquences
bien plus fâcheuses. Une troupe de Nains appartenant à la Confédération se
trouvait en bordure d'Athel Loren dans les environs de Parravon, désireuse de
venger la mémoire d'explorateurs Nains tués par le peuple de la forêt, et l'on
pouvait craindre le pire. Si les Hauts Elfes eux-mêmes se sentaient menacés, la
situation devenait très préoccupante.
Kundïn ne pouvait s'empêcher de regretter
quelque part que tout ces troubles trouvent leur origine dans son projet de Confédération
des Nains.
_" Je sais tout cela, ô Roi, répondit-il,
et je vais partir immédiatement pour Parravon où se trouvent certaines de mes
troupes qui en veulent aux Elfes Sylvains, pour tenter de les ramener à la
raison. Soyez assuré que pour ma part, nos seuls véritables ennemis dans ces
régions sont les Peaux-Vertes et les Skavens, et je suis absolument d'accord
avec vous pour préserver la paix du Vieux Monde entre les nations du Bien.
Cependant, et c'était là le véritable but de ma visite, je vous demande
instamment de rejoindre les troupes de la Confédération. En effet, non
seulement nous n'aurons de force pour vaincre que si nous sommes tous unis et
non plus en petits groupes disparates comme c'est le cas aujourd'hui, mais
votre présence est absolument nécessaire pour cautionner notre action et calmer
nos troupes les plus acharnées qui risqueraient de créer de nouveaux incidents
avec les peuples alliés.
_ J'avais imaginé cela, effectivement....
répondit Thorgrim en se caressant la barbe d'un air dubitatif. "Et ma
décision est prise depuis longtemps : je rejoins effectivement la
Confédération. Mais n'y voyez pas une victoire personnelle, maître Kundïn,
rajouta-t--il immédiatement en toisant le Tueur d'un regard sévère, je ne
rejoins vos rangs que pour garder le contrôle de mon peuple et le préserver de
tout danger. Je ne sais pas si le Jour de Grimnir est proche, mais la guerre
l'est certainement, et je ne veux pas que des inconscients emmènent mon peuple
au désastre. En tant que Haut Roi des Nains, je prends le contrôle de vos
forces armées, et je veux que les raids contre nos alliés cessent
immédiatement. Les fauteurs de troubles qui raniment de vieilles querelles
seront punis, et je vous tiendrai pour responsable si quelque incident
diplomatique survenait entre nous et les autres peuples du Bien, Humains ou
Elfes. Nous combattrons les Skavens, les Gobelins et les Forces du Chaos, mais
cela se fera dans la plus grande discipline et dans l'unité. C'était après tout
ce que vous cherchiez, n'est-ce pas? Alors estimez-vous heureux! Maintenant
l'heure est venue pour vous de réparer les dégâts que vous avez causés avant
qu'il ne soit trop tard : allez à Parravon et rétablissez l'ordre. Ensuite,
vous rentrerez ici."
Thorgrim se tut, et après une nouvelle révérence
Kundïn sortit de la salle sans bruit. Devant les portes de la salle l'attendait
Dammïn, son vieux compagnon d'armes, qui appartenait lui aussi à l'Ordre des
Tueurs.
_" Qu'a-t-il dit, alors? demanda-t-il
immédiatement dès que les portes de la salle du trône se furent refermées.
_ Oh, comme prévu il n'y va pas par quatre
chemins, répondit Kundïn tout en marchant. Cependant il a accepté, à condition
de prendre la Confédération sous son contrôle. Mais je m'y attendais un
peu", rajouta-t-il en voyant la mine dépitée de son compagnon.
Les deux Nains sortirent du palais, accueillis
par une foule en liesse qui fêtait son entrée dans la Confédération. Pour tous
les Nains de Karaz-A-Karak, ce jour sonnait le début de leur vengeance sur
leurs ennemis, et la reconquête de leur empire dont cette forteresse était la
capitale.
_" Nous devons partir immédiatement,
Dammïn. Rassemble quelques Nains, juste une dizaine cela suffira, et dis aux
autres que nous reviendrons bientôt et que désormais ils sont aux ordres de Thorgrim
. Nous allons à Parravon calmer la bande d'excités qui y sévit.
_ C'est un ordre de Thorgrim?
_ Oui, mais de toute façon j'allais devoir m'y
rendre. Je sais ce que tu penses : que nous avons perdu notre liberté d'agir en
acceptant de lui laisser le contrôle de la Confédération ; mais seuls nous ne
serions pas allé bien loin, et il faut un roi comme Thorgrim pour maintenir
l'ordre au sein des troupes. Nous n'y serions jamais arrivé tout seuls et tous
nos projets auraient fini par échouer. Il prend peut-être son rôle trop à cœur,
mais c'est le Haut Roi des Nains après tout! Allons, jusqu'ici tout se passe
bien!"
Dammïn eut un petit sourire un peu forcé. Il
aurait aimé continuer leur épopée sans devoir recevoir d'ordres de quelqu'un qu'il
n'avait jamais vu et qui, de toute façon, n'était pas son supérieur au regard
de la hiérarchie de l'Ordre puisque Thorgrim n'était pas un Roi Tueur.
Haussant les épaules, il se sépara de son
compagnon et alla annoncer les nouvelles directives à quelques-uns des
meilleurs soldats de la Confédération, des Brise-fer qui étaient avec eux
depuis le début de leurs aventures.
Quelques jours plus tard, après un rapide
voyage à travers les Principautés Frontalières puis l'Empire, le petit groupe
de douze Nains passait le col qui menait à Parravon à travers les Montagnes
Grises. Devant eux s'ouvraient les plaines fertiles de Bretonnie, tandis qu'au
Sud la verte forêt d'Athel Loren se perdait parmi les brumes et semblait
s'étaler jusqu'à l'infini. Les Nains de la petite troupe qui accompagnait les
deux chefs Tueurs n'aimaient pas contempler cet endroit, et furent tous
partisans de continuer leur route le plus rapidement possible pour mettre fin à
cette mission désagréable et sans intérêt car sans combat en perspective. On
leur avait indiqué le chemin qu'avaient emprunté les guerriers de la
Confédération qui tentaient de se rendre en Athel Loren et qui les avaient
précédés de quelques semaines ; des traces de leur passage à travers les
Montagnes grises étaient visibles, que ce soient des restes de feux de camp ou
des signes de combat contre des créatures de la montagne. Cependant, le chemin
de Kundïn et de ses hommes s'était jusque là révélé sans embûche et la troupe
avait progressé rapidement.
En fin d'après-midi, le groupe arriva dans un
petit village de montagne que Kundïn connaissait bien pour y avoir vécu quelque
temps.
_" Une partie de ma famille vit ici, et
mon oncle est même tenancier de l'auberge du village. Nous pourrons y passer la
nuit, cela nous évitera d'être trempés", fit-il en regardant les nuages
noirs qui s'amoncelaient dans le ciel.
Les Nains qui étaient tous fatigués du voyage
furent bien entendu ravis de se voir proposer une soirée arrosée suivie d'une
bonne nuit de sommeil, et entrèrent en grand désordre dans l'auberge. Hurgar,
l'oncle de Kundïn, fut tout surpris de retrouver son neveu qu'il n'avait plus
vu depuis bon nombre d'années et leur réserva bien entendu un accueil
chaleureux.
_" Alors Kundïn, fit-il en le serrant dans
ses bras, il paraît que c'est toi qui est à l'origine de tout ce remue-ménage?
Quelques-uns de tes soldats sont passés par ici l'autre jour, et ça ne plaît
pas à tout le monde! Ils s'en prennent aux Hommes et aux Elfes, et depuis on
regarde les Nains de travers dans ces régions, et moi je vois ma clientèle
baisser! Enfin, je suis content de te revoir! Tu m'expliqueras tout ça ce soir
à la veillée, pour l'instant je vois que tes gars ont bien besoin d'un bon
repas, n'est ce pas vous autres?"
Des cris de joie accueillirent ces paroles et
les Nains s'attablèrent bruyamment à une table, entonnant une chanson à boire.
Quelques clients de l'auberge, des hommes pour la plupart, quittèrent
hâtivement les lieux, redoutant à la fois la perspective d'une bagarre entre
ivrognes et celle encore plus terrible de chants de Nains à devoir écouter tout
au long de la soirée. Voyant cela, Hurgar fit à son neveu :
_ " Dis-leur de se faire un peu oublier.
Les habitants de la vallée sont nerveux et je ne veux pas d'ennuis avec les
voisins. Ils auront tout le loisir de chanter en marchant!"
Un murmure de déception parcourut la petite
assemblée, mais les Nains ne voulurent pas se montrer contrariant et quand
Kundïn leur eut expliqué qu'ils étaient là en partie pour redorer le blason de
leur race, ils se calmèrent tout à fait et burent leurs bières en silence.
Dehors, l'orage avait éclaté et des trombes
d'eau puis de grêle s'abattirent sur le village. On alluma les torches dans la
salle et Hurgar allait se mettre à préparer le repas du soir quand soudain la
porte de l'auberge s'ouvrit toute grande, laissant pénétrer un petit groupe
d'Elfes trempés de la tête aux pieds. Les Nains se levèrent comme un seul
homme, saisissant leurs haches, et le silence s'abattit sur l'assemblée.
Hurgar s'écria :
_ " Kundïn! dis à tes gars de poser leurs
armes. Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas d'histoires ici!"
Et tandis que les Nains, nerveux, se
rasseyaient en jetant aux Elfes un regard soupçonneux, l'aubergiste s'avança
vers les nouveaux étrangers et leur demanda ce qu'il désiraient commander.
Chapitre 3
Lorindil resta bouche bée: ainsi le tueur que
désignait l'aubergiste n'était autre que Kundïn. Retirant sa cape, il
s'approcha silencieusement du groupe de nains. Une tension extrême régnait dans
la salle. Les Maîtres des Epées se tenaient à l'arrière, prêts à intervenir à
la moindre réaction hostile.
S'arrêtant devant le tueur, le Maître Mage
effectua une respectueuse courbette, avant de saluer le meneur nain:
_"Lorindil de Tor Yvresse, Maître Mage et
ambassadeur du Roi Phénix Finubar, pour vous servir.
_ Kundïn fils de Fundïn, à votre service",
répondit le Nain un peu surpris de voir ce grand Elfe débarquer dans la pièce
et venir tout droit à lui. "Que puis-je faire pour vous?" ajouta-t-il
en donnant par-dessous la table un coup de pied à Dammïn qui contenait avec
peine sa rage de voir des Hauts Elfes entrer ainsi dans une auberge Naine. Tous
les Nains avaient remarqué que les Elfes postés à l'entrée avaient les mains
sur les pommeaux de leurs épées, et tous se demandaient s'il s'agissait d'un
guet-apens ou d'un piège quelconque, et cela les rendait très nerveux.
_"Le Très Haut Seigneur d'Ulthuan m'a
délégué auprès de votre Seigneurie en tant qu'ambassadeur. Il vous envoie ses
vœux de sympathie et espère que nos deux peuples trouveront dans le futur paix
et solidarité." Déclara d'un ton le plus courtois possible Lorindil."
Pourrions-nous nous asseoir à une table? Je me dois de vous entretenir au nom
d'Ulthuan d'une affaire de la plus haute importance...
_ Très bien. Mais ne m'appelez pas Seigneurie,
je ne suis qu'un Tueur errant et je n'ai aucun titre de noblesse", fit
Kundïn un peu amusé par le ton solennel employé par son interlocuteur. La
présence d'un ambassadeur Haut Elfe habillé de riches vêtements contrastait il
est vrai avec le cadre crasseux de la taverne remplie de Nains déjà à moitié
ivres.
Les deux chefs de groupe s'assirent donc à part
tandis que Hurgar s'affairait auprès de ses nouveaux clients ( car pour lui un
client était un client, fût il Elfe ou Nain).
_"Alors, commença Kundïn, qu'avez vous à
me dire de si important au nom d'Ulthuan?
_ Le Roi Phénix s'inquiète des agissements de
votre Confédération, expliqua Lorindil. Nous craignons que certains de vos
membres mènent des raids contre Ulthuan. Nos intentions sont pacifiques envers
votre Confédération: la preuve: de nombreux princes se sont même portés
volontaires pour épauler vos actions contre le Chaos ou Naggaroth. Personne en
Ulthuan ne voudrait voir rejaillir d'anciennes querelles contre les Nains alors
que les Sombres Serviteurs des Dieux Maléfiques s'agitent de nouveau...
_ Je savais déjà que les Hauts Elfes s'étaient
inquiétés de nos agissements, mais je ne pensais pas qu'ils m'enverraient un ambassadeur.
Enfin, cela prouve que nous sommes pris au sérieux... Mais avant tout il faut
que je vous explique : notre peuple est si dispersé sur la surface du monde
qu'il m'est impossible de tout contrôler. Vous venez me trouver comme si d'un
geste je pouvais me faire obéir ; mais je dois vous dire que j'ai mis le feu à
un brasier que je ne peux plus éteindre.
De nombreux Nains se sont joints à la
confédération sans jamais m'avoir vu, et ils règlent leurs affaires
personnelles sans recevoir d'ordres de ma part. Quant à moi, même si mon cœur
désire plus que tout la réunification de notre vieil empire, je puis vous
assurer que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour maintenir la paix dans
le Vieux Monde entre les nations du Bien tant que cela sera possible. Je sais
où sont nos véritables ennemis, ce sont les Peaux-Vertes, les Skavens et les
monstruosités de ce que vous appelez les Dieux Maléfiques, et pour ma part je
suis heureux de n'avoir de motifs de vengeance que contre eux. Mais pour
comprendre les motivations qui poussent certains des miens à combattre les
Elfes ou les Bretonniens, il vous faudrait être un Nain, Maître Mage Lorindil!
Avez-vous déjà entendu parler du Grand Livre des Rancunes?"
Lorindil ne put s'empêcher de sourire
intérieurement: lui, le plus grand érudit de tout Yvresse au sujet du Vieux
Monde, considéré comme un vulgaire serf inculque!
_"Surtout dans les livres, maître Kundïn.
Vous autres nains avez permis il y a de cela fort longtemps à un grand érudit
d'en recopier une partie. Ce "Grimoire Naugrimii" reste d'ailleurs
l'un des ouvrages les plus précieux de ma bibliothèque. Mais ne me prenez pas
pour un ignorant! Le très haut Roi Phénix ne me choisit pas au hasard. J'ai
beaucoup voyagé dans le Vieux Monde, et même combattu auprès de Nains et
d'Humains. Mais revenons à notre sujet. Au sujet de ces Nains rebelles à votre
autorité, je crains qu'il ne soit tout de même de votre devoir de les
raisonner...
_ Par Grimnir, je sais encore ce que j'ai à
faire, et ce n'est pas à un Elfe de me dicter ma conduite!" répliqua le
Tueur en haussant le ton de colère. Immédiatement toutes les conversations
cessèrent dans l'auberge et tous les regards se tournèrent vers la table des
deux chefs. Kundïn, voyant que ses paroles avaient amené la tension à son
comble se ravisa et jeta un regard à ses hommes pour leur faire comprendre que
tout allait bien.
" Pardonnez mon accès d'humeur, mais
sachez tout de même que j'étais justement en route pour ramener à la raison ces
perturbateurs. Je n'ai jamais voulu de guerre contre les Elfes ni les Hommes,
et le Roi Thorgrim non plus. Il fait désormais partie de la Confédération et en
a pris officiellement le commandement. Vous devriez plutôt vous adresser à lui
pour les négociations, il est sans doute plus sage et de meilleur caractère que
moi, et tout le pouvoir est entre ses mains."
Mais en disant cela, Kundïn savait pertinemment
que le Haut Roi des Nains n'occupait pas la place que lui-même avait acquis
dans le cœur de ses frères de sang et que l'autorité de Thorgrim n'éclipsait
pas encore son propre charisme. Pour tous ses hommes, il était encore et
toujours le chef de la Confédération des Nains et il était clair que nul autre
que lui ne pouvait rappeler à l'ordre les troupes des confédérés. En vérité, il
voulait simplement se débarrasser de l'Elfe afin que celui-ci ne puisse
intervenir dans une affaire intérieure Naine ; le fait que Lorindil possédât
des extraits du Grand Livre des Rancunes l'avait fortement troublé et agacé, et
il pensait s'être habilement débarrassé de son interlocuteur en l'envoyant au
diable, mais en cela il se trompait.
_Je ne remets pas en cause vos qualités de
meneur, Maître Kundïn, j'essaye juste de trouver une solution satisfaisante
pour les deux peuples que nous représentons. Mais même si vous parvenez à
calmer les esprits belliqueux, ce dont je ne doute pas une seconde, n'oubliez
pas que les Elfes Sylvains vous considéreront malgré tout comme des intrus. Je
vous propose donc ceci: rejoignons le royaume caché d'Athel Loren. Là, nous
pourrons calmer à la fois les esprits elfes et nains. Les autres bandes
rebelles à votre autorité se calmeront sûrement d'elles mêmes, à condition que
l'on les stoppe dans leur principal foyer d'action: l'est de la Bretonnie.
Croyez-moi, maître Kundïn, la clef du maintien de nos alliances repose en
Loren."
Lorindil respira. Son petit discours sonnait
favorablement dans son esprit, la situation semblait tourner en sa faveur.
Maintenant, la balle était dans le camp du Tueur.
Celui-ci, tout en se passant les doigts dans la
barbe, semblait plongé dans de profondes méditations et fixait l'Elfe de son
œil unique ( il avait perdu l'autre au combat et portait depuis un bandeau noir
en travers du visage). La proposition de Lorindil le tentait car un tel appui
en forêt d'Athel Loren était loin d'être négligeable, et même si ses réticences
à se faire accompagner par une troupe de hauts Elfes étaient toujours assez
fortes, il finit par se résoudre à accepter l'aide du mage d'Ulthuan.
_" Très bien, nous ferons route ensemble.
Mais ne prenez pas cela pour un quelconque engagement de ma part : vous vous
occuperez des Elfes, je m'occuperai de mes Nains et aucun de nous deux
n'interviendra dans les affaires de l'autre. Je ne veux pas d'une ingérence
extérieure dans les affaires de mon peuple, et je n'accepterai aucune aide pour
"calmer" mes troupes. Si cela vous convient toujours, je vous signale
que nous partons demain dès l'aube et que nous n'attendrons pas les
retardataires. Et maintenant, si vous voulez bien m'excuser je vais rejoindre
mes amis."
Le Nain, considérant que la conversation était
terminée, se leva rapidement et retourna s'asseoir à la table de son groupe où
il se mit à discuter à voix basse avec ses compagnons dans leur langue
natale.Le lendemain matin, les elfes et les nains se réunirent devant
l'auberge. Lorindil portait une grande robe blanche et un pantalon bouffant
bleu turquoise. A sa ceinture incrustée de gemmes, plusieurs parchemins
pendaient, ainsi qu'une imposante épée à deux mains. Kundïn, quant à lui, n'avait
que sa fidèle hache runique à deux mains comme tout équipement.
Le petit groupe prit un chemin descendant en
direction d'Athel Loren. les montagnes étaient silencieuses, détachées du ciel
par les premiers rayons du soleil. Lorindil et ses elfes avaient pris un repas
frugal avant de se lever tôt, mais l'état de certains nains maladroitement
hissés sur leurs poneys indiquaient que tous n'avaient pas suivi les mêmes
règles de sobriété.
Lorindil soupira. Au moins avait-il eu la
chance de tomber sur des nains capables de monter sur des poneys. Le voyage
n'en serait que plus rapide. Malgré tout son respect pour la race des Nains, il
ne supportait déjà plus ces réserves de bière ambulantes. Et les reniflements
hautains de ses gardes indiquaient qu'il n'était pas le seul. Les Nains avaient
en effet veillé et bu jusque tard dans la nuit, et le réveil avait été dur.
Cependant quelques-uns dont Kundïn avaient préféré se ménager, sachant qu'ils
entraient dans la partie la plus dangereuse du voyage et que des propos d'ivrognes
déplacés pouvaient les faire massacrer par les Elfes sylvains. Le voyage fut
donc assez pénible pour les Elfes, mais les Nains qui étaient d'une endurance
exceptionnelle et qui avaient l'habitude de telles beuveries cessèrent bientôt
de vomir ou de tomber régulièrement à bas de leur monture et en furent quittes
pour un bon mal de tête. Quelques heures passèrent avant que le groupe
n'atteigne une étroite vallée. Les coursiers elfiques se mirent subitement à
hennir à la vue de la combe obscure. Inquiet, Lorindil fit signe à Kundïn de se
rapprocher. Celui-ci, éperonnant son poney, se porta à la hauteur de l'Elfe qui
cheminait en tête.
_" Qu'y a-t-il, encore?"
Lorindil n'eut pas le temps de répondre : un
énorme rocher, dégringolant des pentes abruptes qui bordaient le sentier, vint
s'abattre au milieu des Elfes et des Nains avec fracas. Prises de terreur, des
montures se cabrèrent et firent chuter leurs cavaliers puis s'enfuirent en
hennissant dans la vallée. Avant que quiconque ait pu réaliser ce qui se
passait des Skavens sortirent par dizaines des fourrés en poussant leurs cris
de guerres et se jetèrent sur les Elfes et les Nains.
Une effroyable mêlée s'ensuivit. Les Maîtres
des Epées tranchaient avec une facilité presque arrogante de leurs grandes épées
les Skavens qui osaient s'approcher. Ils avaient formé un cercle de défense
autour du mage, et semblaient déterminés à se battre jusqu'au dernier. Les
Nains avaient quant à eux réussi à mettre en déroute une partie de leurs
adversaires, mais bientôt le flux incessant d'assaillants les poussa à se
battre aux côtés des elfes.
L'escarmouche s'éternisait. Par moments, le
groupe semblait prendre le dessus; mais pour un Skaven abattu il en surgissait
cinq autres. Bientôt, il ne resta plus que la moitié des guerriers. Lorindil se
battait désormais parmi les survivants, maniant avec précision sa grande lame
elfique. Une clameur parcourut les nains: leur chef, Kundïn, venait de tomber.
Du moins le pensa Lorindil, car scrutant les guerriers Naugrims, il ne distingua
pas la silhouette du Tueur.
"Vite, il faut tenter de forcer leurs
rangs! Hurla le mage aux derniers combattants."
Dans un hurlement de rage, les derniers Elfes
chargèrent les Skavens. La surprise fut telle que les guerriers se retrouvèrent
derrière leurs agresseurs. Mais bientôt, une partie des Skavens les rejoignit.
"Fuyez, messire! Fuyez tant qu'il en est
encore temps! Lui conseilla Gaelen.
_ Ma place est avec vous... voulut répondre
Lorindil.
_ Par Hoeth! Fuyez avant qu'il ne soit trop
tard! Lui ordonna le champion."
Lorindil ne discuta pas plus. Prenant ses
jambes à son cou, il fonça droit en bas de la vallée. Après dix minutes de
course effrénée, il s'arrêta. Se retournant, il scruta le haut du col à la
recherche de survivants. En vain.
"Jamais je ne vous oublierai, Guerriers de
Saphery... Murmura-t-il."
Puis, se retournant, il aperçut la frondaison
des premiers arbres d'Athel Loren.
Le Jour de Grimnir
Chapitre 4
Kundïn avait très mal à la tête, et il était maintenant
complètement perdu au milieu des bois. Pendant la bataille, un des Skavens qui
se trouvait sur un rocher surplombant la route s'était jeté sur le groupe de
nains et avait atterri tout droit sur le Tueur, le faisant tomber puis rouler
avec lui dans le ravin qui bordait un côté du chemin. Kundïn avait entendu les
cris de ses compagnons puis sa tête avait heurté une grosse pierre pendant la
chute et il avait perdu connaissance. A son réveil, il s'était retrouvé
quelques quarante mètres en contrebas du lieu du combat, en pleine forêt. Un
arbre avait dû amortir sa chute et il n'avait que quelques égratignures et une
grosse bosse sur l'arrière du crâne. Le Skaven qui l'avait fait tomber avait eu
moins de chance et s'était empalé sur les branches pointues d'un vieil arbre
mort. Son cadavre empestait et Kundïn s'éloigna aussitôt car il savait que ces
rats géants étaient souvent porteurs de toutes sortes de maladies
contagieuses.Combien de temps était-il resté évanoui il n'en savait rien, pas
plus qu'il ne savait quelle avait été l'issue de la bataille sur le sentier.
D'où il était il ne pouvait pas apercevoir le chemin de montagne caché par les
frondaisons, et l'escalade des pentes rocheuses était quasiment impossible. Il
se décida à pénétrer dans la forêt à son grand regret et s'enfonça parmi les
arbres.Depuis près de trois heures, Lorindil errait au milieu d'une dense
forêt. Il avait faim, il était perdu, et n'avait aucune idée de ce qu'il allait
faire maintenant.
Inutile de faire demi-tour, pensa-t-il, il ne
savait même pas quel chemin prendre. Tout ce qu'il lui restait à espérer,
c'était de tomber sur des elfes sylvains assez compréhensifs pour ne pas le
couvrir de flèches avant de l'interroger. Son humeur était plutôt cynique. Du
moins autant que les gargouillements inquiétants de son estomac le
permettaient.
Soudain, un bruissement provenant d'un proche
buisson le surprit. Craignant qu'un Skaven l'ait suivi jusqu'ici, il pensa
d'abord à tirer sa longue épée hors de son fourreau.
Et si c'était un elfe sylvain? L'idée de se
retrouver transpercé de flèches ne le séduisait pas du tout.Le buisson s'agita
de nouveau. Un grognement furieux en sortit. Non, pensa-t-il, cela ne pouvait
être un elfe. Filant discrètement entre les arbres, il contourna le buisson, se
planta derrière le tronc d'arbre le plus proche, dégaina sa longue épée et se
rua sur... un Tueur Nain borgne agitant une large hache de guerre.
Alors que les deux lames s'entrechoquaient
violemment, les deux adversaires restèrent médusés. Lorindil se trouvait face à
face devant Kundïn.
_" Encore vous!!" grogna Kundïn
énervé en dégageant sa hache et en repoussant de la main l'épée de l'Elfe.
"Un peu plus et je vous coupais en deux! Je vous ai pris pour un de ces
Elfes Sylvains - maudits soient-ils d'habiter dans pareil endroit ; cela fait
des heures que je tourne en rond! Comment se fait-il que vous soyez ici? Et où
sont passé les autres, mes hommes, votre escorte, les chevaux et les poneys?
_Ils sont morts, répondit Lorindil avec une
pointe de tristesse dans la voix. Maintenant, il faut absolument que nous
restions groupés; avec moi, vous aurez encore une chance de vous en tirer
vivant. Je connais assez bien le milieu forestier pour y avoir traqué les
Gobelins en Yvresse et..."
Lorindil n'eut pas le temps de narrer plus
longtemps ses exploits. Dans un bruissement de feuillages, une dizaine
d'éclaireurs elfes sylvains jaillirent de leur cachette, prêts à tirer une
salve de flèches mortelles de leurs puissants arcs longs.
"Qui êtes-vous et que venez-vous faire en
Athel loren? Interrogea un imposant elfe brun.
_ Je suis Lorindil, Maître mage de la
Bibliothèque de Tor Yvresse, Ambassadeur du Très Haut Roi Phénix, pour vous
servir..."
L'elfe jeta un regard glacial sur Lorindil.
Puis il fixa intensément Kundïn.
"Et le nabot? Demanda-t-il."
Prévenant, Lorindil écrasa les orteils nus du
Tueur qui s'apprêtait à répondre.
"Oh, juste un ambassadeur Nain du roi
Thorgrim, il n'est pas bien méchant, sans moi il se serait perdu depuis
longtemps..."
Kundïn étouffa une plainte rageuse et lança un
regard noir à son compagnon.
L'elfe les regarda, hésita un moment, s'adressa
à une ravissante elfe blonde vêtue d'une robe couleur jade qui lui répondit
d'un air approbateur.
"Luthien dit que vous êtes bien un Haut
Mage. C'est bon. Vous m'accompagnez tous les deux. mais le nabot sera ligoté
pour plus de sécurité."
_"Ne protestez pas! souffla Lorindil au
Tueur. Mieux vaut être en vie que mort.
_ Vous en avez de bonnes, vous!" répondit
Kundïn à haute voix, tandis qu'un Elfe Sylvain s'avançait pour lui lier les
poignets avec une cordelette. Le Nain, considérant qu'il serait transformé en
pelote d'épingles avant d'avoir pu envoyer son poing dans la figure de celui
qui s'approchait se ravisa et marmonna dans sa barbe qu'il vengerait un jour
cette humiliation. Le chef Elfe dût l'entendre car il le toisa d'un regard
sévère que Kundïn soutint avec effronterie.
Le petit groupe se mit en marche au pas rapide
des habitants de la forêt qui connaissaient leur domaine jusqu'à la moindre parcelle,
et de nombreuses fois Lorindil et Kundïn se heurtèrent à des branches qui
encombraient le sentier invisible que semblaient suivre les Elfes. Les arbres,
comme s'ils étaient dotés de vie, paraissaient prendre un malin plaisir à
tendre leurs racines ou leurs rameaux en travers de la route des deux intrus et
semblaient s'acharner particulièrement sur le Nain, le faisant trébucher à
plusieurs reprises alors que le passage se dégageait pour les Elfes Sylvains.
Au bout d'une longue course à travers bois ponctuée de jurons en Khazalid, les
Elfes s'arrêtèrent au milieu d'une vaste clairière au centre de laquelle était
dressé un chêne immense dont la cime dépassait de loin celle de tous les autres
arbres et se perdait dans les nuages. Sa circonférence était telle que le
regard ne pouvait embrasser les deux extrémités du tronc et que ceux qui
arrivaient au pied de l'arbre semblaient s'arrêter devant un gigantesque mur de
bois. Même Kundïn fut impressionné par sa majesté et ne put s'empêcher de
demander d'une voix faible à Lorindil :
_" Est-ce là le fameux Chêne des Ages? Je
n'ai jamais vu d'arbre aussi grand de ma vie...
Avant que Lorindil n'ait pu répondre, une voix
douce s'éleva derrière eux :
_ Le Chêne des Ages se trouve à des jours de
marche d'ici et sa hauteur n'est pas comparable à celle de cet arbre. Celui-ci
n'est que le quatrième des plus vieux arbres de notre forêt, mais il est vrai
qu'il reste tout de même assez impressionnant pour un visiteur..."
Kundïn détacha son regard du chêne et se
retourna. Celle qui lui avait répondu n'était autre que la belle Luthien ;
contrairement à ses compagnons elle ne paraissait pas ressentir de haine envers
les deux intrus et un sourire amical éclairait son visage.
_ "Le chêne de Quendorr est l'un des plus
puissants arbres de la Colline des Pins, autant pour la source magique qui s'en
dégage que pour les dryades qui l'habitent, expliqua Lorindil, toujours prêt à
épater ses collègues mages, surtout s'ils sont de magnifiques représentants du
sexe féminin.
_ Vous connaissez notre clan? demanda la
sorcière, intriguée.
_ Je suis venu en Athel Loren il y a des années
de cela, répondit Lorindil d'un air nostalgique.
_ Vraiment?" Luthien semblait émerveillée
qu'un Haut Elfe prête tant d'attention à sa forêt. Elle avait rarement eu
l'occasion d'en rencontrer, et les autres races bénéfiques ne voyaient en sa
forêt qu'une immense réserve potentielle de bois et de gibier. Le voyage
continua durant toute la journée; Lorindil et Luthien devenaient inséparables.
Tandis que l'un lui expliquait les bases de la Haute magie, l'autre lui
montrait comment profiter au mieux des vents de magie sylvestre pour lancer des
sorts ambre ou jade. Kundïn s'était rapidement désintéressé de la conversation,
estimant comme tous ses compatriotes que la magie était quelque chose d'assez
obscur et dangereux et que quelques bonnes runes judicieusement choisies
valaient mieux que tous les sortilèges de la terre, fussent-ils lancés par de
belles sorcières aux cheveux blonds. Il continuait son chemin derrière les deux
Elfes, grommelant et jurant à voix basse, car sa mission prenait du retard dans
cette forêt et il ne savait toujours pas où les Elfes les conduisaient.
Pour couronner le tout des Dryades l'avaient
repéré et s'amusaient à ses dépends : sous leur forme de jeunes filles à la
peau verte et aux cheveux de feuilles elles s'approchaient de lui en silence
dissimulées dans les taillis et lui faisaient des croche-pieds, dénouaient ses
lacets, faisaient un nœud à sa barbe ou lui lançaient du haut des arbres des
glands et des brindilles sur la tête. Au bout d'un moment, le tueur fut à bout
de nerf et après une énième chute au milieu des feuilles il se mit à hurler:
_ " J'EN AI MARRE ! ! Par Grungni où nous
emmenez-vous, à la fin? fit-il en s'adressant à Luthien.
_ Devant le roi et la reine de la forêt, qui
statueront sur votre sort, répondit l'Elfe calmement. Mais ils se trouvent bien
loin d'ici, au Chêne des Ages justement, et nous cherchions un moyen de
transport plus rapide pour vous y amener. Et nous venons de le trouver,
continua-t-elle en s'arrêtant devant un orme gigantesque.
_ Où ça? De quoi parlez-vous, nous sommes en
pleine forêt!
_ Eh bien je parle de lui. Je vous présente
Thricromnur!" fit-elle en touchant du doigt le tronc de l'orme tout en
murmurant quelques paroles à voix basse dans sa langue natale.
Lentement, devant les deux compagnons médusés,
le tronc de l'arbre se mit à vibrer et ses branches se redressèrent. Un sourd
grondement se fit entendre, l'écorce craqua et peu à peu les racines
s'arrachèrent au sol. Bientôt un visage de bois se forma au sommet du tronc
tandis que de gigantesques branches se regroupaient pour ne former plus que
deux bras noueux et immenses. Devant eux se trouvait un Homme-Arbre, une des
créatures les plus étranges et les plus puissantes du monde ancien.
_ "Thricromnur va nous conduire rapidement
vers Orion... ajouta Luthien."
La gigantesque créature se pencha vers le petit
groupe et sembla froncer les sourcils en apercevant le Nain.
"Calme, Thricromnur, le rassura Luthien,
ces étrangers sont des amis." Puis se tournant vers Lorindil, elle demanda
tout en rougissant: "vous monterez à mes côtés?"
Le voyage se déroula beaucoup plus vite que
prévu. Quatre personnes se tenaient sur les épaules de la créature. Les autres
Elfes Sylvains chevauchaient de magnifiques faucons de guerre, escortant
gracieusement le petit groupe perché sur cette curieuse monture. L'Homme Arbre
prenait soin d'écarter devant lui les feuillages, ainsi Kundïn ne fut plus
incommodé par les branchages.
Au bout de quelques heures, la forêt avait
visiblement changé. Les sous-bois de sapins et les profonds ravins furent
progressivement remplacés par des bosquets d'ifs, de peupliers et de chênes.
Peu à peu, les feuillus avaient pris la place des conifères.
Soudain, au détour d'une muraille de bosquets,
l'Homme Arbre pénétra dans une imposante clairière. De nombreux Elfes s'y
trouvaient, discutaient, plaisantaient , jouaient de la harpe ou du tambour
pour accompagner les gracieux Danseurs de Guerre. Au milieu de cette clairière
se tenait un immense chêne d'une circonférence dépassant toute imagination.
Les elfes stoppèrent leurs activités en voyant
des étrangers pénétrer dans leur sanctuaire. Tous les regards se tournèrent
vers les nouveaux arrivants. Soudain, deux elfes particulièrement gracieux
semblèrent sortir du grand chêne. Malgré la distance, Lorindil reconnut le Roi
et la Reine de la forêt, dans leur forme elfique.
"Bienvenue à vous, Maîtres Lorindil et
Kundïn. Vous êtes arrivé devant le Chêne des Ages. Au nom du peuple d'Athel
Loren, je vous prie de vous joindre à notre banquet", salua le puissant
Roi Orion.
Le Jour de Grimnir
Chapitre 5
L'Elfe et le Nain se courbèrent bien bas devant
leurs hôtes, et sans dire un mot ils prirent place à table aux côtés du roi et
de la reine de la forêt. Lorindil était assis à la gauche d'Orion tandis que
Kundïn avait été placé à la droite d'Ariel. Jamais pareil honneur n'avait été
accordé à un Nain et Kundïn qui en était parfaitement conscient était un peu honteux
de n'être habillé que de vêtements en lambeaux alors qu'il se trouvait assis
aux côtés d'une des plus belles dames Elfes du vieux monde. En cet instant il
se surprit à envier l'existence libre et joyeuse des Elfes Sylvains, lui qui
avait grandi et vécu dans d'antiques et austères forteresses comme tous ceux de
sa race. Il avait du mal à présent à comprendre ceux des Nains qui haïssaient
les Elfes et détruisaient leur domaine, et le fait que la Confédération soit à
l'origine de nouveaux heurts avec ce peuple le remplissait d'amertume.
Une série de mets plus délicieux les uns que
les autres commencèrent à défiler autour des convives. Affamés, les deux
invités ne tardèrent pas à faire honneur aux cerfs rôtis, sangliers farcis et
autres venaisons. Luthien faisait elle aussi partie de cette table d'honneur.
Une immense joie s'était emparée de la sorcière, car elle siégeait pour la
première fois au milieu des plus grands nobles d'Athel Loren.
"Et bien, demanda le puissant Roi Orion,
quelles nouvelles du Monde m'apportez-vous donc?"
Lorindil jugea bon de laisser parler Kundïn en
premier, afin que ce dernier puisse remplir son rôle de représentant de la
Confédération des Nains auprès du Roi de Loren.
_" Plutôt bonnes pour mon peuple, ô roi
Orion, moins bonnes pour les autres je le crains, répondit le Nain. Vous n'êtes
pas sans savoir qu'une Confédération des Nains a vu le jour il y a peu ; or je
suis à l'origine de ce mouvement."
Kundïn fut interrompu par un murmure
d'étonnement mêlé d'indignation qui parcourut les tables du banquet.
Seul Orion et sa dame restèrent impassibles et
ne montrèrent aucun signe d'énervement envers Kundïn ;
leurs sujets étaient cependant à présent
beaucoup moins joyeux et le fait de savoir que le responsable de la mort de quelques-uns
de leurs frères de sang était assis à la table du roi à côté de leur Reine les
emplit d'amertume. Cependant personne n'osa exprimer ses sentiments à haute
voix tant qu'Orion n'était pas intervenu.
Kundïn, un peu désorienté par l'effet qu'avaient
produit ses paroles, continua d'un ton moins assuré:
" Je sais quels torts certains des miens
ont fait à votre peuple, et je le regrette beaucoup surtout depuis que j'ai pu
contempler les merveilles de votre royaume ; sachez néanmoins que j'étais en
mission sur ordre du roi Thorgrim pour mettre fin aux conflits entre vous et
certains membres de ma Confédération, avant que nous tombions dans une
embuscade Skaven l'Elfe Lorindil et moi-même. Nos hommes furent massacrés et
nous sommes les seuls survivants j'en ai peur. Mais puisque le destin m'a
emmené devant vous, je pense que le moment est venu de vous demander quelle est
la situation présente dans les combats entre Nains et Elfes Sylvains, et ce
pour y mettre fin le plus rapidement possible.
_ Votre sagesse est grande, maître Kundïn, et
je sais déjà tout de vous et des vôtres depuis longtemps. Apprenez cependant
que vous arrivez trop tard pour sauver les membres dissidents de votre
Confédération : le dernier d'entre eux qui a pénétré dans Athel Loren pour se
venger de mon peuple y a trouvé la mort voici quelques jours déjà. Je suis
navré que cette affaire ait pu se terminer ainsi, mais telles sont nos lois.
Votre présence ici me rend cependant quelque espoir de voir s'écarter un
conflit meurtrier dont nous ne voulons pas, ni l'un ni l'autre..."
Kundïn se tut, atterré par cette nouvelle. Il
savait que chez les Nains, le sang appelle le sang et que le conflit contre les
Elfes Sylvains serait bien difficile à éteindre, et que de toute façon tous ces
motifs de vengeance seraient inscrit dans le Grand Livre des Rancunes,
conformément à l'usage millénaire en vigueur chez son peuple.
Cependant il n'arrivait pas à en vouloir aux
Elfes qui ne faisaient que se défendre, bien qu'il ne pût exprimer
véritablement ses sentiments sans avoir la conscience de trahir son peuple. Un
Nain ne prenait jamais ouvertement parti contre un autre Nain devant un membre
quelconque d'une autre race, fût-il roi des forêts de Loren. Aussi il garda le
silence, et au bout de quelques secondes Lorindil prit à son tour la parole :
"Les actions des extrémistes Nains ont
créé beaucoup d'émoi, Ô Roi Orion, autant dans les royaumes humains que parmi
mes frères d'Ulthuan. Le Roi Phénix Finubar y attache une très grande
importance, et n'a point oublié ses alliés du Royaume Caché. Aussi m'a-t-il
dépêché sur place, en tant qu'ambassadeur du peuple d'Ulthuan auprès des Nains
et médiateur du conflit. Je puis vous assurer que les Confédérés seront tenus
aux respects des alliances forgées face Aux Sombres Légions. Je crois pouvoir
parler au nom des peuples elfe et naugrim: jamais plus le nom de confédération
ne sera synonyme de haine et de vengeance."
Quelques hourras saluèrent le discours du
Maître mage: sans attendre l'avis de leur Roi, les Elfes Sylvains avaient
choisi leur camp: celui de l'alliance et non de la guerre.
Le Roi Orion se leva de son trône. le silence
s'abattit sur l'assemblée.
"Maître Mage Lorindil, vos propos nous ont
convaincu. Nous remercions le Roi Phénix pour l'attention qu'il nous porte,
malgré les années d'éloignement de nos deux peuples. Quant à vous, Maître
Kundïn, sachez que mon peuple sera toujours votre allié. Vous serez à ce titre
toujours le bienvenu parmi les Elfes. Maintenant que l'amitié règne de nouveau
entre les trois peuples, festoyons tous ensemble. Le printemps est doux et les
venaisons nombreuses !"
Le banquet reprit dans l'allégresse générale.
Les discussions allaient bon train. Lorindil, Luthien et Ariel dissertaient sur
l'emploi de la Haute Magie. Un débat une fois de plus fort ennuyant pour le
Tueur Nain. Mais heureusement, Kundïn s'était découvert une passion commune
avec le mythique Orion pour la "chasse" aux Trolls.
Les convives mangèrent et festoyèrent toute la
nuit autour des feux allumés dans la clairière et bientôt l'aube apparut sur la
cime des arbres.
Kundïn voulut partir au plus vite pour
retourner à la forteresse du roi Thorgrim afin de l'informer au plus vite de
l'embuscade Skaven dans laquelle ils étaient tombés la veille. Il y avait en
effet de fortes chances pour que cette attaque soit en réalité le début d'une
invasion Skaven, car ces derniers procédaient assez rarement à de petites
escarmouches sans suite et préféraient sortir en masse de leurs réseaux
souterrains pour envahir les royaumes humains, nains ou elfes.
La fête se prolongea tard dans la nuit. Entre
deux chopes de bière, Kundïn eut juste le temps d'apercevoir Lorindil et
Luthien quitter discrètement le banquet. Le lendemain, les deux héros se
réunirent pour décider de l'avenir de leur mission. Lorindil fut long à se
décider à partir car il aurait aimé rester quelque temps dans le royaume des
Elfes Sylvains, mais il sentait que sa mission n'était pas encore terminée et
qu'il devait découvrir pourquoi ses hommes étaient morts. Avec grand regret il
fit ses adieux à Orion et Ariel, puis s'éloigna à nouveau avec Luthien quelques
minutes.
_" Ainsi tu as décidé de partir...
Soupira-t-elle.
_ Luthien... Nous en avons parlé hier soir. Tu
sais bien que mon devoir est de suivre Kundïn. Lorindil semblait profondément
peiné.
_ Et moi? Que deviendrai-je? Lui lança-t-elle
d'un air chargé de reproches. Jamais je ne pourrai vivre sans toi..."
Lorindil lui sourit et l'embrassa.
" Suis-moi jusqu'en Yvresse... Lui
proposa-t-il.
_Mais tu sais très bien que mon destin est lié
à cette forêt!
_Ecoute, nos chemins ne se sépareront pas
ici." Retirant de sous sa tunique un imposant saphir marqué d'une rune
elfique, il prit la main de la sorcière et y déposa la magnifique pierre
précieuse.
"Prends ce talisman. Il te protégera des
blessures ennemies. Ainsi, nous serons toujours unis.
_Mais, Lorindil, c'est...
_Ma seule protection durant les combats, je
sais. Mais prends-la. je reviendrai très bientôt
_Attends! Laisses-moi au moins te raccompagner
jusqu'aux Montagnes grises!"
Les deux amants s'enlacèrent dans un baiser
passionné, avant de rejoindre les autres.
Lorsque Lorindil et Luthien revinrent près des
feux de la clairière ils trouvèrent le roi Orion en grande conversation avec
Kundïn et Thricromnur l'homme arbre. Ce dernier parlait d'une voix très grave
et très sonore et semblait tout à fait joyeux, éclatant parfois d'un grand rire
qui résonnait dans les bois.
"_ Ah, vous voilà enfin Lorindil! fit
Kundïn. Thricromnur accepte de nous transporter encore jusqu'aux frontières
d'Athel Loren, nous gagnerons ainsi pas mal de temps. A moins que vous ne
préfériez rester ici? ajouta-t-il en lançant au mage et à la sorcière un regard
amusé. Luthien rougit jusqu'aux oreilles et Orion la regarda d'un air
désapprobateur. Le roi des Elfes sylvains était assez sympathique avec ses
invités mais manifestement il n'aimait pas voir une femme de son peuple
approcher de trop près un Haut Elfe.
Après avoir remercié longuement le roi des
Elfes Sylvains et son peuple pour leur hospitalité ils reprirent leur route
perchés comme à l'aller sur les épaules de Thricromnur. L'homme arbre et Kundïn
s'étaient découvert une passion commune pour le chant dans le registre des
basses (et plus bas encore pour Thricromnur!) et tout au long du voyage ils entonnèrent
de nombreuses chansons qui faisaient fuir tous les habitants de la forêt qui se
trouvaient à moins de trente pas d'eux.
Quelques heures plus tard, le petit groupe
déboucha à la lisière de la forêt. Luthien et Lorindil s'échangèrent un regard entendu
chargé de promesses, sous le regard toujours aussi désapprobateur du roi
d'Athel Loren.
Ariel ne put s'empêcher de s'esclaffer: elle
savait qu'en les capturant dans les filets de l'amour, Isha avait déjà uni les
deux mages, quoi qu'en pense son époux.
Kundïn salua bien bas le roi et la reine de la
forêt, et s'entretint en Khazalid avec Thricromnur, qui comprenait de nombreux
langages du vieux monde. Le Nain et l'Homme-Arbre se séparèrent en riant après
une bonne poignée de main (et de branches), au grand étonnement de tous leurs
autres compagnons : en effet, l'inimitié qui opposait leurs deux peuples était
millénaire et presque légendaire et cette scène d'adieu était tout à fait
inhabituelle.
Ariel, qui comprenait elle aussi la langue des
Nains, avait écouté discrètement leur conversation et était encore plus
surprise que les autres. Elle demeura un instant songeuse, puis s'approcha de
son mari et lui glissa à l'oreille :
" Il se passe des choses étranges ces
temps-ci, décidément! Notre hôte et Tricromnur viennent de se jurer amitié et
assistance..."
Le roi des forêts la regarda, perplexe, puis
eut un large sourire qui en disait long sur les doutes qu'il éprouvait devant
les conclusions de son épouse... Ariel, voyant qu'Orion ne la croyait pas,
n'insista pas et garda le slience.
Le Tueur et le Haut Mage reprirent la route, à
travers les montagne grises, en direction de la grande forteresse de Karak
Kadrin. Après plusieurs jours de voyage les deux compagnons arrivèrent en vue
d'une antique forteresse naine que Kundïn connaissait de nom, et dont le roi
n'était autre qu'un des plus anciens Confédérés, Karek longue-Barbe. D'un
commun accord ils décidèrent de s'y arrêter pour la nuit.
Le problème des Artibus
Deux mercenaires venaient de rentrer bruyamment
dans la petite ferme de le famille Artibus. Ils étaient très grands et se
ressemblaient énormément. L'un portait une énorme épée dans son dos, l'autre
arborait un arc magnifique et possédait également un petit sabre.
Les époux Artibus leurs exposèrent leur problème:
- Notre seigneur protecteur, le Chevalier Valmont, nous demandant trop de
bétail pour alimenter ses garnisons, nous nous nourrissons dans la forêt.
La femme continua:
- Mais un énorme monstre nous attaque souvent et il a déjà tué deux de nos fils!
Il est énorme, deux fois plus grand que vous et je crois qu'il a un repère au
milieu de la forêt, derrière notre maison. Cela fait trois jours qu'il n'est
pas apparût, il devrais donc ressortir bientôt.
Son mari acquiesça:
- Exactement, nous aimerions donc que vous le tuiez!
- Pas de problème, mais ça coûteras cher, pas vrai Drastid?
- Euh, ouais!
- Très bien, mais si vous rencontrez notre fils Horris, ne lui faites rien: il
protège le monstre mais il est gentil au fond!
- Ha ha ha! D'accord, s'écria Duncan. Bon frérot allons-y!
- Euh ouais!
Les deux frères sortirent de la maison et se dirigèrent vers la forêt. Au
crépuscule ils arrivèrent au seuil d'une grotte, mais un homme les interpella:
- Vous ne rentrerez pas!
- Ah, c'est toi Horris! Eh, Drastid c'est le fils qui protège le monstre.
- Ce n'est pas un monstre c'...
- Oh, fermes-là et laisse nous passer.
- Non, je... Duncan lui envoya son poing en plein visage, Horris tomba
brutalement, assommé.
- Allez Drastid on rentre, on tue ce voleur de nourriture et on repart avec
l'argent!
- Euh, ouais!!!
Ils entrèrent dans une grotte très sombre mais on pouvaient sentir des toiles
d'araignées géantes qui formaient comme des voiles protecteurs. Duncan et
Drastid les arrachaient et les coupaient avec vigueur. Soudain une lumière
apparut, elle venait du bas. Ils étaient en fait postés sur une espèce de petit
promontoire qui surplombait une vaste pièce avec au fond l'entrée d'un tunnel.
Drastid sauta aussitôt dans la pièce: le monstre venait de sortir du tunnel en
écartant délicatement une toile d'araignée. Duncan resta sur la petite
élévation et banda son arc vivement, au même moment Drastid sortait son épée en
fonçant sur la bête. Il sauta et brandit sa longue lame, le monstre stoppa
nonchalamment son attaque en lui prenant son arme et en le jetant à terre. A
cet instant une flèche fendit l'air et s'enfonça dans la poitrine du monstre
qui l'ôta immédiatement. Drastid secoua sa tête et l'attrapa par un pied.
L'énorme bête le projeta contre le mur grâce à son autre jambe. Duncan était
prêt à décocher sa seconde flèche lorsque Horris l'arrêta. Duncan cria: Lâche
moi, idiot.
Horris lui tenait le coude, Duncan essaya de se dégager et lâcha la corde par
inadvertance. Horris prît la flèche en plein estomac, il s'affaissa, serra la
flèche des deux mains et lui dit:
- Tu ne le connaît même pas et tu l'attaque sans raison, tu es vraiment trop
stupide!
- Parles pour toi, enfoiré, je fais juste mon boulot.
Duncan lui fila un coup de pied dans la tête et il perdit connaissance. Pendant
ce temps la lutte entre Drastid et la bête avait continué, Drastid avait beau
essayé de le toucher, le monstre évitait tout. Au bout d'un moment ce dernier
le souleva et le lança en l'air. Le pauvre mercenaire se brisa la colonne
vertébrale contre une paroi de la grotte, il leva la tête et cracha du sang.
Duncan se retourna et aperçut les yeux de son
frère montant au ciel, il cria et dégaina son épée. Le monstre , lui, perdait
énormément de sang, par le trou qu'avait laissée la flèche.
Il se dirigeait lentement vers le tunnel.
Lorsque Duncan arriva à sa hauteur, la bête s'écroula par terre en respirant
bruyamment. Duncan baissa doucement son arme et tourna autour du corps étendu
sur le sol. Il sentit alors les voiles de soie qui protégeaient l'entrée du
tunnel. Il entendait encore le monstre respirer, mais il entra dans le tunnel
qui débouchait dans une salle extrêmement noire. Mais il voyait quand même
assez pour comprendre l'erreur qu'il venait de commettre. Il se retourna en entendant
la voix d'Horris:
- Tu vois j'avais raison, tu es trop bête.
- Mais je ne sa...
- Oui ou plutôt tu n'as pas voulu savoir que cet animal avait besoin de nourrir
ses petits et que mes parents se comportaient comme notre seigneur, en
l'empêchant de le faire!
Il retira la flèche qu'il avait dans l'estomac et se mit à genoux:
- Il te faut donc trois morts pour comprendre les choses. Vous êtes vraiment
tous trop stupides! cria-t-il.
Il fixa Duncan et partit pour un monde meilleur en tombant à coté du corps de
la bête. Ses yeux accusateurs troublèrent Duncan, qui recula vivement en
s'apercevant que l'animal, dans son dernier souffle, lui envoyait le même
regard. Le mercenaire fût immobilisé par quelque chose, il se retourna
doucement et aperçut 6 petits yeux jaunes et brillants. Son sang se glaça
instantanément en se rappelant que le monstre n'était pas sorti de son antre
depuis trois jours.
Cette nuit-là, le problème de la famille de paysans Artibus ne fût pas résolu
et il y avait eu quatre victimes de plus.
FIN
Le Sacrifice
La horde d'Hommes-Bêtes mugit à l'approche de
son seigneur, Gorfor le Ténébreux. Les Ungors s'agitaient frénétiquement, les
Minotaures beuglaient, et les Bestigors hurlaient le nom de leur maître. Gorfor
traversa ses troupes, se dirigeant vers la Pierre des Hordes de son clan. Là,
Gurfor le chamane l'attendait pour débuter la cérémonie des ancêtres. L'énorme
chamane récita tout d'abord un discours à la gloire de la horde, du Chaos et
enfin de Gorfor. Puis, levant la tête d'un humain fraîchement coupée, il
invoqua les ancêtres. La cérémonie commença lorsque, dans un roulement de
tonnerre, les âmes des Anciens vinrent assister aux réjouissances. Les
Hommes-Bêtes hurlaient à mort. Gorfor ne put s'empêcher de baver : il savait
que le cérémonial s'accompagnait de sacrifices, puis d'un grand festin.
Les tambours retentirent lorsqu'arrivèrent les
prisonniers. Des Nains, des Humains et des Gobelins, tous terrorisés. Ne
pouvant sourire, Gorfor bava de plus belle.
Le ciel s'obscurcit tandis que le chamane
récitait le rituel du sacrifice. Les prisonniers furent attachés à l'énorme
Pierre des Hordes. Certains humains furent directement pendus au sommet du
monolithe. Gorfor reconnut parmi eux les champions capturés lors de ses
précédents raids.
Gurfor brandit alors un immense cimeterre.
Puis, un à un, il l'enfonça dans les corps des suppliciés. Chaque hurlement
était accompagné d'un violent éclair. La cérémonie battait son plein. Lorsque
le dernier prisonnier fut tué, Gorfor lança un terrible beuglement, repris par
le fracas du tonnerre. Les Dieux avaient apprécié le spectacle, et les ancêtres
s'étaient délectés des âmes des condamnés. Après un rapide signe de son chef,
la horde se précipita sur les cadavres. Maintenant, pensa Gorfor, le festin
pouvait commencer.
La genèse d'El Haya : naissance d'un prince sombre.
A une époque aujourd'hui
provisoirement révolue, l'empire humain traversait l'une des plus grandes
crises de son histoire. En effet, les vagues successives des armées du chaos
réduisaient à néant tous les effort que les mortels avaient mis en oeuvre pour
construire un semblant de civilisation, massacrant et détruisant tout sur son
passage.
C'est en ces périodes de troubles que naquit l'El
Haya, celui qui allait devenir le fléau du vieux monde.
Chapitre 1 : chasse au gobelin.
Kru passa ces premières années dans
une ferme de la province du Middenland, loin du tumulte de la guerre. Si il
avait déjà entendu parler des combats féroces et des fait héroïques de ses pairs,
il n'avait encore jamais encore connu la guerre, car il vivait en des terres
montagneuses assez reculées. Ses parents lui inculquèrent une bonne éducation
et son frère, soldat de la Reikguard, lui appris l'art de la guerre. Sa vie
était régie par les moissons et il ne lui arriva aucun fait notable jusqu'à ses
quatorze ans.
Un jour qu'il rentrait des champs, il trouva ses
parents en pleurs. Ils étaient accroupis devant un chevalier en armure baignant
dans son sang. Il compris aussitôt qu'il s'agissait de son frère, la fièreté de
la famille, chevalier de la garde rapprochée de l'empereur. Il avait perdu la
vie sur le chemin de la chaumière de ses parents, alors qu'il venait leur
rendre visite en compagnie de plus fidèle ami. Des gobelins avaient surgit d'un
fourré et les avaient écrasé sous le nombre. "Il en a tué au moins
vingt", lui dit son père en le voyant apparaître dans l'embrasure de la
porte. "C'était un vrai guerrier du Middenland, il avait la rage du loup
en lui. Ton frère est mort en brave et il est aux côtés d'Ulric à
présent.", ajouta-t-il, en tentant désespérément de cacher ses
larmes."Au moins vingt", répéta-t-il, comme pour s'en persuader.
L'enfant savait à quel point son père aimait son frère et à quel point sa
douleur devait être forte. Il connaissait aussi la valeur de son frère et son
courage. "Sûrement bien plus", crut-t-il bon d'ajouter".
" -Va chercher les soldats auxiliaires du
village, on va nettoyer la colline.
-Je veux venir avec vous.
-Non, il pourrait bien avoir des orcs avec eux. C'est
trop dangereux.
-Les orcs me font pas peur ! Ces
peaux vertes ont tué mon frère, et je le vengerai, même je dois pour cela
affrnter toute la tribu !
-Qu'il en soit ainsi, tu viendra avec nous"
Son père tira l'épée du cadavre ensanglanté de son
frère de son fourreau. Il la lui tendit : "C'est Lame des Steppes, l'épée
de ton défunt frère. L'empereur lui avait offerte en main propre, pour le
remercier de lui avoir sauvé la vie. Elle te revient de droit à présent.".
La petite troupe serpentait sur le
chemin qui longeait la colline du Pré Aboyant. La grande majorité du contingent
était en fait des paysans du village. "On se demande pourquoi ils sont
dans l'armée de réserve !", pensa l'enfant en souriant. En effet, les uns
était trop gros, les autres trop petit...Aucun n'obéissait aux critères de
recrutement de l'armée régulière impériale... Seul lui et son père se
détachaient du reste du groupe : grands, beaux et biens bâtis, ils faisait
figure de champions comparés aux autres.Il émanait d'eux une aura de réussite
et de gloire qui inspirait la confiance."De vrais Middenheimers",
pensa-t-il.
Ils débouchèrent bientôt sur une clairière où des
gobelins avaient visiblement séjourné. L'herbe, auparavant d'un vert magnifique
avait était brulée par les nombreux feux allumés par ces petits êtres cupides.
Un partie de la forêt avait apparemment pris feu, sûrement à cause de braises
mal éteintes.
De la chair faisandée gisait un peu
partout aux alentours du groupe, dégageant une odeur infecte.
"Les saloperies", siffla un
soldat,visiblement ébahi par tant d'inconscience.
Soudain, un bruit discordant de cor primitif
retentit, accompagné par les piaillements des petits être hystériques :
"On va leur péter la gueule !"
"Ils sont foutus !"
Les gobelins semblaient cependant parler ainsi pour
se donner du courage, car aucun d'entre eux n'osait s'élancer le premier.
Opposés à un rempart d'êtres rachitiques, les Middenheimers se concertèrent du
regard et s'échangèrent un sourire malsain. Ils chargèrent des gobelins
tremblants de peur, et les hachèrent jusqu'au dernier.
Redenscendants de la colline, les
hommes se recontaient leurs exploits. L'un d'eux interrogea l'enfant : "Et
toi, combien ?"."Bien plus que vingt, bien plus", répondit
l'interressé en fixant Lame des Steppes d'un regard dément...
Chapitre 2 : L'exode
Les années passèrent rapidement et
l'enfant devint un homme. Il était devenu lunatique et aggressif, et ses amis
s'en méfiaient.
Un jour, lors d'un tournoi organisé par le comte
électeur du Middenland, IL accomplit des prouesses. IL avait décidé d'y
participer non pour la gloire ou l'argent, mais pour défendre l'honneur de son
village, humilié l'année précédente. Il faut cependant noter que les tournois du
Middenland n'ont rien des joutes des fières bretonniens et qu'ils tiennent plus
de la rixe et du pugilat... Au cours de la mêlée finale, IL se trouva isolé,
tous les siens ayant sombré dans les limbes de l'inconscience. Semblant soudain
libérer toute sa puissance contenue, IL déroba l'épée d'un des gardes du comte
qui se trouvait derrière les barrières délimitants la zone de combat et
moissona les crânes de ses malheureux adversaires. Tous les gardes intervirent
pour le stopper, mais la plupart s'écroulèrent au sol, le corp lacéré de
coups... Une fois maîtrisé, il fut promptement amené devant le comte électeur.
Quand celui-ci l'interrogea sur les raisons de son acte, IL répondit d'une voix
sourde : "Bien plus que vingt, bien plus...".
Le comte électeur le banni du Middenland pour
l'éternité, car il répugnait à éxécuter un combattant de sa valeur.
Chapitre I
Pansedrue dormait la tête appuyée à la racine
d'un arbre, les pieds étalés presque en travers de la route, il rêvait de la
Taverne des bateliers, à Ravenberg, et d'une chope de bière sans fond. La
plupart des gens trahiraient père et mère pour ne pas avoir à fermer l'œil dans
la forêt de Darkerwald : on la traverse ordinairement aux aguets, inquiet d'y
pénétrer et sacrément heureux d'arriver enfin à l'auberge du guet. C'est au
point que les louvetiers qui tiennent le comptoir peuvent faire le prix qu'ils
veulent sans que personne ne rechigne jamais : le voyageur ordinaire est trop
content d'avoir, entre lui et la forêt, les arquebuses des gardes du pont. Une
vraie rente!
Alors dormir étalé au milieu du chemin, en
plein jour, quand on est en plus vêtu de toutes les couleurs de l'arc en ciel,
sans compter quelques variantes inédites, pouvait passer pour de la
provocation.
Pansedrue pensait autrement : il n'aimait pas
ces fainéants de louvetiers trop gras pour courir après les meutes. Il refusait
d'acheter leur piquette comme de dormir sous leur toit. Il ne prisait pas non
plus le goût du mouton, et préférait largement les loups aux bergers. Les loups
ne lui avaient jamais jeté de pierre à la figure ou menacé Mam'zelle.
Et puis pourquoi se faire du souci? Son barda
et sa peau ne valaient pas trois sous. Les voleurs de grands chemins ne sont
pas bêtes au point de prendre le risque de gâter le fil d'un bon poignard de
Décapole sur la gorge d'un insolvable. Les autres dangers? Rencontrer une fée
ou une Ondine? Il faisait son affaire du risque! Pour le reste, lutins,
farfadets et gobelins : il y avait Mam'zelle.
Tout cela explique qu'en cette fin d'après midi
où l'air restait encore chaud sous les arbres, les ronflements du bonhomme
faisaient un contralto guilleret aux flatulences que lui avaient laissé un
repas de lapin mal cuit et une gourde de la pire vinasse qu'on ai jamais vendu
de ce côté-ci des montagnes.
Il aurait fallu un coup d'arquebuse pour
réveiller le fier Pansedrue, "mestre en son art et diverses
merveilles". Pour faire bonne mesure il y en eut donc trois, coup sur
coup, comme au début d'une pièce de théâtre.
Le bonhomme s'éveilla alarmé et se trouva caché
derrière le tronc avant d'y avoir même pensé. Il avait l'œil aux aguets et la
main sur sa bourse râpée : les vieux réflexes reviennent vite. Presque aussi
vite il eut un regard pour la chaîne d'acier passée autour d'une branche basse
: elle pendait jusqu'au sol et se perdait dans l'herbe devant lui. Il eut
vraiment peur.
Par les cornes du grand dieu!
Ca lui revenait! Il s'était endormi sur son vin
en égoïste, sans penser à Mam'zelle ni à son repas. Et dans la forêt en plus!
L'herbe piétinée disait qu'elle était resté longtemps autour de lui, douce et
docile comme toujours, mais on est humain! Il y avait eu un moment où elle
devait s'être lassée. Elle avait défait sa chaîne et tenté sa chance à
l'aventure...
Il n'était plus temps de se
traiter de tous ces noms imagés qui provoquent des bagarres dans les tavernes à
bateliers. Pansedrue laissa ses bottes sous l'arbre, il rassembla seulement les
pans de ses chausses dénouées pour la sieste et s'enfonça dans le bois, comme
un fou. Il trébucha cent fois, s'arrêta autant : l'oreille aux aguets pour
essayer de retrouver l'origine des coups de feu ou une vague trace dans
l'herbe. Mais la belle avait le pas trop léger, et lui était trop ivre encore
pour voir clair. La forêt paraissait muette, à l'écoute elle aussi. A peine y
avait-il un oiseau pour sembler rire parfois de l'angoisse du bonhomme ridicule
qui déchirait ses bas reprisés dans les ronces et sautait les branches tombées
en retenant les pans de sa culotte.
Finalement ce fut là : une clairière
fraîchement essartée où demeuraient encore les souches d'arbres brûlés. L'herbe
était fine et verte sur les cendres noires du sol.
Là les traces devenaient nettes : le pas ferme
de quelqu'un de joyeux qui avait couru jusqu'au milieu d'un groupe d'hommes
vêtu de costumes de chasse. On sentait l'odeur tenace de la poudre mêlée au
parfum incongru des pommes de terres et des poireaux. il y avait un feu
dispersé dont les brandons fumaient encore ça et là. Un chaudron renversé.
Il y avait par terre un chapeau jaune à plumes
bleues qui faisait comme une tache sur l'herbe piétinée.
Tas de charognes! Le cul vous pèle à en tendre
des tambours!
Le groupe eut un mouvement devant l'apparition
de cet invraisemblable bonhomme aux vêtements bariolés qui courait en tenant
les pans de sa culotte. Les visages étaient sévères, comme cadenassés, certains
saisirent posément leurs armes : de longues arquebuses aux canons noirs. Il y
eut une voix
"C'est un humain"
Les regards n'en devinrent pas plus aimables,
mais les hommes s'écartèrent devant l'arrivant dépenaillé.
Pansedrue, lui, n'avait que faire des bâton à
feu : il aurait affronté à mains nues une bande de trolls sans y prêter
attention : les larmes lui coulaient sur la figure creusant des sillons dans la
crasse d'une année entière. Il ne voyait rien que la forme effondrée sur
l'herbe verte, comme une couverture usée, piquée de pierres de couleur.
Mam'zelle! Saloperie de bonne femme...
Il s'effondra au milieu des hommes, brassant le
corps inerte comme pour lui rendre la vie, le visage enfoui dans le poil emmêlé
et rêche. Il relevait la tête sombre aux yeux vitreux, se maculait la figure du
sang qui coulait sur la gueule aux dents cassées. Les grelots de verre ou de
cuivre cousus au costume de Mam'zelle tintaient, discordants, autour de lui.
Tas de salaud... Charognes d'hommes! Pourquoi
vous me l'avez assassiné?
Autour les soldats s'étaient reculés. ils
faisaient un cercle muet autour de cet espèce de vagabond ventru, maculé de
terre et de sang, qui embrassait en pleurant le corps d'une ourse morte...
Chapitre 2
Un terrier de renard
"Que le cul leur pèle et qu'ils crèvent de
ne pas pouvoir s'asseoir..."
Pansedrue se redressait un peu. Il ne tenait
pas encore debout mais au moins, avec l'aide de l'arbre à côté, il pouvait
rester assis. Peut-être que s'il trouvait à boire...
La gourde dans son sac était presque vide, il
en assécha les dernières gouttes. Le vin épais et chaud avait un remugle de
vieux vinaigre, mais de toutes manières Pansedrue n'en sentait pas le goût. Il
y avait trop de terre sur ses lèvres, trop de sang aussi, le vieux, celui de
Mam'zelle, le neuf qui coulait encore de son nez.
Au départ il avait cru avoir affaire à des
nouveaux croyants. Il y en avait dans le forêt de Darkerwald, réfugié depuis
des années pour suivre leurs rites à l'abri des inquisiteurs de Lüst. Ils
décourageaient les visiteurs et n'hésitaient pas à tuer pour défendre leurs
maisons cachées dans les bois. Mais il n'auraient pas cherché de noises à un
Pansedrue. Les paysans qui vivaient alentour et ne les aimaient guère,
s'accordaient pour dire qu'on n'avait jamais pris leur honnêteté en défaut.
Chez eux la morale était si rigide qu'elle en
devenait un pêché.
La tête de Pansedrue tournait. Les coups? Le
vin? La peine? Tout cela sans doute. Il tomba à nouveau, le nez dans un terrier
de renard dissimulé entre les racines de l'arbre. Il perdit conscience pour
s'enfoncer dans un brouillard opaque peuplé de cauchemars.
Il y avait Mam'zelle qui dansait sur une place
au son aigre d'un pipeau. Il y avait des gens qui passaient, de jeunes
servantes qui posaient leur panier de linge pour venir voir ce phénomène : un
énorme ours noir qui faisait la révérence aux demoiselles et qui levait son
chapeau chaque fois qu'une piécette tintait dans son écuelle. Toutes les
villes, toutes les foires de Dennewark, et même jusqu'en Arkenland... Pansedrue
avait traversé le monde dans les pas de Mam'zelle.
Ils avaient gagné leur vie ensemble, partagé le
moindre croûton de pain, l'hiver il avait dormi au chaud entre ses bras. Il ne
se souvenait plus de leur rencontre...
Mais si! C'était pendant un hiver interminable,
alors qu'il était encore le serviteur du vieux Bellegueule. Ils avaient trouvé
refuge dans un campement de charbonniers au fin fond d'une forêt comme
celle-là... Pas de clients, pas de soupe : il fallait aider à l'ébranchage et à
la construction des meules pour gagner le vin qu'engloutissait le vieux
saltimbanque. Et après le travail, quand Pansedrue ne sentait plus que la
douleur dans chacun de ses muscles, Bellegueule le cognait dur pour lui
enseigner les tours qu'il était devenu trop raide pour faire.
L'ourson devait être orphelin, lui aussi, il
avait cru trouver un refuge dans une meule en construction... Drôle d'idée.
Pansedrue lui avait sauvé la vie. Les
charbonniers voulaient s'amuser avec et ils auraient fini par le donner aux
chiens : ce n'étaient pas des hommes qui vivaient avec la forêt, ils
s'imposaient à elle avec violence, marquant leur passage de colonnes de fumée
noire. Pansedrue voyait autrement, c'est la première fois qu'il avait été
obligé de se battre vraiment pour une vie.
Il avait gagné l'ourson.
Les charbonniers posaient le même regard sur le
monde que ces hommes aux yeux froids dans la clairière. Ils disaient de prières
en lui donnant des coups de pieds dans la figure pour le purger du mal. Ils
avaient brûlé le corps de mam'zelle en priant... Ils lui avaient passé la corde
au cou en priant.
Pansedrue sentait la corde se resserrer sur sa
gorge, il suffoquait, cela l'éveilla.
Un nouveau cauchemar? Il ouvrit les yeux sur
une trogne verdâtre et grimaçante qui bavait à trois pieds de son visage. Il
voyait les yeux cligner dans l'éclat rouge du soleil couchant.
Juste à temps! Une sale bestiole tirait sur la
lanière de sa sacoche et le cuir lui déchirait la gorge. La douleur lui rendit
quelques réflexes et il jeta ses deux poings en avant. Le crâne pris dans un
étau craqua, les yeux s'éteignirent dans un couinement de souffrance : le vieux
n'était pas sans force.
Pansedrue se dégagea rapidement des lanières
entortillées et de la souche et fut surpris d'arriver à se mettre debout.
l'horizon ne tanguait plus, la peur soudaine , la décharge de violence
l'avaient dégrisé. C'est à peine s'il ressentait les coups reçus tantôt. il
ajusta sa sacoche en grognant et pris son coutelas.
Saloperie de bestiole!
Un tout petit gobelin en haillons était affalé
à ses pieds. Sa peau tavelée de plaies et de croûtes avait une teinte plus
brune que verte. Ses griffes étaient cassées et incrustées de terre.
Toi, tu vas payer pour les autres!
Les gobelins ne sont pas les plus dangereuses
des créatures à peau verte, mais quand ils sont nombreux, il sont un vrai fléau
: ils pillent les fermes isolées, Piègent les voyageurs imprudents, dévorent les
brebis et les bergères. Plus on en tue, plus il y en a. Malgré tout on se fait
un devoir de les tuer chaque fois qu'on peut, au moins tant qu' on a
l'intention de se réveiller vivant quand on s'endort.
D'une main, Pansedrue attrapa une oreille de la
bestiole, il tira la tête bosselée en arrière et assura son poignard dans
l'autre.
La créature était flasque, déjà morte
peut-être, mais on sentait de la raideur dans la nuque : le gobelin impuissant
faisait le mort dans l'espoir de tromper son vainqueur et de revenir l'égorger
dans la nuit...
Avec Mam'zelle, Pansedrue pouvait dormir sur
ses deux oreilles! Une nuit dans l'Altertal, elle avait mis en fuite trois ou
quatre orques en maraude...
Cette pensée l'arrêta. Plus de Mam'zelle. Il
revoyait les hommes froids avec leurs arquebuses et leurs épées luisantes.
Il baissa le regard sur la créature puante :
les yeux glauques le regardaient sous les paupières presque closes.
Tu fais le mort, charogne...
Il pensa : comme moi tout à l'heure.
Sur l'épaule du gobelin, une plaie s'était
rouverte, il y perlait un sang rouge qui se figeait en gouttes brillantes sans
couler.
C'est drôle une créature à peau verte avec du
sang rouge...
Pansedrue jura, les yeux du gobelin cillèrent à
nouveau.
Sans réfléchir, il lâcha la tignasse emmêlée et
envoya le gobelin rouler dans le fourré d'un coup de pied.
Va crever ailleurs, charogne, bien loin, et
n'espère pas me surprendre cette nuit!
Rageusement, il boucla son sac, repris son
bâton, le chapeau jaune à plumes bleues : tout ce qu'il lui restait de
Mam'zelle. Il ne pensait plus qu'à partir, à marcher aussi longtemps que ses
jambes pourraient le porter, droit devant lui.
Pansedrue avait toujours fait ainsi : quand la
vie lui avait été mauvaise il était parti, aussi loin qu'il en avait eu l'idée,
jusqu'à ce que naisse quelque chose d'autre. La première fois cela avait été
une oursonne dans un camps de bûcherons.
Droit devant lui.
L'étape précédente avait été Klösterdorf dans
l'est? Il irait donc vers le Dennewark.
Quand il boucla son sac, un croûton de pain
tomba dans la boue : la veille il l'aurait jeté à Mam'zelle qui aurait dansé un
gigue de joie. Désabusé, il le jeta au gobelin qui était toujours là, tapis à
l'orée du fourré à le fixer de ses yeux clignotants.
Il se mis en route d'un pas rageur, comme s'il
voulait passer sa colère sur chaque pierre du chemin.
Chapitre 3
A l'enseigne du Pigeon plumé
Il y a une auberge au carrefour du
Wartz, juste avant le gué du Bardweg. Les voyageurs ne s'arrêtent là, à contre
cœur, que parce que toutes les autres ont brûlé à dix lieues à la ronde.
Diebler le Long, l'hôte, est un ancien voleur de grand chemin qui a eu la
sagesse de réinvestir ses gains dans une situation stable.
La vie d'un brigand est moins exaltante qu'on
le dit souvent. L'attente interminable dans l'humidité des sous bois favorise
le rhumatisme insidieux, développe les hémorroïdes. Il n'est pas rare que,
refroidi par une trop longue immobilité, le bandit se froisse un muscle au
moment de bondir sur sa proie. Si l'on ajoute la déprimante indigence des
voyageurs vraiment sans défense, on comprend que l'artisan couvre rarement ses
frais quand il lui faut en plus supporter l'entretien d'une bande, l'ambition
des blanc becs. Et que dire du manque de reconnaissance de la clientèle?
Les choses ne s'arrangent guère avec les
années. A l'âge où le boutiquier peut, les pieds au chaud, regarder trimer un
fils ou un gendre, plus d'un audacieux trompe la mort finit mendiant à la porte
d'un couvent parce que le Guet a été trop maladroit pour le pendre à temps.
Plutôt que d'encourir l'incommodité d'un tel
destin, Diebler avait opté pour la sécurité.
A l'auberge du Pigeon Plumé, les garçons ont
des gueules à faire cailler le lait frais, et les prix pratiqués sont
exorbitants. Mais comme Diebler aime à le faire remarquer à ses clients : vider
sa bourse à l'auberge est presque la garantie qu'on ne s'en fera pas voler le
contenu sur la route. Autant payer trop cher un mauvais vin que de se faire
dérober son argent une lieue plus loin, sans avoir eu le plaisir d'une ivresse.
Même en notre triste époque, quand se perdent les meilleures traditions, aucun
brigand n'est encore assez rapace pour forcer le client à vomir son vin.
Pansedrue avait eu ses habitudes au Pigeon. Si le
temps avait été sec, il aurait peut-être négligé l'étape par misanthropie, mais
il pleuvait depuis trois jours et il ressentait le besoin d'un peu de chaleur.
Il passa donc la porte. Il savait pouvoir rencontrer là des regards amis,
peut-être même dénicher un emploi pour quelques temps. Dans les moments
difficiles où l'estomac commande, nécessité fait loi, et l'honnête homme doit
trouver des accommodements avec sa conscience. De fait il trouva du réconfort
dans la salle commune.
Les employés qui n'avaient pas l'habitude de se
troubler quand un client avait l'agonie trop bruyante, étaient prêts à verser
de chaudes larmes sur l'ourse. Ils se sentaient plus proche d'elle maintenant
qu'elle était morte.
On n'est pas bateleur des années sans apprendre
à évaluer le client du premier coup d'œil, et ce genre de talent était apprécié
par Diebler. Pourtant, il arriva le second soir, à la nuit tombée, un groupe
qui sembla énigmatique à tout le monde. L'homme, la cinquantaine sévère, était
pauvrement vêtu mais respirait l'autorité. Les deux jeunes prêtres qui
l'accompagnaient auraient aussi bien pu être des escrimeurs redoutables et la
jeune femme était trop jolie pour parcourir la forêt avec une aussi faible
escorte.
Aucun brigand n'aime l'imprévu, le groupe trop
hétéroclite fut examiné avec une suspicion marquée. Seule la peur qui semblait
les avoir suivis dans la salle avait quelque chose de rassurant.
L'excitation se mêlait donc au malaise quand on
se réunit, après la veillée, dans la remise où dormait Pansedrue. Le maître de
maison était prudent, ses acolytes plus enthousiastes. Il y eut une vive
discussion. Le saltimbanque sentait quelque chose de familier dans ce groupe,
un vague souvenir d'autant plus irritant qu'il était brumeux.
·
J'ai
eu trop de soucis et pas assez à boire, laissez moi le temps...
·
Le
temps! avec du temps ces poulets trop gras seront loin!
·
Rien
que la montre vaut dix carolus!
Les commis tripotaient leurs poignards avec une
impatience croissante. Certains s'étaient déjà levés C'est toujours l'effet que
leur faisaient les débats de plus de cinq minutes...
·
La
pluie est installée, et demain le Bardweg sera trop fort pour être franchi,
cela laissera vos oiseaux au nid une journée au moins : suivez mon conseil,
laissez-moi le loisir de les approcher et vous saurez si c'est un gibier ou
non, parole de Pansedrue...
Diebler se rangea à l'avis qui s'accordait à
son caractère :
- On montera juste la garde aux gués pour cette
nuit : Hans au carrefour et Belle Avoine au gué! Allez!
Les garçons sortirent en maugréant, on les
sentait prêts à désobéir, surtout ceux qui avaient pour perspective une nuit de
veille sous la pluie. Cela les peinait aussi d'avoir sorti leurs lames pour
rien. La discipline prévalut cependant et Pansedrue se trouva seul dans le foin
poussiéreux. Seul avec le dégouttement de l'eau sur le chaume et un reste de
doute dans l'esprit.
Il fut éveillé, quelques heures avant l'aube.
On le secouait d'une main rude.
- Fuir... Faut fuir...
C'est ainsi qu'il retrouva le gobelin : une
face indistincte éclairée par l'éclat rougeâtre des yeux.
Quand Pansedrue se redressa, la bestiole eut un
mouvement de recul, dressa les oreilles, mais ne s'enfuit pas. Elle hésitait on
ne sait pourquoi. Tout aussi bizarrement, Pansedrue n'eut pas peur. Il était
curieux.
- Qu'est-ce que tu veux encore?
·
Ssst!
Fuir vite!
Le gobelin paraissait terrifié, et pas pour
s'être risqué seul à l'intérieur. Pansedrue savait reconnaître ce genre de
sentiment : il se figea pour écouter. Ecouter quoi? le bruit des gouttes? Le
craquement de la maison endormie? Autre chose? Un pas... Un cheval qui
s'ébroue? Les clients qui se font la belle?
La peur est contagieuse, elle poussa soudain le
bonhomme à se glisser par l'ouverture qui donnait sur le ruisseau : un lavoir
ou une évacuation selon les besoins. La taverne avait grand usage des deux.
Dehors, presque à genoux dans l'eau froide, il resta à l'écoute. Rien.
-Ssst!
Le gobelin était dans ses jambes. il tombèrent
ensemble dans la boue.
Il entendait trop bien à présent tout ce qui
l'avait mis en éveil : le grincement des harnais et le son gras des sabots dans
la boue. Il rampa avec prudence suivant le fond du fossé vers le bois.
·
Pourvu
qu'ils n'aient pas de chiens...
L'instant d'après il était enfoui au milieu d'un
bosquet de jeunes noisetiers. Il se pensait hors de danger, la nuit et la pluie
sont des alliés fidèles. Derrière lui l'obscurité se piqua de flammes jaunes.
Le gobelin avait disparu.
Pansedrue assista alors à une ronde étrange :
les flambeaux semblaient tourner autour de la maison comme suspendu en l'air
avant de s'envoler vers la toiture où les fenêtres. On ne voyait ni hommes ni
chevaux. On les supposait aux ombres plus noires. Parfois un éclat déchirait
l'obscurité, on entendait la détonation d'une arquebuse. Peu à peu ce fut la
plainte des assiégés surpris dans leur sommeil.
C'est ainsi que revinrent l'aube et le silence.
Chevaux et cavaliers semblaient avoir été avalés par le brume. il n'y avait
plus de plaintes. Pansedrue restait immobile comme indifférent à la danse
macabre qui s'était jouée à deux cents pas de lui : il ne pouvait plus rien
pour ses compagnons et ne pensait pas qu'ils auraient exigé de lui qu'il vienne
se pendre à leurs côtés. Il montait de la maison une fumée grasse plus lourde et
plus noire que la nuit qui se défaisait.
Pansedrue songea qu'il n'avait peut-être pas eu
une bonne idée en prenant la route du Dennewark.
A suivre...
Les Trépidantes aventures de Helm et Kain
Première partie : Nuln
-" Tu es vraiment sûr de toi ?
- Ouais, te fais pas de mouron, je repasserai !
- Que Sigmar te garde, fils."
Les dernières paroles de son père avant son
départ résonnaient encore dans la tête de Helm : il avait décider de partir à
l’aventure au lieu de rester à la taverne familiale. Son père était tenancier,
sa mère et sa sœur travaillait aussi à la taverne, lui seul avait préféré
courir les risques de l’aventure et espérer trouver fortune et gloire.
Evidemment, sa famille avait eu quelques réticences à le laisser partir, ce
qu’il trouva plutôt curieux puisqu’il était du genre paresseux et n’avait
jamais montré de véritables signes d’affection à un quelconque membre de sa
famille.
Helm venait d’embarquer sur le Dolfstein, en
troisième classe, ses maigres économies étaient pratiquement toutes passées
dans son billet pour aller jusqu'à Nuln. Il aurait pu commencer sa carrière
d’aventurier à Altdorf, sa ville natale, mais il préférait s’éloigner de sa
famille.
Il se trouvait maintenant sur le pont du
navire, à observer les quelques oiseaux qui volaient haut dans le ciel, pensant
à ce qu’il allait bien pouvoir faire une fois à Nuln ; le voyage devait durer
quatre jours, il n’en restait plus qu’un avant d’arriver a destination et il
n’avait toujours pas d’idée. Tout en réfléchissant a ses futurs projets, il se
mit à siffloter un air qu’il avait entendu sur le bateau le deuxième jour.
Bientôt ses sifflotements furent accompagnés par le même pipeau qu’il avait
entendu jouer ce jour là ; il se retourna et chercha du regard la provenance de
cette musique : il n’y avait pas grand monde sur le pont et il finit par
apercevoir la silhouette d’un homme accroupi, adossé a l’un des mâts. Par
simple curiosité et pour engager la conversation, Helm s’approcha de lui et dit
:
" - Joli morceau ! ça vient d’où ?
L’homme était drapé dans un grand manteau usé
par les intempéries, son visage était dissimulé sous une capuche et en
entendant la question, il releva la tête pour voir son interlocuteur.
Voyant les traits fins et réguliers du visage
de l’homme, ainsi que sa chevelure blonde, Helm comprit qu’il avait affaire à
un elfe ; il en avait déjà vu a la taverne de son père mais c’était la première
fois qu’il voyait un elfe avec un air aussi pitoyable ; visiblement, ce dernier
avait dû avoir des problèmes avec ceux de sa race et avait été banni, ou
quelque chose se rapprochant, car il tenait plus du mendiant (qu’il était
d’ailleurs) que du fier haut-elfe ou du joyeux elfe sylvain.
" ça ne vient de nulle part... c’est de
l’improvisation répondit l’elfe d’une voie fatiguée mais toutefois mélodieuse.
- tu es ménestrel ? demanda Helm, qui savait
déjà ce que l’elfe allait lui répondre
- hm ? ça dépend... je joue de la musique a mes
moments perdus - qui sont nombreux - et il arrive que ça me rapporte quelques
pièces dit-il tout en tendant la main vers Helm
- heu ouais, bah je suis presque dans la même
situation que toi alors, la charité, tu vois, je crois que ça va pas être
possible.
- tant pis, mais dis-moi, tu me semble bien
jeune, et ce gourdin à ta ceinture ? tu as l’intention de faire quoi une fois à
Nuln?
A ces mots, Helm se rappela qu’il ne savait
toujours pas quoi faire.
- Ben... heu.... j’en sais rien... je verrai
sur place...
L’elfe éclata d’un rire clair et quelque peu
moqueur
-haaa, les jeunes, de nos jours ! et il se
remit à rire de plus belle.
Helm supportait moyennement qu’on se moque de
lui, mais pour une fois, il fallait avouer que sa situation était franchement
ridicule et il se mit à rire lui aussi, se disant qu’il valait mieux ça que
d’en pleurer.
- Je m’appelle Kain dit l’elfe en tendant a
nouveau la main, cette fois-ci pour serrer celle de Helm.
- Et moi Helm dit-il tout en lui serrant la
main.
Le Dolfstein arriva en fin d’après-midi à Nuln.
Helm avait finalement persuadé Kain de tenter une carrière d’aventurier avec
lui. Ils étaient à présent sur le port de Nuln.
- Tu connais la ville Kain ? demanda Helm.
- Non, par où on commence ?
- Il faudrait qu’on trouve une auberge pas trop
chère.
- Une auberge ? tu as combien sur toi ?
- Heu... il doit me rester 7 couronnes d’or.
- Bon...le mieux, c’est qu’on cherche chacun de
notre coté, d’accord ?
- Très bien.
A ces mots Kain partit vers les petites ruelles
; Helm chercha une auberge sur le port : il savait que plus il s’approcherait
du centre, plus le prix serait élevé. Malheureusement pour lui les quelques
auberges qu’il trouva n’avaient plus de chambres libres. A la dernière ou il
passa il fut interpellé par un vieil homme :
- Pardonnez moi messire, mais il me semble que
vous cherchez un endroit pour dormir.
- Oui, c’est la troisième auberge que je fais,
vous en connaissez d’autres en bordure de la ville ?
- Bien sur ! Laissez moi vous montrer où se
trouve la meilleure auberge de la bordure de Nuln.
La nuit était tomber, et Helm fut plus que
réjoui que ce vieillard lui propose son aide. En sortant de l’auberge, Helm
aperçut Kain en train de discuter avec un citadin :
- Hola ! Kain !
Kain se retourna, et, voyant Helm, afficha un
grand sourire.
- Ah ! Helm ! je croyais que notre relation
allait déjà s’achever, nous avions oublier de nous donner un point de
rendez-vous.
Helm n’y avait même pas songé et voulut se
frapper en réalisant quel imbécile il avait été. Mais le vieillard le coupa
dans sa réflexion :
- Messeigneurs ! nous devons nous hâter, il ne
fait pas bon se promener en pleine nuit dans les rues !
Les deux compères acquiescèrent et se mirent a
suivre le vieil homme qui avançait d’un pas rapide et assuré à quelques pas
devant eux.
Après avoir traversé quelques ruelles le vieil
homme s’arrêta devant une maison et dit :
- Nous sommes arrivés, amusez vous bien et
bonne soirée !
Tout en prononçant ces mots, le vieillard
s’enferma à double tour dans la maison devant laquelle il se trouvait quelques
instants auparavant. Au même moment, Kain vit deux hommes s’approcher d’un coté
de la rue :
- Ah le gredin ! il nous a piégés !
- Merde ! y en a deux autres de l’autre coté !
s’écria Helm.
En effet deux autres hommes venaient d’arriver par
l’autre coté de la rue, bloquant la retraite de Kain et Helm.
Les quatre malandrins dégainèrent leurs épées,
Helm empoigna son gourdin et Kain un couteau dissimulé dans son manteau. Helm
avait plus d’une fois entendu des aventurier de passage dans la taverne se
vanter d’avoir fait fuir des voyous rien qu’en les menaçant.
Il n’était pas sûr que ça marcherait mais
voulut quand même essayer :
- Quoi ? vous voulez crever c’est ça ? ! Allez
! approchez ! on va vous tailler en pièces !
- Avec quoi ? demanda Kain. On va fuir dès
qu’on en aura l’occasion !
- Donnez-nous vot’bourse et ptèt’ qu’on vous
f’ra pas d’mal ! aboya l’un des voleurs.
A ce moment là, Helm n’avait pas du tout
conscience du danger et fonça sur l’un des deux voleurs qui lui faisait face.
Ce dernier n’eut aucun mal à éviter le coup maladroit qui lui était destiné et
il en profita pour attaquer à son tour. Helm plongea sur le coté pour éviter la
lame mortelle mais sentit quand même le métal froid pénétrer la chair de son
ventre. Même si ce n’était qu’une blessure superficielle, c’était la première
fois qu’il se prenait un coup d’épée et la douleur lui parut quasi
insoutenable, mais il savait qu’il devait rester pour combattre, il ne devait
pas abandonner Kain ! Kain ? mais au fait il est ou Kain ? c’est à ce moment
qu’Helm s’aperçut que Kain était déjà loin, il avait dû profiter d’un moment
d’inattention et avait pris la poudre d’escampette. Distrait par ce qu'il prit
pour une trahison, Helm ne vit pas venir le coup de plat d’épée qu’il reçut sur
la tête : " TONK ! Aouch ! "
Helm s’écroula par terre à demi inconscient,
l’un des voleurs en profita pour lui subtiliser sa bourse et les quatre
s’enfuirent. Quand il se relevât, Helm était dans une colère noire, d’abord
Kain qui s’enfuit, et ensuite lui qui se fait voler sa bourse, le jeune homme
fonça dans la ruelle où il avait vu Kain s’enfuir, et le retrouva presque
immédiatement. Kain s’appuyait contre un mur et respirait difficilement,
histoire de se calmer les nerfs et de se venger de la trahison de Kain, Helm
lui colla un magistral coups de poing en travers de la gueule, Kain s’effondra,
et perdit conscience.
- Allez ! relève toi sale lopette ! cria Helm
qui ne se contrôlait plus. Tu vas te relever oui ? !
Helm finit par se calmer et comprit que,
visiblement, Kain n’allait pas très bien, il voulut le soulever et c’est là
qu’il s’aperçut que le manteau de l’elfe était couvert de sang, une large
blessure partait de l’épaule jusqu’au bassin, Helm s’empressa de faire un
bandage avec les bras de sa chemise puis il parti en quête d’une auberge ou de
n’importe quoi qui pourrait faire l’affaire en attendant le matin. La chance
lui sourit enfin quand il trouva une auberge encore ouverte dans un quartier
particulièrement pauvre, la bâtisse était loin d’être un quatre étoiles mais
c’était justement ce qu’il cherchait. L’intérieur de l’auberge n’avait rien a
envier à l’extérieur et Helm commençait à ce demander s’il ne valait pas mieux
dormir dehors :
- Vous voulez une chambre ou quoi ? demanda le
propriétaire .
- Ca dépend, c’est combien ?
-3 couronnes d’or, et c’est payable d’avance.
Helm regarda la maigre bourse de Kain et y
trouva 5 couronnes d’or :
- Je vous prends une chambre.
- Eh ! c’est des chambres individuelles ! dit
le proprio en regardant un Kain inconscient.
- Euh... c’est mon bagage à main ! rétorqua
Helm.
Une chose était sure, la chambre ne valait pas
3 couronnes, a peine une pistole d’argent, et encore !
Helm avait déposé Kain sur le matelas au milieu
de ce qu’un architecte myope aurait put appeler une salle " carrée ".
Le jeune homme s’assit dos au mur, tenant fermement son gourdin dans les mains
; l’unique fenêtre de la pièce pouvait être cadenassée mais aucun cadenas
n’avais été fourni : " ça doit être en option " s’était dit Helm,
tout en sortant de son sac une fourchette dont il se servit pour remplacer le
cadenas.
Il voulut veiller toute la nuit mais les forces
de la nature l’obligèrent à piquer un roupillon bien mérité.
Le soleil était déjà haut dans le ciel quand
Helm se réveilla, son compagnon était toujours allongé au milieu de la chambre
et sa blessure avait arrêté de pisser le sang :
- Oh ! Kain, réveille toi !
- hmmgrrrblmalaucrâne grogna l’elfe mal en
point.
Après quelques minutes supplémentaires de
grognements, Kain daigna enfin se lever, il avait l’impression que sa tête
était pressée entre les mâchoires d’un squig et que son estomac se prenait pour
un danseur de guerre :
- Où sommes nous ? et qu’est ce qui m’est
arrivé ? articula l’elfe avec difficulté.
- ça dépend.. tu te souviens de quoi ?
- heu... le vieillard nous a amené dans un
traquenard... j’ai reçu un violent coup d’épée... et je me suis enfui...c’est
tout...
- Ah booonnn ! ça explique pourquoi je t’ai trouvé
effondré par terre au coin d’une rue. Au fait, tu t’es fait piquer ta bourse
- Quoi !... Oh mer... !
Kain regardât d’un air dépité l’emplacement de
sa ceinture ou se trouvait, il n’y a pas si longtemps, sa bourse chérie :
- Y nous reste à peine de quoi manger pour
aujourd’hui et demain fit remarquer Helm.
- Je me suis renseigné, si on cherche du
travail, il faut aller a la Retzt Platz dit Kain.
Finalement, les deux aventuriers (pas vraiment
expérimentés il est vrai) se rendirent a la Retzt Platz, espérant trouver un
moyen de remplir leur bourse anorexique.
Pour ce genre de recherche, il est vrai que la
Retzt Platz était tout a fait indiquée, de grands tableaux recouverts
d’annonces en tous genres étaient plantés ça et là, mieux que l’ANPE ! mais
bon, toute chose a ses défauts, et pour parvenir jusqu’au fameux tableaux, Kain
dût jouer des coudes et des mains pour se frayer un chemin dans la masse
grouillantes de bouseux en tous genres qui s’amassait autour dudit panneau,
tout en prenant bien garde de ne pas rouvrir sa blessure fraîchement refermée.
Après une vingtaines de minutes, Kain ressortit
de la marée grouillante (il y était allé seul parce qu’Helm ne savait pas lire)
avec l’expression du chasseur qui revient avec des champignons dans sa besace :
- Alors ? demanda Helm, plein d’espoir
- Une proposition
- Une seule ? bah, c’est mieux que rien ...
faut aller ou ?
- 4 Oldenhaller strasse, l’employeur s’appelle
Oldenhaller comme la rue
- ça sent l’or ça, mon compagnon
- ça sent la concurrence surtout !
La villa Oldenhaller était, comme l’avait prévu
Helm, une " grosse baraque pétée de thunes ", curieusement, ils
étaient les premiers arrivés pour l’annonce et furent reçus (presque)
immédiatement par Oldenhaller lui même :
- Je n’ai pas beaucoup de temps, je vous
épargnerai donc un entretien de plusieurs heures. dit-il sans même se donner la
peine de lever la tête pour regarder les deux nouveaux arrivants.
Je vous donne une prime de 20 couronnes d’or
chacun, et une fois le travail terminé je vous en donnerais 100 chacun, ça vous
va ? Bon, mon conseiller vous donnera les détails de ce que j’attends de vous.
enchaîna le comte sans laisser a quiconque le temps de dire quoi que ce soit.
L’homme qui avait amené Helm et Kain dans le bureau leur fit signe de venir avec
lui, et les amena jusqu'à son propre bureau. Une carte de la ville se trouvait
placardée au mur :
- Le comte veut que vous récupériez une pierre
précieuse qu’on lui a volé il y a quelque jours ; le voleur se nomme Emilio
Valentina, il est allé se réfugier à l’asile qui se trouve ici. fit le
conseiller en montrant un point rouge sur la carte.
- Attendez... vous voulez qu’on aille dans un
repaire de maffieux à deux massacrer tout le monde et rapporter un caillou ?
c’est bien ça ? demanda Helm d’un ton inquiet
- Vous n’aurez pas a pénétrer en force, nous
connaissons le mot de passe qui vous permettra de pénétrer dans la première
partie de l’asile.
- Et qui est ? demanda Kain
- Douce Anna.
- D’accord, attendez, je prends note."
Kain sortit un calepin et un crayon (l’outil indispensable pour tout aventurier
un tant soit peu intelligent) et nota le mot de passe ainsi que le nom du
voleur.
Le conseiller donna leurs primes de recrutement
aux deux compères et les convia à aller faire leur boulot fissa fissa. Les 40
couronnes permirent à Helm de s’acheter enfin une arme digne de ce nom (en
l’occurrence, il s’agissait d’une vieille épée d’occasion pour laquelle le
forgeron aurait presque payé pour qu’on l’en débarrasse) et Kain s’acheta une
deuxième dague, pas parce qu’il en faisait collection mais parce qu’il était
ambidextre.
Les deux aventuriers à plein temps attendirent
la tombée de la nuit pour se diriger vers l’asile que leur avait indiqué le
conseiller d’Oldenhaller. L’endroit était particulièrement calme et la porte
d’entrée ne semblait pas gardée. D’un pas peu assuré, Helm se dirigea vers la
porte et frappa :
- Toc toc fit la porte.
-... répondit le silence
- heu... " douce Anna ? " murmura
Helm en se collant contre la porte
- Douce Anna dit Kain, un peu plus fort
-HO ! ON A DIT DOUCE ANNA ! ! ! hurla Helm
Aussi incroyable que cela puisse paraître, pas
même l’ombre d’un chat ne réagit au hurlement de Helm, qui avait pourtant
espérer voir la porte s’ouvrir avec fracas et quelques mafiosi pas contents, mais
non, rien de rien, le néant. Que faire dans ce genre de situation ? se dit
Helm. Après quelques secondes d’intenses réflexions, il se décida à enfoncer la
porte, prenant son élan pour donner un magistral coup d’épaule dans le pauvre
amas de planches. Kain eut une autre idée et essaya d’ouvrir la porte, tout
simplement ; celle-ci s’ouvrit sans protester, et Helm fonça tête baissée dans
le couloir sombre qui s’ouvrait à lui. Après quelques mètres, il se rendit
compte qu’il n’était plus dans la rue et, réflexe stupide, alluma une torche
qu’il avait dans son sac. C’est vrai qu’il faisait noir mais bon, faut pas
exagérer non plus :
- Mais ? ! éteins ça abruti ! ordonna Kain en
arrivant dans le couloir.
- Pourquoi ? on va plus rien voir après ?
répondit Helm avec une sincérité inquiétante.
- Si avec tout ça, on s’est pas encore fait
repérer, j’y comprend plus rien.
- Bah tu vois, inutile de s’inquiéter pour la
discrétion puisque c’est déjà foutu, autant penser au coté pratique de cette
torche.
Même si l’argument d’Helm était stupide, il
n’en était pas moins vrai ; Kain ne fit pas plus de remarques et tout deux
avancèrent dans le couloir qui n’était plus sombre du tout ou presque. Ils
débouchèrent bientôt sur une pièce où gisaient partout sur le sol des cadavres
encore frais (car l’odeur de crevure immonde n’avait pas encore envahi
l’endroit). Visiblement, il y avait eu une rixe entre les résidents de l’asile
et d’autres personnes dont Kain et Helm ne savaient rien, si ce n’est qu’ils
avaient pris soin de dépouiller tous les cadavres de tout ce qui aurait pu
servir a quelque chose (règle n°1 du bon aventurier : toujours fouiller les
cadavres) et qu’ils utilisaient des armes d’humains (règle n°2 : toujours
vérifier la nature des blessures pour savoir à quoi on a affaire). Après avoir
fouillé quelques autres salle, toutes emplies de cadavres, Helm et Kain
arrivèrent à (roulement de tambour) un couloir sombre (coup de cymbales) du
fond duquel ils entendirent comme une respiration lourde et difficile :
- Un survivant ! s’écria Helm en accourant vers
le fond du couloir.
Il y vit un homme assis, adossé à une porte en
bois, le corps traversé de nombreuse flèches ; vu son état, il n’en avait plus
pour très longtemps :
- Haaa...heeurg gémit le futur cadavre.
- Mais encore ? demanda Helm.
- Qui...êtes vous ?
- Moi je m’appelle Helm, je viens d’Altdorf.
- Et moi Kain
- On est là pour récupérer un caillou qu’un mec
d’ici a volé, y s’appelle Emilio Valentina, tu le connais ?
- C’est... Kurt Helborg qui l’a... ses hommes
sont venus...nous ont tous massacrés...
- Ses hommes ? il se trouve où ce Kurt Helborg
? demanda Kain.
- Dans.....l’autre partie de l’asile
- Et quel est le mot de passe pour y entrer ?
- arg...................fît le cadavre.
- arg ? drôle de mot de passe.
Kain ignora la dernière remarque d’Helm et
déplaça le corps du défunt, tout en prenant son arbalète qu’il avait laissé
traîner ainsi que son carquois de carreaux à moitié plein (ou à moitié vide,
c’est comme vous voulez).
Helm ouvra la porte sur laquelle l’homme s’était
adossé... pour se retrouver avec une épée sous la gorge. Deux gardes pointaient
leurs arbalètes vers lui et un troisième maintenait son épée au niveau de sa
carotide.
- arg ?
Visiblement, le mot de passe n’était pas "
arg ". Les gardes s’apprêtèrent a faire du hachis Parmentier avec les deux
intrus quand, derrière eux, retentit une voix :
- Ha ! vous v’là enfin, c’est pas trop tôt !
- Hein ? mais ce sont des... commença l’un des
gardes.
- Oui oui, c’est nous ! cette bande de crétins
nous ont pris pour des intrus ! s’écria Helm, sautant sur l’occasion même s’il
n’avait aucune idée de quoi il parlait.
L’homme qui venait d’arriver était un gros
chauve a l’air menaçant, un fouet était accroché a sa ceinture, plus pour indiquer
clairement sa fonction que pour être utilisé.
- Allez bande de feignasses ! ‘vous apprendrai
à être en retard, moi ! grogna le contremaître en faisant signe aux deux
aventuriers de le suivre.
Kain et Helm suivirent le gros lard qui les
amena jusqu'à une grande salle ou une dizaines d’ "ouvriers "
s’affairaient a empaqueter diverses marchandises plus ou moins légales et à les
entasser dans un coin de la salle qui ressemblait fort a un entrepôt :
- Toi le grand ! va là bas pour stocker les
boites ! et toi ! le nabot ! va là bas ! aboya le contremaître.
Helm se retint avec difficulté de ne pas
l’étrangler (il faut dire qu’il ne mesurait que 1m60...).
Kain alla jusqu’aux piles de boites et commença
à empiler celles qu’on lui passait ; n’oubliant pas sa mission, il tenta
d’engager la conversation avec l’homme qui se trouvait le plus près de lui :
- Vous travaillez depuis longtemps ici, vous ?
- ...3 mois.. répondit l’intéressé à voix
basse.
- Et heu... ça va ? c’est pas trop dur ?
- Non....
Finalement, Kain laissa tomber son
interrogatoire discret, il ne voyait pas comment amener discrètement le sujet
sur la pierre d’Oldenhaller. Après une dizaines de minutes, Kain vit Helm
s’approcher à peine discrètement de lui :
- Psst Kain, ramène tes fesses, j’ai un rendez-vous
chez Holger !
Helm amena l’elfe jusqu'à une porte de
l’entrepôt et avant d’ouvrir :
- Tu joues mon jeu, OK ? le garde est un
abruti, il va nous laisser entrer, mais tu fais semblant d’être fan de Kurt
Holger, pigé ?
Kain acquiesça d’un mouvement de tête et tout
deux pénétrèrent dans la pièce d’à coté.
Un garde, sur lequel le qualificatif
"massif " pouvait s’associer a toutes parties de son anatomie sauf
son cerveau, se tenait quasiment au garde à vous devant l’unique porte de la
pièce (si l’on oublie la porte par laquelle Helm et Kain étaient entrés, bien
sûr) :
- Me revoilà ! allez vas-y fais nous rentrer.
dit Helm.
- Bon d’accord, mais 3 minutes seulement.
Répondit le garde, affichant un grand sourire affligeant de naïveté.
Les deux aventuriers entrèrent dans le bureau
de Kurt Holger, qui était en fait une vaste pièce divisée en trois parties, sa
chambre, sa bibliothèque et enfin son bureau derrière lequel on pouvait admirer
son cadavre ; l’endroit était encore plus luxueux que le... son cadavre ? Oui,
son cadavre, baignant dans une mare de sang :
- Mais c’est pas vrai ! on attire la poisse sur
tous les mecs qu’on cherche ou quoi ? s’écria Helm.
- Il faut trouver la pierre, vite ! renchérit
Kain.
- Je te parie 100 couronnes d’or que ce mec
s'est fait buter à cause de cette pierre et que son assassin est parti par le
passage derrière ce rideau et qu’il a pris la pierre avec lui.
En effet, une sorte de tunnel qui à l’origine
était dissimulé par un rideau maintenant a moitié déchiré se trouvait derrière
le bureau. Kain refusa de parier (ce que même un troll aurait trouvé logique),
et les deux aventuriers s’engouffrèrent dans le tunnel. Au même moment le garde
du bureau pénétra dans le bureau. Quelques secondes plus tard, cinq gardes très
en colère étaient a la poursuite d’Helm et Kain, qui avaient maintenant atteint
les égouts sur lesquels débouchait le tunnel. Outre les senteurs parfumées
émanant du bourbier qui s’écoulait lentement, des traces de sang parsemées çà
et là indiquaient la route à suivre pour retrouver le véritable meurtrier de
Kurt Holger (enfin c’est ce que les deux compères espéraient).
Malgré ses origines elfiques et son talent inné
pour la course, Kain arrivait avec peine à suivre le train d’enfer mené par
Helm qui, quand les circonstances l’y obligeaient, pouvait courir très, très
vite, les années d’entraînement qu’il avait passé à se perfectionner dans l’art
de la fuite (il lui était souvent arrivé de voler à l’étalage, " juste
pour le sport " disait-il) portaient enfin ses fruits. Même la horde de
rats qui avaient élu domicile dans une fissure du mur des égouts ne put le
rattraper.
Après quelques minutes de course effrénée, ils
arrivèrent à ce qui ressemblait à une voie sans issue ou presque : les eaux
usées des égouts allaient se perdre dans un fleuve souterrain à quelques
dizaines de mètres de l’endroit ou se trouvaient Helm et Kain, un poil trop
haut pour sauter sans avoir à aller plonger dans le ramassis d’immondices qui
s’était accumulé dans ce point du cours d’eau et sans se rompre les os. La
dernière alternative était matérialisée sous la forme d’un wagon ainsi que de
rails qui se trouvaient juste en dessous et qui apparemment descendaient "
en douceur " jusqu'à la terre ferme. Voyant la horde de rats qu’ils
avaient distancée arriver au grand galop, les deux aventuriers sautèrent dans
le wagon...dans lequel ils trouvèrent le cadavre de l’assassin de Kurt Holger.
Ce dernier venait de succomber aux blessures de son affrontement avec le
mafioso. Helm récupéra un petit coffret (dans lequel la pierre d’Oldenhaller
avait été rangée) que le cadavre serrait encore de ses mains crispées et
desserra le frein du wagon alors que Kain commençait à repousser les premiers
rats qui essayaient de monter dans le wagon.
-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa..........crièrent
Helm et Kain a l’unisson.
Le wagon allait beaucoup plus vite que ce à
quoi il s’était attendu et Helm serrait le frein du mieux qu’il le pouvait. Le
wagon arriva bientôt a destination, une caverne creusée à même la roche dans
laquelle quelques caisses en bois avaient été entreposées. Une dizaines
d’hommes livrait bataille dans cette caverne, et quand le wagon daigna enfin
stopper, les deux aventuriers ne savaient pas vraiment quel parti prendre.
Ils possédaient la pierre, et le mieux pour eux
était de sortir d’ici le plus vite possible ; deux tunnels s’offraient à eux et
il valait mieux ne pas se tromper. Tandis qu’ils étaient en pleine réflexion,
l’une des bandes décida de prendre la fuite.
- On les suit ! viens Kain ! s’écria Helm tout
en sautant hors du wagon.
Les deux aventuriers (un poil dans la merde)
suivirent la bande en fuite tout en évitant le contact avec l’autre. Ils
arrivèrent bientôt jusqu'à une berge du fleuve souterrain ; suivis de près par Helm
et Kain les fuyards montèrent dans un petit bateau à rames et ne firent aucune
objection à ce que deux paires de bras supplémentaires les aident à prendre la
poudre d’escampette. Sur la berge, un groupe d’hommes en robe, disposé en
cercle, psalmodiait d’impies incantations. Au milieu du cercle se tenait
un...truc qui ressemble a un humain a l’exception près que ce dernier avait la
peau blanche et qu’un nuage vrombissant de grosses mouches lui tournait
perpétuellement autour.
Si Helm et Kain n’avaient pas eu la mort aux
trousses, ils seraient sûrement rester plantés là à se demander tout ce que ce
joli monde pouvait bien foutre là ! Le bateau était déjà à une bonne dizaine de
mètres de la rive quand le groupe d’hommes ennemi arriva. Helm, qui ne ramait pas
et qui préférait surveiller ce qui se passait sur la berge vît l’un des hommes
dégainer un pistolet qu’il portait a la ceinture. Visiblement, la cible qu’il
avait choisie était Kain (c’était le dernier à être monté dans le bateau et
donc le plus visible) :
-KAIN COU*PAN* toi......
Une fraction de seconde après la déflagration,
l’épaule gauche de l’elfe éclata en une gerbe de sang et de morceaux de chair,
un hurlement de douleur retentit dans toute la caverne, puis Kain s’effondra a
peine conscient.
" y sont gentils les mafiosi ! je croyais
qu’on aurait eu à tous les massacrer "
Helm avait le chic pour ne jamais voir le
mauvais côté des choses, même quand le mauvais côté en question était le fait
que son ami avait l’épaule en puzzle 3D, qu’il était dans le coma, qu’il ne
pouvait plus marcher et que lui devait porter un elfe a moitié mort dont le
sang s’écoulait joyeusement dans son dos, salopant jusqu'à ses chaussettes, ce
qui l’obligerait a se refaire une nouvelle garde-robe ; non, il ne voyait rien
de tout cela, pour lui, c’était sa première mission accomplie en tant
qu’aventurier et le reste, il s’en contrefoutait mais alors, royalement !
il se rendait a la villa Oldenhaller pour
remettre la pierre à son propriétaire et (surtout) pour toucher les 100 couronnes
d’or qui lui était dues. L’affaire fut vite réglée ; maintenant Helm devait
trouver un endroit ou Kain pourrait se faire soigner. Il retourna à la Retzt
Platzt, où seuls les crétins étaient incapables de trouver ce qu’ils voulaient,
et accosta un citadin qui passait a sa portée :
- Excusez moi, vous pouvez m’indiquer où se
trouve le médecin le moins cher de cette ville ?
- Pour sûr mon garçon ! tu prends la rue là
bas, tu prends le troisième tournant à gauche et c’est la maison avec
l’enseigne des médecins, tu pourras pas trouver moins cher dans Nuln !
Helm partit immédiatement en direction de la
rue qu’on venait de lui indiquer. Quand il arriva dans ce qui semblait être la
salle d’attente il fut surpris de voir que personne n’attendait :
- C’est pour une urgence ? demanda une voix
sortie de nulle part.
Helm chercha du regard d’où pouvait provenir la
voix qu’il venait d’entendre lorsqu’il sentit que quelqu’un tirait sur la jambe
de son pantalon. En face de lui, ou plutôt en face de ses jambes se trouvait un
halfeling :
- Ici, grande andouille ! dit le halfeling.
Même si à la base c’était une insulte, Helm
était tout content qu’on dise de lui qu’il était grand pour une fois :
- Vous êtes le médecin ? demanda Helm.
- Non son assistant, c’est pour une urgence ?
il a l’air mal en point votre ami. Répondit le halfeling d’un ton sec.
Vu l’amabilité du réceptionniste, Helm
commençait a comprendre pourquoi il n’y avait personne dans la salle d’attente.
- Mon ami a eu une blessure par balle a
l’épaule, vous pourriez lui réparer ça ?
Avant même que le halfeling ait eu le temps de
répondre, la porte du cabinet s’ouvrit, un vieillard aux allures de savant fou
à qui il manquait une jambe et qui semblait agité de tics nerveux pénétra dans
la salle d’attente :
- Hartw...Hart...Hartwing, que v..v.veulent ces
messieurs ? articula difficilement le vieillard.
- C’est pour une urgence, une blessure par
balle à l’épaule. répondit Hartwing.
- Heu... c’est lui le médecin ? demanda Helm
d’un ton inquiet.
- Non c’est le grand théogoniste ! Bien sûr que
c’est lui. répondit Hartwing.
Finalement, Helm se décida à laisser Kain se
faire soigner par le savant fou (qui s’appelait en fait Erich), d’une part,
parce que l’elfe ne tiendrait plus très longtemps si il ne recevait pas des soins
immédiat, d’autre part, parce qu’il en avait marre de trimbaler ce fardeau qui
pissait le sang sans arrêt. Entre deux hurlements d’elfe torturé, Helm réussit
a trouver le sommeil dans la salle d’attente, espérant que Kain lui montrerait
un peu de gratitude pour avoir tout fait pour dépenser le moins possible des
100 couronnes d’or de l’elfe.
Après une bonne nuit de repos bien mérité (pour
Helm), et une horrible nuit de tortures dites médicinales (pour Kain), les deux
aventuriers se réveillèrent dans la salle d’attente du cabinet d’Erich, savant
fou notoire, où seuls ceux qui étaient encore plus fous que lui ou qui étaient
complètement ignorants osaient se faire soigner. Enfin, ça c’était ce que
pensait Kain (Helm n’y voyait que la possibilité de se faire soigner à bon
prix), qui avait mal supporté l’usage forcé des drogues qu’Erich lui avait
administré. C’est alors qu’entra dans la salle d’attente une jeune elfe, (je ne
vais pas faire une description détaillé de son physique, vous savez tous très
bien a quoi ressemble une elfe) qui alla s’asseoir en face des deux mâles en
rut, pardon, des deux aventuriers.
- Gh.... fit judicieusement remarquer Helm.
- ksprfz.... rétorqua Kain.
- Venez mademoiselle. dit Hartwing qui-venait-tout-juste-de-sortir-du-cabinet-d’Erich.
L’elfe se leva et suivit Hartwing. Dès que la
porte fut refermée, Helm se jeta dessus et y colla son oreille. Kain resta
assis sur sa chaise fixant intensivement le mur d’en face, ce qui semblait
infiniment plus passionnant.
- O..oui il y..y a une pro..progression.
entendit Helm.
A peine avait-il entendu cette phrase que le
bruit d’une fenêtre qui éclate en tout petits morceaux se fît entendre :
-HAAAAAA LE DEMON ! ! AU SECOURS ! ! cria Erich
qui pour une fois, n’avait pas bégayé.
Helm défonça la porte, histoire de soigner son
entrée, puis entra dans la pièce, suivi de près par Kain. Ce qu’ils virent dans
la pièce emplit leur cœur d’effroi, enfin... pas vraiment, disons que ce qu’ils
virent dans la pièce, ils trouvèrent ça fort zarb’ mais pas plus : un monstre à
la peau blanchâtre, dont les bras se terminaient par d’énormes pinces de crabe
et à la silhouette vaguement féminine se tenait à califourchon sur la pauvre
elfe désemparée (et torse nu). Le monstre grava un signe blasphématoire dans la
chair de la poitrine de l’elfe et celle-ci fût prise d’horribles torsions
musculaires, se transformant peu à peu en mare visqueuse et fumante. Helm, Kain
ainsi que Hartwing, qui venait de prendre une masse accrochée à un mur,
foncèrent sur l’impie créature, qui, voyant ses nouveaux adversaires arrivés,
se redressa avec une rapidité fulgurante et leur tira la langue.
Ce que Helm prit pour une provocation infantile
était en fait une attaque dirigée vers lui : la langue du monstre s’allongea,
et avant même que Helm ne puisse réagir, celle ci s’enroula autour de lui,
l’empêchant de faire le moindre mouvement.
Kain, voyant dans quelle situation était son
frère d’armes, voulut couper la langue démoniaque avec ses dagues mais fut
intercepté par l’une des pinces du monstre, le forçant à se concentrer sur son
adversaire. Hartwing mit tout son poids dans le coup de masse qu’il allait
asséner au monstre mais ce dernier para de son autre pince. Helm, voyant que le
combat allait se passer sans lui, et que sans lui, les deux autres avaient peu
de chance de l’emporter, eut une poussé d’adrénaline et, dans un effort
surhumain...... se mit à encourager Kain et Hartwing....(il avait essayé de se
dégager mais n’avait pas réussi) :
-ALLEZ LES MECS, FAITES LUI BOUFFER LE PARQUET
A CETTE CHAROGNE ! ! !
-FERME TA GRANDE GUEULE ET AIDE NOUS ! ! cria
Hartwing, qui essayait désespérément de percer la garde du monstre.
Le simple fait que quelqu’un ait osé lui parler
sur ce ton fut une raison suffisante pour Helm pour qu’il décuple sa force et
parvienne à libérer son bras d’arme (son bras droit en l’occurrence). Se
retenant de décapiter Hartwing qui était à sa portée, il trancha net la
saloperie de langue qui l’empêchait de se battre convenablement et put enfin
aider son frère d’arme et le quart-de-portion. Face à deux dagues bien
affûtées, une vieille épée rouillé et une masse maniée par un halfling fou
furieux, le monstre finit par perdre le combat, s’effondrant a terre en
poussant un petit gargouillis écœurant puis disparaissant comme s’il n’avait
jamais été là. La seule trace visible du passage du monstre était la mare
fumante et malodorante d’elfe qui salopait tout le parquet du cabinet.
Après quelques menues tâches ménagères, le
cabinet avait retrouvé son aspect normal (si l’on peut qualifier de "
normal " l’aspect du cabinet d’un savant fou). Helm commença à négocier la
récompense qu’Erich pourrait leur faire, et malgré les protestations
d’Hartwing, les deux aventuriers obtinrent la possibilité de venir se faire
soigner gratuitement chez le savant fou. Kain voulut protester lui aussi sur la
qualité toute relative de la récompense quand quelqu’un ouvra la porte derrière
lui. Quatre hommes entrèrent dans la pièce :
-" Au nom de la guilde des médecins de
Nuln, nous venons fermer cet établissement. dit l’un des hommes.
- Pourquoi ? demanda Helm.
- Ce n’est pas votre problème, sortez d’ici, on
ferme. dit un autre des quatre hommes.
- Primo : on ne me donne pas d’ordres! Deuxio :
...heu.....vous êtes de la milice ?
- Non mais...
Helm n’avait pas besoin de plus de
renseignements, il dégaina son épée rouillée et chargea l’un des intrus. Kain
sortit l’arbalète qu’il avait récupérée dans l’asile de mafieux la veille et
Hartwing chercha où il avait bien pu ranger sa masse d’arme. A quatre contre
un, Helm avait peu de chances de l’emporter, mais heureusement (et un peu
involontairement) son épée était directement allée se planter dans le thorax de
l’homme qu’il avait chargé. Ce dernier en profita pour mourir et coincer la
lame rouillé entre deux côtes. Pendant que Helm cherchait où cet abruti avait
caché son arme (il avait estimé qu’il lui faudrait plus de temps pour décoincer
son épée que pour trouver celle de son adversaire) l’homme de main qui se
trouvait à coté de lui dégainait son épée et s’apprêta a le décapiter,
brandissant son arme et mourant d’un carreau d’arbalète qui alla se figer dans
son crâne en passant par son œil droit. Helm trouva enfin l’arme de sa victime,
une dague dissimulée dans l’une de ses bottes. Il se releva (Helm, pas le
cadavre) et vit le troisième homme de main s’effondrer, la jambe pétée en
quatre par un halfeling énervé qu’il n’aurait peut-être pas dû ignorer.
Avant même qu'il ait eu une chance d’exposer
une solution pacifique à l’épineux problème devant lequel il était confronté,
la dague de Helm était venue s’encastrer dans sa poitrine. Voyant la situation
lui échapper légèrement le quatrième intrus prit ses jambes à son cou et un
carreau d’arbalète dans la colonne vertébrale. T’es mort...
- Deux chacun ! s’écria Helm en regardant le
tas de cadavres a ses pieds.
- Si ces hommes travaillaient pour le comté,
nous avons intérêt à... commença Kain.
- Non, il travaillait pour Sigmund Fröde. fît
Hartwing.
- Et c’est qui ce Sigmund Fröde ? un ami à vous
? demanda Helm.
- C’est un homme influent de la guilde des
médecins répondit Hartwing.
- I..il veut f...faire... commença Erich.
- Fermervotreétablissement merci ça on le sait
déjà. Le coupa Helm.
- Ou..oui
Après quelques minutes supplémentaires de
parlotes indispensables pour régler les petits détails importants de la
prochaine quête des deux aventuriers (du genre : on a droit de buter le méchant
? c’est quoi la récompense ?) Helm et Kain partirent en direction de la guilde
des médecins de Nuln.
Alors que les deux aventuriers allaient d’un
pas décidé vers la guilde des médecins pour rendre une petite visite de
courtoisie a un certain Sigmund Fröde, Kain s’arrêta net et demanda a Helm :
- Euh... maintenant que j’y pense.. tu as prévu
un plan toi ?
- Ben.... j’avais pensé qu’on ferait comme les
quatre mecs de tout à l’heure : on trouve Sigmund, on lui fait peur, et y fout
la paix a Erich. répondit Helm.
- Non, je veux parler d’un plan de secours, au
cas où ton chef d’œuvre de stratégie tombe a l’eau.
-....heu...si ça arrive on s’enfuit le plus
vite possible par la première fenêtre qu’on trouve, ça te va?
- Non.
- Tout baigne alors ! fît Helm en repartant en
direction de la guilde.
Kain haussa les épaules et suivit le jeune
crétin, espérant que dans le feu de l’action, il trouverait par lui-même un
plan d’évasion un peu plus élaboré.
Les deux compères arrivèrent devant la guilde,
un grand bâtiment de plusieurs étages planté dans le quartier riche. Des
miliciens patrouillaient constamment autour comme de grosses mouches à merde.
Helm chercha une entrée de service non gardée mais n’en trouva aucune, et se
dit alors que le meilleur moyen de ne pas éveiller les soupçons était de
rentrer directement par la grande porte. Passer par là était en effet plus
discret que de taper sur des miliciens devant une dizaine de passants pour
pouvoir emprunter une porte de service, mais en pénétrant dans la guilde, Kain
se rendit compte que trouver un médecin au milieu de toutes ces " blouses
blanches " allait être un véritable calvaire, surtout sans attirer
l’attention (bonjour madame je cherche un certain Sigmund Fröde). Deux
personnes en hardes avec des armes blanches en bandoulières voulant voir un
médecin connu ne manqueraient pas d’attirer l’attention, c’est sûr et certain
(merci, madame, au plaisir), et puis...
- Oh ! Kain, je sais où est le mec qu’on
cherche, fit Helm, interrompant l’elfe dans ses pensées.
- Pardon ? Comment l’as tu trouvé ?
- J’ai demandé à l’accueil
- Ah... une fois de plus, je constate à quel
point tu es doué dans l’art et la manière de rester aussi discret que possible
- Tu voyais un autre moyen ?
Kain ouvrit la bouche pour répondre, puis la
referma. Il recommença une bonne dizaine de fois avant d’admettre finalement
qu’il n’y avait pas d’autres moyens.
En arrivant en face de la porte du bureau où se
trouvait le médecin, Kain eut le réflexe de coller son oreille à la porte pour
s’assurer que leur cible était bien seule, et manqua de peu de se ramasser la
gueule par terre en s’apercevant que la porte venait de s’ouvrir. Le temps de
se redresser, et l’elfe entendit comme un râle d’agonie venant du bureau qui se
trouvait en face de lui.
Helm était rentré dans le bureau sans se
préoccuper de quoi que ce soit et avait enfoncé la lame de son épée dans le
thorax du médecin qui ne comprit jamais ce qu’il lui arriva ce jour là, pas
plus que Kain ne comprit pourquoi son compagnon avait fait ça.
- Mais....mais.. ? fit l’elfe.
- Mais quoi ? Maintenant qu’il est mort, il
embêtera plus personne ?
- Lui c’est sûr, mais est ce que tu n’as pas
songé, ne serait ce qu’une fraction de seconde aux conséquences de ton acte ?
- Si, y fera plus chier personne, je viens de
le dire, répondit-il d’un ton agacé.
- Tu n’as pas comme l’ombre d’un doute que nous
allons être recherché dans tout le comté pour ce que tu viens de faire.
- Ben non, puisque y a pas de témoin.
-HAAAAAAAAAAAAAAAA ! ! ! ! A l’ASSASSIN ! ! ! !
! s’écria le témoin qui venait de rentrer dans la pièce.
- D’accord Kain, je retire ce que j’ai dit,
technique de la fenêtre ! s’écria Helm, tout en sautant par la fenêtre du
bureau.
L’elfe hésita pendant un cours instant entre se
débarrasser d’un témoin gênant ou s’enfuir directement ; un rapide calcul lui
fit comprendre que plus longtemps il resterait dans cette pièce, plus il aurait
de chance de se faire coincer. Kain sauta donc par la fenêtre ; voyant que les
deux étages de chute risquait de lui faire un peu mal, il prit soin de bien
viser le corps de Helm, qui ne s’était pas encore remis de sa chute, et
atterrit avec une grâce et une précision que seul un elfe très rancunier à qui
on a fait subir autant de misères pouvait faire preuve. Un magnifique "
AOURGF ! ! " accompagna l’arrivée de Kain, qui s’empressa de courir en
direction des petites ruelles, talonné de très près par un jeune Reiklander
particulièrement énervé ainsi qu’une douzaine de miliciens alertés par les cris
qui provenait de la guilde.
Vous étiez au courant vous, que les quartiers
riches n’avaient pas de petites ruelles sombres pour s’échapper tranquillement
? Helm et Kain non plus. Heureusement pour nos deux compères, Hartwing, qui
semblait peu convaincu de leur efficacité les avait suivis discrètement. Voyant
qu’ils étaient en difficulté, le Halfling attira leur attention vers une
échelle qui montait jusque sur les toits des grandes bâtisses du quartier. Les
deux aventuriers sautèrent sur l’occasion (tout en marchant sur le halfling qui
avait eu la mauvaise idée de rester a côté de l’échelle quand Kain et Helm arrivèrent)
et grimpèrent sur les toits :
- Grouille toi quart de portion ! cria Helm,
voyant que Hartwing avait quelques difficulté a monter l’échelle qui a la base
était faite pour les humains.
Le jeune Reiklander eut alors une brillante idée
(comme quoi tout arrive) et empoigna l’échelle sur laquelle Hartwing essayait
désespérément de monter puis s’écria :
- Cramponne toi !
- pourqWAAAAAAAH ! hurla-t-il alors que Helm
montait l’échelle sur le toit
Hartwing s’apprêtait a lâcher l’échelle pour se
mettre sur le toit quand Helm effectua une superbe rotation a 180° pour la
redéposer de l’autre côté de la maison sur laquelle ils se trouvaient :
- Allez ! on redescend ! s’écria-t-il
Les trois larrons (ou lardons, pour ceux qui
aime les lardons) se retrouvèrent dans la rue d’a côté, où, miraculeusement,
personne ne faisaient attention a eux, les miliciens qui les poursuivaient
était bloquer de l’autre côté du bâtiment et devraient maintenant faire le tour
du bloc avant d’avoir une chance de les retrouver.
- Kain ? fît Helm
- Oui ? répondit l’elfe
- La prochaine fois que tu fait exprès de me
retomber dessus pour amortir une chute je te bouffe tout cru.
- Quoi ? tu ose insinuer que j’en ai fait
exprès ?
- Oui
- Flûte, moi qui pensais que je l’avais fait
discrètement.
- Vous avez fini? demanda Hartwing.
Les deux compères acquiescèrent de la tête, et
Hartwing les emmena jusque chez lui, en passant par les inénarrables ruelles
sombres anti-miliciens. Helm s’arrangea rapidement pour que les deux compères
puissent dormir chez le quart-de-portion et sa moitié, espérant que demain, les
autorités aurait déjà oublier ce petit méfait de rien du tout qu’il avait
commis aujourd’hui...
...Mais au plus profond des entrailles de la
villa Oldenhaller, un homme s’apprête a bouleverser la vie ni calme ni paisible
des deux aventuriers (ainsi que celle de milliers d’habitants mais ça je
suppose que vous vous en contrefoutez complètement)
......non ?
Helm se réveilla avant tout le monde ce jour là
; le soleil commençait a peine à se lever et aucun bruit ne provenait encore de
la rue. Il procéda à une rapide reconnaissance du terrain. La maison d’Hartwing
avait les proportions d’une maison humaine mais tout le mobilier avait été
taillé pour les Halflings, à savoir : lits minuscules et garde-manger géant. Si
l’un avait posé quelques problèmes techniques au Reiklander (bien qu’il ne
mesurât que 1m60), l’autre se présentait à lui comme une mânes divine toute
droit descendue de la main de Sigmar lui-même ou plutôt de Ma-Hitée, la déesse
de la cuisine halfling (chose dont Helm n’avait strictement rien a foutre
puisqu’il était athée). Alors qu’il s’apprêtait a se taper un putain de bordel
à queue de ptit déj’, Helm entendit des bruits de pas derrière lui. Il se
retourna, aussi vif qu’un macaroni cuit (il venait de se lever ne l’oublions
pas), et vit un elfe au teint livide et aux vêtements rapiécés s’encadrer dans
l’entrée de la cuisine ; son visage était vide de toute expression et sa
démarche ressemblait à celle d’une goule anémique :
- "Salut Kain, déjà levé ? demanda Helm
- Il faut s’en aller, dit l’elfe. Le jour n’est
pas encore complètement levé et à cette heure-ci la garde est peu vigilante.
- Mais... j’ai faim moi ! je dois manger avant
de partir !
- Prends des provisions, on est partis pour
marcher pendant plusieurs jours.
- ....heu... minute, t’as l’intention d’aller
où ?
- On va passer par la forêt au Sud, pour aller
jusqu'à Wessburg."
Helm ne connaissait la sombre forêt de l’empire
que de réputation, on la disait infestée d'Hommes-Bêtes et autres monstruosités
sanguinaires, responsable de la moitié des pertes en vies humaines dans
l’empire par an et maquis providentiel pour tous les adorateurs du chaos
désireux de célébrer leur messes noires à l’abri des regards indiscrets.
Voyager a pied dans cette forêt était considéré comme un acte de folie
suicidaire...
- Je fais quoi comme sandwichs ? Jambon ou
fromage?
Et c’est ainsi que Helm, le jeune Reiklander
impulsif et ultra optimiste, Kain, l’elfe cadavérique et blasé, et dix sandwichs
jambon-fromage, partirent en route vers de nouvelles aventures.
L’aventure est une chose qui arrive toujours
quand on s’y attend le moins... pour le commun des mortels... En ce qui concerne
les aventuriers, les aventures leurs tombent dessus toutes les trente secondes
en moyennes. Les deux compères furent donc peu surpris de voir que les rues de
Nuln étaient étrangement calmes, et que des cadavres à moitié dévorés gisaient
un peu partout. Etant donné qu’ils étaient plutôt pressés de quitter la ville,
les deux aventuriers ne prêtèrent qu’un minimum d’attention à tout ce bazar. De
toutes façons, ils avaient à peu près deviné ce qui se passait et pourquoi et
se contentèrent de hâter le pas.
- "Quelque chose me dit que nous n’aurions
pas dû donner cette pierre à Oldenhaller... fit remarquer Kain.
- Tu penses qui s’est passé quoi ? demanda
Helm.
- La pierre qu’on est allé chercher chez les
maffieux devait être un puissant artefact, sûrement en relation avec un dieu du
chaos... Nurgle je pense.
- Neurgueule ? qui c’est ça ?
- Le dieu de la pestilence et des maladies. Les
moines qui étaient sur la berge faisaient sûrement partie d’un culte voué à ce
dieu. Peut-être même qu’ils travaillaient en relation avec Oldenhaller, tu en
penses quoi ?
- J’en pense que tu n’as aucune preuve de ce
que tu avance...
- Si, l’un des moines sur la berge était
entouré de mouches, c’est un truc typique de ce dieu.
- Et juste parce que un mec attire les mouches
comme une grosse bouse géante tu en conclus que nous sommes les victimes d’une
conspiration dirigée par un dieu du chaos en personne...
- Heu... oui...
- Ho et puis merde ! moi j’en ai rien à foutre
de cette ville ! de toute façon on s’en va!
- Exact
- Oldenhaller nous a bien eu, tant mieux pour
lui !
- Exact
- C’est de ta faute si cette ville est dans cet
état !
- Exa..heu... mais non !
- Si, sinon pourquoi tu m’as pas dit tout ce
que tu savais au moment on est allés rendre la pierre ?
- J’étais inconscient à ce moment là...
- Bouarg ? fit le gros monstre tout vert de
deux mètres de haut qui observait les deux aventuriers depuis cinq bonnes
minutes.
-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! ! ! ! !
! ! ! ! ! ! ! ! s’écrièrent les deux compères.
Avant même que le monstre ou Kain ne réagisse,
Helm piqua un sprint en direction des portes de la ville, suivi de près par
Kain qui avait réagi en deuxième. Le monstre, quant à lui, décida de faire la
sieste là ou il était, la vingtaine d’humains qu’il venait de s’enfiler ayant
un peu de mal à passer et les deux amuse-gueules rachitiques qu’il venait de
voir passer ne lui disant rien.Les deux compères se retrouvèrent bientôt a
l’extérieur de la ville, essoufflés, et la queue entre les jambes. Au bout de
quelques minutes, Kain s’était complètement remis de sa course folle et sortit
une carte du vieux monde de son sac :
- "Bon, nous sommes là. dit l’elfe en
montrant du doigt la ville de Nuln, et nous allons là, dit-il en traçant
l’itinéraire qu’il avait prévu. Et en effet, le voyage durerait environ 15
jours, dont une dizaine de jours dans la forêt...
- Excuse moi monsieur je-sais-tout, mais
saurais-tu par hasard qu’est ce que c’était que ce gros truc vert ? Non passke
ça a l’air de rien là mais j’ai subi un grand choc moral.
- ...aucune idée, j’ai jamais fait de
démonologie.
- QUOI ! attends ! tu veux dire que ce machin
c’était un démon ?
...je ne vois pas ce que ça pourrait être
d’autre, Oldenhaller a dû invoquer des tas de ces monstruosités avec sa pierre
magique.
Pt’in ! c’est la première fois que je vois un
démon pour de vrai !
Et le monstre dans le cabinet d'Erich ?
C’était un démon aussi ? !
- Non c’était un gnome déguisé.
Ah bon... tu me rassures...
Kain essaya de faire comprendre à Helm que les manifestations
du chaos étaient très fréquentes dans l’empire mais le jeune Reiklander réfuta
en disant qu’il n’avait jamais vu de monstre de deux mètres de haut entrer dans
sa taverne et que si des mendiants avaient des malformations physiques, c’était
sûrement à cause de la malnutrition (on remarquera au passage, grâce a cette
réflexion, que Helm était complètement nul en médecine).
+++Ref. fichier 4588.332.665+++ +++Date :
4522.3/M41+++
+++Entrer code d’accès+++
+++************+++
+++Code d’accès accepté+++
+++Fichier : Rapport du Chapelain Kerrigan sur
le carnage de Fort Winston 4520.3/M41+++
“Quand je suis arrivé sur les lieux, j’ai été
horrifié par la désolation du Fort. Jamais je n’avais vu autant de ruines
brûlées, calcinées. Bref, je descendis du Land
Speeder qui m’avait emmené sur les lieux et je
commençai à m’avancer dans les ruines.
C’était incroyable de voir une telle
destruction. Même les deux bunkers qui gardaient l’entrée du Fort avaient été
totalement détruits. Des armures, ou plutôt ce qui
restait des armures des Spaces Marines
traînaient par milliers sur le sol délabré. Je continuai mon avancée au milieu
des cratères d’obus et des blocs de béton
dispersés ici et là.
Après un bon quart d’heure, j’arrivai enfin
devant la porte principale. Celle ci était complètement détruite. Les lourds
battants gisaient sur le sol en partie fondus.
L’ancienne couleur gris bleu des murs était à
présent d’un noir ténébreux. J’essayai tant bien que mal à me repérer d’après
le plan que l’on m’avait fourni. La
plupart des couloirs étaient méconnaissables
mais j’avançais néanmoins au milieu des gravats et des corps.
A mon grand étonnement, je ne voyais aucun
corps ennemi. Comment était-ce possible ? C’est comme si la bataille n’avait eu
lieu qu’entre les Spaces Marines du
Fort.
Je pénétrai maintenant dans le hall principal.
La voûte ainsi que le symbole de l’Imperium avaient été violemment descendus
dans un désastre incompréhensible.
Mon plan m’indiquait de prendre le second
couloir à gauche à l’opposé de mon emplacement. Je dus jouer les acrobates
chevronnés pour parvenir à traverser le
hall.
J’arrivai après une difficile marche devant la
porte de la salle de contrôle. Je m’attendais à voir des horreurs derrière
cette porte. Je m’y préparai donc. Bien
entendu, le boîtier de code d’accès avait été
défoncé. Malédiction ! Je devais absolument pénétrer dans cette salle. J’avais
bien sur moi quelques grenades, mais
elles n’auraient jamais fait le poids contre un
tel blindage. Même avec une caisse complète, je ne serais parvenu à l’ouvrir.
Comment faire ? Je décidai finalement
d’aller à la salle d’armes. je pourrais
peut-être là-bas trouver quelque chose qui ferait l’affaire.
Ma descente jusqu’au niveau inférieur me prit une
bonne heure. C’est beaucoup de temps perdu mais je n’avais pas la choix. Il
fallait que je fasse vite. La batterie
de ma lampe ventrale était passée en réserve.
Par l’Empereur, la porte était explosée ! Les envahisseurs ont sûrement dû
emporter tout le contenu de la pièce.
Par chance, la plupart des munitions étaient
encore là. Je fouillai toutes les caisses à la recherche d’un explosif
suffisamment puissant pour ouvrir cette maudite
porte. Enfin. !J’avais probablement trouvé la
dernière bombe à photon de tout l’Imperium… Bénis soient les Téchnomages qui
avaient modernisé cette série et qui
la rendaient ainsi transportable par un seul
homme. Je pris également un kit de détonateurs afin de faire exploser la bombe
à distance.
Ma lampe me lâcha au début des escaliers qui
menaient au rez de chaussée. Cela me retarda encore plus car il fallait que je
prenne garde d’assurer chacun de mes
pas pour ne pas trébucher dans un débris
quelconque ou dans le corps d’un soldat dans cette obscurité démoralisante.
Une fois remonté, je commençai d’installer le
dispositif. Heureusement, j’avais reçu une formation pour ce genre de chose. La
pose des détonateurs et le bon
positionnement de la bombe ne prirent qu’un
quart d’heure. J’allai me mettre à l’abri derrière un pan de mur tombé.
J’appuyai sur le bouton de déclenchement à
distance. Une déflagration assourdissante me
résonna dans tout le corps et je crus que j’allais perdre connaissance. Je
n’aurais jamais imaginé qu’une aussi petite
bombe fasse une explosion tellement dévastatrice.
- L’Impérium est tout puissant -.
A mon étonnement, la porte n’était qu’en partie
détruite. Seule une petite brèche était ouverte à l’endroit où était disposée
la bombe. Il n’en était pas de même du
sol. Un cratère d’au moins 5 mètres de diamètre
avait été creusé. Je pénétrai dans la salle de contrôle. Tous les ordinateurs
et les écrans de contrôle été éteints.
Pourvu qu’il y en ait au moins un qui
fonctionne encore. Une multitude de corps traînait sur le sol souillé de leur
sang. Des membres étaient éparpillés de ci de là
aux quatre coins de la pièce. Je priai pour que
l’esprit de tous ces soldats aille en paix jusqu'à la fin des temps.
Le but de ma mission était derrière une porte
au blindage au moins quatre fois plus solide que la porte de la salle. Il
serait donc impossible de la faire exploser cette
fois. Je cherchai le groupe électrogène
individuel afin de me donner l’énergie nécessaire pour faire fonctionner une
console. En le voyant, je crus que ma mission
était terminée. Il était noirci de brûlures et
je priai le ciel pour qu’il soit en état de fonctionner. Je tapotai les
différents boutons de mise en marche et à mon grand
soulagement, un bruit de courant d’air lointain
sortit de la carcasse de l’engin. Je raccordai la prise à une console. Celle-ci
dans un crépitement sourd s’alluma en
clignotant, puis le signe de l’Imperium apparut
nettement. Je sélectionnai les nombreux codes d’accès puis actionnai le
programme d’ouverture des portes de la
chambre forte. Celles-ci s’ouvrirent avec fébrilité,
laissant s’échapper un gaz blanchâtre. Je pénétrai dans l’ouverture. Un souffle
frais me prit le visage en entrant.
Par chance, mon objectif était intact. Je
saisis sur le clavier les mots de passe qui ouvrirent quatre boîtiers contenant
l’enregistrement de tous les paramètres du Fort
ainsi que les vidéos, et les moindres paroles
ayant été prononcées dans chaque pièce durant la dernière semaine qui précéda
le carnage dont des milliers des nôtres
furent victimes. Je rangeai ces précieuses
cartouches d’information dans mon compartiment de rangement.
Je m’empressai de retourner au Land Speeder qui
m’attendait à l’entrée du Fort. Ma mission était accomplie. Maintenant on sait
ce qu’il s’est vraiment passé à
Fort Winston.”
+++Fin de fichier+++
+++Catégorie : Pertes+++
+++Fichier : Escouade d’éclaireurs XII°
Régiment Cadien sur Kurkob+++
+++Date : 4584.6/M41+++
- Alors tu t’épèches !
- Ouais voilà j’arrive
- Hein... y’a quelque chose qu’a bougé là
d’dans. Ho putain mais... qu’est ce que... HAAAA ! ! !
- Hey ! !
- Ouf... qu’est ce que c’est qu’cette saloperie
!
- Mais ! ! On dirait un Genestyler !
- Quoi ! ! Un Genestyler ici.
- Ouais c’est bien çà !
- Bon dieu... cassons nous vite avant qu’y en
ait d’autres qu’arrivent.
- Pas question ! On a une mission et on la
finira.
- Quoi ! c’est d’nous faire bouffer not’
mission.
- Il a raison, les Tyrannides sont jamais tout
seuls.
- On doit rendre compte sur ce territoire Ork.
- Et alors c’est pas une nouvelle qu’y ait des
Tyrannides dans ce secteur !
- Bon ok ok... Aller on rentre à la base.
+++Fin de fichier+++
Dernières paroles de l’escouade d’éclaireurs du
XII° Régiment Cadien sur la planète Ork Kurkob. Partie en mission, en
territoire récemment conquis.
Aucun des trois soldats ne revint et ne fut
retrouvé. Seul leur Auspex fut localisé un mois plus tard. Entre temps, il y
eut une violente bataille entre la
Garde Impériale et une armée Tyrannide. Il y
eut beaucoup de pertes. Si cet enregistrement avait été retrouvé plus tôt, bien
des vies auraient été
épargnées…
On ne
peut pas échapper à Khorne....
*************************************************************************************************
Archives impériales, journal de bord no 95425336658561......
Ceci est une archive classée confidentielle..... Identification.......
********************************.....Recherche.......********************************************
----Code validé-----
Début de transmission......
1er jour, 15h12
Ca a commencé par une vision de notre
chapelain. Il les a vus arriver vers nous en masse.
Leur but était clair, depuis l'hérésie d'Horus ca a toujours été comme ca. Mais
cette fois
ci ils menaient la grande offensive. On m'a envoyé de bon matin avec quelques
éclaireurs.
Il semblait y avoir deux forces distinctes : l'une massacrait tout sur son
passage, ne laissant
que d'immenses piles de crânes ensanglantés; l'autre transformait des
populations en masse
ensorcelée, commettant les pires vices imaginables.
Mais ce matin, alors qu'elles semblaient converger vers le même but, les deux
armées se
sont rencontrées. Alors, à notre grande surprise, s'est engagée la plus
terrible des tueries.
Tout n'est que cris, sang.
Des giclées d'hémoglobine éclatante souillent
les armures déja
corrompues des combattants, rouges et sombres ou extravagantes et
colorées." Au moins comme ca
on peut les reconnaitre ", me dit l'engagé Sigfried . Il ne semble pas
comprendre à quel point
nous sommes en danger, cachés dans ce vieux bunker. Au centre du conflit, comme
dans l'oeil
du cyclone, combattent les deux principaux protagonistes. L'un deux est le
tristement célèbre
Khârn le félon, l'autre....Je ne sais pas... Certains disent que ce serait un
prince-démon,
je n'ai jamais entendu parler de ces créatures. Il est immense, d'allure
féminine, avec des
membres multiples... Comment une telle abomination peut-elle exister?
2eme jour, .....
Je peux presque sentir la mort. Des visions
cauchemardesques m'empêchent de dormir. De toute
facon, c'est impossible, avec tout ce bruit de carcasses broyées, de corps
éclatés, et ce
grondement sourd et continu comme si leurs dieux impies s'affrontaient au loin.
Tout a l'heure,
nous contemplions un guerrier qui, tranché en deux d'un revers de hache-tronconneuse,
voyait
lentement glisser ses deux moitiés sur le sol, et avec un horrible rictus de
peur et de délice,
contemplait pour la premiere fois ses entrailles, puis il y plongea la main
et... Oh mon dieu...
La même scène se répète a l'infini dans ma tête, et je vois certains de mes
camarades succomber
à l'influence du vice, attirés par des parfums suaves, des creatures
androgynes, aux formes
ambigües.... Ils se précipitent dehors, inutile de les retenir, et ils meurent
dans un râle de
plaisir.....
Le combat est presque terminé, et pourtant les derniers survivants continuent
de s'entretuer.
Tant mieux... C'est ça de moins... Khârn semble avoir gagné, mais je ne l'ai
pas apercu depuis,
en tout cas je préfère que ce soit lui plûtot que cet hérétique.... IL NE CROYAIT PAS EN LA
PUISSANCE DE LA HACHE TRONCONNEUSE, SA DEFAITE ETAIT
PREVUE PAR KHORNE!!!!..................
......Mais,mais, qu'est ce que je raconte????
3eme jour,....
Sigfried est mort ce matin. Plus que trois. Ah
non.... Deux, moi et l'engagé 208... J'ai un peu
faim... Sigfried n'était pas si présomptueux que ça apres tout,.. Même un peu
décomposé, il a
quand même bon goût...
Il faut absolument que je parvienne a quitter cet endroit, afin de prévenir le
commandant, mais
je n'ai plus que mon vieux bolter et mes réserves d'énergies sont au minimum..
Je vais devoir me
débarrasser de mon
armure...................................lvkrkguhcbxcnshgdjydgjsdhb..........
RAAAAAAHHHHH........... MMMMMMMMMMHHHH.... ENVIE DE
MASSACRE..MORT.... MASSACRE....TUE TUE TUE...
Je dois me retenir.... Je ne sais pas ce qui m'a pris... Quelle horreur... Je
dois dormir, oui,
dormir.....
4eme jourf
Argh, c'est trop dur......Peux pas
résister........HHHHAHAHAHAHAAAAAAAAAAAAHAAAA!!!!!!!!
MAINTENANT JE SUIS LIBRE!!!!!!!.... MORT MORT MASSACRE
TUE TUE TUE!!!!!!!!! SANG!!
MISERABLES HUMAINS, ECOUTEZ BIEN CE MESSAGE!!!!! VOUS
ALLEZ TOUS MOURIR !!!!!!!!!!!!!!!!!
AUCUNE PITIE NE SERA ACCORDEE CAR NOUS NE CONNAISSONS
PAS LA PITIE!
DU SANG POUR LE DIEU DU SANG!!!!!!!!
...................Fin de
Transmission...............
*************************************************************************************************
Par le vétéran Jérémie
Pour un crâne de
plus...
Garneth leva sa hache et l'abattit sur le dernier
humain. Puis il regarda autour de lui et vit à son grand désarroi que plus rien
ne subsistait du régiment d'archers impériaux. "Quel ennui, pensa-t-il,
ces humains ne tiennent vraiment pas longtemps!" Lui et ses compagnons
exécuteurs ramassèrent alors leurs trophées : les têtes de leurs victimes. Une
fois de plus, c'était Hellborn, leur champion, qui en avait coupé le plus.
Garneth était nouveau dans ce régiment, mais jamais il n'avait vu son
commandant battu par un de ses soldats. Mais le temps des réjouissances n'était
pas encore venu : un régiment de lanciers ailés de Kislev approchait au grand
galop.
Les exécuteurs abandonnèrent les têtes de leurs
victimes et, à la surprise des chevaliers, les chargèrent dans un hurlement de
haine.
Tout en glorifiant son dieu Khaine, Garneth
abattit de sa lourde hache trois chevaliers, tandis que ses camarades
abattaient le reste du régiment. Hurlant de plaisir, les exécuteurs tranchaient
la tête de leurs victimes, qu'ils levaient fièrement à la vue de leurs ennemis.
Mais cette fois-ci c'était Garneth qui avait récolté le plus de têtes. L'ayant
remarqué, il laissa exploser sa joie. Hellborn n'avait, quant à lui, pas
récolté un seul trophée. Honteux, il lança un regard de mort sur Garneth. Tous
les Elfes du régiment fixèrent alors intensément Garneth. Jamais il n'aurait dû
humilier le champion. Les exécuteurs d'Hellborn adulaient leur chef. Personne
n'avait le droit pour eux de l'humilier, sous peine de mort. Paniqué, Garneth
tenta de fuir, mais le champion ordonna : "Tuez-le". Tous les
exécuteurs se ruèrent alors sur Garneth et le hachèrent littéralement de leurs
hache, appliquant ainsi l'effroyable sentence d'Hellborn.
Samuel mon ami, cette nouvelle je te l'a dédie,
En espérant que tu auras toi aussi,
Trouver ta forêt...
La forêt d'Arden
Des arbres majestueux se dressaient
devant lui. Il courait éperdument dans la magnifique forêt d'Arden, sans
prendre le temps de l'admirer encore une fois. Cette si belle forêt où il avait
vécu tant de choses: ses fêtes, ses nuits folles...
Il se hâtait pour ne pas...soudain
une flèche fendit l'air et se planta violemment dans son épaule. Il poussa un
hurlement de douleur lorsqu'il pris la fléche dans une main et la cassa en
deux. Il ralentit un moment, puis se remit à courir encore plus vite , effrayé
qu'il était par ses horribles poursuivants. Il entendit un cri, puis une autre
fléche arriva à toute vitesse juste au moment où il trébucha sur une racine.
Dieu qu'ils savaient bien viser, il
contempla la fléche qui se serait plantée au niveau de sa poitrine si il
n'avait pas...il ne pu se relever, ses jambes... Il se retouna lentement sur le
dos en entendant des pas qui se rapprochaient et là il put pour la dernière
fois voir cette merveilleuse forêt où les meilleurs moments de sa vie s'étaient
déroulés. C'était cette forêt qui lui avait donné...un bruit de chair
déchiquetée et d'os broyés se fit entendre... Mais il repensa à cette forêt,
ces arbres...petit à petit les larmes chaudes qu'il versait se teintérent d'un
rouge pur et écarlate... Les arbres autour de lui prirent la même tournure que
son regard...
"Ah cette forêt, cette forêt
est parfaite...parfaite..." pensa-t-il avant de se laisser emporter par
celle qu'il redoutait tant, celle qu'il fuyait toujours...
Heureusement son voyage fut doux,
la mort l'emmena rapidement...
Epilogue
"-Il est mort, chef?
-Que crois-tu faible d'esprit, qu'il aurait pu
résister à la puissance de Skaarj le Maitre Skink!
-Non mais...
-Dois-je te rapeler que je suis né avec un arc dans
ma main et un carquois gréffé dans mon dos! Misérable petit Skink, tu n'est bon
qu'à me servir.
Emmene ce corps à notre maître Krax, il le mangera
sûrement au diner!
Et fais attention, ces elfes-là ont un corps si
fragile que tu pourrais lui arracher un bras, incapable!
-Bien mon maître, j'y vais.
-Ah, ces elfes, toutes des fiotes!"
Fin
La Fantastique Histoire de la Waagh des Huit
Pics
"Dans tous les alpages, les vaches, les
chèvres et les petits moutons, chantent toute le journée, diadiou
dioulaé..."
Panne d'inspiration de l'auteur...
L'errance de Waldo Kitty:
Ce furent les cris des chiens qui sortirent
Waldo de son sommeil... Il n'en croyait pas ses yeux, il était bel et bien
libre et tout ceci n'était pas un rêve ou un cauchemar (il ne savait pas encore
quoi bien penser...). Il se releva d'un bond et se remit à courir. Mais courir
où? Il se souvint des atlas impériaux sur lesquels on lui faisiat faire des
exercice de topographie! Sud-ouest! Il fallait prendre un direction sud-ouest
pour quitter la forêt le plus tôt possible et s'engouffré dans les montagnes,
lieu dans lequel il avait grandi et dont il connaissait tous les pièges, toutes
les caches et dans laquelle il avait l'habitude de sautiller comme un chamois
de rocher en rocher... C'était facile pour lui le Sud-ouest! avec l'astronomie
étudiée et la position du soleil, un jeu d'enfant!
-"plus vite jeune Credi, plus vite!"
Waldo se retourna... il connaissait cette
voix... qui était-ce? qui était Credi? Cindy allait-elle revoir Steve?
-"cours Forest, cours..!"
Et qui était Forest?
-"tu t'bouge, crétin! les chiens sont pas
loin!"
Cela lui suffit! il connaissait les chiens et
jamais il n'avait pu devenir leur copain!
- "Mais pourquoi j'ai tout misé sur lui?
Est-il vraiment l'Elu? Muad dib?"
Et il courut toute la journée! Il s'arrêta
mainte fois et mainte fois il reparti... A un moment même, il voulu se donner
aux chiens, pour que son calvaire cesse, puis il se souvint des dents acérés,
du luxe de temps que prenaient ces bêtes pour arracher les lambeaux de chair à
leurs victimes.
Le relief s'accentua, le sol s'appauvrit, la
végétation se raréfia... Waldo reconnu la montagne... Il n'en pouvait plus! Il avait
l'impression de courir sur des moignons tellement il ne sentait plus ses pieds.
Ils n'étaient plus que sueur, ampoules, sang...
Il courait, les jambes arquées, paralysées par
la douleur, en ne faisant plus que des mouvements de hanche pour mettre un pied
devant l'autre...
Il sauta derrière le rocher à droite, trouva la
force de sauter de l'autre côté de la faille, couru quelques mètre puis il
s'affala, à plat ventre sur la pierraille... Il n'en pouvait plus et il était
décidé à attendre la mort ici: il ne sentait plus son corps, il se dit donc
qu'il ne sentirait rien quand les crocs acérés des chiens perceraient sa peau
et entamerait la chair, et que les impériaux en profiteraient pour filer deux
trois coups de pieds dans les côtes, et que...
- "Ben, t'en a mis du temps, jeune
Credi!...
- arrête de m'appeler Credi, c...d! (NDLA: non,
là non plus c'est pas canard)"
Waldo avait fait un bond, il était à nouveau
sur ses deux jambes, le visage vert foncé, signe de grande colère!
- "c'est quoi d'abord un Credi?!",
lanca-t-il
Le shamane était adossé à un rocher, assis par
terre. Il baissa les yeux et regarda vaguement le sol.
- "Ben, Jedi et Vendredi, c'était pris! le
Mardi, c'est ravioli! Donc Credi, ça me paraît bien..."
C'est sur cette forte parole que fut scellé une
amitié qui allait faire trembler le Vieux Monde... Le Shaman allait commencer
la formation de Credi de Waldo. Il allait également devenir son Mentor, son
conseiller, son protecteur... Waldo avait le coeur plein de haine envers ces
gens qui l'avait exhibé comme un chien de cirque. Le Shaman voulait utiliser
toutes les connaissance acquise par Waldo pour en faire un chien de guerre...
Mais à deux, il n'allait pas faire grand chose...
Les premières embauches:
Waldo et le Shaman s'enfoncèrent plus profondement
encore dans le massif montagneux et prirent la direction du sud est. Ils
voulaient rejoindre les hordes actuellement en guerre pour les haranguer, les
convaincre de suivre Muad Dib, le Credi, l'Elu, former une Waagh sanglante dont
la seule idée ferait fuir les plus valeureux combattant. Enfin le Shaman
voulait tout ça, Waldo tout ce qu'il voulait c'était soit s'arrêter, soit
boire, soit manger, soit s'arrêter, soit dormir, soit s'arrêter, soit... Bref,
tout sauf devenir un héros...
-"tu veras, tous les orques, tous les
gobelins, tous les plus valeureux guerriers à la peaux vertes voudront te
servir... Ils verront en toi un guerrier Credi, un Héros...
- je n'suis pas un héros, ces faux pas me
collent à la peau, je n'suis pas un héros, pas un héros...."